• La guerre de propagande de l’Ukraine : les sociétés internationales de relations publiques, les lobbyistes de Washington et les produits de la CIA  (H&S-27/03/22)

    Voilà à quoi vous êtes soumis minute après minute et qui vient de culminer dans le discours de Biden qui n’est rien d’autre que l’affirmation de la prise de possession de l’Europe quoiqu’il en coûte aux peuples européens pour que les Etats-Unis puissent continuer à piller la planète et imposer à tous le mode de vie américain. Les forces politiques qui approuvent une telle main-mise ont perdu le droit à nous représenter parce qu’ils peuvent tenter de nous faire croire qu’ils défendront service public et pouvoir d’achat s’ils acceptent une telle domination et rien que le coût militaire que cela représente, ils acceptent le fascisme qui va avec. (note et traduction de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

    26/03/2022

    Dan Cohen révèle le réseau de stratèges étrangers, de lobbyistes de Washington DC et de médias liés au renseignement derrière le blitz de relations publiques de l’Ukraine.

    par Dan Cohen
    mars 22nd, 2022

    WASHINGTON DC — Depuis le début de l’offensive russe à l’intérieur de l’Ukraine le 24 février, l’armée ukrainienne a cultivé l’image d’une petite armée chanceuse tenant tête au Goliath russe. Pour renforcer la perception du courage militaire ukrainien, Kiev a produit un flux constant de propagande sophistiquée visant à susciter le soutien public et officiel des pays occidentaux.

    La campagne comprend des guides linguistiques, des messages clés et des centaines d’affiches de propagande, dont certaines contiennent des images fascistes et font même l’éloge des dirigeants néo-nazis.

    Derrière l’effort de relations publiques de l’Ukraine se trouve une armée de stratèges politiques étrangers, des lobbyistes de Washington DC et un réseau de médias liés au renseignement.

    La stratégie de propagande de l’Ukraine lui a valu les éloges d’un commandant de l’OTAN qui a déclaré au Washington Post: « Ils sont vraiment excellents dans les stratcom – les médias, les opérations d’information et aussi les opérations psychologiques. » Le Post a finalement concédé que « les responsables occidentaux disent que bien qu’ils ne puissent pas vérifier de manière indépendante une grande partie des informations que Kiev publie sur l’évolution de la situation sur le champ de bataille, y compris les chiffres des victimes pour les deux parties, cela représente néanmoins une stratégie très efficace ».

    La clé de l’effort de propagande est une légion internationale de sociétés de relations publiques travaillant directement avec le ministère ukrainien des Affaires étrangères pour mener une guerre de l’information.

    Selon le site d’information de l’industrie PRWeekl’initiative a été lancée par une personnalité anonyme qui aurait fondé une société de relations publiques basée en Ukraine.

    « Dès la première heure de guerre, nous avons décidé de rejoindre le ministère des Affaires étrangères pour les aider à distribuer les sources officielles pour montrer la vérité », a déclaré le personnage anonyme à PR Week. « C’est une guerre hybride : le mélange d’un combat sanglant avec une énorme désinformation et une fausse campagne menée par la Russie [sic]. »

    Selon le chiffre anonyme, plus de 150 sociétés de relations publiques ont rejoint le blitz de propagande.

    L’effort international est dirigé par Nicky Regazzoni, cofondateur de la société de relations publiques PR Network, et Francis Ingham, un consultant en relations publiques de premier plan ayant des liens étroits avec le gouvernement britannique. Ingham a précédemment travaillé pour le Parti conservateur britannique, siège au Conseil de stratégie et d’évaluation des services de communication du gouvernement britannique, est directeur général de l’International Communications Consultancy Organisation et dirige l’organisme d’adhésion des communicateurs du gouvernement local britannique, LG Comms.

    « Nous avons eu le privilège d’aider à coordonner les efforts pour soutenir le gouvernement ukrainien ces derniers jours », a déclaré Ingham à PRovoke Media. Les agences ont mis en place des équipes entières pour soutenir Kiev dans la guerre des communications. Notre soutien au ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine est inébranlable et se poursuivra aussi longtemps que nécessaire. »

    Avec une personnalité ukrainienne anonyme rejoignant deux des plus grandes figures des relations publiques dans le blitz de propagande du gouvernement de Kiev, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a distribué un dossier (archivé) contenant des documents instruisant les agences de relations publiques sur les « messages clés », le langage approuvé, le contenu pour les constructions de propagande démystifiées, la propagande d’extrême droite et néonazie.

    Le dossier est dirigé par Yaroslav Turbil, décrit sur sa page LinkedIn comme « Responsable de Ukraine.ua – l’écosystème numérique de l’Ukraine pour les communications mondiales. Communications stratégiques et promotion de la marque nationale. » Turbil a travaillé dans plusieurs organisations de la « société civile » étroitement liées au gouvernement américain et a fait un stage chez Internews, une organisation liée au renseignement américain qui opère sous prétexte de promouvoir la liberté de la presse.

    Parmi les constructions de propagande distribuées dans le dossier, il y a une vidéo de l’incident de Snake Island, qui s’est rapidement avérée fausse, dans laquelle des gardes-frontières ukrainiens stationnés sur une petite île auraient été tués après avoir dit à un navire de guerre russe qui s’approchait qui les avait exhortés à se rendre à « Allez vous faire f*** ». Le président Zelensky a tenu une conférence de presse annonçant qu’il décernerait aux hommes la médaille du Héros de l’Ukraine alors que les médias grand public diffusaient largement l’histoire. Cependant, les soldats soi-disant morts se sont rapidement retrouvés vivants et en bonne santé, prouvant que leur position héroïque était une farce.

    Bien que l’histoire se soit avérée fausse, le dossier contient une vidéo de propagande qui en fait la promotion.

    Un autre dossier du dossier est géré par l’artiste graphique ukrainienne Dasha Podoltseva et contient des centaines de graphiques de propagande soumis par des artistes en Europe et aux États-Unis.

    Certaines comportent des messages génériques « pas de guerre », tandis que des dizaines d’autres images célèbrent « Le fantôme de Kiev » – un pilote ukrainien héroïque qui s’avère inexistant – et le faux incident « Snake Island 13 ».

    Beaucoup utilisent un langage xénophobe et raciste, et certains sont explicites dans leur éloge des néo-nazis ukrainiens éminents, y compris le chef du C14 Yevhen Karas, le paramilitaire fasciste du Secteur droit et le bataillon néo-nazi Azov. De multiples images appellent à des « smoothies Banderites » – une référence aux cocktails Molotov nommés d’après le défunt commandant de l’OUN-B Stephan Bandera, qui a collaboré avec l’Allemagne nazie dans le meurtre de masse de Juifs et de Polonais ethniques pendant la Seconde Guerre mondiale. Une autre image représente un livre intitulé « Encyclopédie des maladies incurables », énumérant la Russie, la Biélorussie, la Corée du Nord, la Syrie et l’Érythrée.

    Les extrémistes étrangers affluent en Ukraine

    Le dossier contient également un lien vers une page du ministère des Affaires étrangères intitulée « Combattre pour l’Ukraine », qui fournit des instructions aux étrangers qui souhaitent rejoindre les forces armées ukrainiennes infestées de néo-nazis – appelées « Légion internationale de défense de l’Ukraine ».

    Suite à l’appel de Zelensky pour que les combattants étrangers forment une brigade, des combattants du monde entier, y compris les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie, l’Espagne, la Colombie, le Brésil, le Chili et d’autres ont voyagé pour faire face aux forces russes. D’autres, sans formation au combat ni expérience, sont arrivés pour le « tourisme de guerre » – ce qu’un soldat britannique a appelé des « attrape-balles ».

    Alors que le gouvernement ukrainien affirme que des dizaines de milliers de personnes ont répondu à leur appel, certains commentateurs ont exprimé des doutes sur ces chiffres, qualifiant cela d’« exercice de relations publiques ».

    Cependant, les étrangers qui se sont rendus en Ukraine ont rencontré une réalité beaucoup plus grave qu’ils ne l’avaient prévu.

    L’armée de l’air russe a bombardé des installations militaires adjacentes à l’endroit où dormaient les combattants étrangers. Ayant fui vers la Pologne voisine, un combattant espagnol a décrit le bombardement comme un « message » qui aurait pu tuer des milliers de personnes.

    De même, un combattant américain qui s’est caché dans une ambulance pour échapper aux lignes de front a averti que les autorités ukrainiennes tuaient des étrangers qui décidaient de ne pas se battre, qualifiant cela de « piège ».

    Formulation correcte

    Un document à l’intérieur du dossier délimite le langage acceptable sur le conflit avec la Russie tel que déterminé par le gouvernement ukrainien.

    « De tels clichés russes comme ‘référendum en Crimée’ ou ‘volonté du peuple de Crimée’ sont absolument inacceptables », indique le document, en référence au référendum de 2014 pour se séparer de l’Ukraine.

    Le document juge inacceptables les termes « guerre civile dans le Donbass », « conflit interne », « conflit en Ukraine » et « crise ukrainienne » pour décrire la guerre de l’armée ukrainienne avec les républiques séparatistes de la région du Donbass. Ceci, malgré le fait que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme estime que 14 200 personnes, dont 3 404 civils, ont été tuées dans des combats internes en Ukraine depuis 2014.

    Au lieu de ces phrases, le document appelle à l’utilisation des termes « Agression armée de la Fédération de Russie dans le Donbass, conflit armé international, guerre russe contre l’Ukraine, conflit armé russo-ukrainien ».

    Messages clés

    Un autre document intitulé « Messages clés » contient des allégations de propagande spécifiques qui ont été largement diffusées dans les médias occidentaux grand public, mais qui ont depuis été discréditées. Une section affirme que « toute l’Europe a été mise au bord de la catastrophe nucléaire, lorsque les troupes russes ont commencé à bombarder la plus grande centrale nucléaire d’Europe de Zaporizhzhya ».

    Cependant, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Mariano Grossi, a déclaré que le bâtiment frappé par un « projectile » russe à la centrale de Zaporizhzhia ne faisait « pas partie du réacteur » mais plutôt un centre de formation. Les troupes russes ont également laissé les travailleurs ukrainiens continuer à exploiter l’usine.

    Une autre section remercie la Turquie pour la décision « de bloquer l’accès des navires de guerre russes à la mer Noire ».

    Cependant, le président turc Recep Tayyip Erdogan a fermé les détroits du Bosphore et des Dardanelles à tous les navires militaires, empêchant les navires de l’OTAN et de la Russie d’accéder à la mer Noire.

    Parmi les messages clés du document figure une déclaration de gratitude envers les « manifestations anti-guerre organisées par des citoyens de nombreux pays à travers le monde démontrent un fort soutien à l’Ukraine dans sa défense contre la Russie ».

    Cela fait référence à de grandes manifestations pro-ukrainiennes en Europe qui ont été marquées par des appels aux États-Unis et à l’OTAN pour établir une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine et abattre des avions militaires russes, transformant potentiellement le conflit en une guerre mondiale entre puissances nucléaires.

    « Malgré la propagande russe, il n’y a pas de discrimination fondée sur la race ou la nationalité, y compris en ce qui concerne le franchissement de la frontière de l’État par des citoyens étrangers », affirme le document ukrainien.

    Cependant, de nombreuses vidéos et rapports ont documenté les autorités ukrainiennes empêchant les Africains de fuir les combats. Même le New York Times – qui n’est guère un bastion de la propagande du Kremlin – a publié un rapport documentant ces pratiques racistes.

    Un message dit que « Le 16 mars, les forces russes ont largué une bombe sur un théâtre dramatique où jusqu’à 1300 civils étaient abrités. Le nombre de victimes est encore inconnu. »

    Cependant, comme Max Blumenthal l’a rapporté, l’explosion semble être le résultat d’une opération sous faux drapeau conçue par le bataillon néo-nazi Azov et visant à déclencher une intervention de l’OTAN.

    Fermes de trolls soutenues par l’OTAN

    Une autre enquête anonyme montre comment les sociétés de relations publiques ukrainiennes ont utilisé des publicités ciblées pour saturer les réseaux Internet et les réseaux sociaux russes avec des messages appelant à isoler économiquement Moscou et à « arrêter la guerre ». Cet effort est dirigé par Bezlepkin Evgeny Vitalievich, qui utilise le pseudonyme Evgeny Korolev, avec Pavel Antonov de l’organisation Targetorium. Derrière son pseudonyme Korolev, le guerrier ukrainien de l’information a composé un message sur sa page Facebook (maintenant privée) se vantant que les publicités Facebook de son entreprise ont atteint 30 millions de visites en trois jours.

    Dans le même temps, Facebook a empêché les médias d’État russes de diffuser des publicités et de monétiser du contenu. Plusieurs faux comptes pour des médias comme Russia 24 ont vu le jour, enterrant le compte authentique sous une série d’imposteurs. Facebook a également qualifié de « fausses » les déclarations de responsables russes, y compris le ministère de la Défense.

    Cette campagne aurait été menée sur recommandation de StopFake, un média autoproclamé de « vérification des faits » financé par le National Endowment for Democracy, l’Atlantic Council, les ministères des Affaires étrangères tchèque et britannique et la Fondation internationale de la Renaissance, financée par la Fondation Open Society du milliardaire George Soros.

    StopFake a été embauché par Facebook en mars 2020 pour « freiner le flux de propagande russe », mais il a été constaté qu’il employait plusieurs personnalités étroitement liées à des néo-nazis violents. Le journaliste qui a co-écrit l’exposé a reçu des menaces de mort et a finalement fui l’Ukraine.

    Ces révélations n’ont apparemment pas empêché Facebook de compter sur l’organisation pour obtenir des conseils en matière de censure.

    Pendant ce temps, des pirates russes ont localisé un document google public (depuis rendu privé, téléchargé ici) détaillant l’opération de propagande, qui a été distribué dans les canaux Telegram des « fermes créatives ».

    « Ici, vous pouvez trouver des liens vers des médias ukrainiens qui ont besoin de promotion, des comptes de bot avec des identifiants et des mots de passe à partir desquels des messages anti-guerre et des messages avec des faux sur le ministère de la Défense ont été envoyés aux utilisateurs, des thèses et des instructions spécifiques sur les messages et les publics à cibler », peut-on lire dans l’enquête.

    Une autre campagne est menée par Nataliya Popovych, fondatrice de l’agence de relations publiques One Philosophy, à Kiev. Le profil LinkedIn de Popovych montre qu’elle a travaillé avec le département d’État américain et conseillé l’ancien président Petro Porochenko. Elle est également cofondatrice et membre du conseil d’administration de l’Ukraine Crisis Media Center, une branche de propagande financée par l’Agence américaine pour le développement international, le National Endowment for Democracy, l’ambassade des États-Unis et l’OTAN, entre autres.

    Un article de Campaign Asia dresse le portrait de plusieurs sociétés de relations publiques impliquées dans cet effort. Parmi eux se trouve Richard Edelman, PDG d’Edelman PR. Edelman est également membre du conseil d’administration de l’Atlantic Council et du Forum économique mondial.

    « La géopolitique est devenue le nouveau test de confiance. Nous l’avons vu avec les allégations de violations des droits de l’homme au Xinjiang et la guerre entre l’Ukraine et la Russie n’a fait que la renforcer », a-t-il déclaré, liant la campagne de propagande américaine entourant la campagne de déradicalisation de la Chine pour les musulmans ouïghours.

    Médias approuvés par les rp

    Un article de PRWeek décrit plusieurs personnalités participant à ce qu’elles décrivent comme une « armée de relations publiques » qui « se bat sur la ligne de front de l’information » contre le « génocide barbare des Ukrainiens » par la Russie.

