• Sans surprise, après avoir été reçu à l’ambassade de Chine, notre camarade Aymeric Monville s’est vu épingler dans le rapport sur la Chine de l’IRSEM (l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire), comme « éditeur communiste » et fier de l’être, et éditeur de « La Chine sans œillères ».

    Parmi les perles dudit rapport, le moment où ils tentent de répondre aux accusations antérieures de Maxime Vivas concernant le fait qu’un des deux auteurs du rapport (Jean-Baptiste Jeangène Vilmer) est membre dudit Academic Advisory Board du Comité de  de l’OTAN.
    Réponse de l’IRSEM : faux ; il ne l’est plus depuis 2019. C’est vrai que ça change tout…

    Nous reviendrons bientôt sur cette entreprise de manipulation visant à intimider tous ceux que dégoute la perspective d’une guerre contre un pays qui ne possède qu’une base  à l’étranger lorsque les Etats-Unis en ont des centaines.


    Les réactions de Maxime Vivas

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

     
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    Au lendemain de la victoire judiciaire de Blast contre Bernard-Henri Lévy, Denis Robert s'entretient avec Julien Kahn notre avocat ainsi que Bernard Nicolas et Thierry Gadault, les deux journalistes auteurs de l'enquête. Au centre de la conversation, les motivations du jugement des magistrats qui authentifient la qualité de notre enquête et rejettent toute idée de diffamation. Un camouflet pour le philosophe médiatique qui ne s'était pas présenté à l'audience et nous réclamait 100 000 euros de dommages intérêts ainsi que le retrait de l'article l'incriminant sous peine d'astreinte de 3000 euros par jour de publication. bilan : c'est lui qui est condamné à nous verser 3000 euros et l'article reste en ligne. Nous publions le jugement ainsi que l'étonnant courrier de BHL. Bientôt la suite de notre enquête et de nouveaux documents sur Blast.

    Notre article récapitulatif : https://www.blast-info.fr/articles/20... 

    Le site : https://www.blast-info.fr/ 

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  • À Brest, un rassemblement ce mardi pour revendiquer le droit à l’avortement partout dans le monde. ( LT.fr - 26/09/21 - 16h21 )                 Le cortège se dirigera vers l’hôpital Morvan de Brest.

    À l’occasion de la Journée internationale du droit à l’avortement, ce mardi 28 septembre, le Planning familial de Brest appelle au rassemblement place de la liberté à 18 h. Le cortège se dirigera ensuite vers l’hôpital Morvan afin de revendiquer le droit à l’avortement partout dans le monde. Alors que la proposition de loi visant à garantir un accès effectif à ce droit pour toutes, déposée l’an dernier, adoptée à l’Assemblée nationale, puis validée par le Conseil consultatif national d’éthique, a finalement été rejetée par le Sénat en février, « le gouvernement doit maintenant prendre ses responsabilités en reprenant la main sur ce projet de loi pour redonner satisfaction aux revendications du mouvement féministe », estime le PCF du pays de Brest, qui se joint à cet appel à manifester.

    Source : https://www.letelegramme.fr

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  • Brest. À l’Ile Longue, les décès précoces questionnent. ( OF.fr - 24/09/21 - 19h33 )                Les membres du Collectif des irradiés de l’ile Longue se battent pour obtenir la reconnaissance de maladie professionnelle pour d’anciens salariés. Ils espèrent que le résultat de cette étude les y aidera.

    Une étude a été menée sur des anciens de la pyrotechnie, chargés d’assembler les missiles nucléaires à l’Ile Longue (Finistère). Un quart environ sont décédés, pour moyenne autour de 62 ans. Une nouvelle étude tentera d’améliorer le suivi médical des salariés exposés à certaines substances.

    En 2018, la faculté de sociologie de l’Université de Bretagne occidentale a lancé une étude auprès d’anciens salariés de l’Ile Longue (Finistère) avec un triple objectif : faire un état des lieux de la santé des participants, évaluer leurs conditions de travail et le suivi post-professionnel dont ils ont bénéficié. « On a ciblé l’atelier pyrotechnie, là où étaient assemblés les missiles nucléaires (équipant les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins basés sur place, NDLR), sur une période allant de 1972 à 1996, parce qu’à cette époque, les salariés ne bénéficiaient pas d’un suivi ou d’équipements spécifiques de radioprotection », détaille Jorge Munoz, maître de conférences.

     
    Le collectif des irradiés de l’Ile Longue, en lien avec l’Association Henri-Pezerat, ont aidé à la réalisation de cette étude. 

    Comment s’est-elle déroulée ?

    Sur ces 200 personnes, 54 sont décédées. « Soit un quart de la population, avec une moyenne d’âge au décès de 62 ans, c’est très impressionnant » , analyse Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire du Groupement d’intérêt scientifique sur les cancers professionnels à l’université Paris 13, sachant que la mortalité moyenne, pour les ouvriers, « s’élève à 77 ans, et pour les cadres, 84 ans ».

    Une cinquantaine d’autres anciens salariés a refusé d’y participer : « Leur état de santé ne le leur permettait pas, mais aussi pour ne pas mordre la main qui les a nourris », souligne le sociologue, évoquant « les primes et compensations en vigueur à cette époque-là ». Ne restaient donc plus que 97 participants.

    Quels enseignements ?

    Ils sont 63 à avoir déclaré une maladie dont, pour 35 %, un cancer, en particulier des leucémies, cancers de la prostate, de la thyroïde ou encore du poumon. « C’est énorme », selon Jorge Munoz. Concernant les conditions de travail, « on observe une poly-exposition : radiations, amiante, produits chimiques, et aussi des risques liés aux horaires et postures ». Créé en 1993 « afin de prendre en charge le plus rapidement possible des personnes exposées à certains agents », le suivi post-professionnel, enfin, n’a concerné que 46 % des personnes. Parmi les freins à son application, « une méconnaissance, des salariés comme des médecins, et des démarches administratives assez complexes ».

    Que va-t-il se passer maintenant ?

    « L’Institut national du cancer a validé une nouvelle étude pour savoir combien de personnes bénéficient aujourd’hui d’un suivi post-professionnel à l’échelle du Finistère. » Sur quatre ans, elle portera sur différents secteurs (agriculture, bâtiment, mécanique, salariés de l’Ile Longue et peut-être anciens de la centrale nucléaire de Brennilis). Une annonce qui réjouit les membres du Collectif des irradiés de l’Ile Longue : « Même si pour nous c’est compliqué d’obtenir la reconnaissance de notre préjudice, on est heureux de voir que les choses bougent pour les générations futures. »

     

    Auteur : Delphine VAN HAUWAERT

    Source : https://www.ouest-france.fr

     

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  • Source : https://www.facebook.com

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  • Jean-Claude Delaunay : nous devons avoir un franc débat dans le cadre de l’élection présidentielle (II)   (H&S 23/09/21)

     

    Nous devons avoir un franc débat dans le cadre de l’élection présidentielle (II)

    Je ne suis pas candidat à la Présidence de la République. Je n’en aurais d’ailleurs pas la force physique et le courage mental. Quelle épreuve pour un candidat que d’être complètement dévoué à la cause qu’il défend et, à chaque minute, en butte à des tonnes de critiques, de la part de gens qui, comme moi, ne sont que des observateurs lointains.

    Cela dit, mes critiques et mes observations, comme celles qui lui ont été indirectement adressées en commentaire de mon texte précédent, n’ont pas pour but de «descendre» Fabien Roussel. Elles visent au contraire à consolider sa position. Sa personnalité et son intelligence sont une chance que nous devons saisir. Si nous décollions dans cette élection, nous reprendrions confiance en nous-mêmes. Cela dit, à mon avis, et il est vrai à la seule lecture de Ma France Heureuse, Fabien Roussel, à mon avis, n’est pas encore vraiment dans la course. Pour y rentrer, il va lui falloir changer de braquet, et que son équipe ainsi que la majorité des communistes, l’aident dans cette aventure.

    Que veut dire «changer de braquet»? Cela veut dire notamment être «marxiste-léniniste». Pour simplifier, je parlerai seulement de marxisme. Fabien Roussel, qui est nordiste, sait que le Nord de la France fut une terre ouvrière, qu’elle l’est encore, et que c’est une terre de luttes. Il sait que le marxisme s’y est implanté grâce à Jules Guesde et au Parti Ouvrier Français. Au delà des «plaisanteries faciles», sur les rencontres dans le bistrot de Thierry Marx (p.17), la seule façon pour Pierre Laurent, je le crains, d’être marxiste, ce serait un devoir pour Fabien Roussel que de redonner aux communistes français, s’ils l’ont perdue, l’envie d’être pleinement communistes en étant pleinement marxistes.

