• Près de 80 personnes ont participé, samedi 9 janvier, au 5e rassemblement organisé à Quimperlé, depuis le début du mois de décembre, contre la loi de sécurité globale.Près de 80 personnes ont participé, samedi 9 janvier, au 5e rassemblement organisé à Quimperlé, depuis le début du mois de décembre, contre la loi de sécurité globale.

    L’union locale des syndicats Force Ouvrière de Quimperlé redit son opposition à la loi de « sécurité globale » et ira à Lorient manifester pour son retrait.

    « Nous nous engageons pleinement dans le comité local qui s’est mis en place à Quimperlé », disent les membres du bureau de l’union locale des syndicats Force Ouvrière de Quimperlé qui réaffirment, dans une résolution, leur opposition à la loi dite de « sécurité globale » et appellent à manifester pour son retrait. Le collectif a annoncé, lors du rassemblement organisé samedi dernier place Saint-Michel à Quimperlé, sa participation à la manifestation prévue ce samedi après-midi, à Lorient, au départ de la place Aristide-Briand.

    Selon FO, la sécurité devrait englober d’autres priorités en cette période de crise sanitaire. « Sécurité voudrait dire un budget santé quadruplé pour très correctement soigner ! Un budget éducation quadruplé pour plus sereinement enseigner ! Un budget social quadruplé pour loger, nourrir, indemniser ! Pour les relances économiques privées, les milliards d’euros trouvés devraient aller directement aux salariés pour tout ce qu’ils ont sacrifié et aux services publics partagés, hôpital, école, logement social et non aux grands patrons exonérés des cotisations de sécurité sociale ! Les jeunes en étude ou formation doivent récupérer leurs droits à l’éducation par un enseignement physique de qualité capable de préserver leur santé. Que vont devenir toutes ces compétences si l’on n’en mesure pas l’importance », revendique, dans son communiqué, l’union locale FO.

    source: https://www.letelegramme.fr/

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  • Quand les étudiants pourront-ils de nouveau suivre leurs cours en présentiel ? Pour l’heure, on l’ignore.Quand les étudiants pourront-ils de nouveau suivre leurs cours en présentiel ? Pour l’heure, on l’ignore.

    Quentin Raude est étudiant en section L3 économie-gestion à l’Université de Bretagne Occidentale à Brest. Alors que le point presse du gouvernement de ce jeudi, à 18 h, prévoit l’intervention de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, il livre son témoignage sur le premier semestre qui s’achève, les difficultés rencontrées, la détresse des étudiants et ses craintes pour l’avenir.

    « Vendredi, s’est achevé un semestre universitaire qui s’est déroulé dans des conditions aussi improbables qu’insoutenables. Si les collégiens et lycéens ont la chance de suivre des cours en présentiel depuis septembre, les universitaires se sont contentés de cours en distanciel, d’abord jusqu’à janvier. Mais l’espoir d’un retour à l’université s’est vite envolé suite à la récente annonce d’un recul de la date de reprise des cours en présentiel au 8 février, hormis pour les L1 sous de strictes conditions ».

    « Quelle motivation reste-t-il ? »

    « Une décision décevante, pour ne pas dire injuste et incohérente. Et pour cause, l’université est depuis déjà bien des années la grande oubliée. Aux restrictions budgétaires, aux heures de cours supprimées, vient s’ajouter une profonde indifférence, un oubli de l’université et de ses acteurs dans les décisions liées à la gestion de la pandémie. Pour maintenir une même qualité de travail, étudiants comme enseignants ont redoublé d’efforts pour ne pas se laisser aller au désespoir et au décrochage. Mais aujourd’hui, quelle motivation reste-t-il quand l’avenir ne nous laisse plus avoir confiance en nos projets ? Serait-ce un caprice qu’oser demander des conditions d’études décentes, à une période où la pression sanitaire, mais aussi d’orientation semble s’être durablement installée ? »

    « Malgré des modalités d’examens améliorées, quelle sera la reconnaissance de nos diplômes et compétences, la moitié de notre formation ayant eu lieu en ligne si les décisions en vigueur se reconduisent jusqu’à la fin de ce nouveau semestre ? Quelles perspectives peut-on espérer sur le marché du travail, lorsqu’on se rend déjà bien compte de la difficulté de trouver un stage dans ce contexte ? ».

    « Isolement social »

    « Prendre soin de la société, est-ce la protéger d’une épidémie au prix de la résignation pour ceux dont Erasmus a viré au cauchemar, de l’isolement social et d’une détresse psychologique croissante ? À quoi bon fixer des dates de reprise si celles-ci n’appellent qu’à une accumulation de faux espoirs ? Peut-on encore légitimement espérer revenir à la fac avant septembre, sachant que nous serons les derniers vaccinés ? Devons-nous continuer à honorer le loyer d’un logement dont nous n’aurons peut-être plus l’usage ? »

    « Fermer les universités, afin d’éviter l’organisation de soirées, ne serait-ce pas une fausse bonne excuse lorsqu’on sait que les week-ends n’empêchent pas les regroupements ? Qu’existe-t-il de risqué à envisager une reprise des TD en présentiel, les effectifs d’un TD n’étant pas plus surchargés que ceux d’une classe de lycée ? Pourquoi devrions-nous, universitaires et universités, nécessairement nous plier à des décisions prises loin d’une réalité que ses acteurs seraient mieux à même d’appréhender ? ».

    « Détresse étudiante »

    « La richesse sociale et intellectuelle, symboles universitaires, ne saurait se résumer à une substitution du capital humain par le capital technologique, à un cloisonnement de l’accès à la connaissance aux seules interfaces numériques. Nous n’avons pas la prétention d’être les porte-parole d’une génération, peut-être juste celle de révéler la détresse étudiante qui se dessine et qui, nous l’espérons, ne deviendra pas bientôt enseignante ».

     

    Propos recueillis par la rédaction du Télégramme

    Source: https://www.letelegramme.fr/

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  • Lorsqu’en octobre dernier j’appris que cet ami, 72 ans, avait été laissé chez lui une dizaine de jours, tout seul à l’abandon, avec 40° de fièvre, un Covid carabiné et du doliprane, j’avoue qu’un moment de découragement avait fini par submerger ma colère.

    Où étaient-ils donc tous ces médecins ? Où était donc leur serment d’Hippocrate ? Ça faisait plusieurs mois qu’ils acceptaient sans broncher les injonctions insupportables d’autorités insupportables qui leur interdisaient de prescrire certains médicaments. Qui leur intimaient silence, obéissance et les menaçaient de sanctions. Comme des enfants. Et on ne les entendaient pas !

    Bien sûr, il y avait quelques intraitables, les professeurs Raoult, Perronne, Toubiana, Toussaint, Henrion-Caude… Mais ceux-là n’étaient que la petite partie immergée d’un iceberg médical désolant, sous séquestre d’un Conseil de l’Ordre infamant.

    « Notre première résolution : la création d’un Conseil scientifique indépendant »

    Or voilà les médecins de l’ombre qui remontent enfin à la lumière. Les voilà qui ruent enfin dans les brancards :

    « Nous avons créé une coordination qui s’appelle “Santé libre” représentant plus de 30.000 médecins, autant de soignants et plus de 100 000 citoyens. La première résolution que nous avons prise est la création d’un Conseil scientifique indépendant. »

    Dr Violaine Guérin, coordination “Santé libre”

    « Ce n’est pas à un ministre qui n’y connaît rien de donner des ordres à des médecins »

    « À force d’avoir peur de la mort, nous avons peur de la vie. Le ministre de la Santé, il n’y connaît rien. Ce n’est pas lui qui va nous donner des ordres à nous médecins. »

    Pr Henri Joyeux

    « Vous allez voir que cette crise va révéler une époque héroïque »

    « Vous savez très bien que tout cela va s’effondrer parce que ça n’est pas viable. Vous devez tenir. Ne vous laissez pas faire et transformez votre colère en courage. La colère, l’indignation doivent devenir du courage. Et vous allez voir qu’en fait, vous êtes en train de devenir un héros. Et que cette crise va révéler une époque héroïque.

    Dr Louis Fouché

     

    source: https://yetiblog.org/

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  • Conférence de coordination des collectifs de médecins indépendants pour une autre gestion sanitaire Samedi 09 janvier 2021 ( Paris)

    Les collectifs de médecins favorables à une autre politique sanitaire s'organisent. Ils se regroupent en un comité santé/liberté pour défendre les patients et leurs médecins, ainsi que les libertés publiques, en particulier la liberté de prescrire et la liberté de choix du patient face à la politique vaccinale.