    « La propagande est la même chose que les vraies armes létales », déclare Marta Dzhumaha, responsable des relations publiques de la société de soins de santé BetterMe.

    Julia Petryk, responsable des relations publiques chez MacPaw, présente une liste de médias approuvés, rédigée par sa collègue Tetiana Bronistka, ancienne employée du bureau du procureur général de l’Ukraine. La liste comprend des sources en russe et en anglais, ainsi que des chaînes Telegram. Cependant, ces « sources vérifiées qui couvrent objectivement ce qui se passe en Ukraine » sont tout sauf indépendantes. La plupart d’entre elles sont liées aux gouvernements américain et européen et aux fondations milliardaires

    Elle énumère également plusieurs sites Web en langue russe:

    Parmi les chaînes Telegram répertoriées sont:

    • Radio Svoboda – Organe de propagande fondé par la CIA Radio Free Europe/Radio Liberty
    • Espresso TV, détenue en grande partie par l’épouse de l’ancien député ukrainien Mykola Knyazhytsky
    • Censor.net, anciennement le plus grand site médiatique d’Ukraine, dont la devise est « Faire tomber la Russie », et dont le propriétaire organise un « défilé de trolls internationaux ».

    Opérations de renseignement

    Alors que les sociétés de relations publiques distribuent du contenu, les découpages de la CIA et les fondations milliardaires gèrent les médias dont ils en tirent. Au cœur de cette opération se trouve un projet appelé Russian Language News Exchange qui était le produit d’un réseau de médias d’opposition fondé en 2016 qui opèrent dans les pays post-soviétiques, comme l’a révélé une enquête de l’agence de presse russe RIA FAN.

    En juillet 2021, un groupe de journalistes s’est rendu à Varsovie pour une formation aux médias après avoir été exempté des restrictions liées au coronavirus et des ordres de quarantaine par les plus hautes autorités médicales polonaises.

    Parmi les six journalistes figuraient Andrey Lipsky, rédacteur en chef adjoint de Novaya Gazeta, et Yuliia Fediv, PDG de Hromadske TV media, l’un des réseaux les plus regardés en Ukraine.

    Les rapports financiers de Hromadske montrent qu’il est financé par de nombreux gouvernements et fondations, y compris l’ambassade des États-Unis en Ukraine, le ministère des Affaires étrangères du Danemark, l’Agence suédoise de coopération internationale au développement, le Fonds européen pour la démocratie et Free Press Unlimited. Le milliardaire de la Silicon Valley Pierre Omidary a également participé à la création du point de vente.

    Hromadske a récemment accueilli un commentateur exigeant le génocide des Russes ethniques dans le Donbass, affirmant qu’il est peuplé de 1,5 personnes « superflues » qui « doivent être exterminées ».

    La formation, qui s’est tenue à huis clos du 19 au 21 juillet, s’intitulait « Media Network 2021+ » et était étroitement liée à Mediaset, également connu sous le nom de Russian Language News Exchange, un réseau fondé en 2015. Le site Web de Russian Language News Exchange est clairsemé, avec peu d’informations disponibles sur ses activités – apparemment rendues privées depuis la publication de l’enquête de RIA FAN.

    Bien qu’il prétende être indépendant, Russian Language News Exchange est un projet de Free Press Unlimited, financé par le gouvernement néerlandais et la Commission européenne.

    Aujourd’hui, il comprend 14 médias qui agissent comme des « nœuds », publiant mutuellement des articles dans divers pays.

    La vidéo d’introduction du site est hébergée par Maxim Eristavi, ancien journaliste de Radio Free Europe et fondateur de Hromadske. Aujourd’hui, il dirige le Programme de leadership du millénaire au sein du groupe de réflexion de l’OTAN et de l’industrie de l’armement, l’Atlantic Council.

    Depuis sa création, Mediaset a coordonné entre des médias en Azerbaïdjan, en Géorgie, au Kazakhstan, au Kirghizistan, en Lettonie, en Moldavie, en Russie et en Ukraine. En mars 2021, Mediaset s’est développé avec le projet Colab Medios, créé par le biais du programme VIMES (Free Press Unlimited Viable Media for Empowered Societies). Ce programme a créé une formation pour les journalistes et a vu des articles du média salvadorien El Faro publiés dans Euroradio (Biélorussie), Coda (Géorgie) et Ziarul de Garda (Moldavie). À lire aussi :Henry Kissinger, fraude dangereuse : pourquoi il est aussi responsable de l’Irak et du Moyen-Orient que le Vietnam

    Le 4 mars, plusieurs jours après le lancement de l’offensive militaire de la Russie, un nouveau projet appelé Media Lifeline Ukraine a été créé.

    Le lendemain, Free Press Unlimited a tenu une conférence d’urgence pour l’Ukraine avec les cofondateurs de Hromadske, Maxim Eristavi et Nataliya Gumenyuk. La réunion a appelé à lever 2 millions d’euros pour le projet. « Ce n’est qu’avec un soutien externe continu que les entités médiatiques locales pourront continuer à faire leur travail », demande sa page d’introduction.

    Quelques jours plus tard, Free Press Unlimited a annoncé un partenariat pour soutenir un nouveau projet commun de Reporters sans frontières et de son partenaire ukrainien, l’Institut d’information de masse, appelé Centre de la liberté de la presse de Lviv. L’Institute for Mass Information est dirigé par Oksana Romaniuk, responsable de la communication de l’USAID, et financé par l’USAID et le gouvernement britannique.

    Les lobbyistes de Washington DC remuent le chien

    Alors que les sociétés de relations publiques et les opérations de propagande liées au renseignement ciblent le public, les lobbyistes de Washington DC s’agitent au Congrès pour prolonger la guerre en Ukraine

    Daniel Vajdich, agent étranger enregistré et lobbyiste pour la Fédération ukrainienne des employeurs de l’industrie pétrolière et gazière, la plus importante d’Ukraine, travaille au nom de Volodymyr Zelensky pour faire pression sur les membres du Congrès afin qu’ils approuvent davantage d’expéditions d’armes vers l’Ukraine. Aujourd’hui à la tête de Yorktown Solutions, il a déjà conseillé les campagnes de Ted Cruz et Scott Walker et est chercheur principal non résident à l’Atlantic Council.

    « Stingers, Javelins, et voyons la question des avions de combat », a-t-il déclaré à Politico, affirmant que la Russie tentait de mener un « génocide » et de « dépeupler certaines régions de l’Ukraine ».

    Vajdich a également écrit le discours de Zelenskyy le 16 mars au Congrès américain, dans lequel il a cité le discours de Martin Luther King Jr. « I Have a Dream » pour appeler à une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine.

    Le discours du 23 février du représentant permanent ukrainien aux Nations Unies Sergiy Kyslytsya à l’Assemblée générale des Nations Unies a été écrit par stephen Krupin, directeur général de la société de lobbying SKDKnickerbocker de DC, ancien rédacteur de discours principal du président Barack Obama qui a beaucoup travaillé sur la campagne de Biden en 2020.

    Le plus important parmi les lobbyistes enregistrés promouvant les intérêts du gouvernement ukrainien et des entreprises est Andrew Mac, qui a également contribué à la rédaction du discours de Zeleneksyy au Congrès. Mac s’est enregistré en tant que lobbyiste pour Zelensky en 2019 et dirige le bureau de Washington DC du cabinet d’avocats ukrainien Asters Law.

    La société de lobbying Your Global Strategy, fondée par Shai Franklin, qui a été affiliée à de nombreuses organisations sionistes, dont le Congrès juif mondial et l’Anti-Defamation League, utilise également son influence auprès des responsables locaux aux États-Unis Franklin a organisé des réunions entre le maire de Kharkiv, Ihor Terekhov, et les maires américains, dont Eric Adams à New York. Michelle Wu à Boston et Lori Lightfoot à Chicago. Il tente également d’organiser une réunion entre les responsables américains et les maires d’Odessa et de Kiev. Un média appartenant à l’épouse du maire de Kiev a récemment présenté un présentateur appelant au génocide contre les Russes, en commençant par les enfants.

    Franklin a déclaré qu’il travaillait avec l’administration du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy pour aider à organiser des réunions virtuelles entre les maires d’Odessa et de Kiev et leurs homologues américains.

    L’avocat Lukas Jan Kaczmarek, basé dans le Maryland, travaille également pour le compte du ministère ukrainien de la Défense afin d’augmenter les expéditions d’armes américaines, cherchant spécifiquement à organiser des expéditions d’armes à feu de Kel-Tec CNC Industries basée à Cocoa, en Floride, vers la ville d’Odessa, en Ukraine.

    L’ancien ambassadeur des États-Unis en Russie, Michael McFaul, a décrit le réseau de professionnels des relations publiques et de lobbyistes entourant Zelenskyy. « Ce sont des gens autour de M. Zelenskyy qui sont comme les intermédiaires et les interlocuteurs. Ils interagissent avec les élites américaines et les médias américains depuis longtemps », a-t-il déclaré.

    McFaul et John E. Herbst, ancien ambassadeur des États-Unis en Ukraine et directeur principal de l’Eurasia Center de l’Atlantic Council, agissent en tant que conseillers informels de Zelenskyy. McFaul a déclaré à Politico qu’il parlait à des responsables du gouvernement ukrainien « probablement tous les jours » et « les a aidés à établir des liens avec les producteurs de NBC ou de MSNBC ».

    McFaul a récemment déclaré à Rachel Maddow de MSNBC que « Hitler n’a pas tué les germanophones, faisant face à des accusations de négation de l’Holocauste.

    Zelenskyy a également tenu un « appel vidéo stratégique » avec McFaul avant de parler aux démocrates de la Chambre.

    Avec une puissante armée russe combattant aux côtés des forces de la RPD et de la RPL, la défaite de l’armée ukrainienne semble imminente à moins que les États-Unis et l’OTAN n’affrontent directement les forces russes, un scénario que le président Biden a déjà exclu. Les lobbyistes persistent néanmoins dans leur campagne pour dépeindre l’armée ukrainienne comme des outsiders qui marquent coup après coup contre les hordes russes. Ce faisant, ils aident à prolonger la guerre et à poursuivre le carnage.

    * Dan Cohen est le correspondant à Washington DC de Behind The Headlines. Il a produit des reportages vidéo largement distribués et des dépêches imprimées de tout Israël-Palestine. Il tweete à @DanCohen3000.

    Publié à www.mintpressnews.com

     

    source: https://histoireetsociete.com/

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  •  Ziouganov : il est temps de se libérer des chaînes de l’OMC !  (H&S-26/03/22)

    Un projet de loi sur le retrait de la Russie de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a été soumis à la Douma d’État. La date de son examen n’a pas encore été fixée. Mais je suis convaincu qu’il doit avoir lieu le plus tôt possible. L’Occident a lancé une guerre politique et économique sans précédent contre notre pays. Et nous devons immédiatement rompre les relations avec cette organisation, dont il se sert pour soumettre les économies d’États souverains à ses propres intérêts. Il s’agit d’une organisation de pression et de chantage qui vise à forcer tout le monde à danser au rythme de l’Oncle Sam en empêchant tout développement indépendant.

    https://kprf.ru/party-live/cknews/209440.html

    L’Organisation mondiale du commerce a été créée le 1er janvier 1995. Son siège social est situé à Genève, en Suisse. À ce jour, 164 pays sont membres de l’OMC. La Russie est devenue son 156e membre en août 2012.

    L’objectif officiel de l’OMC est la “libéralisation du commerce international et la régulation des relations commerciales et politiques des États membres”. Les dirigeants de cette organisation affirment qu’elle assure à tous ses membres des conditions égales et aussi favorables que possible dans les activités commerciales et économiques et qu’elle protège leurs droits dans ce domaine. Mais les plus grands économistes du monde sont arrivés depuis longtemps à la conclusion que la véritable fonction de l’OMC est de garantir les intérêts des grandes sociétés transnationales et de leurs propriétaires. Un confort maximal pour le capital transnational et les plus grands pays occidentaux dans la colonisation effective de l’économie du reste du monde. Détruire la souveraineté économique des concurrents. Le remplacement de la production nationale et de ses produits par une production sous le contrôle du capital transnational et des marchandises importées, la réduction des droits de douane à laquelle les membres de l’OMC sont en principe contraints. Contrairement à la charte de l’organisation, dans sa pratique réelle, les questions de santé, de sécurité et d’environnement sont régulièrement ignorées au profit d’avantages supplémentaires pour les grandes entreprises. Malgré ses objectifs déclarés, l’adhésion à l’OMC ne protège pas les États membres de l’imposition de sanctions économiques unilatérales et politiquement motivées.

    La Russie a fait l’expérience de tout cela pendant près de 10 ans d’adhésion à l’OMC. Pendant tout ce temps, elle a servi de barrière “légale” à la véritable substitution des importations et à la sécurité alimentaire et pharmaceutique dans notre pays. Aujourd’hui, l’Occident, qui a enfin cessé de cacher son véritable objectif : tenter de nous étrangler sur le front des sanctions et, par le biais de la guerre économique, détruire notre souveraineté politique, compte bien en tirer le maximum de profit.

    Au cours des 17 premières années d’existence de l’OMC, le gouvernement n’a cessé de négocier la question de l’adhésion de la Russie à cette organisation. Le KPRF, conscient du danger de cette décision, a constamment et raisonnablement résisté à son adoption pendant toutes ces années.

    Ainsi, en février 2012, lors de la table ronde que nous avons organisée à la Douma d’État, nous avons rappelé comment la triste expérience d’adhésion de la plupart des pays d’Amérique latine, d’Asie du Sud-Est, d’Afrique, ainsi que de la CEI et d’Asie centrale, l’absence d’industrie développée, d’industries compétitives et de soutien adéquat de l’État conduit à une forte désindustrialisation du pays. Le statut du pays en tant qu’appendice de matières premières et marché pour les produits des entreprises mondiales a été scellé. L’expérience de l’Ukraine, de la Géorgie, du Kirghizstan, des États baltes et de l’Europe de l’Est a montré que lorsque les marchés nationaux et internationaux fusionnent, des industries entières perdent leur contrôle national. Et même les économies qui sont en ruines peuvent tomber encore plus bas à la suite de l’adhésion à l’OMC.

    Par exemple, l’Ukraine a complètement perdu son industrie sucrière, les importations de sucre ont grimpé de 11 %, elle a été inondée de lard rassis et un demi-million de personnes ont été jetées à la rue. La baisse de la production dans un certain nombre d’industries a dépassé 45 à 60%. Après la réduction des droits d’importation sur les voitures particulières, qui sont passés de 25 % à 10 %, la production automobile en Ukraine a été divisée par six – en fait, l’industrie automobile a cessé d’exister. Une situation similaire a été observée dans la production de meubles – après l’annulation des droits d’importation, la production de meubles en Ukraine a été divisée par trois entre 2008 et 2011. L’industrie légère n’a pas pu éviter le triste sort qui lui est réservé. Ici, la production a chuté de 45 à 60 %, les exportations ont diminué de 28 % et les importations ont bondi de 40 à 45 %.

    Nous étions clairement conscients que l’OMC n’était pas moins une menace pour la Russie. En juillet 2012, j’ai fait un appel-programme “Ratification du désastre”, qui déclarait à nouveau la position de principe des forces de gauche : l’adhésion à l’OMC est inacceptable – elle pourrait être une étape désastreuse pour notre pays. Nous l’avons rappelé une fois de plus : l’adhésion à l’OMC impose 23 000 obligations supplémentaires à la Russie devant les autres pays et partenaires commerciaux ! Et ces obligations auront pour effet de détruire l’économie et l’industrie nationales.