    Le marxisme n’est pas un moyen de divination. Ce n’est pas une clé magique qui ouvre toutes les portes. L’efficacité de cette clé dépend de celles et de ceux qui l’utilisent et c’est pourquoi son usage se doit d’être collectif. Cela dit, c’est un moyen puissant de réfléchir le monde et sur le monde, si difficile à comprendre, de se l’approprier pour lutter. C’est une théorie dont le cœur est le travail, les travailleurs, les raisons de leurs combats. Jamais le Parti communiste français, qui est le Parti des travailleurs, n’aurait dû s’en séparer. Elle doit redevenir nôtre. Je souhaite montrer, au moins un peu, dans la présente livraison, l’intérêt et l’importance pour les travailleurs de ce pays d’en retrouver le chemin.

    J’en étais resté, dans mon précédent texte, à Lénine et à 1890. Aujourd’hui, je vais d’abord parler de l’impérialisme, de 1890 à aujourd’hui, et de ce que l’on peut en déduire pour la campagne présidentielle. Avant de commencer, je vais faire une remarque de vocabulaire. Le langage marxiste contient deux termes : impérialisme et capitalisme monopoliste d’État (ou financier, etc.). Ces deux termes désignent la même réalité, mais on peut y introduire les nuances suivantes :

    L’impérialisme désigne plutôt, à mon avis, l’ensemble du système capitaliste, ou une zone capitaliste particulière, mais sous l’angle politique et militaire. Le concept d’impérialisme appliqué à un pays (ou à l’ensemble des pays capitalistes développés) vise à faire ressortir les effets de domination exercés par ce pays (l’impérialisme français, l’impérialisme américain) ou par cet ensemble de pays.

    Le concept de Capitalisme monopoliste désigne plutôt le Grand Capital et son organisation économique et sociale, à un moment donné. Cette organisation peut être le Capitalisme monopoliste, ou le Capitalisme monopoliste d’État, ou le Capitalisme Monopoliste Financier Mondialisé, etc.

    En gros, on peut dire que, depuis 1890, l’impérialisme a structuré toute notre histoire, avec quatre phases économiquement différentes du Capital monopoliste.

    Les quatre phases

    La première phase (1890-1917) fut celle de la mise en place de l’impérialisme, ou encore du Capitalisme monopoliste d’État, dans les pays développés de l’époque. A la fin du 19ème siècle, les capitalistes cherchaient à retrouver la rentabilité qu’ils avaient perdue depuis les années 1870. Ils ne comprenaient pas les causes de leurs difficultés, mais ils découvraient les bienfaits que leur apportait la course à la colonisation du monde ainsi que les achats de matériels militaires par l’État. Bien sûr, d’un pays à l’autre, ils étaient férocement rivaux entre eux. Ils se sont alors fait la guerre. La Première Guerre mondiale se solda pour leurs peuples par de terribles massacres et pour eux-mêmes par «une catastrophe» : la Révolution d’Octobre 1917.

    La deuxième phase (1917-1945) correspondit au traitement, par le Capital monopoliste, de cette nouvelle contradiction que fut la Révolution d’Octobre. D’une part, il y avait la première contradiction, le problème lancinant de la rentabilité du capital, avec toutes les rivalités que cela impliquait. Les Japonais, les Italiens, les Allemands, voulaient une part du gâteau colonial. Mais d’autre part, une deuxième contradiction apparaissait, «énorme». Elle s’appelait «l’URSS», dont la présence contredisait frontalement le système capitaliste en tant que tel. Les chancelleries occidentales d’Europe, principalement française et britannique, ont alors conçu le projet d’utiliser «l’arme nazie» contre l’URSS, tout en tolérant que le Japon se fasse une place à l’Est. L’Allemagne hitlérienne, l’Italie fasciste devinrent «les amis» de la France et de la Grande-Bretagne. Par la suite, «l’arme nazie» chercha bien à écraser l’URSS, comme souhaité, mais elle se retourna également contre ses promoteurs et même contre la lointaine Amérique, qui n’en croyait pas ses yeux. Le Japon, de son côté, fit plus que se donner une place. Il voulut reprendre toute l’Asie à son compte. Cette stratégie échoua complètement tant à l’Ouest qu’à l’Est.

    A l’Ouest, le régime hitlérien fut battu et l’Allemagne ramenée à la raison. Mais cette victoire supposa l’intervention décisive de l’URSS, qui, malgré d’importantes pertes humaines, sortit victorieuse et renforcée de la Deuxième guerre mondiale. A l’Est, les armées du Japon impérial se firent mettre la raclée par les Chinois et plus précisément par l’Armée révolutionnaire, dirigée par Mao Zedong.

    Enfin partout dans le monde, les peuples exprimèrent avec force qu’ils voulaient que «ça change».

    La troisième phase (1945-1975) fut donc celle des concessions que les grandes bourgeoisies furent obligées de consentir après la Deuxième Guerre mondiale pour maintenir leur pouvoir. Loin d’affaiblir le système capitaliste, ces concessions le renforcèrent économiquement. Le Capitalisme monopoliste d’État, structure économique qui, du temps de Lénine, était surtout consacrée à la dépense militaire, est devenu, après 1945, une structure dont la portée fut élargie, tant pour les capitalistes que pour les travailleurs. Certes, les capitalistes estimaient qu’ils devaient produire et stocker des armes, car «l’ennemi socialiste» était toujours là, plus fort que jamais. Mais ils ont compris qu’il leur fallait aussi consolider leur système, qu’il leur fallait «reprendre du poil de la bête» tout en lâchant du lest aux travailleurs. La participation active de ces derniers et des peuples à l’écrasement des nazis, dans un contexte où l’URSS sortait renforcée de la guerre, se traduisit donc par l’extension des droits des travailleurs. Par exemple, en France, l’adoption du statut de la fonction publique ou la mise en place de la Sécurité sociale. Paul Boccara s’est efforcé de théoriser cette période, qui fut l’âge d’or du réformisme : le Capital et le Travail semblaient pouvoir vivre ensemble éternellement.

    Cette phase fut aussi, avec ou sans guerre avec les métropoles, celle de la fin des colonies. La pointe extrême de la décolonisation fut le passage au socialisme de plusieurs pays : Chine (1949), Corée du Nord (1953), Cuba (1961), Viêt-Nam (1975). Les pays du socialisme soviétique représentaient environ 6% de la population mondiale, et ces nouveaux pays socialistes, environ 20%. Pendant cette période, le niveau de développement économique des pays socialistes était moindre que celui des pays capitalistes développés mais le montant de la population y était supérieur. L’impérialisme demeurait économiquement dominant. Il n’en était pas moins en recul relatif.

    Les années (1970-1980) furent celles de l’apparition progressive de la crise profonde que traversa alors le Capitalisme monopoliste d’État. De la même façon que le dernier quart du 19ème siècle avait été marqué par la crise du Capitalisme de Libre Concurrence, voilà qu’après 25-30 ans de relative prospérité, le Capitalisme Monopoliste d’État «façon 1945» était soumis, dans chaque pays capitaliste développé, à une baisse longue de rentabilité ainsi qu’à des luttes ouvrières répétées et puissantes. Les craintes que l’environnement naturel fut gravement menacé s’exprimèrent publiquement en 1972 (Rapport Meadows). La petite bourgeoisie urbaine commença elle aussi d’entrer dans la danse. Cette crise semblait si évidente, si générale, que nous avons cru, nous communistes, que nous étions entrés dans une époque «naturellement» révolutionnaire. Traumatisés que nous étions par «le Stalinisme», nous avons sauté sur cette occasion historique, croyant que l’on pouvait faire la révolution en faisant uniquement des réformes, c’est-à-dire sans rompre avec le Capitalisme et ses agents dirigeants, le Capital monopoliste. On connaît la suite.

    La quatrième phase (1980-2020) est celle dans laquelle nous sommes plongés aujourd’hui. Très rapidement, les grandes bourgeoisies mirent en place ou adoptèrent un nouveau mode de fonctionnement du Capital monopoliste. Il s’est agi, pour elles, de «libérer» le Capital, dont les unités, comme l’a remarqué Arias dans son commentaire de mon précédent papier, étaient devenues de plus en plus grosses, infiniment plus grosses que du temps de Lénine [1]. Ma France Heureuse est très discrète sur cet aspect. Elle signale quand même, en passant, BlackRock (p.42) et les Fonds de pension américains.