    Ils soulignent qu'il existe d'autres voies thérapeutiques très efficaces face à cette pandémie et que rien ne justifie les mesures sanitaires actuelles comme le couvre-feu, le port du masque dans la rue, la fermeture des restaurants, bars, salles de spectacles, etc.

    Un  comité scientifique indépendant sans conflits d'intérêt est créé pour guider une autre politique sanitaire et émettre des avis.   

    Les Porte-paroles:Dr Violaine Guérin ( Laissons les médecins prescrire) Martine Wonner ( Députée) Alain Houpert (Sénateur) Dr Eric Ménat (Médecin généraliste) Dr Gérard Guillaume (Rhumatologue) Dr Claude Escarguel ( Microbiologiste) Dr Claire Delval ( Réinfocovid)  

    Remerciement: Alexandre Mouci, Nicolas Stoquer

     

     

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    Les 30 mesures d’urgence du PRCF : Pour construire de nouveaux « Jours heureux »

     

    Cher(e)s concitoyen(ne)s et camarades,

    Confronté au COVID 19 qu’il avait gravement sous-estimé, E. Macron a juré qu’il allait désormais respecter les services publics, la souveraineté nationale et les acquis sociaux. Mais comment le croire ? Poursuivant et aggravant la politique de dissolution de la France dans l’Union européenne supranationale, Macron n’a cessé, après Raffarin, Sarkozy et Hollande, de dévaster les acquis de la Libération, de privatiser les services publics et de laisser le grand patronat délocaliser nos industries. Malgré le dévouement des soignants, l’hôpital public dépecé par l’austérité a été mis structurellement hors d’état d’encaisser la pandémie et des milliers de concitoyens ont péri prématurément dans des conditions épouvantables.

    En effet, cette crise sanitaire a révélé de manière terrible…

    • Les horreurs de la mondialisation capitaliste qui, au nom de la « totale liberté de circulation » du capital, a détruit toutes les protections sociales, environnementales et sanitaires existantes.
    • La nocivité de l’euro, ce clone du deutsche Mark adossé aux critères de Maastricht qui imposent l’austérité perpétuelle sur les salaires, les retraites et les services publics.
    • La malfaisance de l’UE qui devait, soi-disant, nous « protéger » et qui a fait de l’Europe l’épicentre de la pandémie ! Chacun a mesuré l’égoïsme de Berlin et des gouvernants de l’Europe du nord, le lâchage de l’Italie (qui a obtenu plus d’aide médicale de Cuba ou de la Chine populaire que de l’UE !). L’UE, qui se définit comme une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (Traité de Maastricht), est en fait le cheval de Troie de la mondialisation capitaliste en Europe ! Quoi qu’en disent les charlatans de l’« Europe sociale », sortir de la mondialisation capitaliste implique de rompre résolument avec l’UE !
    • Le caractère suicidaire du capitalisme mondial, uniquement soucieux de profit et indifférent, comme on le voit avec l’irresponsable Trump, à la paix mondiale, à l’environnement et à la santé publique.

    C’est pourquoi, à l’heure du « déconfinement » annoncé, il faut affronter Macron-MEDEF et l’UE qui nous ont conduits à la catastrophe, nous devons exiger…

    1. Le retrait définitif de toutes les contre-réformes maastrichtiennes (code du travail, retraites, Education, Université, Recherche, Hôpital, SNCF, EDF, ADP), des fusions industrielles capitalistes (Renault, PSA, Alstom…), des délocalisations… Taxation des milliardaires, qui sont les grands profiteurs de l’euro-mondialisation capitaliste ! Pas un salaire diminué, pas un emploi supprimé, pas une retraite surtaxée, pas un droit amoindri au nom de la crise Nationalisation des firmes pharmaceutiques sans indemnités pour les gros actionnaires !
    • La sortie, par la porte à gauche, des institutions de l’euro-mondialisation capitaliste, afin de réduire les inégalités, d’instaurer une démocratie populaire, de nationaliser les banques et les entreprises stratégiques, etc. : UE, OTAN, FMI, OMC, dehors !
    • La lutte pour une société socialiste en marche vers le communisme où les travailleurs seront maîtres et possesseurs des moyens de production et d’échange pour le bénéfice de tous.

    Dans cet esprit, le PRCF soumet son  à l’examen de tous ceux qui cherchent une issue humaine, en proposant  immédiates pour faire face à l’euro-dissolution de la France et de la République, l’euro-démantèlement des services publics, l’euro-destruction des conquêtes sociales et démocratiques, l’euro-arasement des libertés publiques.

    Ces mesures seront publiées par thématique jusqu’à l’été, chaque mois étant consacré spécifiquement à une thématique. Ainsi, vous découvrirez :

    • En janvier 2021, les mesures institutionnelles et politiques pour rétablir une République souveraine et démocratiques.
    • En février 2021, les mesures économiques et productives pour mettre l’économie au service des travailleurs.
    • En mars 2021, les mesures monétaires et fiscales pour déposséder le grand Capital et ses ressources.
    • En avril 2021, les mesures salariales et sociale pour partager le Travail et toutes les richesses.
    • En mai 2021, les mesures culturelles et civilisationnelles pour promouvoir les Lumières communes.
    • En juin 2021, les mesures de Défense et de Relations extérieures pour Défendre la paix et la coopération internationales.

    Pour construire une République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, il faut d’urgence sortir la France de l’euro, cette austérité continentale faite monnaie, de l’UE, cette prison des peuples dominée par Berlin, de l’OTAN, cette machine de guerre au service de Washington, et du capitalisme, ce système périmé qui mène toute l’humanité vers le gouffre.

    Communistes, syndicalistes, gilets jaunes, républicains, travailleurs et citoyens : débattons de ces propositions pour une rupture progressiste et agissons tous ensemble en même temps contre ce régime pourri pour qu’adviennent enfin les nouveaux « Jours heureux » !

    GRANDES ORIENTATIONS PROGRAMMATIQUES des MILITANTS FRANCHEMENT COMMUNISTES DU P.R.C.F.

    Pour reconstruire notre pays cassé par quarante années de politique maastrichtienne, pour rouvrir à notre peuple la voie du socialisme et du communisme, nous voulons une République française…

    1. Indépendante et souveraine : affranchissement au plus tôt de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et des autres institutions de la mondialisation capitaliste (FMI, OMC, Banque mondiale…).
    • Sociale et centrée sur le monde du travail : droits étendus pour les travailleurs, augmentation des petits et moyens salaires, gratuité des soins, réduction des inégalités, reconstruction de services publics accessibles partout, taxation des milliardaires et du grand capital, titularisation des précaires, régularisation des travailleurs sans papiers.
    • Démocratique et populaire : proportionnelle à toutes les élections, démocratie directe à tous niveaux (y compris par le RIC), élection d’une Assemblée nationale des Travailleurs ayant droit de veto et d’initiative sur tout projet socioéconomique, Constitution démocratique évinçant la monarchie déguisée qu’est la Ve « République », démocratisation des médias et des instances régaliennes.
    • Maîtresse des grands moyens de production et d’échanges : nationalisation des banques et des entreprises stratégiques ; contrôle des travailleurs sur la gestion d’entreprise ; reconstruction démocratiquement planifiée, à partir du secteur industriel public reconstitué, du produire en France industriel et agricole en partenariat avec les organisations de salariés et de paysans ainsi que les PME.
    • À l’initiative sur le plan culturel : en synergie avec les langues régionales, dans un constant dialogue fraternel avec les pays francophones, le français, langue de la République, doit reconquérir le terrain perdu devant le tout-Globish de la « mondialisation » capitaliste ; relance et démocratisation des institutions culturelles publiques pour impulser le « créer » et le « chercher » en France dans un esprit d’ouverture sur le monde.
    • Écologiste : renationalisation à 100% d’EDF-GDF pour construire un mixte énergétique français soutenable et activer la transition écologique ; taxation du fret routier international et reconstruction de la SNCF ; relocalisation des productions, soutien aux consommations socialement soutenables et rupture avec le consumérisme (notamment alimentaire et énergétique) effréné des privilégiés ; contre le tout-profitdéfenseurs des droits sociaux et de l’environnement, unissons-nous !
    • Une et indivisible : mêmes lois et services sur tout le territoire ; combat contre le racisme, le sexisme et les replis régionalistes et intégristes ; fin des « euro-régions » et du primat des « métropoles », priorité aux communes et départements ; aménagement national du territoire pour désenclaver l’habitat rural et les banlieues paupérisées tout en reconstruisant des centres-villes dynamiques pour tous.
    • Laïque et tournée vers les « Lumières communes » : essor d’une Education nationale de qualité pour tous, de la Recherche publique, de l’Université ; promotion de l’instruction et du savoir par les sciences, les arts, la philosophie, l’histoire, la culture économique, sociale et juridique, l’étude raisonnée des technologies, l’Education physique et sportive, mais aussi les formations et les disciplines manuelles.
    • Pacifique et internationaliste : promotion du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes contre toute ingérence impériale ou néocoloniale ; défense de la paix mondiale, refus de toute résurgence fasciste ; nouveaux traités de coopération avec les pays de tous les continents, y compris Chine, Russie, Iran, pays d’Afrique, Alternative bolivarienne des Amériques, Europe du sud, etc.