    Les obligations que nous avons contractées en tant que membres de l’OMC ont été convenues avec près de six douzaines de pays poursuivant leurs propres intérêts économiques. Mais ces obligations n’ont pas été discutées avec une seule région de Russie, pas un seul secteur de l’économie, pas une seule industrie réelle dans notre pays.

    De nombreux experts, analystes et universitaires ont fait des évaluations véridiques et professionnelles des conséquences inévitables de l’adhésion à l’OMC. Leurs appels ont été publiés dans nos journaux la Pravda et Sovetskaya Rossiya et sur nos pages Internet.

    Les industriels russes, les directeurs d’entreprises, les scientifiques, les spécialistes de différents secteurs de l’industrie et de la production agraire, les représentants des petites et moyennes entreprises qui partagent notre position ont relayé notre refus de soutenir le traité d’adhésion à l’OMC.

    Mais on n’a pas voulu nous entendre. La “libéralisation” selon les principes occidentaux s’est poursuivie, ce qui n’était rien de moins qu’une mine plantée sous notre pays, sa sécurité, son avenir. Ce n’est pas un hasard si, quelques jours avant le vote de la Douma sur l’adhésion à l’OMC, comme si elle en connaissait l’issue à l’avance, la vice-présidente de l’époque, Hillary Clinton, a fait une déclaration franche devant le Congrès américain : “L’adhésion de la Russie à l’OMC apportera un bénéfice net à l’économie américaine”. Mais ce sont ceux de Moscou qui ont aidé les Américains à atteindre leurs objectifs.

    Le 10 juillet 2012, la faction Russie unie de la Douma d’État a légalisé l’adhésion de la Russie à l’OMC. Les députés de Russie unie ont voté à l’unanimité pour la ratification du traité avec l’OMC. Tous les autres députés ont voté contre. La marge de soutien à la décision était de moins de 3 % à l’époque. Le 22 août de la même année, la Douma a procédé à un vote sur l’adhésion de la Russie à l’Organisation mondiale du commerce. Le résultat en faveur des partisans de notre nouvel asservissement a été une nouvelle fois assuré par Russie unie. Mais aujourd’hui, ce parti ne veut pas se souvenir du rôle fatidique qu’il a joué dans ces événements, dont nous récoltons les conséquences aujourd’hui encore.

    Les experts estiment que les pertes directes de la Russie liées à l’adhésion à l’OMC au cours des quatre premières années de son adhésion seulement se sont élevées à 3 000 milliards de roubles. Mais les conséquences les plus dangereuses ont été le renforcement de la dépendance de notre pays à l’égard des importations dans des domaines d’importance vitale et la paralysie réelle du processus de substitution réelle des importations, sur lequel nous avons constamment insisté comme condition de notre survie. Les menaces qui pèsent aujourd’hui avec les sanctions sont le résultat direct du fait que, pendant plus d’un quart de siècle, les autorités ont obstinément ignoré nos avertissements et nos demandes.

    La faction du KPRF a soumis à la Douma à cinq reprises un projet de loi sur le retrait de l’Organisation mondiale du commerce. Avant et après l’adhésion de notre pays à l’OMC, nous avons organisé de nombreuses manifestations de masse et tables rondes avec la participation d’éminents experts en la matière. Nous avons insisté : l’asservissement que constitue l’OMC est en contradiction directe avec la tâche de tout État qui cherche à préserver son indépendance et à réussir son développement. L’objectif de construire une économie forte, efficace et autosuffisante, ce qui signifie investir un maximum d’efforts et de ressources dans son développement.

    Mais nos appels ont été ignorés à maintes reprises. Ce n’est qu’en 2019 que le gouvernement a pour la première fois exprimé officiellement des évaluations critiques des conséquences de l’adhésion de la Russie à l’OMC et a reconnu que cette mesure ne répondait catégoriquement pas aux attentes des autorités russes. Ainsi, en mai 2019, lors du forum économique international d’Astana, les représentants du ministère du développement économique ont explicitement déclaré que l’adhésion à l’OMC avait été un choix malencontreux. Mais même après cela, il n’y a toujours pas eu de décision de retrait définitif de l’organisation, ce que nous avons continué à réclamer. En fait, à la lumière de la situation actuelle, le sabotage d’une telle décision par le bloc libéral du gouvernement ne peut être décrit que comme une négligence criminelle aux conséquences dangereuses pour la Russie. Les responsables de l’économie n’avaient pas le droit d’attendre l’attaque économique la plus massive de l’Occident contre notre pays dans l’histoire, qui a suivi cette année, pour retarder la prise de mesures fondamentales.

    Les erreurs graves doivent être corrigées. Bien que tardivement. Aujourd’hui, toute personne sensée a enfin compris ce sur quoi le KPRF insiste depuis de nombreuses années : nous ne pouvons pas faire partie d’une organisation commerciale dont les objectifs sont en contradiction directe avec les intérêts nationaux de notre pays. Et cela ne fait que faciliter la guerre économique déclenchée contre nous aujourd’hui. Nous devons quitter l’OMC immédiatement !

     

    source: https://histoireetsociete.com/

      

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  • Dans ce nouveau numéro de Michel Midi, Michel Collon reçoit Christelle Néant, journaliste française installée au Donbass depuis 2016. Elle donne régulièrement des nouvelles sur la situation dans cette région. L’occasion d’entendre un autre son de cloche, alors que les médias occidentaux relaient principalement le point de vue de Kiev.

     

    source:  https://www.investigaction.net/

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  • Nouveau numéro du Monde vu d’En Bas consacré à la guerre en Ukraine. Cette fois-ci, Saïd Bouamama analyse du point de vue des classes populaires la réaction des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

     

    source: https://www.investigaction.net/

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      Pendant des années, du Mali à l’Afghanistan, j’ai travaillé pour la paix et ai risqué ma vie pour elle. Il ne s’agit donc pas de justifier la guerre, mais de comprendre ce qui nous y a conduit. Je constate que les « experts » qui se relaient sur les plateaux de télévision analysent la situation à partir d’informations douteuses, le plus souvent des hypothèses érigées en faits, et dès lors on ne parvient plus à comprendre ce qui se passe. C’est comme ça que l’on crée des paniques. Le problème n’est pas tant de savoir qui a raison dans ce conflit, mais de s’interroger sur la manière dont nos dirigeants prennent leurs décisions.

      Essayons d’examiner les racines du conflit. Cela commence par ceux qui durant les huit dernières années nous parlaient de « séparatistes » ou des « indépendantistes » du Donbass. C’est faux. Les référendums menés par les deux républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk en mai 2014, n’étaient pas des référendums d’« indépendance » (независимость), comme l’ont affirmé certains journalistes peu scrupuleux, mais de référendums d’« auto-détermination » ou d’« autonomie » (самостоятельность). Le qualificatif « pro-russes » suggère que la Russie était partie au conflit, ce qui n’était pas le cas, et le terme « russophones » aurait été plus honnête. D’ailleurs, ces référendums ont été conduits contre l’avis de Vladimir Poutine.

      En fait, ces Républiques ne cherchaient pas à se séparer de l’Ukraine, mais à avoir un statut d’autonomie leur garantissant l’usage de la langue russe comme langue officielle. Car le premier acte législatif du nouveau gouvernement issu du renversement du président Ianoukovitch, a été l’abolition, le 23 février 2014, de la loi Kivalov-Kolesnichenko de 2012 qui faisait du russe une langue officielle. Un peu comme si des putschistes décidaient que le français et l’italien ne seraient désormais plus des langues officielles en Suisse.

      Cette décision provoque une tempête dans la population russophone. Il en résulte une répression féroce contre les régions russophones (Odessa, Dniepropetrovsk, Kharkov, Lougansk et Donetsk) qui s’exerce dès février 2014 et conduit à une militarisation de la situation et à quelques massacres (à Odessa et à Marioupol, pour les plus importants). À la fin de l’été 2014, ne restent que les Républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lougansk.

      A ce stade, trop rigides et engoncés dans une approche doctrinaire de l’art opératif, les états-majors ukrainiens subissent l’ennemi sans parvenir à s’imposer. L’examen du déroulement des combats en 2014-2016 dans le Donbass montre que l’état-major ukrainien a systématiquement et mécaniquement appliqué les mêmes schémas opératifs. Or, la guerre menée par les autonomistes est alors très proche de ce que l’on observe dans le Sahel : des opérations très mobiles menées avec des moyens légers. Avec une approche plus flexible et moins doctrinaire, les rebelles ont su exploiter l’inertie des forces ukrainienne pour les « piéger » de manière répétée.

      En 2014, je suis à l’OTAN, responsable de la lutte contre la prolifération des armes légères, et nous tentons de détecter des livraisons d’armes russes aux rebelles afin de voir si Moscou est impliqué. Les informations que nous recevons viennent alors pratiquement toutes des services de renseignement polonais et ne « collent pas » avec les informations en provenance de l’OSCE : en dépit d’allégations assez grossières, on n’observe aucune livraison d’armes et de matériels militaire de Russie.

      Les rebelles sont armés grâce aux défections d’unités ukrainiennes russophones qui passent du côté rebelle. Au fur et à mesure des échecs ukrainiens, les bataillons de chars, d’artillerie ou anti-aériens au complet viennent grossir les rangs des autonomistes. C’est ce qui pousse les Ukrainiens à s’engager dans les Accords de Minsk.

      Mais, juste après avoir signé les Accords de Minsk 1, le président ukrainien Petro Porochenko lance une vaste opération antiterroriste (ATO/Антитерористична операція) contre le Donbass. Bis repetita placent : mal conseillés par des officiers de l’OTAN, les Ukrainiens subissent une cuisante défaite à Debaltsevo qui les oblige à s’engager dans les Accords de Minsk 2…

      Il est essentiel de rappeler ici que les Accords de Minsk 1 (septembre 2014) et Minsk 2 (février 2015), ne prévoyaient ni la séparation, ni l’indépendance des Républiques, mais leur autonomie dans le cadre de l’Ukraine. Ceux qui ont lu les Accords (ils sont très, très, très peu nombreux) constateront qu’il est écrit en toutes lettres que le statut des républiques devait être négocié entre Kiev et les représentants des républiques, pour une solution interne à l’Ukraine.

      C’est pourquoi depuis 2014, la Russie a systématiquement demandé leur application tout en refusant d’être partie aux négociations, car il s’agissait d’une affaire intérieure à l’Ukraine. De l’autre côté, les Occidentaux – France en tête – ont systématiquement tenté de substituer aux Accords de Minsk le « format Normandie », qui mettait face à face Russes et Ukrainiens. Or, rappelons-le, il n’y a jamais eu de troupes russes dans le Donbass avant le 23-24 février 2022. D’ailleurs, les observateurs de l’OSCE n’ont jamais observé la moindre trace d’unités russes opérant dans le Donbass. Ainsi, la carte des services de renseignements américains publiée par le Washington Post le 3 décembre 2021 ne montre pas de troupes russes dans le Donbass.

      En octobre 2015, Vasyl Hrytsak, directeur du Service de sécurité ukrainien (SBU), confessait que l’on avait seulement observé 56 combattants russes dans le Donbass. C’était un même comparable à celui des Suisses allant combattre en Bosnie durant les week-ends, dans les années 1990, ou des Français qui vont combattre en Ukraine aujourd’hui.

      L’armée ukrainienne est alors dans un état déplorable. En octobre 2018, après quatre ans de guerre, le procureur militaire ukrainien en chef Anatoly Matios déclarait que l’Ukraine avait perdu 2 700 hommes dans le Donbass : 891 de maladies, 318 d’accidents de la route, 177 d’autres accidents, 175 d’empoisonnements (alcool, drogue), 172 suite à des manipulations imprudentes d’armes, 101 d’infractions aux règles de sécurité, 228 de meurtres et 615 de suicides. 

      En fait, l’armée est minée par la corruption de ses cadres et ne jouit plus du soutien de la population. Selon un rapport du ministère de l’Intérieur britannique, lors du rappel des réservistes de mars-avril 2014, 70 % ne se sont pas présentés à la première session, 80 % à la deuxième, 90 % à la troisième et 95 % à la quatrième. En octobre/novembre 2017, 70 % des appelés ne se sont pas présentés lors de la campagne de rappel « Automne 2017 ». Ceci sans compter les suicides et les désertions (souvent au profit des autonomistes) qui atteignent jusqu’à 30 % des effectifs dans la zone de l’ATO. Les jeunes Ukrainiens refusent d’aller combattre dans le Donbass et préfèrent l’émigration, ce qui explique aussi, partiellement au moins, le déficit démographique du pays.

      Le ministère de la Défense ukrainien s’adresse alors à l’OTAN pour l’aider à rendre ses forces armées plus « attractives ». Ayant déjà travaillé à des projets similaires dans le cadre des Nations Unies, j’ai été sollicité par l’OTAN pour participer à un programme destiné à restaurer l’image des forces armées ukrainiennes. Mais c’est un processus de longue haleine et les Ukrainiens veulent aller vite.

      Ainsi, pour compenser le manque de soldats, le gouvernement ukrainien recourt alors à des milices paramilitaires. Elles sont essentiellement composées de mercenaires étrangers, souvent militants d’extrême-droite. En 2020, elles constituent environ 40% des forces ukrainiennes et comptent environ 102 000 hommes selon Reuters. Elles sont armées, financées et formées par les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et la France. On y trouve plus de 19 nationalités – dont des Suisses.

      Les pays occidentaux ont donc clairement créé et soutenu des milices d’extrême droite ukrainiennes. En octobre 2021, le Jerusalem Post sonnait l’alarme en dénonçant le projet Centuria. Ces milices opèrent dans le Donbass depuis 2014, avec le soutien des Occidentaux. Même si on peut discuter le terme « nazi », il n’en demeure pas moins que ces milices sont violentes, véhiculent une idéologie nauséabonde et sont virulemment antisémites. Leur antisémitisme est plus culturel que politique, c’est pourquoi le qualificatif « nazi » n’est pas vraiment adapté. Leur haine du juif vient des grandes famines des années 1920-1930 en Ukraine, résultant de la confiscation des récoltes par Staline afin de financer la modernisation de l’Armée Rouge. Or, ce génocide – connu en Ukraine sous le nom d’Holodomor – a été perpétré par le NKVD (ancêtre du KGB) dont les échelons supérieurs de conduite étaient principalement composés de juifs. C’est pourquoi, aujourd’hui, les extrémistes ukrainiens demandent à Israël de s’excuser pour les crimes du communisme, comme le relève le Jerusalem Post. On est donc bien loin d’une « réécriture de l’Histoire » par Vladimir Poutine.

      Ces milices, issues des groupes d’extrême-droite qui ont animé la révolution de l’Euromaïdan en 2014, sont composées d’individus fanatisés et brutaux. La plus connue d’entre elles est le régiment Azov, dont l’emblème rappelle celui de la 2ePanzerdivision SS Das Reich, qui fait l’objet d’une véritable vénération en Ukraine, pour avoir libéré Kharkov des Soviétiques en 1943, avant de perpétrer le massacre d’Oradour-sur-Glane en 1944, en France.

      Parmi les figures célèbres du régiment Azov, on trouvait l’opposant Roman Protassevitch, arrêté en 2021 par les autorités bélarusses à la suite de l’affaire du vol RyanAir FR4978. Le 23 mai 2021, on évoque le détournement délibéré d’un avion de ligne par un MiG-29 – avec l’accord de Poutine, bien évidemment – pour arrêter Protassevitch, bien que les informations alors disponibles ne confirment absolument pas ce scénario.