    Les obstacles professionnels et juridiques qui, dans un pays, pouvaient freiner le départ de capitaux de leur territoire ou l’entrée de capitaux sur ce dernier, furent éliminés au maximum. Puisque globalement l’exploitation capitaliste dans chaque pays ne semblait plus en mesure de rentabiliser le Capital de ce pays, il fallait permettre massivement, à chaque grosse unité de Capital de ce pays, de circuler, de chercher ailleurs de nouvelles occasions de rentabilité. L’État n’a plus eu pour fonction d’aider l’investissement productif sur place, encore moins de financer les dépenses sociales. Il a eu pour fonction de faciliter cette mobilité, de mater le mouvement syndical qui pouvait s’y opposer, de réduire drastiquement les conquêtes sociales de l’après-guerre. C’est ce qu’on appelle «la mondialisation capitaliste». Pour surveiller cette circulation mondiale du Capital, un gendarme s’est désigné : les Etats-Unis. Ce pays, le plus puissant, économiquement et militairement, des pays capitalistes développés, prit totalement en charge, en 1971, la fonction de banquier du monde. Le dollar US accéda au rang de monnaie mondiale.

    La finance est alors devenue le mode de fonctionnement régulier du Capital mondialisé. Je vais indiquer un aspect de ce phénomène. Il y en a d’autres. Cela dit, si de gros capitaux s’investissent en Thaïlande, par exemple, parce que des opérations juteuses sont engagées dans l’immobilier de ce pays, mais qu’en réalité ces opérations se révèlent peu rentables, les capitaux considérés doivent pouvoir, selon le critère du taux de profit maximum, se sortir le plus rapidement possible de «ce pétrin». Il leur faut donc des marchés financiers qui leur permettent de quitter le pays en question. Bref, la mondialisation capitaliste, sans oublier d’être une mondialisation militaire (les droits de l’homme) et une mondialisation destinée à satisfaire les exigences du Grand Capital en matière de production de plus-value, ne pouvait être qu’une mondialisation financière. Le monde s’est donc couvert à cette époque d’une ceinture de marchés financiers. Au plan intérieur, l’État social a progressivement disparu et a été remplacé par une sorte d’État financier, destiné à soutenir le Grand Capital.

    Il s’est ensuite produit que cette financiarisation, nécessaire au fonctionnement mondialisé du grand capital, est devenue un lieu spécifique pour faire des affaires, pour gagner de l’argent. Dans ce contexte, les entreprises sont elles-mêmes devenues des marchandises, et pour faire bonne mesure, les salariés qui vont avec. Ainsi peuvent-ils considérer, ces salariés, que quand ils (ou elles) travaillent dans une grande entreprise, ils sont susceptibles de se vendre ou d’être vendus au moins trois fois pour un même emploi, la première fois pour le trouver, la deuxième fois, lorsque leur entreprise est vendue, et la troisième fois, pour le garder avec les nouveaux acheteurs. C’est sans doute pour ces raisons que, dans Ma France Heureuse, on trouve des phrases du genre «Notre adversaire, c’est la finance» (p.42). En réalité, comme du temps de Vladimir, l’adversaire des travailleurs, c’est le Capital monopoliste et le Capitalisme monopoliste. Ce dernier est non seulement l’interpénétration du capital bancaire et industriel ou commercial mais la forme financière du fonctionnement de cette interpénétration. Comme l’aurait peut-être dit Jacques Duclos, «le pouvouâârre des mâunâupâules s’est appprrrôôfondi».

    Pour en terminer avec cette phase, je vais indiquer brièvement trois phénomènes. Le premier fut la disparition du socialisme de type soviétique au début des années 1990. Les rêve des capitalistes semblait enfin réalisé. Le deuxième fut la mise en place de l’Union européenne, que j’identifie à l’une des évolutions contemporaines de l’Impérialisme. L’Union européenne, issue des années 1990-2000, est le maillon européen du fonctionnement de l’Impérialisme mondial. Le troisième phénomène fut la crise économique, politique, militaire, idéologique en développement de ce système depuis au moins une dizaine d’années. En faisant exploser l’URSS, les grandes bourgeoisies croyaient avoir trouvé la solution finale en leur faveur. Les choses n’ont pas évolué exactement comme elles l’espéraient. Le retrait précipité des Etats-Unis hors de l’Afghanistan en août dernier est une récente illustration de mon propos.

    Mes remarques les plus importantes

    J’ai dit, au début de ce texte, que le Parti communiste devait redevenir marxiste. Qu’est ce que cela peut bien signifier? Avoir la sensibilité de la lutte des classes est important, mais ce n’est pas être marxiste. La lutte des classes est visible par tous, et les historiens de la bourgeoisie l’ont parfaitement décrite. Ce que Marx apporta fut la connaissance de «l’invisible» de la lutte des classes, plus exactement la connaissance de ce que l’on ne peut en voir rapidement et pleinement que si l’on sait. Le rôle du marxisme est de permettre aux travailleurs d’accéder à l’invisible de leurs luttes, et de se rendre ainsi compte, si besoin est, que cet invisible est visible partout, mais qu’ils ne l’avaient pas vu.

    L’invisible de l’idéologie

    L’un de ces invisibles est l’idéologie que les ennemis des travailleurs répandent, souvent avec finesse, sur les événements pour en brouiller le sens et que parfois, ceux qui défendent les travailleurs reprennent à leur compte. Je crois par exemple que, dans les limites de la brièveté du nombre de lignes consacré à ce thème, les rédacteurs de Ma France Heureuse ont traité correctement de ce qu’ils ont appelé «Le boulet du stalinisme» (p.11) en disant : « On nous parle toujours du stalinisme… Ces campagnes de dénigrement permanent… ne poursuivent en réalité qu’un seul but : tuer l’idée révolutionnaire du communisme» (p.11). Ces rédacteurs, et Fabien Roussel lui-même, ont eu raison de parler ainsi à propos des critiques adressées aux communistes français concernant Staline. L’idéologie anti-communiste est partout présente [2]. Riposter, combattre cette idéologie, ne consiste pas nécessairement à dire immédiatement et systématiquement «blanc» quand nos adversaires disent «noir». Elle consiste à être méfiant, à nous informer, à lire des ouvrages, pas toujours écrits d’ailleurs par des membres du PCF, à débattre de nos lectures et de nos interprétations. Je me permets de citer par exemple cet ouvrage qu’Elizabeth Martens a consacré au «bouddhisme tibétain» ou à celui que Maxime Vivas vient de publier sur «la question ouïghoure» [3]. Je ne crois pas que ces intellectuels soient membres du PCF. Mais le sérieux de leur investigation et de leurs réflexions nous aident, nous communistes français, à réfléchir. Il y en a d’autres. L’Humanité devrait être au cœur de ce travail sur l’idéologie. Mais comme chacun sait, on est, avec ce journal, en présence d’une «Big Question» qu’il va bien falloir trancher elle aussi. Enfin bref, autant ce que dit Ma France Heureuse sur le Stalinisme paraît raisonnable, autant ce que Fabien Roussel nous apprend sur ce qu’il a dit aux dirigeants de la Chine sur les Ouïghours, quand il s’est rendu dans ce pays, ne paraît vraiment pas à la hauteur : «Que les choses soient claires : lorsqu’il y a des atteintes aux droits, aux libertés et à la dignité humaine, nous les dénonçons toujours avec force, quel qu’en soit le pays qui s’en rend coupable. C’est ce que nous avons dit aux autorités chinoises à propos du sort réservé aux Ouïgours» (p.159). Que Fabien Roussel demande à ces dirigeants, avec les formes qui conviennent, car ce ne sont ni des ennemis ni des petits garçons en culotte courte dont les parents inspectent le nez et les oreilles avant qu’ils aillent à l’école, de lui parler de ce qui se passe au Xinjiang, avec les Ouïghours, surtout compte tenu du degré élevé de désinformation (de soumission à l’idéologie dominante) dans laquelle nous sommes en France, je crois que tout communiste français trouvera cela parfaitement normal.

    Mais s’exprimer comme il semble que l’ait fait Fabien Roussel montre qu’il ignore totalement ces questions. Bref, être marxiste, c’est éviter de tomber, au moins sur les grandes questions, dans les pièges de l’idéologie. Sur les Ouïghours, je renvoie au livre de Vivas.

    L’invisible des concepts

    Il y a l’invisible de l’idéologie mais aussi l’invisible des concepts, c’est-à-dire l’invisible de cette réalité dont les concepts ont pour mission de rendre compte. Ce que les rédacteurs de Ma France Heureuse, et Fabien Roussel par la même occasion, n’ont, me semble-t-il, pas bien compris est que le concept central de la réalité capitaliste contemporaine est celui de «Capital monopoliste», et donc d’Impérialisme, qu’ils confondent avec celui de «libéralisme», extrêmement flou. J’en ai parlé dans ma précédente livraison. Depuis un siècle, le Capital monopoliste a pris le pouvoir au sein du capitalisme et il est devenu de plus en plus puissant. Il s’est incrusté en lui comme le lierre dans les vieux murs d’un château. Il cherche à dominer toujours plus le monde pour en exploiter toujours plus les ressources et le travail.