     Clairement située dans le camp mondial du progrès contre la réaction et l’anticommunisme : soutien au camp du Travail contre l’exploitation, des peuples contre l’oppression (défense des droits du peuple palestinien et refus du blocus anti-cubain en particulier), de l’égalité hommes/femmes, du droit pour les peuples qui en décident ainsi de construire le socialisme chez eux sans subir l’ingérence des puissances impérialiste.

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

     

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  • Voilà ce que, dans un premier temps, on a colporté : alors qu’il briguait un troisième mandat [1] au nom du Mouvement vers le socialisme (MAS), Evo Morales a été déclaré vainqueur au premier tour de l’élection présidentielle d’octobre 2019 ; l’opposition a dénoncé une fraude immédiatement confirmée par l’Organisation des Etats américains (OEA). Tandis qu’éclataient de violentes manifestations et des affrontements entre partisans et détracteurs du chef de l’Etat, celui-ci, lâché par la police et l’armée, a finalement « démissionné » avant de « s’enfuir » au Mexique, puis en Argentine, en compagnie de son vice-président Álvaro García Linera. Des démissions en cascade ayant créé un vide de pouvoir à la tête de l’Etat, la deuxième vice-présidente (de droite) du Sénat Jeanine Añez a prêté serment, sans quorum (mais avec la bénédiction des militaires), le MAS ne s’étant pas joint à la session du Parlement.

    Suite à ces événements, les gauches bolivienne et latino-américaines ont clamé dans le désert en dénonçant un coup d’Etat. L’usine à dénigrement tournait alors à plein régime, mettant fondamentalement en cause les errements d’Evo Morales et de son parti. Pourtant, des études menées par des chercheurs d’organismes et universités étrangères indépendants confirmèrent rapidement que les rapports ayant conduit aux accusations de trucage de votes étaient faux. N’en déplaise à l‘OEA, à Washington, à l’Union européenne et à leurs associés, Morales, en 2019, avait bel et bien été réélu [2].
    Cette affirmation fit généralement hausser les épaules. Disons… jusqu’au 18 octobre 2020. Ce dimanche, « surprenant tout le monde (…) aucun sondage, aucune analyse (n’ayant) prévu un tel scénario [3] », Luis Arce, candidat du MAS et dauphin de l’ancien chef de l’Etat, remporta la nouvelle élection présidentielle, dès le premier tour, avec plus de 55 % des voix ! A l’issue des législatives, le MAS retrouvait la majorité absolue dans les deux chambres du Parlement, onze mois après avoir été chassé du pouvoir, soi disant à cause de « ses dérives et de son mépris de la démocratie ».

    Sale temps pour certains érudits. Tel qui, à l’extrême gauche (Patrick Guillaudat), travaillait l’opinion, de concert avec la meute, au moment de la curée – « La fraude est inexcusable car, outre l’usurpation démocratique qu’elle représente, elle est en grande partie la source de nouveaux malheurs qui risquent de s’abattre sur le peuple bolivien » – effectue un triple saut périlleux pour tenter de retomber sur ses pieds et dans le sens du vent : « Le coup d’Etat a réussi sur la base de fausses informations propagées par l’OEA, relayées et amplifiées par les médias [4]. » Des médias qui, dans ce cas précis, ont le dos large, mais qu’on ne se croira pas obligé de défendre ici. Du Times étatsunien – « Comment l’ambition d’Evo Morales a contribué à sa chute » (11/11/19) – aux français Le Monde – « Les erreurs d’Evo Morales » (15/11/19) – ou Le Point – « L’effondrement du mythe Evo Morales » (19/11/19) –, nul n’a évoqué ni dénoncé l’existence d’un « coup d’Etat ».

    A quelques jours de l’élection d’octobre 2020, à laquelle l’ex-chef de l’Etat, réfugié en Argentine, ne peut participer, Le Monde en rajoute encore une couche en évoquant « l’icône déchue »  : « La chute de la maison Morales » (4-5/10/20). Quand Luis Arce l’emporte, le quotidien du soir, pris à contrepied, cherche une porte de sortie : « En Bolivie, le MAS a survécu à Evo Morales et il a gagné sans lui » (27/10/20).

    S’il fallait résumer l’ambiance, on se référerait à un couple médiatique particulièrement à la mode : Pablo Stefanoni (argentin) et Fernando Molina (bolivien). Ni l’un ni l’autre ne soutiennent explicitement la droite et encore moins l’extrême droite. Toutefois, le premier a inventé l’expression « national-stalinisme » pour qualifier le Venezuela bolivarien ; le second a repris l’expression pour l’appliquer à la Bolivie, l’explicitant ainsi : « (…) un anti-impérialisme stéréotypé, enclin à des théories de conspiration fantaisistes, peu attaché à la démocratie et avec une tendance à organiser des purges internes [5] » Stefanoni préfère les mots « crise », « chute », « fantasmes de la gauche », « caudillisme » (d’Evo Morales) au terme coup d’Etat. En janvier 2020, alors que la gauche bolivienne réclame à grands cris le départ d’Añez et des élections, Molina peaufine son argumentation : « Les illusions sur un "miracle électoral", que nourrit Morales en exil, sont vaines. Les difficultés que connaît aujourd’hui son mouvement se répéteront tout au long de la campagne. La défaite du MAS est profonde et sera durable (et elle est en partie due aux erreurs personnelles de Morales, ce qu’il ferait bien d’accepter) [6] ».
    On pourrait se contenter de pouffer devant une capacité d’analyse si cruellement démentie par les faits. Toutefois, si nous nous attardons ici sur les duettistes Stefanoni et Molina, c’est qu’on retrouve leurs articles, omniprésents, signés conjointement ou individuellement, dans (entre autres !) Nueva Sociedad (liée à la social-démocratie allemande [7]), Médiapart (publication « attrape-tout »), Attac et le Centre tricontinental (alter-mondialisme raisonnablement « intégré »), Le Monde et El País (chiens de garde du système) et… A l’Encontre (extrême gauche post-trotskiste). Une unanimité symptomatique du confusionnisme idéologique et du brouillage politique de l’époque.
     
    Contre toute attente, le MAS revient au pouvoir. Le gouvernement de facto ayant été par trop caricatural, chacun, soudain, affecte de s’en féliciter. Mais la petite musique demeure : si la droite et l’extrême-droite ont un temps mis la Bolivie cul par dessus tête, c’est du fait de la gestion « caudilliste » de Morales. Lequel, désormais, ferait bien de s’effacer définitivement.