      Mais il faut alors montrer que le président Loukachenko est un voyou et Protassevitch un « journaliste » épris de démocratie. Pourtant, une enquête assez édifiante produite par une ONG américaine en 2020, mettait en évidence les activités militantes d’extrême-droite de Protassevitch. Le complotisme occidental se met alors en marche et des médias peu scrupuleux « toilettent » sa biographie. Finalement, en janvier 2022, le rapport de l’OACI est publié et montre que malgré quelques erreurs de procédure, le Bélarus a agi conformément aux règles en vigueur et que le MiG-29 a décollé 15 minutes après que le pilote de RyanAir a décidé d’aller atterrir à Minsk. Donc pas de complot bélarus et encore moins avec Poutine. Ah !… Encore un détail : Protassevitch, cruellement torturé par la police bélarusse, est aujourd’hui libre. Ceux qui voudraient correspondre avec lui, peuvent aller sur son compte Twitter.

      La qualification de « nazi » ou « néo-nazi » donnée aux paramilitaires ukrainiens est considérée comme de la propagande russe. Peut-être ; mais ce n’est pas l’avis du Times of Israel, du Centre Simon Wiesenthal ou du Centre de Lutte contre le Terrorisme de l’académie de West Point. Mais cela reste discutable, car, en 2014, le magazine Newsweek semblait plutôt les associer à… l’État Islamique. Au choix !

      Donc, l’Occident soutient et continue d’armer des milices qui se sont rendues coupables de nombreux crimes contre les populations civiles depuis 2014 : viols, torture et massacres. Mais alors que le gouvernement suisse a été très prompt à prendre des sanctions contre la Russie, il n’en n’a adopté aucune contre l’Ukraine qui massacre sa propre population depuis 2014. En fait, ceux qui défendent les droits de l’homme en Ukraine ont depuis longtemps condamné les agissements de ces groupes, mais n’ont pas été suivis par nos gouvernements. Car, en réalité, on ne cherche pas à aider l’Ukraine, mais à combattre la Russie.

      L’intégration de ces forces paramilitaires dans la Garde Nationale ne s’est pas du tout accompagnée d’une « dénazification », comme certains le prétendent. Parmi les multiples exemples, celui de l’insigne du Régiment Azov est édifiant :

       

      En 2022, très schématiquement, les forces armées ukrainiennes qui combattent l’offensive russe s’articulent en :

      – Armée de terre, subordonnée au ministère de la Défense : elle est articulée en 3 corps d’armée et composée de formations de manœuvre (chars, artillerie lourde, missiles, etc.).

      – Garde Nationale, qui dépend du ministère de l’Intérieur et est articulée en 5 commandements territoriaux.

      La Garde Nationale est donc une force de défense territoriale qui ne fait pas partie de l’armée ukrainienne. Elle comprend les milices paramilitaires, appelées « bataillons de volontaires » (добровольчі батальйоні), également connues sous le nom évocateur de « bataillons de représailles », composés d’infanterie. Principalement formés pour le combat urbain, ceux-ci assurent aujourd’hui la défense de villes comme Kharkov, Marioupol, Odessa, Kiev, etc.

       

      Deuxième partie: La Guerre

      Ancien responsable des forces du Pacte de Varsovie au service de renseignement stratégique helvétique, j’observe avec tristesse – mais sans étonnement – que nos services ne sont plus en mesure de comprendre la situation militaire en Ukraine. Les « experts » auto-proclamés qui défilent sur nos écrans relaient inlassablement les mêmes informations modulées par l’affirmation que la Russie – et Vladimir Poutine – est irrationnel. Prenons un peu de recul.

      Le déclenchement de la guerre

      Depuis le mois de novembre 2021, les Américains ne cessent de brandir la menace d’une invasion russe contre l’Ukraine. Pourtant, les Ukrainiens ne semblent pas du même avis. Pourquoi ?

      Il faut remonter au 24 mars 2021. Ce jour-là, Volodymyr Zelensky promulgue un décret pour la reconquête de la Crimée et commence à déployer ses forces vers le sud du pays. Simultanément, a lieu la conduite de plusieurs exercices de l’OTAN entre la mer Noire et la mer Baltique, accompagnés d’un accroissement important des vols de reconnaissance le long de la frontière russe. La Russie, mène alors quelques exercices, afin de tester la disponibilité opérationnelle de ses troupes et montrer qu’elle suit l’évolution de la situation.

      Les choses se calment jusqu’en octobre-novembre avec la fin des exercices ZAPAD 21, dont les mouvements de troupes sont interprétés comme un renforcement en vue d’une offensive contre l’Ukraine. Pourtant, même les autorités ukrainiennes réfutent l’idée de préparatifs russes pour une guerre et Oleksiy Reznikov, ministre de la Défense ukrainien déclare qu’il n’y a pas de changement à sa frontière depuis le printemps.

      En violation des Accords de Minsk, l’Ukraine mène des opérations aériennes au Donbass à l’aide de drones, dont au moins exécute une frappe contre un dépôt de carburant à Donetsk en octobre 2021. La presse américaine le relève, mais pas les Européens et personne ne condamne ces violations.

      En février 2022, les événements se précipitent. Le 7 février, lors de sa visite à Moscou, Emmanuel Macron réaffirme à Vladimir Poutine son attachement aux Accords de Minsk, un engagement qu’il répétera à l’issue de son entrevue avec Volodymyr Zelensky, le lendemain. Mais le 11 février, à Berlin, après 9 heures de travail, la réunion des conseillers politiques des dirigeants du « format Normandie » s’achève, sans résultat concret : les Ukrainiens refusent encore et toujours d’appliquer les Accords de Minsk, apparemment sous la pression des États-Unis. Vladimir Poutine constate alors que Macron lui a fait des promesses en l’air et que les Occidentaux ne sont pas prêts à faire appliquer les Accords, comme ils le font depuis huit ans.

      Les préparatifs ukrainiens dans la zone de contact continuent. Le Parlement russe s’alarme et le 15 février demande à Vladimir Poutine de reconnaître l’indépendance des Républiques, ce qu’il refuse.

      Le 17 février, le président Joe Biden annonce que la Russie va attaquer l’Ukraine dans les prochains jours. Comment le sait-il ? Mystère… Mais depuis le 16, le pilonnage d’artillerie sur les populations du Donbass augmente de manière dramatique, comme le montrent les rapports journaliers des observateurs de l’OSCE. Naturellement, ni les médias, ni l’Union européenne, ni l’OTAN, ni aucun gouvernement occidental ne réagit et n’intervient. On dira plus tard, qu’il s’agit de désinformation russe. En fait, il semble que l’Union européenne et certains pays ont à dessein passé sous silence le massacre des populations du Donbass, sachant que cela provoquerait une intervention russe.

      Simultanément, on signale des actes de sabotages dans le Donbass. Le 18 janvier, les combattants du Donbass interceptent des saboteurs équipés de matériel occidental et parlant polonais cherchant à créer des incidents chimiques à Gorlivka. Il pourrait s’agir de mercenaires de la CIA, conduits ou « conseillés » par des Américains et composés de combattants ukrainiens ou européens, pour mener des actions de sabotage dans les Républiques du Donbass.

       

      En fait, dès le 16 février, Joe Biden sait que les Ukrainiens ont commencé à pilonner les populations civiles du Donbass, mettant Vladimir Poutine devant un choix difficile : aider le Donbass militairement et créer un problème international ou rester sans rien faire et regarder les russophones du Donbass se faire écraser.

      S’il décide d’intervenir, Vladimir Poutine peut invoquer l’obligation internationale de « Responsibility To Protect » (R2P). Mais il sait que quelle que soit sa nature ou son ampleur, l’intervention déclenchera une pluie de sanctions. Dès lors, que son intervention soit limitée au Donbass ou qu’elle aille plus loin pour faire pression sur les Occidentaux pour le statut de l’Ukraine, le prix à payer sera le même. C’est d’ailleurs ce qu’il explique lors de son allocution du 21 février.

      Ce jour-là, il accède à la demande de la Douma et reconnaît l’indépendance des deux Républiques du Donbass et, dans la foulée, il signe avec elles des traités d’amitié et d’assistance.

      Les bombardements de l’artillerie ukrainienne sur les populations du Donbass se poursuivent et, le 23 février, les deux Républiques demandent l’aide militaire de la Russie. Le 24, Vladimir Poutine invoque l’article 51 de la Charte des Nations Unies qui prévoit l’entraide militaire dans le cadre d’une alliance défensive.

      Afin de rendre l’intervention russe totalement illégale aux yeux du public nous occultons délibérément le fait que la guerre a effectivement commencé le 16 février. L’armée ukrainienne s’apprêtait à attaquer le Donbass dès 2021, comme le savaient pertinemment certains services de renseignement russes et européens… Les juristes jugeront.

      Dans son allocution du 24 février, Vladimir Poutine a énoncé les deux objectifs de son opération : « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine. Il ne s’agit donc pas de s’emparer de l’Ukraine, ni même, vraisemblablement de l’occuper et certainement pas de la détruire.

      À partir de là, notre visibilité sur le déroulement de l’opération est limitée : les Russes ont une excellente sécurité des opérations (OPSEC) et le détail de leur planification n’est pas connue. Mais assez rapidement, le déroulement des opérations permet de comprendre comment les objectifs stratégiques se sont traduits sur le plan opératif.

      – Démilitarisation :

      . destruction au sol de l’aviation, des systèmes de défense aérienne et des moyens de reconnaissance ukrainiens ;

      . neutralisation des structures de commandement et de renseignement (C3I), ainsi que des principales voies logistiques dans la profondeur du territoire ;

      . encerclement du gros de l’armée ukrainienne massée dans le sud-est du pays.

      – Dénazification :

      . destruction ou neutralisation des bataillons de volontaires qui opèrent dans les villes d’Odessa, Kharkov et Marioupol, ainsi que dans diverses installations sur le territoire.

      La « démilitarisation

      L’offensive russe se déroule de manière très « classique ». Dans un premier temps – comme l’avaient fait les Israéliens en 1967 – avec la destruction au sol des forces aériennes dans les toutes premières heures. Puis, on assiste à une progression simultanée sur plusieurs axes selon le principe de « l’eau qui coule » : on avance partout où la résistance est faible et on laisse les villes (très voraces en troupes) pour plus tard. Au nord, la centrale de Tchernobyl est occupée immédiatement afin de prévenir des actes de sabotage. Les images de soldats ukrainiens et russes assurant ensemble la surveillance de la centrale ne sont naturellement pas montrées…

      L’idée que la Russie cherche à s’emparer de Kiev, la capitale, pour éliminer Zelensky vient typiquement des Occidentaux : c’est ce qu’ils ont fait en Afghanistan, en Irak, en Libye et ce qu’ils voulaient faire en Syrie avec l’aide de l’État islamique. Mais Vladimir Poutine n’a jamais eu l’intention d’abattre ou de renverser Zelensky. La Russie cherche au contraire à le maintenir au pouvoir en le poussant à négocier en encerclant Kiev. Il avait refusé de le faire jusque-là pour appliquer les Accords de Minsk, mais maintenant les Russes veulent obtenir la neutralité de l’Ukraine.

      Beaucoup de commentateurs occidentaux se sont étonnés que les Russes aient continué à chercher une solution négociée tout en menant des opérations militaires. L’explication est dans la conception stratégique russe, depuis l’époque soviétique. Pour les Occidentaux, la guerre commence lorsque la politique cesse. Or, l’approche russe suit une inspiration clausewitzienne : la guerre est la continuité de la politique et on peut passer de manière fluide de l’une à l’autre, même au cours des combats. Cela permet de créer une pression sur l’adversaire et le pousser à négocier.

      Du point de vue opératif, l’offensive russe a été un exemple du genre : en six jours, les Russes se sont emparés d’un territoire aussi vaste que le Royaume-Uni, avec une vitesse de progression plus grande que ce que la Wehrmacht avait réalisé en 1940.

      Le gros de l’armée ukrainienne était déployé au sud du pays en vue d’une opération majeure contre le Donbass. C’est pourquoi, les forces russes ont pu l’encercler dès le début mars dans le « chaudron » compris entre Slavyansk, Kramatorsk et Severodonetsk, par une poussée venant de l’est par Kharkov et une autres venant du sud depuis la Crimée. Les troupes des Républiques de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL) complètent l’action des forces russes par une poussée venant de l’Est.

      A ce stade, les forces russes resserrent lentement l’étau, mais ne sont plus sous pression du temps. Leur objectif de démilitarisation est pratiquement atteint et les forces ukrainiennes résiduelles n’ont plus de structure de commandement opératif et stratégique.

      Le « ralentissement » que nos « experts » attribuent à une mauvaise logistique, n’est que la conséquence d’avoir atteint les objectifs fixés. La Russie ne semble pas vouloir s’engager dans une occupation de l’ensemble du territoire ukrainien. En fait, il semble plutôt que la Russie cherche à limiter son avance à la frontière linguistique du pays. 

      Nos médias parlent de bombardements indiscriminés contre les populations civiles, notamment à Kharkov et des images dantesques sont diffusées en boucle. Pourtant, Gonzalo Lira, un latino-américain qui y vit, nous présente une ville calme le 10 mars, et le 11 mars. Certes c’est une grande ville et on ne voit pas tout, mais cela semble indiquer que l’on n’est pas dans la guerre totale qu’on nous sert en continu sur nos écrans.

      Quant aux Républiques du Donbass, elles ont « libéré » leurs propres territoires et combattent dans la ville de Marioupol.

      La « dénazification »

      Dans les villes comme Kharkov, Marioupol et Odessa, la défense est assurée par les milices paramilitaires. Elles savent que l’objectif de « dénazification » les vise au premier chef.

      Pour un attaquant en zone urbanisée, les civils sont un problème. C’est pourquoi la Russie cherche à créer des couloirs humanitaires pour vider les villes des civils et ne laisser que les milices afin de les combattre plus facilement.

      À l’inverse, ces milices cherchent à garder les civils dans les villes afin de dissuader l’armée russe de venir y combattre. C’est pourquoi elles sont réticentes à mettre en œuvre ces couloirs et font tout pour que les efforts russes soient vains : ils peuvent ainsi utiliser la population civile comme « boucliers humains ». Les vidéos montrant des civils cherchant à quitter Marioupol et tabassés par les combattants du régiment Azov sont naturellement soigneusement censurées chez nous.

      Sur Facebook, le groupe Azov était considéré dans la même catégorie que l’État islamique et soumis à la « politique sur les individus et organisations dangereuses » de la plate-forme. Il était donc interdit de le glorifier, et les « posts » qui lui étaient favorables étaient systématiquement bannis. Mais le 24 février, Facebook modifie sa politique et autorise les posts favorables à la milice. Dans le même esprit, en mars, la plate-forme autorise, dans les ex-pays de l’Est, les appels au meurtre de militaires et de dirigeants russes. Voilà pour les valeurs qui inspirent nos dirigeants, comme nous le verrons. 

      Nos médias propagent une image romanesque de la résistance populaire. C’est cette image qui a conduit l’Union européenne à financer la distribution d’armes à la population civile. C’est un acte criminel. Dans mes fonctions de chef de la doctrine des opérations de maintien de la paix à l’ONU, j’ai travaillé sur la question de la protection des civils. Nous avons alors constaté que les violences contre les civils avaient lieu dans des contextes très précis. En particulier lorsque les armes foisonnent et qu’il n’y pas de structures de commandement.

      Or, ces structures de conduite sont l’essence des armées : elles ont pour fonction de canaliser l’emploi de la force en fonction d’un objectif. En armant des citoyens de manière désordonnée comme c’est le cas actuellement, l’UE les transforme en combattants, avec les conséquences qui en découlent : des cibles potentielles. En outre, sans commandement, sans buts opératifs, la distribution d’armes conduit inéluctablement à des règlements de compte, du banditisme et à des actions plus meurtrières qu’efficaces. La guerre devient une affaire d’émotions. La force devient violence. C’est ce qui s’est passé à Tawarga (Libye) du 11 au 13 août 2011, où 30 000 Africains noirs ont été massacrés avec des armes parachutées (illégalement) par la France. D’ailleurs, l’Institut royal d’étude stratégique britannique (RUSI) ne voit pas de valeur ajoutée à ces livraisons d’armes.