    Certes, le Capital monopoliste (ou, si l’on veut être plus proche de l’entendement populaire, le Grand Capital) a pris des formes différentes au cours du siècle écoulé, en fonction principalement du degré d’intensité de la lutte des classes et de la puissance des forces productives matérielles. L’Impérialisme d’un côté (si l’on s’intéresse aux effets de domination), le Capitalisme monopoliste d’État de l’autre (si l’on s’intéresse à la structure économique de fonctionnement des monopoles) ont évolué, changé. Mais ce sont deux aspects d’une même réalité. Le concept de Capital monopoliste est le concept qui fait la jonction entre l’Impérialisme et le Capitalisme monopoliste. Il réalise la liaison entre ce qui se passe en France et ce qui se passe à l’extérieur, entre le national et l’international. Il fait le lien entre Bolloré en Afrique et Bolloré en France, et l’on peut se dire à coup sûr, «Tiens, mais c’est le même Bolloré!».

    Nous sommes aujourd’hui dans cette phase de fonctionnement du Capital monopoliste qui est à la fois l’Impérialisme sous contrôle américain et le Capitalisme monopoliste mondialisé, à fonctionnement principalement financier. Cette phase est la phase ultime du Capitalisme monopoliste. Il n’y en aura pas d’autre. Ce vers quoi, à mon avis, les communistes devraient tendre dans l’immédiat devrait être, à mon avis, la construction du socialisme en France, la fin de l’Impérialisme dans le monde et par conséquent la fin définitive et sans retour, du Capitalisme monopoliste.

    Même si l’on doit envisager que cette évolution comportera des étapes, même si le système socialiste global a été affaibli, dans les années 1990, par la défaillance du socialisme de type soviétique, les pays socialistes, au centre desquels se trouve la Chine, continuent de se renforcer économiquement, militairement, politiquement, scientifiquement, idéologiquement. De plus, la quasi-totalité des pays cherche à se développer en toute indépendance de l’Amérique du nord ou des anciens colonisateurs de l’Europe. Il n’y aura bientôt plus que la grande bourgeoisie australienne pour accepter de mourir pour l’Amérique du Grand Capital jusqu’au dernier kangourou.

    Cet état nouveau du monde confère des devoirs nouveaux au Parti communiste français. Il devrait d’abord le conduire à faire le point de l’Impérialisme, de sa structure économique et politique, de sa force réelle, en France et dans le monde. Cette analyse a, c’est clair, des conséquences sur les stratégies électorales intérieures. Par exemple, la notion de «droite-gauche» ayant prévalu jusqu’en 1970-1980, avait un sens de moyen-long terme dans un capitalisme d’assise nationale. Elle a perdu toute profondeur politique dans un capitalisme mondialisé, à moins que la social-démocratie considère que le capitalisme n’est plus son horizon politique indépassable, ce qui est peu vraisemblable. Celles et ceux des communistes qui, dans ce pays, raisonnent encore en termes de «droite-gauche» sont en arrière de la main. Je ne pense pas, contrairement à ce qu’a écrit Gilles Mercier, que Fabien Roussel ait en tête une stratégie de ce type [4]. Mais c’est mon opinion et il est vrai que la raison théorique de fond de l’aporie d’une telle stratégie mériterait, de sa part, d’en être mieux éclairée.

    Mais alors, si une stratégie de type «droite-gauche» n’est plus possible dans ce pays parce que nous sommes à l’époque du capitalisme mondialisé, quelle stratégie faudrait-il mettre en œuvre? Ma réponse est ici très sommaire mais néanmoins suffisante pour me faire comprendre. Puisque l’Impérialisme est en bout de course, cela veut dire que la mise en place et la construction du socialisme, en France comme dans tous les pays, est désormais une préoccupation concrète, pratique. Ce n’est plus une abstraction révolutionnaire. C’est une exigence. Nous devons appeler non pas les gens de gauche et les communistes à s’unir pour obtenir des résultats illusoires ou passagers. Nous devons appeler le peuple à s’unir en lui-même et ce faisant à prendre son destin en main pour chasser totalement et définitivement la grande bourgeoisie des affaires de ce pays. Car la démocratie, cela ne consiste pas à laisser à nos ennemis la possibilité de reprendre le pouvoir. Cela consiste à les chasser de tous les pouvoirs [5]. Nous devons l’appeler les gens du peuple à procéder à une alliance originelle, totalement nouvelle, une «alliance pour le socialisme».

    Cette nouvelle forme d’alliance populaire, cette alliance interne au peuple pour la promotion du socialisme, pour la promotion des intérêts populaires et de ceux de la nation, devrait avoir pour prolongement, me semble-t-il, notre alliance avec les pays du socialisme, notamment avec la Chine, notre alliance avec tous ces pays qui, quel que soit leur régime, veulent se développer en toute indépendance, et apportent déjà au monde un puissant contrepoids à l’agressivité américaine. Nous devrions entretenir avec les pays du socialisme des rapports d’amitié et de solidarité sur la base de ce qu’ils font et non sur la base de ce que la CIA diffuse et dit qu’ils font. Je trouve que Ma France Heureuse est plus que «courte» de ce point de vue. On y parle de la Chine de manière presqu’uniquement négative, pour s’en prévenir en quelque sorte. «Le Parti communiste français… s’est émancipé des partis communistes d’Union soviétique ou d’Asie et sa lecture aujourd’hui n’a rien à voir avec la leur. Je ne partage pas, par exemple, l’idée du parti unique qui suppose l’interdiction de contester, comme en Chine. Je ne partage pas cette vision, parce qu’elle est contraire à notre conception de la démocratie» (p.9). Ce qui est drôle, dans cette histoire, c’est que, du matin au soir et du soir au matin, les communistes chinois passent leur temps à dire : «Vous savez, notre marxisme, notre communisme, c’est un marxisme, un communisme aux caractéristiques chinoises. Ne cherchez surtout pas à nous ressembler. Chacun doit trouver sa voie». Quand les communistes chinois ont-ils demandé aux communistes français de leur ressembler au point qu’il aurait fallu que ces derniers disent à leur tuteur chinois intempestif : «Non, mais ça suffit, laissez-nous tranquilles. Nous, communistes français, nous sommes grands»? Laissons la peur du socialisme et de la Chine aux bêtes à cornes et à Clémentine Autain.

    Il me faut terminer ce texte, que je crois trop court mais qui, pour celle ou celui qui le lit, est déjà trop long. J’espère avoir rendu sensible le fait que nous, communistes, vivons une période compliquée et devons, pour cette raison, être exigeants au plan de la théorie. J’ai cité quelques phrases de lecteurs et lectrices du site «Histoire et Société» pour indiquer l’une des directions du débat actuel. Je vais citer une autre personne, Bernard Sarton, qui me paraît leur exact opposé. C’est vraisemblablement un membre du PCF, un camarade. Je ne le connais pas personnellement. Il a publié un article très favorable à Fabien Roussel. C’est son droit le plus strict et je lis sous sa plume que «Fabien exprime un anti-capitalisme très argumenté» [6]. Moi, je suis vraiment moins sensible que lui à la qualité de l’argumentation roussellienne. Certes, je sais, comme le répétait souvent Antoine Casanova, que «la Maison du Seigneur» est vaste et qu’elle abrite des gens bien différents les uns des autres. Mais quand même, ne devons nous pas éviter à tout prix la tentation de «la foi du charbonnier»? En quoi, par exemple, l’interventionnisme fiscal que prône Fabien Roussel peut-il être identifié à une esquisse de l’exigence du socialisme en France ? Comme l’a écrit Xuan : «Promettre des mesures qui vont «dans le bon sens» implique… qu’elles soient réalisables, et a minima, que nous ayons donné les conditions de leur succès (ou de leur échec). C’est la question de l’Etat qui se pose ici, de la démocratie populaire et des moyens de coercition qu’elle se donne pour exister et non pas, illusoirement, “co-exister”» [7]. Je pense que Xuan sera d’accord si j’ajoute que l’Union européenne est un autre «big problem» dont on ne peut plus éluder la solution. Il nous faut briser le carcan européen et sortir de l’idéologie trotskiste, aujourd’hui véhiculée par Ian Brossat (on va révolutionner l’UE de l’intérieur). Comme l’a très récemment montré Jacques Sapir, les promesses salariales actuellement faites dans le cadre de la campagne présidentielle (je ne fais aucune allusion à leur caractère éventuellement démagogique, comme celles d’Anne Hidalgo) sont illusoires dans le cadre de l’UE [8]. Et puis enfin, pour tenir compte de ce que le capitalisme monopoliste est actuellement mondialisé et placé sous commandement nord-américain, on doit absolument retenir ce qu’a écrit Daniel Arias, à savoir que «…la suprématie USA sur l’informatique, le matériel, le web, l’internet, le cloud et les logiciels est une menace pour la sécurité du pays» [9] Bref, peut-on considérer que l’interventionnisme fiscal préconisé par Fabien Roussel est, de par lui-même, susceptible d’entraîner, pour la raison que ça marcherait aux Etats-Unis, l’adhésion des masses populaires françaises derrière la candidature communiste? En quoi, surtout, peut-il réussir ?