    Un mouvement politique est une organisation humaine avec ses hauts et ses bas, ses temps forts, ses temps faibles et ses pauses. Et qui donc commet des erreurs, subit naturellement une érosion au fil du temps. Ce qui mérite d’être questionné, mais ne vaut pas obligatoirement condamnation définitive. Ainsi, à l’évidence, Evo Morales lui-même se fourvoie quand, fin octobre 2019, il accepte que le verdict de l’OEA – totalement inféodée à Washington – sur l’existence ou non d’une fraude soit « contraignant ». Lorsque le piège se referme, l’absence de résistance des forces populaires peut de même et légitimement interpeller. « Il est clair que nous n’étions pas préparés à un tel coup d’Etat, ni au sein du gouvernement national ni depuis les organisations sociales, admettra Luis Arce, en mars 2020. Le divorce qui existait entre les bases et les dirigeants des organisations sociales a été évident, au point que les dirigeants ont été dépassés par les bases [8]. »
    Réfugié pendant onze mois dans l’ambassade du Mexique, Hugo Moldiz, avocat, universitaire et ministre de l’Intérieur de Morales en 2015, y analysera les faiblesses du mouvement : « Premièrement, la négligence du travail politico-idéologique, causée par la surcharge de la gestion ; deuxièmement, la confortable délégation au Président et aux dirigeants de l’Etat d’activités et de tâches qui auraient dû être effectuées par les membres d’un bloc populaire démobilisé et de plus en plus apathique ; troisièmement, l’affaiblissement des relations entre la direction et sa base sociale, avec des contacts de moins en moins étroits et fréquents ; quatrièmement, la capacité de contre-offensive quasi inexistante sur le terrain communicationnel, crucial, mais largement dominé par les ennemis du processus [9]. »

    Critiques légitimes, autocritique nécessaire, qu’on pourrait développer plus amplement. Et dont la nécessité, d’ailleurs, n’échappait pas dans les plus hautes sphères du pouvoir. Lorsque, en décembre 2016, le vice-président García Linera annonça qu’il ne postulerait pas à la réélection, il expliqua ainsi sa décision : « Je vais terminer un cycle à la vice-présidence et je sens que je peux contribuer à d’autres niveaux que je considère déficients dans ce projet historique, où des problèmes apparaissent... Fondamentalement dans la formation politique (…) En bref, je veux me consacrer maintenant à la formation de nouveaux dirigeants politiques et sociaux [10]. » Soumis à une forte pression, il revint sur cette décision un peu plus tard. Toutefois, une approche raisonnée de la réalité politique bolivienne incite à appréhender celle-ci dans toute sa complexité si l’on entend en juger les acteurs, à commencer par les gouvernants.
     
    Pour l’avoir déjà explicitée, on ne reviendra pas ici sur la manipulation sophistiquée qui a fait perdre de très peu à Evo Morales (51 % des suffrages) le référendum de février 2016 visant à réformer la Constitution pour lui permettre de se représenter en 2019 [11]. En revanche, ce qui suivit mérite d’être rappelé. En cherchant une « solution alternative légale » pour contourner ce « non » reposant sur une « fake news » , le chef de l’Etat obéit-il alors à une obsession de s’éterniser au pouvoir, malgré l’avis des mouvements sociaux ?
    Questionné, García Linera est récemment revenu sur cet épisode controversé [12] : « Lorsque la décision est prise quant à la suite à donner au référendum, ce n’est pas un décret présidentiel qui ordonne à Evo de se représenter, mais une grande réunion des organisations sociales, qui a lieu dans le Département de Santa Cruz, à Montero. Une option consistait à rechercher d’autres dirigeants et, de fait, plusieurs noms commençaient déjà à émerger. Mais d’autres ont dit “non, nous devons chercher une sorte de consultation juridique”. Il y a eu un débat intense pendant trois jours et, à la fin de cette assemblée du MAS, qui comprenait des directions de syndicats, de corporations et de paysans, il a été décidé d’avancer dans cette direction. On craignait que, si Evo ne se représentait pas, il en résulterait une sorte d’explosion [du nombre] de nouveaux leaders, avec les risques de division, comme cela a déjà été le cas dans des grands partis, y compris au sein de la gauche. Quand le chef principal n’est plus là, par exemple Marcelo Quiroga Santa Cruz avec le Parti socialiste, alors apparaissent les PS1, PS2, PS3, PS4 et PS5 [13] »

    C’est bel et bien une majorité des secteurs sociaux présents au sein du MAS qui a poussé Evo Morales à se représenter et qui a cherché une voie constitutionnelle pour l’habiliter en tant que candidat – et non la « dérive monarchique vers un mandat à vie » d’un « caudillo », comme fantasma, avec bien d’autres, Libération (19/2/2016). Le parti considéra n’avoir de chance de remporter les élections qu’avec son leader historique comme candidat, lui seul pouvant garantir que les forces sociales demeureraient unies.

    « Unies » ? Au plus fort de la crise de 2019, on a beaucoup glosé sur le fait que la direction de la Centrale ouvrière bolivienne (COB) a, comme les militaires et l’Eglise, « conseillé » au chef de l’Etat de démissionner. Secrétaire exécutif de la Confédération syndicale des travailleurs paysans de Bolivie (CSUTCB), le leader aymara Nelson Condori alla plus loin en déclarant : « Evo Morales ne fait plus partie de la Bolivie (…) La justice le jugera pour tout ce qu’il a fait. » Cela valut à Condori d’être désavoué par une grande partie de sa base, mais ce n’est pas ce que l’on retint.
    Rien de bien nouveau, en réalité. En 2005, le dirigeant de la COB, Jaime Solares, s’opposait déjà à Morales – qualifié de « traître » – en évoquant une « révolution ouvrière-paysanne, c’est-à-dire la prise du pouvoir par l’insurrection populaire  » et non dans le cadre des élections à venir. Même opposition à l’époque au sein de la Fédération des conseils de quartier (Fejuve) et la Centrale ouvrière régionale (COR) d’El Alto ou au Conseil des Ayllus et Markas du Qollasuyo (Conamaq).Leader du Mouvement indigène pachakuti (MIP) et de la CSUTCB, l’aymara radical Felipe Quispe, le « mallku » (condor en aymara)commentait ainsi pour sa part les trois semaines de manifestations sociales ayant poussé le président néolibéral Carlos Mesa à la démission : « Le peuple a triomphé. On a acculé Mesa et le MAS, qui avait pactisé avec lui. »
    Le peuple triompha, de fait, quelques mois plus tard. Mais en élisant « Evo » (comme l’appellent familièrement ses partisans) avec 53,72 % des suffrages, Quispe n’en recueillant que 2,21 % (ce qui entraîna la disparition de son parti).

    En janvier 2013, après avoir rallié Morales, la direction de la COB effectuera un nouveau 180° en annonçant la création d’un nouvel instrument politique, concurrent du MAS : « Les travailleurs ont vu que le gouvernement commet beaucoup d’erreurs et a une mauvaise gestion », déclara alors le secrétaire exécutif du syndicat Juan Carlos Trujillo. Deux ans auparavant, avait eu lieu la « fameuse » crise du TIPNIS – l’opposition à la construction d’une route à travers le parc national du même nom, pour désenclaver la région. A cette occasion, le Conamaq, la Confédération des peuples indigènes de Bolivie (CIDOB) et une fois de plus la COB s’opposèrent au pouvoir. Parmi bien d’autres, la CSUTCB cette fois l’appuya. Il n’empêche : « Sa base se retourne contre Evo Morales », put-on lire ici et là (et même quasiment partout).
    Lors de l’élection présidentielle qui suivit, le 12 octobre 2014, le président si unanimement contesté fut réélu au premier tour avec… 61,36 % des voix ! Au nom de l’éphémère Parti vert bolivien (PVB), le leader des manifestations en défense du TIPNIS (enfant chéri des ONG européennes et des défenseurs « radicaux » de l’environnement), Fernando Vargas, obtint… 2,79 % des suffrages et aucun siège au Parlement.
     
    Détail à l’intention de ces « écolos anti-Evo », très intransigeants mais parfois un peu distraits : le 7 juillet 2020, Janine Añez, la « présidente » portée au pouvoir par la droite la plus raciste et réactionnaire, a récompensé leur protégé Vargas en le nommant directeur du Fonds de développement indigène (dépendant du ministère du Développement rural et des terres) ; au même moment, Añez autorisait l’introduction en Bolivie de nouveaux OGM de maïs, de canne à sucre, de coton, de blé et de soja. Sans parler des plus de trente morts, huit cents blessés et 1 500 détenus de façon illégale (en utilisant la figure de « détention préventive »), imputables à la répression qu’elle avait déclenchée. Ce qui, manifestement, ne troubla guère l’ « écologiste » Vargas.