      De plus, en livrant des armes à un pays en guerre, on s’expose à être considéré comme un belligérant. Les frappes russes du 13 mars 2022, contre la base aérienne de Mykolaïv suivent les avertissements russes que les transports d’armes seraient traités comme des cibles hostiles.

      L’UE répète la désastreuse expérience du IIIe Reich dans les dernières heures de la bataille de Berlin. La guerre doit être laissée aux militaires et lorsqu’un camp a perdu, il faut l’admettre. Et s’il doit y avoir une résistance, elle doit impérativement être conduite et structurée. Or, nous faisons exactement l’inverse : on pousse des citoyens à aller se battre et simultanément, Facebook autorise les appels au meurtre de militaires et de dirigeants russes. Voilà pour les valeurs qui nous inspirent. 

      Dans certains services de renseignement, on voit cette décision irresponsable comme une manière d’utiliser la population ukrainienne comme chair à canon pour combattre la Russie de Vladimir Poutine. Il fallait laisser ce genre de décision meurtrière aux collègues du grand-père de d’Ursula von der Leyen. Il aurait été plus judicieux d’engager des négociations et ainsi obtenir des garanties pour les populations civiles que d’ajouter de l’huile sur le feu. Il est facile d’être combatif avec le sang des autres…

      La maternité de Marioupol

      Il est important de comprendre au préalable que ce n’est pas l’armée ukrainienne qui assure la défense de Marioupol, mais la milice Azov, composée de mercenaires étrangers.

      Dans son résumé de la situation du 7 mars 2022, la mission russe de l’ONU à New York déclare que « Les habitants rapportent que les forces armées ukrainiennes ont expulsé le personnel de l’hôpital natal n°1 de la ville de Marioupol et ont installé un poste de tir à l’intérieur de l’établissement. »

      Le 8 mars, le média indépendant russe Lenta.ru, publie le témoignage de civils de Marioupol qui racontent que la maternité a été prise par les milices du régiment Azov, et en ont chassé les occupants civils en les menaçant de leurs armes. Ils confirment ainsi les déclarations de l’ambassadeur russe quelques heures plus tôt.

      L’hôpital de Marioupol occupe une position dominante, parfaitement adéquate pour y installer des armes antichars et pour l’observation. Le 9 mars, les forces russes frappent le bâtiment. Selon CNN, il y aurait 17 blessés, mais les images ne montrent aucune victime dans les locaux et rien ne montre que les victimes dont on parle sont liées à cette frappe. On parle d’enfants, mais en réalité, on ne voit rien. C’est peut-être vrai, mais c’est peut-être faux… Ce qui n’empêche pas les dirigeants de l’UE d’y voir un crime de guerre… Ce qui permet, juste après, à Zelensky de réclamer une zone d’interdiction de vol au-dessus de l’Ukraine…

      En réalité, on ne sait pas exactement ce qui s’est passé. Mais la séquence des événements tend à confirmer que les forces russes ont frappé une position du régiment Azov et que la maternité était alors libre de tout civils.

      Le problème est que les milices paramilitaires qui assurent la défense des villes sont encouragées par la communauté internationale à ne pas respecter les usages de la guerre. Il semble que les Ukrainiens ont rejoué le scénario de la maternité de Koweït City en 1990, qui avait été totalement mise en scène par la firme Hill & Knowlton pour un montant de 10,7 millions de dollars afin de convaincre le Conseil de Sécurité des Nations Unies d’intervenir en Irak pour l’opération Desert Shield/Storm.

      Les politiciens occidentaux ont d’ailleurs accepté les frappes contres civils du Donbass pendant huit ans, sans adopter aucune sanction contre le gouvernement ukrainien. Nous sommes depuis longtemps entrés dans une dynamique où les politiques occidentaux ont accepté de sacrifier le droit international à leur objectif d’affaiblir à la Russie.

       

      Troisième partie: Conclusions

      En tant qu’ex-professionnel du renseignement, la première chose qui me frappe est l’absence totale des services de renseignement occidentaux dans la représentation de la situation depuis une année. En Suisse, on a reproché aux services de ne pas avoir fourni une image correcte de la situation. En fait, il semble que dans tout le monde occidental, les services aient été débordés par les politiques. Le problème est que ce sont les politiques qui décident : le meilleur service de renseignement du monde est inutile si le décideur ne l’écoute pas. C’est ce qui s’est passé lors de cette crise.

      Cela étant, si certains services de renseignement avaient une image très précise et rationnelle de la situation, d’autres avaient manifestement la même image que celle propagée par nos médias. Dans cette crise, les services des pays de la « nouvelle Europe » ont joué un rôle important. Le problème est que, par expérience, j’ai constaté qu’ils étaient extrêmement mauvais sur le plan analytique : doctrinaires, ils n’ont pas l’indépendance intellectuelle et politique nécessaire pour apprécier une situation avec une « qualité » militaire. Il vaut mieux les avoir comme ennemis que comme amis.

      Ensuite, il semble que dans certains pays européens, les politiques ont délibérément ignoré leurs services pour répondre de manière idéologique à la situation. C’est pourquoi, cette crise a été irrationnelle dès le début. On observera, que tous les documents qui ont été présentés au public lors de cette crise l’ont été par des politiques sur la base de sources commerciales…

      Certains politiciens occidentaux voulaient manifestement qu’il y ait un conflit. Aux États-Unis, les scénarios d’attaque présentés par Anthony Blinken au Conseil de Sécurité n’étaient que le fruit de l’imagination d’un Tiger Team travaillant pour lui : il a fait exactement comme Donald Rumsfeld en 2002, qui avait ainsi « contourné » la CIA et les autres services de renseignement qui étaient beaucoup moins affirmatifs sur les armes chimiques irakiennes.

      Les développements dramatiques dont nous sommes les témoins aujourd’hui ont des causes que nous connaissions, mais que nous avons refusés de voir :

      – sur le plan stratégique, l’expansion de l’OTAN (que nous n’avons pas traité ici) ;

      – sur le plan politique, le refus occidental de mettre en œuvre les Accords de Minsk ;

      – et sur le plan opératif, les attaques continues et répétées des populations civiles du Donbass depuis huit ans et la dramatique augmentation de la fin février 2022.

      En d’autres termes, nous pouvons naturellement déplorer et condamner l’attaque russe. Mais NOUS (c’est-à-dire : les États-Unis, la France et l’Union européenne en tête) avons créé les conditions pour qu’un conflit éclate. Nous témoignons de la compassion pour le peuple ukrainien et les deux millions de réfugiés. C’est bien. Mais si nous avions eu un minimum de compassion pour le même nombre de réfugiés des populations ukrainiennes du Donbass massacrées par leur propre gouvernement et qui se sont accumulés en Russie durant huit ans, rien de cela ne serait probablement passé.

      Que le terme de « génocide » s’applique aux exactions subies par les populations du Donbass est une question ouverte. On réserve généralement ce terme à des cas de plus grande ampleur (Holocauste, etc.), néanmoins, la définition qu’en donne la Convention sur le génocide, est probablement suffisamment large pour s’y appliquer. Les juristes apprécieront.

      Clairement, ce conflit nous a conduit dans l’hystérie. Les sanctions semblent être devenues l’outil privilégié de nos politiques étrangères. Si nous avions insisté pour que l’Ukraine respecte les Accords de Minsk, que nous avions négociés et cautionnés, tout cela ne serait pas arrivé. La condamnation de Vladimir Poutine est aussi la nôtre. Rien ne sert de pleurnicher après coup, il fallait agir avant. Or, ni Emmanuel Macron (comme garant et comme membre du Conseil de Sécurité de l’ONU), ni Olaf Scholz, ni Volodymyr Zelensky n’ont respecté leurs engagements. En définitive, la vraie défaite est celle de ceux qui n’ont pas de parole.

      L’Union européenne a été incapable de promouvoir la mise en œuvre des accords de Minsk, au contraire, elle n’a pas réagi lorsque l’Ukraine bombardait sa propre population dans le Donbass. L’eût-elle fait, Vladimir Poutine n’aurait pas eu besoin de réagir. Absente de la phase diplomatique, l’UE s’est distinguée en alimentant le conflit. Le 27 février, le gouvernement ukrainien est d’accord d’entamer des négociations avec la Russie. Mais quelques heures plus tard, l’Union européenne vote un budget de 450 millions d’euros pour fournir des armes à l’Ukraine, remettant de l’huile sur le feu. A partir de là, les Ukrainiens sentent qu’ils n’auront pas besoin d’arriver à un accord. La résistance des milices Azov à Marioupol provoquera même une relance de 500 millions d’euros pour des armes.

      En Ukraine, avec la bénédiction des pays occidentaux, ceux qui sont en faveur d’une négociation sont éliminés. C’est le cas de Denis Kireyev, un des négociateurs ukrainiens, assassiné le 5 mars par le service secret ukrainien (SBU) car il est trop favorable à la Russie et est considéré comme traître. Le même sort est réservé à Dmitry Demyanenko, ex-chef adjoint de la direction principale du SBU pour Kiev et sa région, assassiné le 10 mars, car trop favorable à un accord avec la Russie : il est abattu par la milice Mirotvorets (« Pacificateur »). Cette milice est associée au site web Mirotvorets qui liste les « ennemis de l’Ukraine », avec leurs données personnelles, leur adresse et numéros de téléphone, afin qu’ils puissent être harcelés, voire éliminés ; une pratique punissable dans de nombreux pays, mais pas en Ukraine. L’ONU et quelques pays européens en ont exigé la fermeture… refusée par la Rada.

      Finalement, le prix sera élevé, mais Vladimir Poutine atteindra vraisemblablement les objectifs qu’il s’était fixés. Ses liens avec Pékin se sont solidifiés. La Chine émerge comme médiatrice du conflit, tandis que la Suisse fait son entrée dans la liste des ennemis de la Russie. Les Américains doivent demander du pétrole au Venezuela et à l’Iran pour se sortir de l’impasse énergétique dans laquelle ils se sont mis : Juan Guaido quitte définitivement la scène et les Etats-Unis doivent revenir piteusement sur les sanctions imposées à leurs ennemis.

      Des ministres occidentaux qui cherchent à faire s’effondrer l’économie russe et faire en sorte que le peuple russe en souffre, voire appellent à assassiner Poutine, montrent (même s’ils sont partiellement revenus sur la forme de leurs propos, mais pas sur le fond !) que nos dirigeants ne valent pas mieux que ceux que nous détestons. Car, sanctionner des athlètes russes des jeux para-olympiques ou des artistes russes n’a strictement rien à voir avec une lutte contre Poutine.

      Ainsi, nous reconnaissons donc que la Russie est une démocratie puisque nous considérons que le peuple russe est responsable de la guerre. Si ce n’est pas le cas, alors pourquoi cherchons-nous à punir toute une population pour la faute d’un seul ? Rappelons que la punition collective est interdite par les Conventions de Genève…

      La leçon à tirer de ce conflit est notre sens de l’humanité géométrie variable. Si nous tenions tellement à la paix et à l’Ukraine, pourquoi ne l’avons-nous pas plus encouragée à respecter les accords qu’elle avait signés et que les membres du Conseil de Sécurité avaient approuvés ?

      L’intégrité de médias se mesure à leur volonté à travailler selon les termes de la Charte de Munich. Ils avaient réussi à propager la haine des Chinois lors de la crise de la Covid et leur message polarisé conduit aux mêmes effets contre les Russes. Le journalisme se dépouille de plus en plus du professionnalisme pour devenir militant…

      Comme disait Goethe : « Plus grande est la lumière, plus noire est l’ombre ». Plus les sanctions contre la Russie sont démesurées, plus les cas où nous n’avons rien fait mettent en évidence notre racisme et notre servilité. Pourquoi aucun politicien occidental n’a-t-il réagi aux frappes contre les populations civiles du Donbass durant huit ans ?

      Car finalement, qu’est-ce qui rend le conflit en Ukraine plus blâmable que la guerre en Irak, en Afghanistan ou en Libye ? Quelles sanctions avons-nous adopté contre ceux qui ont délibérément menti devant la communauté internationale pour mener des guerres injustes, injustifiées, injustifiables et meurtrières ? A-t-on cherché à « faire souffrir » le peuple américain qui nous avait menti (car c’est une démocratie !) avant la guerre en Irak ? Avons-nous seulement adopté une seule sanction contre les pays, les entreprises ou les politiciens qui alimentent en armes le conflit du Yémen, considéré comme la « pire catastrophe humanitaire au monde » ? Avons-nous sanctionné les pays de l’Union européenne qui pratiquent la torture la plus abjecte sur leur territoire au profit des États-Unis ?

      Poser la question c’est y répondre… et la réponse n’est pas glorieuse.

       

       

      Jacques Baud est un ancien colonel d’État-major général, ex-membre du renseignement stratégique suisse, spécialiste des pays de l’Est. Il a été formé dans les services de renseignement américain et britannique. Il a été chef de la doctrine des opérations de la paix des Nations Unies. Expert des Nations Unies pour l’État de droit et les institutions de sécurité, il a conçu et dirigé le premier service de renseignement multidimensionnel des Nations Unies au Soudan. Il a travaillé pour l’Union africaine et a été durant 5 ans responsable de la lutte contre la prolifération des armes légères à l’OTAN. Il a été engagé dans des discussions avec les plus hauts responsables militaires et du renseignement russes juste après la chute de l’URSS. Au sein de l’OTAN, il a suivi la crise ukrainienne de 2014, puis a participé à des programmes d’assistance à l’Ukraine.  Il est l’auteur de plusieurs livres sur le renseignement, la guerre et le terrorisme, et en particulier Le Détournement aux éditions SIGEST, Gouverner par les fake news, L’affaire Navalny, et Poutine, maître du jeu ? aux éditions Max Milo.

      Son dernier ouvrage « Poutine, maître du jeu ? », éditions Max Milo, paraît le 16 mars 2022

       

      source: https://www.investigaction.net/

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    • Les préoccupations sécuritaires de la Russie, découlant de l’intention de l’Ukraine d’intégrer l’OTAN, ont été largement débattues dans les médias. Mais le lien du Fonds monétaire international (FMI) avec l’Ukraine, qui est une question parallèle, n’a guère retenu l’attention. Le FMI, comme on le sait, « ouvre » les économies du monde entier à la pénétration du capital des puissances occidentales en rendant ces économies favorables aux investisseurs par l’adoption d’une série de mesures anti-travailleurs et anti-populaires (« austérité »). Cette « ouverture » implique généralement l’appropriation des ressources naturelles des pays et de leurs terres par ce capital occidental. Le mécanisme que le FMI utilise généralement à cette fin consiste à imposer des « conditionnalités » aux pays qui ont besoin de soutenir leur balance des paiements en échange de prêts.

      Toutefois, outre ce rôle général joué par le FMI, il arrive qu’il joue un rôle spécifique, à savoir celui de soutenir les objectifs de guerre froide du gouvernement américain. Et dans le cas de l’Ukraine, il a joué ce rôle spécifique presque dès le début, en dehors de son rôle général d’ouverture de l’économie ukrainienne aux capitaux occidentaux.