    Finalement, il existe au moins quatre façons d’intervenir dans un débat important. La première est de ne rien dire. C’est une méthode connue, très ancienne. Je n’en dirai pas davantage à son sujet. La deuxième est celle de l’accord profond. Je suis certain que Bernard Sarton, qui exprime son soutien complet à Fabien Roussel, pense ce qu’il dit. En l’exprimant de façon louangeuse, il estime renforcer la position politique de celui dont on parle. La troisième façon est celle que je me suis efforcé de mettre en œuvre. Elle est critique, avec tout ce que cela peut comporter de déplaisant, mais considère que c’est de la critique que naîtra l’accord recherché. Enfin, je pense qu’il en existe une quatrième. Elle consiste à faire comme si elle lisait entre les lignes et pouvait imaginer ce que Fabien Roussel a voulu réellement dire lorsqu’il s’est exprimé de manière parfois très insuffisante. Quelle est la bonne méthode? Hic Rhodus, hic salta. Il va bien falloir choisir.


    [1] Daniel Arias : «Les grands monopoles se sont encore concentrés depuis les écrits de Lénine, l’automobile, le transport, et très récemment la presse, où l’OPA de Vivendi sur Lagardère, menant à la concentration des deux plus gros éditeurs en France sur fond de querelles judiciaires entre milliardaires et fonds de pension américains».  (H et S, 19/09/21). A cette liste, j’ajoute (JCD) le commerce de détail, l’agro-alimentaire, les télécommunications… 

    [2] Comme l’écrit Christian Lourdin : «Les Français n’ont jamais vécu sous le socialisme, que je sache! L’opinion qu’ils en ont eu a toujours reposé sur celle exprimée dans les médias à 95% bourgeoises. Alors il faut se baser sur l’expérience de ceux qui ont vécu le socialisme réel et ont eu le loisir de le comparer au capitalisme réel depuis 30 ans. Leur verdict est formel, il n’y a pas photo».

    [3] Elizabeth Martens, Histoire du Bouddhisme Tibétain : La Compassion des Puissants, L’Harmattan, 2007; Maxime Vivas, Ouïghurs, Pour en Finir avec les Fake News, Editions La Route de la Soie, 2020.

    [4] Gilles Mercier, : «Il s’agit de regagner les abstentionnistes et ainsi de devenir incontournable pour essayer de refaire la stratégie de l’alliance au détriment du contenu», Faire Vivre et Renforcer le PCF, texte posté le 09 septembre 2021.

    [5] Jeanne Labaigt : «Il faut, on doit, il est nécessaire (cela ne peut pas ne pas être comme diait Aristote) d’adosser toute campagne active sur une théorie partagée et produite collectivement. Il faut que le but soit clair, aller vers le communisme en passant par le socialisme et une RUPTURE (sic), pas un aménagement» (H et S, 18/09/21). Mireille Popelin : «Il faut parler du but, le socialisme. C’est cela qu’il faut dire aux travailleurs et non ripoliner la façade du capitalisme» (H et S, 21/09/21). Jean-François Dron : «Il faut mettre en place une véritable stratégie de changement de système économique, donc de passage au socialisme» (H et S, 20/09/21).

    [6] Bernard Sarton, Faire Vivre et Renforcer le PCF, texte posté le 19 septembre 2021.

    [7] Xuan, H et S, (18/09/21).

    [8]Jacques Sapir, «Du Social à la Souveraineté, Réflexions sur la Campagne des Présidentielles» (Blog économique). Cet article a été diffusé sur le blog de Jean Lévy, le 21/09/21. 

    [9]Daniel Arias,( H et S, 19/09/21).

     

    source: https://histoireetsociete.com/

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  • Pour la grande bourgeoisie française, l’élection présidentielle est aujourd’hui l’élément politique le plus important du mécanisme global servant à reproduire son pouvoir. Elle sert à ça, cette élection, dans les conditions de l’impérialisme contemporain. C’est sa valeur d’usage spécifique, son rôle, au sein de la grande machine que les béati possidantes de ce pays ont mis au point pour exploiter et dominer leurs semblables.

    Prendre place dans cette élection est donc nécessaire pour les communistes puisqu’il leur est offert, pendant le court moment de sa préparation, de contester radicalement, il est vrai en paroles et de façon non-gratuite, la direction donnée à la société par les dirigeants de la classe au pouvoir. Évidemment, ces dirigeants, qu’ils soient politiciens ou dans les affaires, préfèreraient que les communistes fîssent de la politique et du marxisme dans les cimetières plutôt que dans des réunions publiques. Ils préféreraient qu’ils développâssent leurs critiques et leurs propositions au clair de la lune plutôt qu’en plein jour. Mais rien n’est parfait. Seules les machines idéales ont un rendement égal à 100%. Les agents directeurs et contremaîtres de la machine capitaliste savent cela et ils ont appris à s’en accommoder.

    C’est précisément cette plasticité que je souhaiterais examiner dans le présent texte. Pour quelles raisons les dirigeants et vrais bénéficiaires du capitalisme en son stade impérialiste actuel, sont-ils toujours aux commandes en France? Pour quelles raisons, si la campagne menée par Fabien Roussel continue sur la lancée de son livre récent, Ma France Heureuse, Solidaire, Digne[ Fabien Roussel, «Ma France Heureuse, Solidaire, Digne», Editions du Cherche-Midi, 2021, Paris. Ce livre, écrit-il page 7, n’est pas son programme. Il en constitue néanmoins la trame.], fera-t-elle «flop» ? Telles sont les questions que je me pose.

    Si j’étais candidat à cette élection, qu’est ce qui me différencierait de Fabien Roussel ?

    Fabien Roussel est un candidat communiste déclaré, très actif. Oui, je sais, il a même écrit un livre, comme je viens de l’indiquer. C’est un nordiste et les nordistes sont des gens que j’aime beaucoup. Ils sont discrets, mais chaleureux et pétris de fraternité. Mais vous savez, moi, en Chine, les bruits du monde me parviennent de manière assourdie. La réciproque doit donc être vraie pour lui. Car je trouve que le livre qu’il a signé contient, certes, des choses importantes et attachantes, mais aussi de grosses bêtises, sur la Chine par exemple, ou d’immenses insuffisances, notamment sur le socialisme.

    Je ne cherche pas à lui porter ombrage, mais je ne vois pas les raisons qui m’empêcheraient de penser que sa France Heureuse n’est pas un livre achevé. Ce n’est pas avec un tel ouvrage que le monde du travail et les communistes peuvent avancer.

    Je pense donc que, dans le cas présent, la critique publique en fut-elle vive, est une bonne chose. Je suis bien prétentieux de parler comme je le fais, et pourtant, j’ai la conviction que mon analyse devrait faire réfléchir. Elle devrait stimuler la réflexion de tous les communistes et non apparaître comme une bataille de chiens querelleurs. Et puis lui-même, Fabien Roussel, dans Ma France Heureuse, n’a-t-il pas écrit «qu’il fallait sortir du présidentialisme et de la délégation de pouvoir que les Français donnent aux élus. Chaque citoyen doit être un acteur de la vie politique, une partie de sa solution» (p.43). Par conséquent, je suis son conseil, que je trouve approprié.

    Qu’est ce donc qui, dans l’hypothèse totalement improbable où je serais candidat aux prochaines élections présidentielles, me différencierait de Fabien Roussel, qui lui est candidat à cette élection ?

    Je n’ai, vraisemblablement pas plus que lui, d’illusion sur la démocratie bourgeoisie et sur la capacité d’un communiste à devenir Président d’un pays comme la France par la voie électorale. Mais trois choses au moins nous distinguent.