    On pourrait multiplier les exemples des conflits et fractures qui ont jalonné ces quinze dernières années, pourtant globalement riches de succès. Ils ramènent à une vérité première : le MAS n’est pas un parti au sens classique du terme, mais, de son vrai nom MAS-IPSP (Instrument politique pour la souveraineté des peuples), un mouvement politico-social surgi de l’action populaire collective. Depuis sa naissance, les tensions, horizontales, entre dirigeants, et verticales, à l’égard du pouvoir, ont été une constante à l’intérieur du mouvement. Capable de s’unir en temps de crise, ce vaste torrent contestataire se caractérise par une très grande fragmentation. « Divisions territoriales, idéologiques, religieuses, de classe », nous expliquait déjà l’intellectuel et ex-guérillero García Linera en 2005, quelques semaines avant que Morales ne devienne le premier président indigène du pays et que lui-même n’intègre la vice-présidence [14]A certains moments, ce mouvement construit des unités territoriales, locales, autour de thèmes très quotidiens – eau, électricité, énergie [15]. En période de tension, cela se transforme en force et en actions collectives, qui, au plus fort de la confrontation, s’articulent en mouvement de masse. Avant de sombrer à nouveau dans la division une fois l’objectif commun atteint [16]. »
    De premier ou de second rang, les organisations font régulièrement monter les enchères, liant leurs appuis ou leurs volte-face non aux problèmes de fond, mais à la satisfaction de revendications corporatistes et aux quotas de pouvoir qu’elles entendent obtenir, avec (ou, s’il le faut, contre) le MAS, au Congrès. « Quand votre frère est président, certains secteurs manifestent une ambition exagérée, commentera Morales. Certains revendiquent des choses qui ne sont pas souhaitables pour les autres secteurs sociaux. Ils ne pensent pas à la Bolivie, mais seulement à leur secteur ou à une fraction de citoyens. (…) Les mêmes mouvements sociaux nous ont dit, lors de réunions, qu’ils ne venaient pas pour discuter et élaborer les politiques, mais pour obtenir la distribution de projets et de travaux. Ils ne voulaient pas de débat idéologique [17]…  »

    Quoi qu’on en pense, le grand mérite d’« Evo », devenu l’incarnation d’un peuple qui se redresse, le symbole des populations indigènes, des mineurs, paysans et « cocaleros », est d’avoir été le ciment unifiant ce bloc et le maintenant au pouvoir pendant quinze années, pour le plus grand profit – ce qui n’a rien de secondaire – des déshérités. Un exploit dans un pays aussi difficilement gouvernable que la Bolivie (plus de 180 coups d’Etat depuis l’indépendance en 1825). Une configuration particulière dont il faut tenir compte pour comprendre le déroulement des événements postérieurs au coup d’Etat.
     
    Novembre 2019. L’extrême droite multiplie ses appels incendiaires. Des « masistas » (partisans, militants ou dirigeants du MAS) sont pris en otage. Pour protéger leur intégrité ou celle de leurs familles, les plus inquiétés démissionnent – Adriana Salvatierra (présidente du Sénat), Victor Borda (président de l’Assemblée), César Navarro (ministre des Mines), des maires, des députés, etc. Evo et García Linera s’exilent au Mexique (comme Luis Arce, jusqu’à janvier 2020). Añez s’empare du pouvoir. Cinq ministres, « poids lourds » du MAS, doivent se réfugier dans l’ambassade du Mexique [18]. Il y a déjà des morts et des blessés.
    Enchevêtrement d’enjeux et d’intérêts : alors que le cœur politique du « masismo » se trouve considérablement affaibli, un dur débat s’engage entre, semble-t-il, « idéalistes » et « réalistes » à la tête du mouvement. Avec un clair avantage pour les seconds, dans un premier temps.
     
    Le 14 novembre, les législateurs du MAS encore présents et toujours majoritaires élisent Eva Copa présidente du Sénat et Sergio Choque à la tête de la Chambre des députés. Choque déclare immédiatement : « La Bolivie a besoin de paix, nous ne pouvons pas continuer à nous maltraiter les uns les autres, nous travaillerons toujours en accord avec la constitution politique de l’Etat. » De leur côté, les nouveaux maîtres du pays annoncent le début de conversations avec le MAS « pour sortir de l’affrontement ». De fait, et alors que, dans la rue, une dure répression s’abat sur les protestataires, la COB et une fraction des mouvements sociaux, encouragées par l’ONU et l’Union européenne, signent un « accord de pacification » avec les putschistes. Le Sénat vote à l’unanimité une loi d’urgence qui permet de convoquer de nouvelles élections – avec le MAS, mais sans Morales et García Linera, ostensiblement lâchés. Lors de la promulgation du texte, Eva Copa se laisse photographier aux côtés de la présidente autoproclamée, la légitimant de faitEt c’est ensemble que les deux parties désignent de nouvelles autorités électorales (pendant que les anciennes sont pourchassées et arrêtées).

    S’opposant au ministre de l’Intérieur Arturo Murillo, qui annonce des poursuites contre Morales et l’ex-ministre de la présidence Juan Ramón Quintana pour « terrorisme et sédition », les députés réclament une loi assurant l’immunité de l’ex-chef de l’Etat et de ses fonctionnaires. Depuis le Sénat qu’elle dirige, Eva Copa s’en démarque ostensiblement : « Nous n’avons jamais réclamé une loi d’immunité, je pense qu’il y a eu une mauvaise interprétation à ce sujet. (...) Les personnes qui ont enfreint la loi devront être punies en conséquence, qu’elles soient d’un côté ou de l’autre. (...) L’enjeu est de mettre de côté les positions, ni le gouvernement de transition ni nous ne pouvons nous montrer intransigeants [19]Pour la petite histoire, Copa n’appartient pas au cercle rapproché d’Evo Morales et en garde une certaine amertume, qu’elle exprimera à l’occasion. Tout comme elle multiplie publiquement les critiques à l’égard de la direction de son propre parti (ce dont la presse de droite fait fort logiquement ses choux gras).
    D’autres voix s’élèvent au sein du MAS, elles aussi pour le moins surprenantes. Fin décembre, le député Tito Veizaga appelle les anciens ministres d’Evo Morales – menacés et pourchassés par Murillo – à assumer leurs responsabilités : « Ils doivent faire face à la justice, car tôt ou tard, ils devront l’affronter. » Sénateur, Efraín Chambi reprend lui aussi le discours de la droite en affirmant que les ex-juges du Tribunal suprême électoral (TSE) – arbitrairement emprisonnés – ont trahi la confiance des mouvements sociaux : « Ils doivent être jugés car ils ont joué avec la vie démocratique du pays. »

     

    A l’inverse, celle qui a précédé Eva Copa à la tête du Sénat, a démissionné le 14 novembre, mais demeure sénatrice, Adriana Salvatierra, manifeste une totale solidarité à l’égard des siens : « Je ne suis pas d’accord pour appeler cette administration transitoire "gouvernement". Nous ne pouvons pas reconnaître en cette occupation un gouvernement car, en plus de continuer à s’appuyer sur les chars [militaires], ils prennent des décisions structurelles alors qu’ils ne sont pas qualifiés pour cela. »
    Dans son camp, certains clouent Salvatierra au pilori – à commencer par su « hermana » (sœur) Eva Copa. D’autres l’accusent de « désertion ». D’après la Constitution, c’est le ou la président(e) du Sénat qui assume le pouvoir en l’absence du chef de l’Etat. En démissionnant après le départ de Morales (comme l’ont fait son premier vice-président, Rubén Medinace, et le président de la Chambre des députés Victor Borja), Salvatierra aurait imprudemment laissé la voie libre à Añez, deuxième vice-présidente du Sénat, qui a sauté sur l’occasion. « Ma démission, verbale, n’a pas été prise pour des raisons personnelles, mais pour des raisons politiques, conjointement avec le président Evo Morales et Álvaro García Linera », se défend Salvatierra. Pour elle, succéder à « Evo », « forcé à démissionner par la violence », n’aurait pas été seulement un acte illégitime et inconstitutionnel, mais « une déloyauté » et « un acte de trahison complice du coup d’Etat  [20]  ».