      Avant 2014, alors que Viktor Ianoukovitch était le président de l’Ukraine, son pays avait entamé des négociations avec le FMI dans le cadre de son intégration commerciale à l’Union européenne. Le FMI avait demandé à l’Ukraine d’entreprendre un certain nombre de « réformes » : réduire les salaires, « réformer » et « réduire » les secteurs de la santé et de l’éducation, qui étaient en Ukraine de grands secteurs générateurs d’emplois, et réduire la subvention sur le gaz naturel qui était fournie par l’État à tous les citoyens ukrainiens et leur assurait une énergie à un prix abordable (Bryce Greene, FAIR, 28/02/2022). Réticent à mettre en œuvre ces « réformes » qui auraient imposé un lourd fardeau à la population, le président Ianoukovitch a mis fin aux négociations avec le FMI et en a entamé d’autres avec la Russie.

      Ce fut son « crime » impardonnable. Rompre les négociations avec le FMI revenait à échapper à l’hégémonie non seulement du capital international qui entendait imposer un régime néolibéral, mais aussi des puissances impérialistes occidentales, en particulier les États-Unis, et donc l’OTAN. En d’autres termes, l’OTAN et le FMI n’étaient pas considérés comme des organisations distinctes, chacune travaillant dans sa propre sphère d’activité, avec son propre objectif, mais comme des organisations ayant des objectifs similaires et se chevauchant. Les États-Unis, irrités par la témérité de M. Ianoukovitch qui se tournait vers la Russie plutôt que vers le FMI, décidèrent de limiter les « dégâts » : le président ukrainien fut renversé par un coup d’État parrainé par les États-Unis, mené avec l’aide des éléments ukrainiens nazis qui se retrouvèrent à l’avant-garde des manifestations anti-Ianoukovitch précédent le coup d’État. Ces éléments ont depuis été officiellement incorporés dans l’armée ukrainienne avec l’inclusion dans celle-ci du bataillon Azov, une unité militaire d’infanterie d’extrême droite, entièrement composée de volontaires, qui faisait auparavant partie de la réserve militaire de la Garde nationale ukrainienne.

      Le gouvernement arrivé au pouvoir après le coup d’État de 2014 reprit les négociations avec l’Union européenne, en échange de quoi il obtint un engagement de prêt de 27 milliards de dollars de la part du FMI après avoir montré ses « bonnes intentions » en réduisant de moitié la subvention sur le gaz accordée aux citoyens. Ce prêt présentait plusieurs caractéristiques notables : premièrement, il était énorme, beaucoup plus important (en fait plus de six fois) que ce que le FMI accorderait normalement dans une situation comparable ; deuxièmement, il a été accordé à un pays en pleine guerre civile (comme l’Ukraine l’était alors), ce qui va à l’encontre des pratiques habituelles du FMI ; et, troisièmement, on savait dès le départ que le prêt ne pourrait pas être remboursé, de sorte que le seul moyen par lequel on chercherait à le rembourser serait la prise de contrôle par le capital occidental des terres et de leurs ressources naturelles (dont la plus importante est le gaz naturel).

      Les opérations du FMI en Ukraine en 2014 font donc ressortir non seulement l’aspect typique de sa politique, qui consiste à ouvrir l’économie au capital occidental, mais aussi un aspect supplémentaire, à savoir une aide aux objectifs de la guerre froide américaine. L’objectif consistant à ouvrir les marchés, la terre et les ressources naturelles de l’Ukraine au capital occidental aurait pu être atteint en 2014 même avec un prêt beaucoup plus petit du FMI. Mais la taille extraordinaire du prêt qui fut alors accordé souligne le lien entre l’administration américaine (qui veut intégrer l’Ukraine dans son orbite), les oligarques ukrainiens (qui veulent sortir leur richesse du pays en dollars ou en euros), le gouvernement post-coup d’État (qui doit organiser tous ces transferts) et le FMI (qui doit payer la facture).

      Aujourd’hui, à la suite de l’invasion par la Russie, l’Ukraine a de nouveau demandé l’aide du FMI, et l’actuelle directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a recommandé au conseil d’administration du FMI d’apporter cette aide. Le montant exact de l’aide et l’objectif pour lequel elle est demandée ne sont pas encore clairs, mais une chose reste certaine : une fois que la crise actuelle aura pris fin dans cette région, quelle que soit la forme que prendra cette résolution, l’Ukraine deviendra une deuxième Grèce en Europe. Dans le cas de la Grèce également, le prêt du FMI était beaucoup plus important que ceux qui sont habituellement accordés par cette organisation. La plus grande partie de ce prêt était destinée à garantir que les banques européennes qui avaient prêté à la Grèce puissent récupérer leur argent. Aujourd’hui, la Grèce est prise dans l’étau de la dette perpétuelle.

      Il s’ensuit que le FMI a beaucoup changé depuis sa création. Lorsqu’il a été créé à Bretton Woods en 1944, il faisait partie d’un système international fondé sur la poursuite d’une stratégie économique dirigiste. En fait, John Maynard Keynes, l’économiste britannique partisan d’une intervention dirigiste, ainsi que Harry Dexter White, le représentant américain, furent les principaux artisans de ce régime international. Alors que chaque pays imposait et continuait d’imposer des contrôles des échanges et des capitaux, si un problème de balance des paiements survenait dans un pays donné, celui-ci pouvait emprunter au FMI afin de « stabiliser » sa propre économie. À partir de là, le FMI s’est transformé en promoteur de l’ « ajustement structurel », ne se contentant pas d’accorder des prêts pour résoudre les problèmes transitoires de balance des paiements (jusqu’à ce que l’économie présentant un déficit de la balance des paiements se soit « stabilisée »), mais en promouvant en fait un régime néolibéral, à savoir un ensemble de politiques impliquant le démantèlement de tous les contrôles des échanges et des capitaux, la privatisation des actifs du secteur public, l’introduction de la « flexibilité du marché du travail » (ce qui signifie attaquer les syndicats).

      De facilitateur d’un régime dirigiste, le FMI est devenu un destructeur du régime dirigiste et un instrument d’introduction d’un régime néolibéral. Il est devenu un instrument aux mains du capital financier international, permettant sa pénétration dans tous les coins du monde. Mais il n’est pas seulement un instrument du capital financier international ; il sert également d’instrument aux puissances occidentales dominantes qui soutiennent ce capital. Tout en défendant les intérêts du capital financier international, le FMI s’intègre dans l’ensemble de l’appareil coercitif de ces puissances occidentales.

      Le combat de Poutine n’est en aucun cas un combat contre l’hégémonie du capital financier international. Il n’est pas un socialiste menant une bataille idéologique contre la soumission d’un pays voisin à une organisation qui agit dans l’intérêt du capital financier international. Ses préoccupations ne concernent que la sécurité de la Russie et se limitent à ce que son pays ne soit pas encerclé par l’OTAN. Et sa proposition d’aide à Ianoukovitch à la place de l’ « assistance » du FMI en 2014 n’a été faite que pour cette raison. En d’autres termes, il ne s’intéresse qu’au rôle du FMI en tant que promoteur des intérêts géostratégiques américains, et non au rôle du FMI en tant que promoteur du néolibéralisme en général. En fait, l’inégalité flagrante et même la misère absolue qu’engendre un régime néolibéral ne sont pas très éloignées de ce que Poutine lui-même a « réalisé ».

       Traduit de l’anglais par Jules.

      Prabhat Patnaik, Peoples Democracy, 6 mars 2022.
      (https://peoplesdemocracy.in/2022/0306_pd/imf-connection-ukraine-crisis)

       

      Prabhat Patnaik est né en 1945. Économiste marxiste indien mondialement reconnu, il a enseigné à la Jawaharlal Nehru University de New Delhi jusqu’en 2010. Il est l’auteur entre autres de The Value of Money (Columbia University Press, 2009) et Capital and Imperialism : Theory, History and the Present (Monthly Review Press, 2021).

       

      source: https://www.investigaction.net/

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    •  

      Le 22 mars, le président du comité central du KPRF, chef de la faction du KPRF à la Douma d’État, Guennadi Ziouganov, s’est adressé à la session plénière de la Douma d’État. Nous portons à votre attention le texte de son discours. Oui il existe bien une contradiction au sein de la société russe, mais elle n’est pas celle que décrivent les médias occidentaux, qui inventent un peuple russe en désaccord avec l’intervention en Ukraine et en sont réduits à considérer comme des victoires de la paix, la trahison des oligarques qui s’enfuient à l’Ouest (1). Pour les communistes russes cette trahison de la 5e et 6e colonne, comme ils le disent, était prévisible et elle date de bien avant, elle a consisté à affaiblir le pays, l’armée, l’éducation du peuple autant que son bien-être matériel. Il faut en tirer les leçons non seulement pour la Russie et pour l’Ukraine mais pour le monde l’Europe en particulier : “Mais il faut dire aujourd’hui à l’Europe qu’elle est sous la coupe des Américains, alors qu’elle ne mérite pas un tel sort. La civilisation européenne a tant donné au monde, surtout pendant la Renaissance.” Sans ce virage à gauche, les véritables ennemis peuvent l’emporter. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

      https://kprf.ru/party-live/cknews/209352.html

      Chers collègues !

      L’opération militaire et politique visant à libérer l’Ukraine du nazisme et du fascisme a commencé le jour de l’anniversaire de Fiodor Ouchakov [amiral russe, 1744-1817, NdT]. Aujourd’hui, la Douma d’État a ouvert une magnifique exposition consacrée à ce génie et à son talent naval. Il a servi dans la marine pendant 46 ans. Il commandait la flotte de la mer Noire. Il n’a pas perdu un seul navire dans les batailles. Aucun des marins sous son commandement n’a été fait prisonnier. Et malgré les nombreuses batailles auxquelles il a participé, il n’a pas reçu une seule égratignure. Nous devons apprendre de tels commandants, car nous sommes un pays de victoire. Et cela devrait nous inspirer aujourd’hui dans la lutte juste pour la libération de l’Ukraine fraternelle du fascisme.

      Récemment, un dirigeant russe a déclaré qu’il ne pouvait pas appeler les Ukrainiens des personnes fraternelles. Mais c’est un non-sens total ! C’est l’Ukraine toute entière qui a été faite prisonnière. Et nous devons tout faire pour mener à bien les grandes orientations que le président Poutine a définies. Et c’est, tout d’abord, la démilitarisation, qui est une tâche tout à fait soluble.

      Mais la lutte contre le nazisme et le fascisme est une tâche extrêmement difficile. Nous vous distribuerons aujourd’hui les documents préparés par notre équipe. Pendant dix ans, le pays soviétique a procédé à la dénazification du territoire de l’ancien Reich nazi et de ses satellites. Nous avons démontré une expérience unique dans la lutte contre le nazisme en RDA, et une excellente expérience en Finlande. À propos, la Finlande a deux langues officielles – le suédois et le finnois. Bien qu’il n’y ait que 3% de Suédois là-bas. Mais en Ukraine, les Russes se sont soudainement révélés être un peuple “non autochtone” et ne peuvent pas parler leur langue. C’est l’élément déclencheur du conflit qui a éclaté dans le Donbass.

      L’opération politico-militaire bat maintenant son plein et nous devons aider autant que possible à la mener à bien. Je vous encourage donc à lire notre matériel sur la dénazification. Bien que la grande majorité d’entre vous n’ait pas étudié ces questions, il s’agit d’une expérience exceptionelle, tant par sa forme et son contenu que par son efficacité.

      Notre opération politico-militaire a déjà produit des résultats instructifs et éclatants mais redoutables.

      Premièrement: l’essence du banderisme et du nazisme est évidente pour tout le monde aujourd’hui.

      Et nous devons tripler nos efforts pour combattre ce phénomène abject. Il est maintenant très important pour nous d’organiser une enquête parlementaire sur les biolaboratoires que les Américains ont construits le long de nos frontières, de Lvov à Alma-Ata. Nous devons soulever cette question au Conseil de sécurité de l’ONU. Parce que nous sommes en mesure de montrer et de prouver qu’il s’agit d’une menace réelle, non seulement pour l’Ukraine et la Russie, mais pour toute l’Europe, pour toute l’humanité.

      Deuxièmement. Nous devons réaliser qu’il y a une guerre des civilisations.

      Huntington a écrit à ce sujet à une époque. Et j’en ai parlé en 2002 dans mon livre, La Mondialisation et le Destin de l’humanité. Mais je ne pensais pas que cette guerre serait aussi redoutable dans l’environnement actuel.

      A cette époque, il était question de liquider notre armée, et Serdioukov a beaucoup fait pour la détruire. Dieu merci, Choïgou et son équipe sont arrivés et ont corrigé les erreurs très grossières de son prédécesseur. Mais la tâche de mobiliser les gens et de les éduquer en termes militaro-politiques et patriotiques n’est toujours pas résolue. Nombre de nos écoliers et étudiants étudient avec des programmes étrangers et des manuels rédigés par Soros. Notre députée Nina Ostanina a récemment organisé trois auditions parlementaires sur ce sujet à la Douma d’État. Et je veux que Russie unie discute de ces propositions. Que l’on intègre tout le meilleur de nos écoles russes, soviétiques et étrangères.

      Je le répète une fois de plus : il y a aujourd’hui une guerre des civilisations. Pendant 500 ans, l’Occident a volé les autres pays et a profité à leurs dépens. Et aujourd’hui, il a décidé de piller non seulement l’Ukraine, mais aussi la Russie. C’est pourquoi nous devons lui apporter une réponse collective.

      Troisièmement. Nous avons vu l’impuissance totale de l’Europe.

      Mes adjoints Melnikov, Kharitonov et Kalashnikov et moi-même avons passé de nombreuses années au Conseil de l’Europe. C’était une plateforme utile. Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est que sur cette plateforme, nous avons été blâmés et vilipendés à chaque fois pour tout : pour la Tchétchénie, pour le Belarus, pour les pays baltes, pour la Serbie, pour le Moyen-Orient. Et pas une seule question de fond n’a été traitée correctement.

      Mais il faut dire aujourd’hui à l’Europe qu’elle est sous la coupe des Américains, alors qu’elle ne mérite pas un tel sort. La civilisation européenne a tant donné au monde, surtout pendant la Renaissance.

      Quatrièmement, il y a une forte dégradation des cadres à tous les niveaux.

      Regardez le niveau des responsables qui prennent les décisions d’urgence aujourd’hui. Il n’est même pas possible de discuter d’un seul sujet professionnel avec certains de nos responsables de l’aviation. Ils ne sont pas allés dans une seule usine d’aviation et ne peuvent pas résoudre les problèmes existants.

      Nous devons demander au président de la Douma d’État d’organiser des auditions parlementaires sérieuses sur cette question. Parce que nous ne pouvons pas nous débrouiller sans des personnes fortes et intelligentes, même si les “cinquième” et “sixième” colonnes se cachent aujourd’hui, et même si Koudrine ne fait plus parler de lui. Gref avait l’habitude de dire à tout le monde comment il allait reconstruire l’école à l’américaine, mais maintenant il est parti aussi. Certains ont fui, d’autres se sont cachés. Et on nous demande de nous baigner dans le sang et de poursuivre le vieux cours financier et économique. Mais nous ne le ferons pas.

      L’opération politico-militaire a mis en évidence à la fois nos forces et nos faiblesses. Par-dessus tout, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour rétablir la vérité sur les ondes. J’ai ici dans mes mains la chronométrage de l’expression des partis à la télévision. Je suis gêné de citer son nom, mais je veux que Khinstein, qui dirige le comité de la Douma sur la politique de l’information, les technologies de l’information et les communications, l’entende.