    1)La première est qu’il cherche, avec une sincérité que je ne mets pas en doute, à rallier le monde travail et la jeunesse à la cause des communistes, tout en agissant pour que le Parti communiste redevienne «celui du monde du travail». Évoquant le souvenir de Georges Marchais, il écrit notamment : «Je souhaite que le Parti communiste français redevienne celui-là…C’est-à-dire celui qui s’adresse autant aux ouvriers qu’aux ingénieurs, aux agriculteurs, aux agents des services publics, aux hospitaliers, aux agriculteurs, aux enseignants, aux commerçants, aux petits chefs d’entreprise…Ce monde du travail là n’a pas de perspectives, il est en souffrance et c’est à nous de lui tendre la main, de défendre ses droits et ses intérêts avec des propositions concrètes» (p.17).

    Cela dit, il le fait sur des bases théoriques branlantes et parfois fausses. Et ce ne sont pas de petites erreurs.

    2)La deuxième est que, ces bases théoriques manquant de solidité, il ne ralliera pas à la cause qu’il représente la population nombreuse, et devant être mobilisée de façon urgente, de celles et ceux que ces élections écœurent parce qu’elles se sont toutes terminées jusqu’à présent par la reconduction, à la direction du pays, des représentants de la grande bourgeoisie.

    3)La troisième est qu’il ne ralliera pas davantage la masse des travailleurs et de la jeunesse, qu’il ambitionne de rassembler sous sa bannière. Pour réaliser cet objectif, il a absolument besoin que les adhérents du PCF s’engagent dans la bataille. Mais qui va le faire?

    La fraction qui se reconnaît dans Pierre Laurent, soit environ 38% des militants, ne va pas s’engager dans ce combat parce que Fabien Roussel lui aura concédé que la Chine est une horreur et qu’il ne faut surtout pas parler du socialisme quand on est communiste. Ces concessions à la petite bourgeoisie communisante risquent au contraire de freiner l’ardeur militante de la fraction active majoritaire, soit 42%. Quant aux éléments intermédiaires, ils ont toute chance de ne faire que «compter les points».

    Fabien Roussel butte ici sur les limites et les contradictions de sa stratégie en tant que Secrétaire national. D’une part, il a voulu que l’organisation ne laisse personne en chemin. C’est en gros ce qu’il raconte au début de sa France Heureuse. La rupture fut évitée.

    Le maintien de l’outil fut toutefois obtenu sous l’égide de Marx bistroquet et non sous celui de Marx théoricien. Une stratégie de ce type suppose, pour réussir, le calme et la très longue durée. Or la vie politique est faite de heurts et de chocs inattendus. L’élection présidentielle est l’un d’eux. Les clarifications nécessaires pour que l’outil PCF devienne à la fois uni et opérationnel supposent un type de direction qu’à mon avis, exprimé de loin, Fabien Roussel n’a pas voulu ou n’a pas pu mettre en œuvre.

    On me dira peut-être : «Mais Delaunay, tu vas voir, l’essentiel de son message s’adresse au monde du travail et à la jeunesse. C’est l’adhésion à son message de ces catégories de population qui va, finalement, faire progresser la situation relative au Parti lui-même». Un tel raisonnement sous-estime, à mon avis, l’influence de l’idéologie dominante sur les comportements spontanés, monde du travail compris. Il sous-estime, par conséquent, le rôle que le parti communiste doit jouer relativement à cette influence. Pour que le PCF joue son rôle moteur des luttes, il faudra bien convenir, un jour, que des clarifications authentiques soient réalisées à ce niveau.

    Cette élection est donc pour moi l’occasion, à mon échelle, très modeste, de procéder à l’une de ces clarifications que je crois indispensables, en réfléchissant, après Fabien Roussel et à ses côtés, à l’exacte nature de la société dans laquelle nous vivons. Ce n’est pas, je le crains, ce que fait Fabien Roussel, car il ne la comprend pas vraiment, même s’il en perçoit certains travers.

    Il aborde la société par l’affection, par la morale. «Je dis souvent à Bruno Lemaire qu’il doit arrêter de mentir» (p.143). Bruno, c’est pas bien, ton nez bouge. L’action, quand elle est sûre d’elle-même, repose sur la raison et non sur les sentiments. C’est dire que si les communistes veulent grandir, notamment dans cette élection et par elle, ils doivent dès à présent renforcer leur cohésion de pensée et leur unité de combat sur des bases théoriques solides. En construisant de la sorte «l’unité de leur parti», ils doivent tendre à réagréger le plus rapidement possible, autour d’eux et avec eux, celles et ceux qui l’ont quitté ces dernières années. Ils doivent devenir marxistes et léninistes sans tarder, ou le redevenir s’ils ont oublié ce que cela signifiait. Ils doivent le faire collectivement, dans la clarté. Ce faisant, ils agiront dans l’intérêt du monde du travail que Roussel se donne la tâche de défendre, et le monde du travail, alors, le comprendra et l’estimera en tant que véritable candidat communiste.

    Lénine et la société capitaliste des années 1900

    Pour lutter, il faut voir et donc il faut savoir. A celles et à ceux des communistes qui trouveraient mon propos insupportable, je les prie de jeter un œil attentif sur ce que fut Lénine. Ce fut, sans relâche, un homme de combat. Il faisait de la politique du matin au soir et du soir au matin. Bref, il faisait ce que les plus avertis des Français, et notamment les dirigeants communistes, estiment faire en permanence.

    Et pourtant, si l’on regarde avec attention ce qu’il écrivait, on se rend compte qu’il ne faisait pas seulement de la politique. D’abord, il connaissait de près le raisonnement ainsi que les écrits majeurs de Marx et il les mettait sans cesse à contribution. Il connaissait, aussi, bien d’autres auteurs. C’était un homme de lecture et d’étude. Ensuite, il s’est essayé à faire de la philosophie et de l’économie politique. C’était également un homme de réflexion et de théorie. Il ne se contentait pas de répéter inlassablement «Action, Action», comme le font un certain nombre de communistes, qui excelleraient certainement dans l’industrie du cinéma. Il s’efforçait en permanence de lier l’action et la théorie.

    Je viens de rappeler en quelques mots ce que fut Lénine pour exprimer, qu’après cinquante ans de déshérence théorique chez les communistes français, il ne me paraît pas superflu de procéder aujourd’hui à des rappels fondamentaux. Il ne faut pas faire que cela, mais il faut le faire, c’est en tout cas mon avis en tant que candidat, de façon à élever le débat politique, de façon à le sortir de la seule polémique contre les riches dont on connaît les noms et les fortunes.

    Il est courant de dire que si l’on reprenait l’argent qu’ils (elles) s’approprient indûment pour le redonner aux pauvres, alors ce pays irait beaucoup mieux. Laissons à Picketty et à ses éventuels disciples le soin de dissimuler les poissons du Grand Capital dans les eaux de l’inégalité des revenus. Sommes nous seulement ou prioritairement aujourd’hui confrontés à des problèmes de redistribution? En réalité, quand les forces révolutionnaires reprendront l’argent de ces parasites, j’espère qu’ils en reprendront aussi le pouvoir et qu’ils redéfiniront les activités concernées.

    A la fin du 19ème siècle, une question était posée, à peu près comme aujourd’hui : dans quelle société vivons-nous? Les études sérieuses, souvent académiques, montraient alors que le partage du monde était en cours d’achèvement. Il est clair que les révolutionnaires de l’époque auraient pu répondre à la question précédente en disant : «Nous sommes dans une société dominée par les riches». Ce n’était pas faux, de toute évidence.

    Mais ils se sont montrés plus exigeants au plan théorique. Ils se sont donc efforcés de désigner un système et non une liste de familles. Ils ont analysé ce système et l’ont nommé: l’impérialisme. Ils ont mis en lumière ses agents : les capitalistes financiers, les monopoles, l’interpénétration du grand capital industriel et du grand capital bancaire de l’époque.

    Ils en ont théorisé, à l’aide du marxisme, la cause profonde de l’apparition, à savoir l’état de maturité auquel était parvenu le capitalisme industriel à la fin du 19ème siècle et les contradictions qui en résultaient, d’abord au sein même de la production, ensuite entre la puissance productive et la capacité du marché à en absorber les produits marchands. Ils ont donc montré que le capitalisme industriel, autour des années 1870, était entré dans une phase de crise longue et profonde de baisse de la rentabilité du Capital.

    Ils ont montré ensuite et c’est, je le crois, le point le plus important de leur analyse, que, dans ce contexte, les capitalistes les plus puissants, les monopoles, réorganisaient la structure capitaliste pour la rendre plus efficace en profit à leur seul avantage, pour la rendre plus conforme à l’évolution des forces productives matérielles à leur seul avantage. Lénine a donné un nom à ce système nouveau, appréhendé sous l’angle économique, et l’a appelé : Capitalisme monopoliste d’Etat. Sous l’angle politique et global, il a repris le nom que lui avait donné Hobson et l’a appelé : Impérialisme.