    Il apparaît de plus en plus clairement que s’opposent au sein du MAS un courant qu’on dira « orthodoxe » et une aile plus conciliatrice à l’égard du pouvoir de facto. Pour les uns, « les parlementaires qui dansent sur la musique voulue par les putschistes ont perdu leur dignité. (...) Ils se sont fixés comme objectif central de prolonger leur mandat et de tirer le meilleur parti de leur pouvoir éphémère, dans leur propre intérêt [21]. » Pour les autres, tel le vice-président « masista » du Sénat, Omar Aguilar, « il ne reste heureusement sur le banc des sénateurs du MAS que deux ou trois partisans de la ligne dure, ceux qui pensent que seule leur opinion compte, ceux qui croient qu’ils continueront à imposer leurs critères aux autres. Dans l’amplitude démocratique interne [du parti], je crois qu’Evo Morales et certains dirigeants doivent comprendre que nous ne sommes pas dans la ligne de la confrontation. »
    Tandis que les uns courbent le dos et que les autres s’écharpent à fleurets à peine mouchetés, la base, pleine de fureur, se ronge les poings, cherchant par quel moyen elle pourrait lutter. L’absence des leaders de premier rang et d’un parti monolithique, pour ne pas dire vertical, dirigeant la résistance, l’a laissée désemparée et paralysée. Dès le 25 novembre, elle a toutefois frémi une première fois quand Andrónico Rodríguez, proche d’ « Evo » et principal dirigeant des « cocaleros » du Tropique de Cochabamba, le fief de l’ex-président, a harangué les foules d’El Alto (l’immense urbanisation populaire qui surplombe La Paz). Exigeant le départ d’Añez, Rodríguez a affirmé haut et fort que Morales demeurait le président de tous les Boliviens (il n’avait, constitutionnellement, pas encore terminé son mandat). Deux jours plus tard, un document signé par les organisations sociales ayant refusé de dialoguer avec les putschistes [22] ratifiera leur « appui moral et matériel » à Morales, exigera la libération des prisonniers politiques et appellera la COB à rectifier sa position.
    Du dedans ou du dehors, beaucoup souhaitaient réduire l’ancien président au silence… Le MAS de la résistance réagit sans ambiguïté : il désigne « Evo » directeur de campagne pour les prochaines élections. Depuis Buenos Aires, où il reçoit en permanence représentants et dirigeants du MAS et communique avec ceux qui ne peuvent se déplacer, celui-ci va jouer un rôle capital dans le choix des candidats de sa formation politique pour le scrutin auquel, pour la première fois en vingt ans, il ne pourra participer. Cinq noms circulent, avancés par les uns et les autres : Diego Pary (ambassadeur auprès de l’OEA de 2011 à 2018, ministre des Affaires étrangères en 2018 et 2019) ; David Choquehuanca (ministre des Affaires étrangères de 2006 à 2017) ; Luis Arce (qui, à l’Economie depuis 2006, a mis en musique la sortie du modèle néolibéral) [23] ; Adriana Salvatierra et Andrónico Rodríguez. Tous des fidèles de Morales (même si Choquahuanca prend ses distances à l’occasion). Et c’est Morales qui, le 19 janvier, au nom du pragmatisme, entérine la décision en faveur d’Arce, au terme d’un très long débat.
    Au sein du Pacte d’unité (soutien électoral du MAS), un pan des mouvements de l’altiplano ainsi que la COB avaient fait le choix de Choquehuanca, d’origine aymara. Fort classiquement, le dénouement provoque des remous (à arrière-fond indigéniste, cette fois) : « Lors de la réunion nationale, Choquehuanca a reçu le soutien des organisations sociales de sept départements, mais, malheureusement, aujourd’hui, nous avons la surprise de voir un frère indigène [« Evo »] soutenir un frère Q’ara [blanc], s’indigne Alvaro Mollinedo, dirigeant paysan de la Fédération Tupac Katari. Comment peut-il y avoir une telle trahison ? »

    Au terme d’une réunion à El Alto, le Pacte d’unité acceptera finalement le binôme Arce – Choquehuanca, ce dernier donnant de sa personne pour convaincre les réticents : « La droite veut nous diviser et fera la fête si nous nous divisons (…) Nous ne devons pas penser à nous-même ni à notre secteur, il faut penser à la Bolivie. » Comme Morales en son temps est devenu « Evo », Luis Arce devient « Lucho » ; auréolé de ses succès à l’Economie, il devra rallier une part notable des classes moyennes et des secteurs urbains modérés. Candidat à la vice-présidence, Choquehuanca rassemblera de son côté les secteurs populaires et indigènes.

    Répression, persécution des dirigeants populaires, restauration conservatrice, scandales de corruption, gestion calamiteuse du Covid, élections sans cesse repoussées [24]
    Quand, sur le terrain, et dans un premier temps, le MAS a perdu l’initiative politique, les secteurs indigènes aymara et quechua ainsi que les organisations rurales se sont spontanément mobilisés. Les forces populaires urbaines se joignent à la résistance à El Alto, La Paz, Cochabamba, Santa Cruz, etc. Débordant et leurs dirigeants et les législateurs, tous vont jouer un rôle clé dans la remise en ordre de marche du Pacte d’unité et conséquemment du parti. Les dirigeants de la COB, comme souvent, se complaisent dans l’ambiguïté. S’ils réclament l’organisation d’élections, ils se gardent bien d’appuyer le MAS, pour éviter les représailles de la clique au pouvoir. Ce qui ne va pas sans contestations internes. Dirigeant de la Fédération syndicale des travailleurs des mines (FSTM), membre de la COB, Orlando Gutiérrez prend clairement position : « Nous avons vécu quatorze ans de gouvernement avec notre camarade Evo Morales. Nous avons vraiment eu des problèmes avec lui, des différences, et même quelques mobilisations sporadiques. Avec ce coup d’Etat, ils nous ont surpris. (…) Mais les gens sont actifs. Nous allons gagner les élections (…) Je peux imaginer ce que ce sera d’accueillir Evo à l’aéroport d’El Alto. »

     

    Evo Morales vu par le médiocre quotidien de droite équatorien El Universo.

     

    En juillet et surtout août, les manifestations contre le régime autoritaire s’intensifient. Pacte d’unité et COB appellent au blocage du pays. Figure historique de la contestation radicale, le « mallku » Felipe Quispe (77 ans) les rejoint. Depuis Washington, le secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, condamne le mouvement (accusé d’empêcher le déplacement des ambulances et le transport de l’oxygène nécessaire à la lutte contre le Covid-19). A La Paz, la honteuse Assemblée permanente des droits de l’homme (APDH) en fait autant. On ne parlera pas de surprise. Elle a très activement participé à la longue campagne menée contre Morales, a hurlé à la fraude avec les « ultras » et a appuyé le coup d’Etat [25].
    L’exaspération s’amplifiant de jour en jour, sur les plus de cent barrages installés dans le pays, la revendication évolue. A l’exigence des élections (prévues pour le 6 septembre, à ce moment) se substitue le mot d’ordre « Démission immédiate d’Añez ». « C’est fini, on ne peut plus attendre, il faut la coincer, elle et ce clown de [ministre de l’Intérieur] Murillo, jusqu’à ce qu’ils tombent », harangue le « mallku », présent sur tous les fronts.

    Là encore, l’expérience politique et le sens stratégique d’ « Evo » vont infléchir les événements. Alors que le pouvoir lance de nouvelles poursuites contre lui pour « génocide » et « terrorisme », en l’accusant d’être l’organisateur de cette paralysie du pays, il calme le jeu depuis Buenos Aires : « Les dirigeants et les bases sociales mobilisés doivent faire un choix responsable entre la démission d’Áñez, qui retardera encore notre retour à la démocratie, et des élections anticipées garanties par les Nations unies. » Compte tenu de l’ampleur des mobilisations, Añez, à ce moment, pouvait tomber. La situation très incertaine en découlant – à commencer par la réaction des militaires – risquait de remettre en cause l’organisation du scrutin. La mise en place d’un gouvernement de transition posait tout autant de problèmes. Constitutionnellement, aurait succédé à la « cheffe d’Etat » démissionnaire ou renversée, la… présidente du Sénat, Eva Copa. Chargée de gérer la pandémie et surtout l’inévitable chaos créé par l’extrême droite, amenant le MAS à faire campagne (si tant est qu’il y en ait une) dans les pires conditions…
     
    Comme il l’avait fait en 2005, Morales, le supposé « caudillo » autoritaire, freine les mobilisations susceptibles de déraper en début de guerre civile et joue à fond la carte de la démocratie. Déjà, le 22 janvier, à Buenos Aires, en présence d’Arce et Choquehuanca, il avait déclaré : « Je suis convaincu que ce n’est qu’une question de temps. Nous allons revenir au gouvernement, mais pas avec des balles, avec la conscience du peuple, avec son vote, pacifiquement, démocratiquement. »
    Paradoxalement, et sur le coup, Morales sauve sans doute… Añez. Mais son autorité et son « leadership » sont entendus : priorité est donnée aux élections dont le MAS, sondage après sondage, est largement favori. Malgré les réticences des radicaux et de la COB, qui finalement se rallie, le blocage du pays est suspendu. A condition toutefois qu’Añez garantisse l’organisation du scrutin tant attendu – ce que, sous la pression, elle fait en ce mois d’août, en fixant la date du 18 octobre, « sans report possible ». Avec le dénouement que l’on connaît (la victoire du MAS étant trop large pour pouvoir être contestée).