      La semaine dernière, un certain nombre de développements cruciaux ont eu lieu. Nous avons eu deux discours présidentiels et un énorme rassemblement national avec le drapeau rouge de la Victoire [celui du 8 mai 45 sur le Reichstag, NdT]. Mais comment les cinq principales chaînes de télévision ont-elles couvert ces événements ? Russie unie a obtenu près de 82% du temps d’antenne. Les “Nouveaux gens” ont obtenu plus de 10%. Russie juste – 4%. Le LDPR a reçu 2,5 %. Le KPRF a reçu moins de 1,5 %. Pourtant il existe une loi sur l’égalité d’accès des partis politiques aux médias ! Pourquoi est-il rompu dans ces circonstances exceptionnelles alors que le président a appelé à l’unité et à l’équité ?

      Et comment répondez-vous aux attaques contre les coopératives populaires ? Par exemple, la coopérative Zvenigovski a augmenté le prix des produits alimentaires de seulement 5 % dans ces conditions de crise. Mais la ferme continue d’être étranglée, y compris avec l’aide du bureau du procureur.

      Et pourquoi le bureau du procureur général n’a-t-il pas répondu à notre demande concernant la ferme d’État Lénine ? Après tout, sous le couvert de l’opération militaro-politique, ils tentent à nouveau d’en soutirer les moindres miettes. Nous ne laisserons pas cela se produire, mais pourquoi le Procureur général ne répond-il pas à nos appels ?

      Nous pensons que dans les conditions difficiles actuelles, il est extrêmement important de mettre en œuvre un certain nombre de points figurant dans le programme du KPRF. En particulier, les propositions de l’académicien Kashin concernant la saison des semailles. Le coût d’un kilowattheure d’électricité pour les agriculteurs est de huit roubles. C’est un crime ! Le vice-premier ministre Novak vient à la Douma demain pour “l’heure du gouvernement”, alors laissez-le répondre. Le président a donné un ordre, les programmes correspondants ont été adoptés et des auditions parlementaires ont eu lieu à la Douma. Mais la question des prix de l’électricité n’est toujours pas résolue. Alors resserrons le contrôle ! Sinon, comment allez-vous nourrir les gens ?

      J’ai discuté de la situation en détail avec le gouverneur de la région d’Oryol, le communiste Andrei Klychkov. Il y a quatre usines de sucre à Oryol, dont deux que j’ai aidé à construire. Maintenant, il y a une ruée sauvage autour du sucre. Mais nous avons plus de cinq millions de tonnes de sucre en stock, alors que le pays n’en a jamais consommé plus de trois millions et demi. Et les problèmes ne surviennent qu’en raison des réponses inadéquates à ces questions.

      Pensez-vous que le marché peut réguler la situation en cas d’urgence ? Vous feriez mieux d’écouter des gens qui s’y connaissent comme Kashin, Kolomeitsev, Kharitonov.

      Il est fondamentalement important pour nous de soutenir tout ce qui est lié à l’industrie. J’ai discuté de ces questions avec le Premier ministre Mishustin. Nous avons des personnes fortes et compétentes au sein du gouvernement. Mais nous ne disposons pas des ressources nécessaires au développement. C’est une bonne chose que nous ayons commencé à développer l’industrie électronique. J’ai donné à Mishustin une ventilation complète par industrie. Ainsi, nous avons réussi à trouver 100 milliards pour le développement de l’électronique, puis 50 milliards supplémentaires ont été ajoutés.

      En même temps, le ministre des finances Siluanov ne veut pas soutenir la construction. Nous avons une grande équipe de constructeurs, ce sont des gens très expérimentés. Mais comment peut-on construire quoi que ce soit quand la Sberbank accorde des prêts à 27% ? Où avez-vous vu un tel taux ? À propos, pour ne pas interrompre le prêt hypothécaire, les taux d’intérêt ne doivent pas dépasser 6 à 8 %.

      Nous produisons 95 % de nos matériaux de construction dans des usines russes. Mais même Sobianine a dû signaler lors d’une réunion avec Poutine que rien n’est fait pour lancer la construction. Depuis deux à trois semaines, ils tergiversent et ne parviennent pas à persuader Siluanov de soutenir la production réelle. Bien que Maslyukov, Primakov et Gerashchenko [en 97, NdT] aient résolu le problème sous mes yeux en trois jours. Et après tout, la construction représente des dizaines de milliers d’entreprises. Soutenez-la donc, et elle entraînera les autres secteurs avec lui comme une locomotive.

      Quant à l’Ukraine, là-bas on peut se nourrir avec son jardin. Mais dans notre pays, une telle chose n’est possible qu’au Kouban [dans le sud, à limite du Caucase, où le climat est favorable, NdT]. La question de la nouvelle industrialisation est donc extrêmement importante aujourd’hui. Et le salaire minimum, la pension et les allocations familiales ne peuvent être inférieurs à 25 000 roubles. Il est donc urgent de s’attaquer à ces problèmes, car l’indexation des pensions de 8,6 % ne changera rien !

      Nous devons également faire tout ce qui est en notre pouvoir pour abolir la réforme misanthrope des retraites et adopter la loi sur l’éducation pour tous.

      (1) selon diverses sources, en particulier occidentales, REUTER par exemple, on apprenait que tchoubais avait quitté le territoire de la Russie : Anatoli Tchoubaïs, est le grand artisan de la libéralisation de l’économie russe après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, il aurait selon REUTERS abandonné son poste de représentant spécial de Vladimir Poutine auprès des organisations internationales et quitté la Russie. Tchoubaïs est la bête noire de tous ceux qui dénoncent les privatisations, les enrichissements des oligarques et le fait que ce genre de rat quitte le navire ne peut que réjouir les communistes, ce qu’ils proposent c’est de reconstruire le navire en accélérant le départ des rats et l’abandon de leur politique. Nul doute que nos médias vont le présenter comme un héros de la liberté et de la paix….

       

      source: https://histoireetsociete.com/

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    • Tandis que les médias français s’extasient sur le merveilleux démocrate que serait ZELENSKY et pleurent à chaudes larmes, les “experts” et autre politiciens opportunistes, flanqués sur les plateaux de télévision d’une blonde et ravissante ukrainienne qui appelle à l’intervention armée de l’OTAN et raconte n’importe quelle horreur pour inciter à la guerre, ont tous la même opinion sur la “démocratie”. Tandis que MÊME le candidat communiste proclame son amour fait de “tolérance” pour l’Otan et se balade avec une cocarde donnée sans doute par cette blonde belliciste, tout ce beau monde tait ce que subit le Donbass depuis huit ans, l’assassinat à Odessa, le fascisme étatisé, les communistes interdits et pourchassés. Le silence de toute cette classe médiatico-politique est si complice que personne ne dénonçait hier cette interdiction et relayait l’intervention de ZELENSKI à la Knesset, notons que les Israéliens sont moins enthousiastes face à ce dirigeant qui porte les insignes des divisions nazies et découvre sa judéité quand ça l’arrange pour nous inciter à la guerre contre la RUSSIE, comme au bon vieux temps, tout ça pour sauver ces grands exilés fiscaux que sont les oligarques ukrainiens qui ont réduit encore plus à la misère leur peuple que tous les autres milliardaires de la planète. Comme le signale Marianne, en Russie les partis ne sont pas interdits même quand ils sont opposés à l’intervention. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

      https://vz.ru/news/2022/3/20/1149461.html

      20 mars 2022, 04:54
      Photo : Chaîne de télévision DOM/YouTube
      Texte : Anton Nikitin

      Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé la suspension pendant la loi martiale d’un certain nombre de partis d’opposition prétendument liés à la Russie.

      “Le Conseil national de sécurité de l’Ukraine a décidé, compte tenu de la guerre à grande échelle et des liens de certaines structures politiques avec cet État, de suspendre toute activité d’un certain nombre de partis politiques pendant la loi martiale. A savoir : “Plate-forme de l’opposition – Pour la vie” ; “Parti de Shariy” ; “Nashi” ; “Bloc de l’opposition” ; “Opposition de gauche” ; “Union des forces de gauche” ; “Derzhava” ; “Parti socialiste progressiste d’Ukraine” ; “Parti socialiste d’Ukraine” ; “Socialistes” ; “Bloc Vladimir Saldo””, a déclaré TASS citant Zelensky.

      Le président ukrainien a souligné que le ministère de la Justice avait reçu pour instruction de “veiller immédiatement, conformément à la procédure établie”, à ce que lesdites forces politiques cessent leurs activités.

      En février, la faction ukrainienne Plate-forme d’opposition – Pour la vie avait offert à M. Zelensky “toute l’assistance nécessaire dans le processus de négociation”.

      Rappelons qu’à la mi-janvier, l’ancien président ukrainien Petro Porochenko avait accusé le président ukrainien Volodymyr Zelensky d’avoir l’intention de devenir un dictateur.

      Note du traducteur : En Russie, les partis politiques d’opposition ne sont pas interdits et peuvent faire connaître leurs opinions au public. Le parti Yabloko, par exemple, exprime quotidiennement son point de vue sur les événements et son opposition à la guerre dans les médias et sur Internet.

      (1) Pour mémoire pour qui aurait quelques doutes sur la judeité du personnage, il faut ré-écouter la longue interview que Volodymyr Zelensky avait accordée à la chaîne ukrainienne RBK juste avant son élection en avril 2019

      La BBC Ukraïna en avait relayé des extraits en résumant l’essentiel sous le titre suivant : “Zelensky à propos de Bandera : pour une part des Ukrainiens c’est un héros et c’est cool.”

      L’interview était en russe et “cool” est un moyen de traduire le russe “Это класснo” : c’est tip-top, c’est classe. Langage de djeun’s et tenue décontractée, donc, quand la conversation roule nonchalamment sur un génocidaire et un criminel de guerre. Ne pas oublier que la shoah a débuté là parce qu’il y avait trop de juifs à l’est alors on les enterrait vivants avec leurs copains communistes, et on est passé de l’enterrement à l’invention du gazage mobile, on entassait les malheureux dans un camion dont le pot d’échappement était retourné et à l’arrivée il y avait des cadavres qui s’étaient souvent chié dessus, Himmler a été écœuré du spectacle et soucieux de préserver ses surhommes de telles choses il a mis au boulot les collaborateurs du coin, roumains, tatars et ukrainiens les bandéristes

      Ce sont ces gens-là qu’un juif peut dire cool par anticommunisme à la manière d’un Glucksman et d’un BHL… Réveillez-vous … 

       

      source: https://histoireetsociete.com/

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    •  Ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas. Lorsqu’ils ont déployé les tentacules de l’OTAN jusqu’aux portes de la Russie, les dirigeants occidentaux n’ignoraient pas qu’ils jouaient avec le feu. Ils savaient pertinemment qu’ils se comportaient en apprentis-sorciers, prenant le risque d’un embrasement dont le peuple ukrainien serait la première victime et l’Europe tout entière paierait les pots cassés.

      Lors de la conférence sur la sécurité en Europe, en mars 2007, Vladimir Poutine demandait déjà aux Occidentaux : « L’OTAN a placé ses forces de première ligne à nos frontières ! Contre qui cette expansion est-elle tournée ? Et qu’est-il advenu des assurances données par nos partenaires occidentaux après la dissolution du pacte de Varsovie ? » Un silence glacial accueillit ces propos de bon sens, et l’OTAN a poursuivi aveuglément son Drang nach Osten (poussée vers l’Est). Il en fallait sans doute davantage pour lui faire entendre raison. Continuation de la politique par d’autres moyens, la guerre se chargerait bientôt d’assigner des limites à cette expansion mortifère.

      Les Russes, pourtant, ne sont pas les les seuls à avoir mis en garde les pays membres de l’Alliance atlantique. De hauts responsables du « monde libre » les avaient aussi prévenus contre le danger de l’ultime transgression, celle qui ferait tout basculer : après l’extension inconsidérée de l’Alliance atlantique à la plupart des pays de l’Est européen, l’absorption de l’Ukraine serait l’étincelle qui mettrait le feu aux poudres. En transformant ce pays-frère de la Russie en bastion avancé de l’OTAN, elle achèverait l’encerclement périlleux du territoire russe. Elle mettrait ses grandes agglomérations urbaines à quelques minutes d’un tir de missile. Elle transformerait la Mer Noire en piscine d’exercice pour l’US Navy. Ne pouvant reculer davantage, dos au mur, Moscou ne resterait pas sans réagir. Ce serait la guerre. Inévitable.

      Ce pronostic réaliste, quelques sommités du « monde libre », peu suspectes de constituer une cinquième colonne pro-russe, l’avaient formulé depuis belle lurette. Ex-ambassadeur des États-Unis en Union soviétique, Jack F. Matlock Jr. déclare en 1997 que l’expansion de l’OTAN est « une profonde bévue stratégique, encourageant une chaîne d’événements qui pourrait produire la menace la plus grave pour la sécurité depuis l’effondrement de l’Union soviétique ». Stratège célébrissime de la guerre froide, George Kennan considère en 1998 que l’expansion de l’OTAN est une « erreur tragique » qui provoquera une « mauvaise réaction de la Russie ». Ex-directeur de la CIA, William Burns affirme en 2008 que « l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN est la plus brillante de toutes les lignes rouges ». Secrétaire à la Défense de Bill Clinton, William Perry explique dans ses Mémoires que l’élargissement de l’OTAN est la cause de « la rupture des relations avec la Russie ».

      Avec le coup d’État qui chasse du pouvoir le président Viktor Ianoukovitch en février 2014, la situation s’envenime. Lors du sommet de Bucarest, en 2008, George W. Bush avait proposé à l’Ukraine d’entrer dans l’OTAN. La prise du pouvoir par une junte pro-occidentale ouvre la voie à l’adhésion, dont le principe est inscrit dans la nouvelle Constitution ukrainienne par les autorités de Kiev. Raison de plus, pour Henry Kissinger, de tirer la sonnette d’alarme : l’ex-secrétaire d’État affirme sans ambages que « l’Ukraine ne devrait pas rejoindre l’OTAN ». Robert Gates, ex-secrétaire à la Défense, écrit dans ses Mémoires qu’« agir si vite pour étendre l’OTAN est une erreur. Essayer d’amener la Géorgie et l’Ukraine dans l’OTAN est vraiment exagéré et constitue une provocation particulièrement monumentale ». Un point de vue partagé par Noam Chomsky en 2015 : « L’idée que l’Ukraine puisse rejoindre une alliance militaire occidentale serait tout à fait inacceptable pour tout dirigeant russe », et ce désir d’adhérer à l’OTAN « ne protégerait pas l’Ukraine, mais la menacerait d’une guerre majeure ». Sombre prédiction qui rejoint celle de Roderic Lyne, ex-ambassadeur britannique en Russie, qui déclare en 2021 que « pousser l’Ukraine dans l’OTAN est stupide à tous les niveaux ». Et il ajoutait : « Si vous voulez déclencher une guerre avec la Russie, c’est la meilleure façon de le faire ».

      Aujourd’hui, c’est chose faite. La guerre est là, et l’OTAN en porte l’écrasante responsabilité. Occultant ces nombreux avertissements, la doxa occidentale s’empresse évidemment de blanchir l’Alliance atlantique. « L’OTAN ne menace pas la Russie », lit-on chez de faux naïfs qui nous feraient prendre des vessies pour des lanternes. Le seul coupable, paraît-il, c’est le président russe Vladimir Poutine. Assoiffé de pouvoir, l’autocrate du Kremlin serait prêt à tout pour plier ses voisins à la loi du plus fort et conquérir de nouveaux territoires. Doublement nostalgique de l’URSS et de l’empire des Tsars, il serait en proie à une démesure qui le prédisposerait aux agissements les plus criminels. On lui prête même une paranoïa dont la fiction permet d’oblitérer les véritables causes du conflit, comme si la psychiatrisation de l’adversaire ne faisait pas partie de ces grosses ficelles dont toute propagande est coutumière. Heureusement, cette hystérie est à double tranchant. Car ceux qui dépeignent Poutine sous les traits d’un fou dangereux tirent un but contre leur propre camp. En prêtant au conflit actuel une causalité diabolique, ils s’interdisent de comprendre la situation et entretiennent l’impuissance occidentale.