    En effet, à la fin du 19ème siècle, le capitalisme, en tant que système de production dirigé par un grand nombre, disparaît. Se met alors en place dans chaque pays développé un système restreint. Chacun des clans de la grande bourgeoisie monopoliste dirige dorénavant la société développée dans laquelle il est implanté.

    Les révolutionnaires ont alors montré les conséquences observables de cette crise longue de rentabilité et de la prise du pouvoir par la grande bourgeoisie qui s’en est suivie : la commande militaire publique à-tout-vat.

    Les difficultés du capitalisme à fonctionner, ses contradictions, se présentaient de diverses manière. Le 19ème siècle, qui avait été le siècle des «capitaines d’industrie» et de la production de plus-value absolue buttait sur les limites de cette forme d’exploitation de la force de travail, celle qui s’exerce uniquement par le temps. Les populations ouvrières n’en pouvaient plus. Et pourtant la production augmentait mais sans pouvoir s’écouler complètement. Le pouvoir d’achat privé, tant celui de la consommation individuelle privée que celui des investissements des entreprises, se révelait insuffisant pour absorber tout le produit.

    C’est alors que la grande bourgeoisie, ce groupe restreint qui s’est, dans chaque pays, de plus en plus distingué des petits et moyens capitalistes, a progressivement mis au point un nouveau système de production et de consommation. Pour maintenir les rapports sociaux capitalistes, elle les a réorganisés en profondeur.

    Et puis les techniques ont évolué. D’une part, une plus grande maîtrise du transport de l’énergie électrique, et la production de l’électricité sous forme de courant alternatif, ont facilité la constitution de systèmes de machine-outils, la formation de grandes usines. Ensuite, en raison des succès des combats ouvriers, le système fut de plus en plus réorienté vers la production de plus-value relative. Produire cette plus-value plutôt que la plus-value absolue revenait à accroître à l’aide d’investissements l’intensité du travail, la productivité du travail de chacun, au lieu d’augmenter sans cesse le temps travaillé, au lieu de faire travailler tout le monde tout le temps, hommes, femmes, enfants, jours et nuits.

    D’autre part, le capital monopoliste a mis au point de nouveaux rapports de consommation. L’investissement en machines devenant massif organisé, structuré, stimulé par les combats ouvriers, stimulé par les découvertes techniques que je viens de mentionner dans le domaine de l’énergie, et par bien d’autres qui suivirent, il en a résulté un très fort accroissement de la production marchande. Celle-ci fut alors absorbée non seulement par la demande privée, toujours insuffisante, mais par la demande publique.

    L’Etat est, depuis toujours, situé au cœur du fonctionnement capitaliste. Mais il est clair qu’avec le Capitalisme monopoliste d’Etat, le rôle de l’Etat, en tant qu’acheteur, en tant que réalisateur de la plus-value produite, s’est considérablement accru. De ce rôle nouveau, centré sur la dépense militaire, les révolutionnaires de l’époque ont souligné les dangers : la guerre.

    Car le Capitalisme monopoliste d’Etat, ce n’est pas seulement, à cette époque, mais cela est aussi vrai aujourd’hui, la réorganisation complète de la production et de la consommation intérieures. C’est également et simultanément, l’exportation de capital. Or, si l’on exporte du Capital en dehors du territoire national, il faut en contrôler de très près le fonctionnement, l’approvisionnement en matières premières. Il faut, éventuellement de toute pièce, créer les conditions permettant l’exportation de nouveaux capitaux, et par exemple asservir des Etats, ou mieux, occuper leur territoire. Il faut, autant que faire se peut, empêcher la concurrence des capitalistes provenant d’autres pays.

    La révolution d’Octobre 1917, en Russie soviétique, est sortie non seulement du mouvement des masses mais de cette clairvoyance.

    La Société actuelle selon Fabien Roussel

    Un siècle après la publication de l’Impérialisme, Stade Suprême du Capitalisme, le Capital monopoliste est toujours au pouvoir dans les pays capitalistes développés. Nous vivons, travaillons, vieillissons, disparaissons sous l’égide et le contrôle du Capital monopoliste, et par conséquent de l’impérialisme. Les conditions d’existence et de fonctionnement de ce système sont-elles les mêmes qu’autrefois? Sommes nous toujours dans un Capitalisme monopoliste d’Etat? Qu’est devenue la société française par rapport à ce qu’elle était il y a un siècle?

    Je trouve personnellement que Marx et Lénine, et même Engels, n’ont pas du tout été sympas. Compte-tenu de leurs qualifications incontestées, ils auraient pu, avant de disparaître, expliquer les grandes lignes de ce qu’allait être notre société. Cela nous aurait évité bien des tracas.

    Au lieu de quoi, ils nous ont laissé «nous démerder». Et Marx sans doute de ricaner dans sa modeste tombe de Highgate, avec sa plaisanterie difficilement supportable selon laquelle, «depuis que je suis mort, je ne suis plus marxiste». Bref, «nous démerder». J’emploie volontairement un terme un peu grossier pour marquer avec force ce qu’est mon inquiétude et notre devoir.

    En effet, que peut-on observer? Comment le Secrétaire du PCF analyse-t-il le temps présent? Si j’en crois la France Heureuse, notre époque serait celle du «libéralisme». Telle est la notion qui semble occuper aujourd’hui l’espace de la pensée communiste, «le libéralisme», voire chez les plus sophistiqués d’entre eux, «le néo-libéralisme». La grande création politique et conceptuelle de Marie Georges Buffet fut celle, on s’en souvient, des «comités anti-libéraux».

    On retrouve constamment cette notion dans la France Heureuse. L’Union européenne est criticable par ce qu’elle est «libérale» et même «ultra-libérale» (p.63). Le gouvernement français met en œuvre «des politiques libérales» (p.6). Macron est «un libéral» (p.30). Le Maire, qui ment, est un libéral. Il existe des Verts qui «ne remettent pas en cause le libéralisme» (p.37). Favoriser à outrance les intérêts de Big Pharma, c’est mettre en œuvre «une vision libérale» (p.42). Des industries sont sacrifiées sur «l’autel du libéralisme» (p.120), etc.

    Ce faisant, le concept léniniste de Capital monopoliste s’est dissous dans la notion de «libéralisme». Il s’est évaporé. Comme il se doit, dans un processus de vaporisation de ce genre, le concept de «rapport social» a disparu lui aussi. Il n’est jamais plus question que de «logiques», qui se déploient dans «le marché». La notion de libéralisme utilisée par Fabien Roussel est extrêmement floue. C’est «la régulation par le marché» (p.55).

    Quoiqu’il en soit, le libéralisme semble être le fil rouge de ce livre, et donc de la pensée que ce livre exprime. Puisque l’élément le plus détestable du fonctionnement capitaliste est sa logique libérale, dont la caractéristique nécessairement marchande serait aujourd’hui amplifiée par la globalisation, il suffirait, pour contredire cette logique, de mettre en œuvre une contre-logique, une logique étatique, volontaire, non marchande ou semi-marchande, de façon à obtenir un résultat opposé. Lutter contre le libéralisme reviendrait donc à s’opposer à la baisse de la dépense publique (p.32). Biden est vraiment un type bien, parce qu’il utilise les moyens budgétaires et dépense de l’argent pour le peuple. C’est tout le contraire d’un libéral (p. 33). Révolutionner les rapports sociaux n’est plus à l’ordre du jour. Il faut et il suffit d’inverser les logiques.

    L’hypothèse sous-jacente à cette démarche de pensée est que les rapports économiques ont atteint un tel degré de maturité qu’il suffit d’un rien, d’une pichenette, pour les faire basculer «dans une logique radicalement différente».

    J’ai déjà eu l’occasion de raconter une «histoire chinoise» pour illustrer cette conception. Comme je suis vieux, j’ai le droit de radoter sans payer et la raconte donc à nouveau. C’est un dignitaire chinois, condamné à mort, qui demande à l’Empereur la grâce d’être exécuté par le meilleur bourreau de l’Empire, grâce qui lui est accordée. Sur le lieu du supplice, les procédures d’usage ayant été accomplies, il explique à nouveau au bourreau de lui couper la tête, mais vraiment sans le faire souffrir. Et le bourreau de lui répondre : «Mais c’est déjà fait, Votre Excellence!».