    En 2005, l’élection du binôme Morales (l’Indien) et García Linera (l’intellectuel) avait été qualifiée d’alliance « de la cravate et du poncho ». Quinze années plus tard, on peut reprendre la même expression s’agissant du duo Arce – Choquehuanca. Toutefois, la redoutable épreuve de coup d’Etat et de ses prolongements ont violemment secoué le bloc populaire, ses alliés et ses représentants. Pour le meilleur et pour le pire, au demeurant… A ceux qui n’en auraient jamais pris conscience, on précisera que gouverner la Bolivie, même quand on le fait depuis « la gauche », est un sport de combat.
    Beaucoup exigent que des têtes tombent. Pour eux, le « parti bleu » (le MAS) doit se renouveler. En ce sens, la CSUTCB et la Confédération des femmes paysannes Bartolina Sisa (CMCBS, également nommée Bartolinas) appellent à la non reconduction de la majorité des députés et sénateurs, beaucoup s’étant contentés de « chauffer les sièges » du Congrès et ayant rompu le lien avec leurs bases.
    Appel entendu, accepté et exécuté. Organisées en même temps que la présidentielle, les élections d’octobre 2020 marqueront une rénovation totale des législateurs « masistas »  ; les nouveaux élus serontissus pour la plupart des organisations sociales. On notera au passage que, droite et gauche confondues, le pourcentage des femmes au Parlement atteindra 51,9 % (55,5 % au Sénat, 46,9 % à la Chambre des députés). Ce grâce à l’article 33 de la Loi des organisations politiques, établissant le principe de parité, approuvée en 2018, sous la présidence d’« Evo » – régulièrement accusé de « machisme » (ce qui évite de prononcer le mot « Indien ») par ses opposantes de la moyenne bourgeoisie.

    L’heure est venue de faire les comptes. Selon un scénario archi-habituel, chacun de ceux qui l’ont soutenu pendant la campagne vient présenter la note au président élu, « el hermano » Arce. Tous ont été « loyaux dans les moments difficiles ». Moyennant quoi, la direction régionale d’El Alto revendique au moins cinq ministères (travail, justice, eau, culture et affaires étrangères) ; la COB en exige quatre (travail, hydrocarbures, mines et santé) ; les Bartolinas n’en réclament qu’un (les Femmes). « Cela fait penser que votre vote, votre soutien, n’étaient pas gratuits, s’agace le député sortant Edwin Rodríguez ; cette vieille pratique est celle que nous voulons changer dans le pays. » Arce, de son côté, doit mettre les points sur les i : « Je me suis réuni avec plusieurs organisations sociales et j’ai calculé qu’il me faudrait 149 ministères [car] elles m’en réclament toutes un. Ce qui est sûr c’est que que nous allons être très austères ; je ne pense pas que nous ayons l’argent pour avoir 149 ministères et satisfaire toutes les organisations qui nous en ont demandé [26] »

    Dans un autre registre, pour de bonnes raisons – la rénovation du personnel politique – ou de beaucoup moins nobles objectifs – la satisfaction des egos et des ambitions – une faction du MAS mène une bruyante offensive contre les « anciens » et les « dinosaures » de l’entourage de Morales, estimant son tour venu d’accéder aux plus hautes fonctions. Député (sortant), Henry Cabrera s’en prend aux ex-ministres d’ « Evo » réfugiés dans l’ambassade du Mexique et à ceux qui se sont exilés : « Nous n’en voulons plus car ils s’échappent et se réfugient alors que les camarades du MAS restent ici. » Président de la Chambre (lui aussi sortant), Sergio Choque fulmine lorsque Quintana (ex-ministre de la Présidence), depuis l’ambassade du Mexique, s’exprime dans les médias : ceux qui se sont cachés « comme des rats et des autruches », peste Choque, ne pourront faire partie du nouveau cabinet. Même Morales n’échappe pas à l’ire de certains contestataires.

    « Evo » : l’ennemi numéro un de la dictature (et des Etats-Unis avec qui les liens diplomatiques ont été renoués). Pendant ses onze mois de pouvoir, le gouvernement Añez a tout fait pour le criminaliser. Ex-ministre de l’Intérieur, Carlos Romero raconte comment, quand qu’il était emprisonné, entre le 17 janvier et le 18 juin 2020, il a reçu la visite de deux vice-ministres de Murillo lui assurant que s’il impliquait Morales dans un fait criminel, qu’il soit personnel ou politique, on saurait se montrer indulgent avec lui. Ancien gouverneur du Beni, Alex Ferrier rapporte qu’il a été torturé dans le pénitencier de Chonchocoro (La Paz), en août, pour l’obliger à impliquer l’ancien chef de l’Etat dans une affaire de pédophilie.

    Deux questions se posent désormais – aussi bien en Bolivie qu’à l’étranger. Quel rôle jouera demain « Evo » alors que son ex-ministre, Arce, est devenu président ? Qui gouvernera, le nouveau chef de l’Etat ou son « encombrant mentor » ? Et quand ce dernier reviendra-t-il dans son pays ?
    « Le plus rapidement possible », a déjà répondu Morales au lendemain de la victoire de « Lucho ».
    En porte-parole de la droite la plus rance, la présidente de l’Assemblée permanente des droits humains de Bolivie (APDH), l’ex-religieuse espagnole Amparo Carvajal, s’insurge : l’ancien président « ne peut revenir comme un héros », de très graves accusations pesant sur lui. Le gouvernement de facto ne l’accuse-t-il pas de « génocide, terrorisme, sédition, fraude électorale » et même de « viol de mineure » ? « Il devra se défendre devant la justice », si d’aventure il ose rentrer.
    Fort logiquement, le Porte-parole du MAS Sebastián Michel déclare qu’ « Evo » ne peut revenir tant qu’Añez et son âme damnée Murillo seront au pouvoir, Arce n’occupant sa fonction qu’à partir du 8 novembre 2020 : « En ce moment, il ne peut pas revenir, il ne dispose pas des garanties fondamentales, il n’y a pas de procédure régulière (...) Une fois que les garanties seront rétablies, il pourra rentrer librement. » Président sortant de la Chambre des députés, Sergio Choque opine, sans enthousiasme démesuré : « Evo Morales a parfaitement le droit de rentrer au pays. » Approche quelque peu différente et hautaine, et qui en surprend plus d’un, d’Eva Copa, pour quelques semaines encore présidente du Sénat : « Nous ne pensons pas que ce soit le bon moment, il y a d’autres problèmes à résoudre et nous, avec Luis [Arce], et en tant qu’Assemblée, nous avons d’autres tâches à achever. » Peu amène, la déclaration contribue à répandre et accréditer l’idée que, au sein du MAS, « Evo » n’est vraiment pas le bienvenu.
    Interprétation erronée.

    Le 9 novembre, dans le cadre d’une cérémonie chargée d’émotion et du symbolisme politique de la « Patria Grande » (la Grande patrie) [27], le président de centre gauche Alberto Fernández accompagne celui qu’il a protégé sur le pont qui relie La Quiaca (nord de l’Argentine) à Villazon (sud de la Bolivie). Après avoir chaudement remercié son hôte – « Une partie de ma vie reste pour toujours en Argentine » – et évoqué Néstor Kirchner en soulignant que « le combat se poursuit contre l’impérialisme », « Evo » entreprend un épique périple d’un millier de kilomètres au milieu d’une double haie de compatriotes qui pleurent, l’ovationnent et clament à l’unisson : « Evo n’est pas seul ! ». Deux jours plus tard, sur l’aéroport de Chimoré (département de Cochabamba), d’où il s’est envolé un an plus tôt pour l’exil, plusieurs centaines de milliers de Boliviens – peut-être même un million – lui réservent un accueil triomphal. Quelques jours plus tard, à Cochabamba, le MAS réélit unanimement « Evo » à la tête du parti.