      Terrifiant les populations de l’Ouest abreuvées du matin au soir par cette histoire de croquemitaine, la légende de Poutine-le fou-furieux sape la crédibilité des va-t-en-guerre qui rêvent d’une zone d’exclusion aérienne ou veulent affronter l’armée russe sur le terrain. Qui a envie de se battre contre les Russes qui désarment l’Ukraine et règlent leur compte aux nazillons ? Si le tyran moscovite a le doigt sur le bouton nucléaire, les héros en puissance qui peuplent les plateaux télé du « monde libre » ne risquent pas de passer à l’acte. Allez-y sans moi ! Inutile, d’ailleurs, de brandir la menace atomique. Pratiquant l’inversion accusatoire dont il est coutumier, l’Occident pousse des cris d’orfraie lorsque la Russie met en alerte son dispositif de dissuasion nucléaire. L’OTAN ayant un budget militaire qui fait seize fois celui de la Russie et ses missiles étant installés aux frontières russes, on peut quand même se demander si ce n’est pas une sage précaution.

      Comme celle de la France, la doctrine nucléaire russe est purement défensive et ne prévoit aucun usage d’une telle arme en première frappe. Parce qu’elle s’autorise cet usage depuis sa révision stratégique de 2002, la puissance nucléaire de Washington, au contraire, fait peser une menace mortelle sur la Russie. Les missiles déployés en Pologne et en Roumanie peuvent atteindre Moscou en quinze minutes. Ceux qui devaient l’être en Ukraine auraient pu atteindre la capitale russe en cinq minutes. Une menace d’autant moins fictive que les États-Unis ont dénoncé unilatéralement, en 2018, le traité de limitation des armes à moyenne portée.

      La Russie ne brandit pas la menace nucléaire contre l’Occident : c’est plutôt l’inverse. En revanche, elle utilise contre la piétaille occidentale la pédagogie roborative des frappes chirurgicales dont l’OTAN a fait largement usage au cours des dernières décennies. L’arroseur arrosé est un classique des relations internationales, et Vladimir Poutine ne se prive pas de renvoyer à l’Occident belliciste l’image en miroir de celui qui frappe à distance les forces maléfiques lorsque l’occasion s’en présente. Il est vrai que les États-Unis et l’OTAN – ensemble ou séparément – ont ouvert la boîte de Pandore en démolissant la Serbie en 1999, l’Afghanistan en 2001 et l’Irak en 2003, avant de récidiver contre la Libye et la Syrie en 2011.

      L’OTAN n’est pas une association philanthropique, mais une alliance militaire, une machine de guerre dotée de moyens colossaux. C’est aussi un dispositif de vassalisation qui soumet les États-membres, sous couvert d’assurer leur sécurité, à l’hégémonisme des États-Unis. Lorsqu’elle a été fondée, en 1949, c’était officiellement pour défendre le prétendu monde libre contre la menace soviétique. Elle aurait donc dû disparaître en même temps que le Pacte de Varsovie, créé en 1955, qui a rendu l’âme en 1990. Non seulement l’OTAN n’a pas disparu, mais elle s’est renforcée et étendue à l’Est de l’Europe en violation des engagements pris. Au lieu de tourner la page de la guerre froide, l’OTAN a tout fait pour encercler et menacer la Russie, qui a remplacé l’URSS dans l’imaginaire belliciste occidental. Enfin, elle s’est livrée à des agressions militaires illégales, sans aucun mandat de l’ONU, qui ont pulvérisé les fondements de la sécurité collective en Europe et dans le monde.

      Le moment-clé de cette mutation est l’agression contre la Serbie, en 1995 et 1999, qui a réintroduit la guerre en Europe et constitué le banc d’essai de la nouvelle stratégie de l’OTAN dans la période post-soviétique. Une agression qui avait deux caractéristiques : elle eut lieu hors du territoire de l’OTAN et elle a visé un État n’ayant jamais menacé un État-membre de l’Alliance. Au prix de 78 jours de bombardements et de 3 500 victimes civiles, cette double transgression a transformé l’OTAN en alliance offensive dont le champ d’intervention n’a plus de limite géographique. Désormais, l’OTAN frappe qui elle veut quand elle veut. En décembre 2001, elle intervient en Afghanistan sans aucun mandat de l’ONU. En 2003, les États-Unis et le Royaume-Uni, pays membres de l’OTAN, envahissent et dévastent l’Irak en violation flagrante du droit international. En mars 2011, l’OTAN outre-passe le mandat de l’ONU et détruit l’État libyen. A la même époque, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Turquie arment les mercenaires takfiristes en Syrie et soumettent l’État syrien légitime à des sanctions mortifères.

      Sans illusion sur une légalité internationale que les Occidentaux ont copieusement foulée aux pieds, la Russie a décidé de mettre fin à l’hypocrisie ambiante en mettant au pas le régime ukrainien. Ce dernier a pris ses désirs pour des réalités en s’imaginant que la tutelle de l’OTAN valait assurance-tous-risques. Il est vrai que les signes avant-coureurs d’une véritable acquisition de l’Ukraine par l’OTAN ne manquaient pas. Dès 1997, une charte de partenariat a lié l’Ukraine et l’Alliance atlantique. Le 8 juin 2017, le parlement de Kiev a voté par 276 voix contre 25 un amendement législatif rendant prioritaire l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Conseillers techniques et organismes divers affilés à l’OTAN sont omniprésents dans le pays. Comme on l’apprendra en mars 2022, trente laboratoires de recherche biologique parrainés par l’Occident sont à pied d’œuvre. Pourtant, cette merveilleuse idylle avec l’Alliance atlantique n’a pas mis le régime ukrainien à l’abri des foudres moscovites. En devenant un avant-poste occidental dirigé contre la Russie, l’Ukraine a tendu les verges pour se faire battre.

      La guerre actuelle aura valeur de test. L’Alliance atlantique a beau avoir un budget militaire qui représente seize fois celui de la Russie, elle est prise dans les filets d’un conflit asymétrique où le plus fort n’est pas celui que l’on croit. L’OTAN n’est pas près d’envoyer ses troupes secourir l’armée ukrainienne, et la précision balistique russe tient lieu de force dissuasive. La cruelle expérience des mercenaires vitrifiés dans leur baraquement par un missile près de la frontière polonaise vaut avertissement. Si l’on ajoute l’utilisation des armes hypersoniques contre les installations militaires ukrainiennes, la Russie ne manque pas d’instruments didactiques. A ce jour, la démonstration de force semble suffisante pour dissuader l’OTAN de s’engager davantage. Cette alliance militaire agressive a mené des guerres dévastatrices et détruit plusieurs États souverains. Mais elle va y réfléchir à deux fois avant d’aller défier l’ours moscovite dans sa sphère d’influence. Ce que montre l’opération militaire en cours, c’est que les Russes ne plaisantent pas lorsqu’ils défendent leurs intérêts nationaux. D’autant qu’en faisant passer leur président pour un psychopathe prêt à déclencher l’apocalypse, les Occidentaux s’infligent la double peine. Ils justifient leur propre inaction en inhibant toute velléité d’intervention sur le terrain. Ils déchaînent les passions russophobes, mais elles sont sans effet sur le théâtre des opérations.

      Le bon côté des choses, c’est que l’emphase délirante des condamnations occidentales est inversement proportionnelle à leur action militaire contre la Russie. Chaque fois que Washington, Londres ou Paris ouvrent la bouche pour vilipender Moscou, c’est pour ajouter aussitôt qu’ils n’enverront aucun soldat mourir pour Kiev. Tant mieux. La guerre sera plus courte et moins meurtrière. Les négociations vont reprendre. La neutralisation de l’Ukraine, qui est la seule issue rationnelle à ce conflit, aura quelque chance de voir le jour. C’est du moins ce qu’il faut espérer, dans l’intérêt de la Russie, de l’Ukraine et de la paix mondiale. S’il est sain d’esprit, aucun Européen n’a envie de se faire trouer la peau pour l’Ukraine, et encore moins de risquer l’escalade nucléaire. Si la Russie conduit cette opération militaire, à l’inverse, c’est parce que ses enjeux sont vitaux pour la nation russe. La question n’est donc pas de savoir si la guerre est moralement condamnable, car elle l’est toujours, en tout temps et en tout lieu. Noam Chomsky dit à la fois qu’il condamne catégoriquement l’intervention russe, et qu’elle était absolument inévitable comte tenu des provocations de l’OTAN. Mais si la seconde proposition est vraie (elle l’est), on se demande alors quel est le sens de la première. La vraie question, c’est de comprendre pourquoi les Russes font la guerre, et pourquoi les Occidentaux la font faire par les Ukrainiens. Et la réponse est que les Russes veulent obtenir par la force les garanties de sécurité qu’on leur a refusées, tandis que les Occidentaux s’acharnent surtout à affaiblir la Russie aux dépens des Ukrainiens.

      Ces derniers finiront-ils par comprendre qu’ils sont les dindons de la farce ? Volodymyr Zelensky a fait toute sa carrière dans la comédie, mais son destin est en train de virer au tragique. Il multiplie désespérément les appels au secours, il s’agite devant les caméras, mais c’est en pure perte : en guise de réponse on lui envoie du matériel dont le seul effet sera de prolonger un conflit perdu d’avance. Il dit que si l’OTAN ne vole pas à son secours ce sera « la troisième guerre mondiale » alors que c’est exactement l’inverse : si les Occidentaux se contentent de prodiguer de bonnes paroles accompagnées de livraisons d’armes, c’est précisément pour éviter le choc frontal avec la Russie. Quant aux pacifistes du dimanche qui brandissent le drapeau d’un régime dont l’OTAN tire les ficelles, ils ont autant d’influence sur le cours des choses que des sanctions dont le résultat est l’augmentation de la facture gazière. En réalité, la principale erreur des Européens est de refuser de voir que cette guerre est la leur mais qu’il leur est impossible d’y participer. On ne combat pas des chars et des missiles avec des jérémiades et des subventions, et si l’Europe ne franchit pas le cap de l’intervention militaire, c’est tout simplement parce que la Russie le lui interdit.

      Washington, de son côté, sait aussi que le jeu n’en vaut pas la chandelle et n’en fera pas des tonnes pour sauver le régime de Kiev. En revanche, le sens de la manœuvre adoptée par l’État profond américain est parfaitement clair : cette guerre est le pourrissement de la crise provoquée par le putsch de février 2014, et Moscou a davantage à y perdre qu’à y gagner. L’OTAN a provoqué un conflit qu’elle va désormais tenter de faire durer à tout prix : l’essentiel est de favoriser l’enlisement de la Russie dans un conflit interminable, et ce sont les populations civiles qui en feront les frais. La distribution d’armes létales aux néo-nazis et aux gangs mafieux est ce que les Occidentaux ont trouvé de plus intelligent à faire pour combattre les Russes sur le terrain. Ils font en Ukraine ce qu’ils ont fait en Syrie au profit des terroristes adoubés par la CIA. Cette politique risque de rendre le conflit plus long et plus meurtrier, et c’est exactement ce que souhaitent les criminels qui gouvernent le « monde libre ».

      Mais après tout la misère humaine n’a aucune importance. Il suffira d’imputer à Poutine ce surcroît de malheur infligé aux populations civiles, et le gain symbolique sera capté par les moralisateurs occidentaux. La guerre tout court se double comme d’habitude d’une guerre informationnelle. On sait que le Donbass était bombardé sans répit depuis huit ans, que le gouvernement de Kiev refusait d’appliquer les accords de Minsk et qu’une offensive de grande ampleur se préparait contre les républiques séparatistes de Donetsk et Lougansk. Mais pour la doxa dominante peu importe la chaîne des causalités : par son ampleur, l’intervention militaire du 24 février permet à la narration occidentale d’attribuer le rôle de l’agresseur à la Russie. Et elle offre à Washington l’opportunité de resserrer les rangs atlantistes en franchissant une étape supplémentaire dans la diabolisation de l’ogre moscovite.

      Depuis une quinzaine d’années, la Russie avait remplacé l’Union soviétique dans l’imaginaire manichéen des Occidentaux. Elle remplissait la fonction de bête noire du monde libre, vouée à l’exécration des nations pour sa brutalité légendaire. La crise actuelle permet de parachever cette mise au ban de la communauté soi-disant internationale et de repousser la Russie aux marges du monde civilisé. Les Occidentaux font semblant de croire à cette fable grossière, mais la réalité des rapports de forces est moins avantageuse à leurs intérêts qu’il n’y paraît. Tout ce que les pays membres de l’Alliance atlantique peuvent faire, en réalité, se résume à deux options complémentaires : pousser Kiev au sacrifice ultime pour les beaux yeux de l’OTAN et déverser une avalanche de propagande contre Moscou. Dans les deux cas, l’Occident ne pèsera que marginalement sur le cours des événements. La poursuite de la guerre apportera son lot de victimes et de souffrances, mais la Russie risque fort d’imposer militairement ce qu’elle n’a pu obtenir par la négociation : la neutralisation de l’Ukraine et la sanctuarisation du Donbass.

      La tâche sera d’autant plus rude pour les adversaires de Moscou qu’ils comptaient sur un isolement de la Russie qui a largement fait chou blanc. Les médias occidentaux ont clamé un peu précipitamment que « le monde entier est contre la Russie » et qu’elle est « complètement isolée sur la scène internationale ». La réalité est moins enthousiasmante pour la coalition antirusse. Au Conseil de sécurité de l’ONU, la Chine et l’Inde, qui représentent 40% de la population mondiale, se sont abstenues. A l’Assemblée générale de l’ONU, les pays qui n’ont pas voté pour la résolution condamnant l’intervention russe représentent 59% de la population mondiale. Lorsque les Occidentaux prennent des sanctions contre la Russie, ils se retrouvent seuls avec le Japon et la Turquie, et les pays qui refusent de le faire représentent 83% de la population mondiale. Loin d’être isolée sur la scène internationale, la Russie bénéficie de l’abstention d’une large majorité de l’humanité. La Chine, l’Inde, le Pakistan, le Brésil, le Venezuela, le Mexique, l’Algérie, l’Afrique du Sud et beaucoup d’autres pays refusent de diaboliser Moscou pour son action militaire contre un vassal de l’OTAN.

      Au fond, la Russie dont rêvaient les Occidentaux, c’était celle de Boris Eltsine : impuissante et ruinée, dirigée par un alcoolique manipulable à loisir, c’était une proie facile pour les prédateurs étrangers et les conseillers en démocratie à l’occidentale. Si seulement les Russes s’étaient laissé encercler gentiment et avaient consenti à cette cuisson du homard, s’ils avaient accepté de subir sans broncher les bombardements du Donbass une décennie de plus, s’ils s’étaient résignés à voir l’Ukraine otanisée et la Mer Noire transformée en mare nostrum par les Yankees, on n’en serait pas là. Mais les peuples ont rarement le tempérament suicidaire, du moins ceux qui n’ont pas renoncé à leur souveraineté et accepté de servir de supplétif à l’Oncle Sam. Le pays qui a vaincu les Tatars, Napoléon et Hitler ne sera pas une proie facile. Coriace et obstinée, la Russie ne se résigne pas à disparaître. Elle a choisi l’épreuve de force parce que l’OTAN l’a poussée dans ses derniers retranchements. Mais le paradoxe est que si jamais elle réussit à neutraliser son vassal ukrainien, elle donnera une leçon de sagesse à l’Occident qui voulait la soumettre.

      Bruno GUIGUE

      source: https://www.investigaction.net/

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