    Fabien Roussel n’est pas responsable de l’idéologie du libéralisme. Mais il la reprend à son compte. Il l’assume, cela ne me fait aucun doute. C’est l’air du temps d’une partie des communistes français, dans cette période de déchéance intellectuelle dans laquelle leurs dirigeants et leurs penseurs se sont engagés, et, du même coup, les ont engagés. Cela vaudrait quand même la peine qu’on en débatte vraiment, vous ne croyez pas? Peut-être même pourrait-on inviter au Congrès extraordinaire ayant cet ordre du jour le bourreau chinois de mon histoire ?

    Paul Boccara, lorsqu’il a conçu son système de «Sécurité Emploi Formation», raisonnait de cette manière. En système capitaliste, le chômage, observait-il, donne aux entreprises la flexibilité leur permettant d’être efficientes. Mais le chômage est en même temps une catastrophe humaine et un énorme gaspillage de ressources et d’énergie.

    Or, poursuivait-il, le système de marché est à bout de course et doit être remplacé. Mais par quoi? Précisément, expliquait-il, le socialisme de l’Union soviétique a péri pour n’avoir pas réussi à faire que les entreprises socialistes soient efficientes. Par conséquent, tirons leçon de la réussite, certes partielle et «inhumaine», des entreprises capitalistes. Mais mettons en place un mode de fonctionnement qui tout à la fois évite le chômage des travailleurs et préserve la flexibilité des entreprises. D’où sa proposition, la SEF, consistant à remplacer l’armée industrielle des chômeurs par l’armée industrielle des étudiants, mais cela sans modification des rapports sociaux capitalistes. La révolution de ces rapports n’est pas un préalable à la SEF. C’est la SEF elle-même qui, de sa propre impulsion, révolutionne ces rapports.

    Cette démarche m’est toujours apparue comme reposant sur l’hypothèse selon laquelle la révolution était déjà réalisée au plan des rapports économiques, en sorte qu’il convenait seulement de procéder au basculement budgétaire de la dépense, sans que les rapports économiques aient à être repensés de fond en comble. Le seul élément important de changement dans ce contexte était l’augmentation qualitativement nouvelle des droits des travailleurs.

    La révolution économique est donc, dans ce cadre théorique implicite, remplacée par une double intervention, budgétaire et juridique. «Il faut, explique Fabien Roussel, reprendre la main sur les banques, les assurances, sur le capital, pour que les profits réalisés aujourd’hui soient mis au service de ce pacte pour la jeunesse (il s’agit de la SEF, note JCD)» (p.149). Révolutionner la société, revient alors, selon cette conception, à redistribuer (reprendre la main), avec une surveillance (les droits) pour que la redistribution ait bien lieu comme prévu. La théorie implicite, sous-jacente à cette conception, est que «le communisme est déjà là». Lucien Sève fut seulement la manifestation savante d’une idéologie plus générale. J’évoque à peine le nom de Bernard Friot, dont les écrits sont à peu près nuls.

    Par conséquent, pourquoi mettre en péril «le communisme déjà là», en mettant en œuvre une forme de transition, le socialisme, que les anciens croyaient nécessaire, mais qui ne serait qu’une immense construction bureaucratique ? La France Heureuse de Fabien Roussel prend bien soin de se démarquer de ce que son auteur appelle l’étatisme. «L’étatisme que certains prônent encore à gauche, a montré ses limites» (p.142). En revanche, la définition de «stratégies» imposées aux grands groupes monopolistes semble avoir sa faveur. «…Que l’Etat définisse une stratégie de réindustrialisation est crucial…Concrètement, cela veut dire par exemple qu’il faut imposer à Renault de rapatrier en France la production de la Dacia Spring électrique, actuellement fabriquée en Chine, ou de la C5X de Peugeot elle aussi produite en Chine, et qui reviendra en porte-conteneurs hyper-polluants en France» (p.142). Un petit coup de patte à la Chine, en passant, ça ne mange pas de pain et l’arbitre n’y voit que du feu, donc allons-y.

    Cela dit, l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est que le contraire du libéralisme est, dans le cas présent, représenté par la formule suivante : (Etat-stratège + Renault acteur + Salariés de l’entreprise), étant entendu que cette formule tripartite serait aussi le contraire de l’étatisme.

    Le changement de logique prendrait la place, en douceur, du changement révolutionnaire des rapports sociaux de production et de consommation. Sans avoir à toucher ces rapports, changeons seulement la logique des choses et tout ira bien.

    Inutile de dire que je suis très réservé sur ce genre d’analyse. Les mots ont un sens et une portée. Ceux qu’utilise Fabien Roussel aujourd’hui révèlent que sa pensée est floue, désolé de dire les choses aussi brutalement et simplement. Dans quelques jours, les usagers de ce site pourront lire la suite de mon propos.

     

    Jean-Claude DELAUNAY

    source: https://histoireetsociete.com/

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  • À Brest, 300 manifestants contre le passe sanitaire défilent au milieu de la fête foraine

    300 manifestants contre le passe sanitaire ont défilé en ville ce samedi, à Brest. Ils se sont offert un passage au milieu de la fête foraine.

    « Macron, ton passe, on n’en veut pas » ! Drôle d’ambiance ce samedi après-midi, au milieu de la fête foraine de la foire Saint-Michel, à Brest. Pour leur onzième défilé, en ville, les manifestants contre le passe sanitaire ne pouvaient éviter un passage entre les manèges disposés de part et d’autre de la place Kennedy. Le cortège, armé de panneaux revendicatifs, s’est donc frayé un chemin au milieu des enfants et familles globalement plus intéressés par les attractions et les plaisirs sucrés que par la réception de messages revendicatifs.

    Avant cet épisode, les 300 manifestants avaient emprunté un chemin somme toute assez classique, ponctué d’une longue halte devant l’hôpital Morvan. Ce dimanche, les « anti passe » convient tous ceux qui se retrouvent dans leurs revendications autour d’une séance aérobic sur la plage du Moulin-Blanc, à partir de 11 h.

    Source : https://www.letelegramme.fr

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  • D’origine autrichienne, Eckhart a composé une chanson contre le passe sanitaire. D’origine autrichienne, Eckhart a composé une chanson contre le passe sanitaire. 

    De semaines en semaines (c’est quand même la onzième), les manifestations anti passe sanitaire et/ou anti-vaccin sont de moins en moins fournies. Par rapport à samedi dernier, le combat des irréductibles a perdu une dizaine de manifestants ce samedi 25 septembre à Châteaulin. Dérogeant à la traditionnelle passerelle, les militants se sont regroupés autour de la stèle de Jean-Moulin, comme pour signifier qu’eux aussi sont des résistants. « N’allez cependant pas croire que nous nous comparons à ce qu’a vécu le fondateur du Conseil national de la Résistance », insiste une manifestante.

    « Le passe sanitaire divise »

    À part une ou deux de personnes excessives qui dénoncent « la dictature macronienne » ou qui assurent que « les enfants vont mourir si on les vaccine », la plupart des manifestants ont échangé des arguments constructifs, avec lesquels on peut évidemment ne pas être d’accord. Charlotte, une soignante qui travaille à l’hôpital, soutient que « le vaccin a une utilité mais que le passe sanitaire divise ; ceux qui ne l’ont pas sont-ils des sous-Français ? Et si le masque protège, pourquoi le passe ? », questionne-t-elle.

    Avant d’aller défiler en ville (Grand-Rue, viaduc et retour), une note d’originalité est venue égailler la manifestation. Eckhart, un guitariste d’origine autrichienne, « marié à une Châteaulinoise », a chanté pour « dénoncer la surveillance massive qu’on sent monter dans la société ». Les manifestants ont tous entonné en chœur le refrain. Ils se sont donné rendez-vous samedi prochain.

     

    source: https://www.letelegramme.fr

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  • Des prises de paroles ont été effectuées devant la préfecture. Des prises de paroles ont été effectuées devant la préfecture. 

    « La France n’est pas une maison de pass », « Touche à nos enfants, tu vivras pas longtemps », « Libre choix », « Quoi kill en coûte », « Stop à l’état dictateur »… Pour le onzième samedi d’affilée, les slogans des manifestants anti-passe sanitaire résonnent actuellement à Quimper. Après un rassemblement devant la préfecture, où la circulation a été perturbée, le cortège a pris la direction de la place Saint Corentin au son de « liberté, résistance ».

     
    Près de 500 opposants au passe sanitaire dans les rues de Quimper

    Près de 500 manifestants sont mobilisés, un chiffre qui est sensiblement le même que pour la semaine dernière. Pour rappel, ils étaient près de 3 000 au plus fort de la mobilisation le 7 août dernier, et 1 200 (750 selon la police) le 11 septembre.


    Près de 500 opposants au passe sanitaire dans les rues de Quimper
     
    source: https://www.letelegramme.fr/ 
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