    Chimoré, le retour
     

    Un détail (qui n’en est pas un) : Luis Arce a été investi à La Paz le 8 novembre, au milieu de l’effervescence et de l’enthousiasme populaire. Pour ne pas risquer de faire de l’ombre à cette intronisation et la parasiter par son propre retour éclatant, « Evo » a choisi de ne rentrer que le lendemain.

    Depuis longtemps déjà, Morales a précisé qu’il n’aspire pas à faire partie de l’équipe ministérielle d’Arce. Ce n’est pas suffisant. Rumeurs et médias fournissent une vision des événements bien plus intéressante  : l’ancien chef de l’Etat va utiliser son successeur et les nouveaux dirigeants « comme des marionnettes ». Pressé de questions insidieuses, Arce répond fort légitimement ce que rétorque tout chef d’Etat nouvellement élu confronté à ce genre de situation : « Lui c’est lui, moi c’est moi. » « Nous voulons être un MAS version 2.0, précise-t-il, en faisant de la place aux professionnels engagés afin qu’ils puissent contribuer aux changements possibles, non seulement au sein du cabinet mais aussi dans la vie politique (…) Le plus important est de poursuivre le processus de changement qu’a dirigé le “compañero” Evo. »
    A ceux qui, au sein du MAS ou du mouvement social, et au nom de l’indispensable « rénovation », continuent à mener campagne pour exclure ses anciens proches collaborateurs de tout poste de responsabilité, Morales rétorque de son côté : « Je crois que quelques “compañeros” se trompent. Ils disent non à l’entourage d’Evo, mais les proches d’Evo qui ont duré le plus longtemps sont Lucho Arce et David Choquehuanca ! Le troisième était Juan Ramón [Quintana] et Roberto Aguilar [ancien ministre de l’Education]. (…) Il y a quelques problèmes internes. Une confusion. (…) D’après mon expérience, il faut combiner entre les fondateurs, les anciennes autorités et davantage d’opportunités pour les nouvelles générations. »

    On voudrait opposer Arce et Morales. On aimerait les voir s’affronter. Chacun d’entre eux joue le jeu institutionnel et respecte l’autre. Le 9 novembre, en toute indépendance, Arce nomme les seize ministres qui vont l’accompagner dans sa gestion. Des jeunes au profil technique issus du MAS. Ministre de la Présidence, Marianela Prada a été sa cheffe de cabinet lorsqu’il dirigeait l’Economie. Désormais à la tête de ce ministère stratégique, Marcelo Montenegro, a déjà travaillé avec lui. Un avocat connu pour avoir défendu les victimes du néolibéral Sanchez de Lozada dirigera les Affaires étrangères : Rogelio Mayta. Segundina Flores, dirigeante des Bartolinas, prend la tête du ministère de la Culture (qu’avait supprimé Añez !). Autre référent du Pacte d’unité, le dirigeant paysan Juan Villca, homme fort de la CSUTCB, devient vice-ministre de la Coordination avec les mouvements sociaux…

    Ceux qui, unanimes à droite, plus bruyants que nombreux à gauche, souhaitaient l’éradication du pan historique du « masismo » vont toutefois devoir déchanter. Le nouveau titulaire de la Défense, Edmundo Novillo, appartient à la vieille garde d’« Evo ». Considéré comme le « dauphin » de ce dernier, le jeune Andrónico Rodríguez est élu président du Sénat. Parmi les fidèles, Freddy Mamani présidera la Chambre des députés ; Diego Pary représentera la Bolivie à l’OEA ; Wilfredo Chávez, avocat de Morales, devient procureur général de la Nation après avoir fait partie de la commission du MAS chargée d’organiser avec Añez une « transition ordonnée »… 
    Pour autant, a précisé le porte-parole de la présidence Jorge Richter, très peu ont été recommandés et encore moins imposés par « Evo » : « Il y a eu des gens, parce que la politique fonctionne aussi de cette façon, qui ont rapidement cherché un “parrain” pour obtenir une place au sein de l’Etat, et les gens qui sont venus voir “el señor” Evo Morales ont eu en réponse qu’il laisse Arce et Choquehuanca construire leur cabinet, et que ce cabinet est de la responsabilité de ceux qui gouvernent, alors très peu, très peu, ont pu être recommandés [28]. »

    Lors du retour triomphal d’ « Evo » à Chimoré, son ex-ministre de l’Intérieur, Carlos Romero, avait, pour déminer le terrain, envisagé les rôles de chacun : « Le binôme qui dirige le gouvernement est un binôme légitime, qui a gagné par son propre mérite la présidence et la vice-présidence de l’Etat. Mais la direction politique et stratégique du processus appartient à Evo Morales. » Lequel, effectivement, en leader de l’instrument politique, convoque un « ampliado » (réunion élargie) des mouvements sociaux pour commencer à préparer les élections des gouverneurs et des maires de mars 2021. Le 21 novembre, à Cochabamba, Arce et Choquehuanca assistent à l’événement présidé par « Evo ». Sous les ovations, ancien et actuel chefs de l’Etat, qui se retrouvent pour la première fois, échangent sans retenue le traditionnel « abrazo ». Aux dirigeants et militants, Morales lance la consigne : « L’une de nos tâches, pour défendre notre processus de changement et protéger notre président Lucho, est de gagner autant de gouvernorats et de mairies que possible dans toute la Bolivie (...) Nous devons gagner au moins sept gouvernorats sur les neuf existant et au moins 300 mairies, ce qui sera le meilleur blindage pour défendre notre processus de changement. » L’expression, désormais, reviendra régulièrement dans sa bouche : « protéger “Lucho” ».

     

    Evo et Arce (Cochabamba)
     

    Contrairement à ce que certains craignent (et que d’autres espèrent ardemment !), Arce ne sera manifestement pas un Lenín Moreno – ce président équatorien qui, en renouant avec la doxa néolibérale, les milieux financiers, les multinationales et l’alignement sur Washington, a trahi à la fois son prédécesseur Rafael Correa et ceux qui l’ont élu sur sa promesse de poursuivre la « révolution citoyenne ». En quelques semaines, les premières mesures du nouveau chef de l’Etat bolivien donnent le ton. Un « Bon contre la faim » destiné à quatre millions de personnes – avec un intérêt particulier pour les zones rurales, abandonnées par le gouvernement de facto – est mis en place pour atténuer les effets économiques de la pandémie. Avec le même objectif, le Parlement approuve la Loi 033 qui crée un impôt sur les grandes fortunes. Une semaine auparavant, avait été abrogé le Décret 4232 qui, depuis mai, autorisait de nouveaux OGM.
    Sur le plan diplomatique, retour aux sources. Le nouveau gouvernement rétablit les relations diplomatiques avec le Venezuela et Cuba, expulse de l’ambassade vénézuélienne, qu’ils avaient investi avec la complicité des putschistes, les représentants du président fantoche Juan Guaido. Les rapports avec le Mexique, l’Argentine et le Nicaragua se dégèlent tout naturellement. La Paz annonce qu’elle réintègre l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), dont s’était retiré le pouvoir illégitime, et qu’elle reprend sa participation à l’Union des nations sud-américaine (Unasur) et la Communauté des Etats latino-américains et Caraïbes (Celac), qu’Añez, sur instruction des Etats-Unis, avait choisi de dédaigner.
     
    Le renforcement du MAS et son articulation avec les organisations sociales constituent un facteur clé pour la réussite d’Arce. C’est en chef de parti élu par les siens qu’« Evo » s’attaque à la tâche. Dans les conditions habituelles... c’est-à-dire parfois chaotiques. La nomination des ministres a déjà donné lieu aux multiples contestations des secteurs (surtout populaires) s’estimant non représentés, ou pas assez, au gouvernement. Le choix des candidats pour les élections des maires et gouverneurs de mars 2021 débouche sur des empoignades encore plus rudes. Pour la mairie de la seule urbanisation d’El Alto, entre ex-ministres, ex-parlementaires, dirigeants et militants, seize pré-candidats du MAS se manifestent – dont Sergio Choque et Eva Copa, que leur rôle après le « golpe » a sortis de l’anonymat.

    A l’occasion de ce début de campagne, quelques masques vont tomber définitivement. Dont celui de Copa. Le 9 décembre, en évoquant sur Radio Fides la « transition constitutionnelle forcée » de 2019, celle-ci a enchanté la presse conservatrice engagée dans une campagne destinée à nier qu’il y ait eu un coup d’Etat. Soumise à de virulentes critiques, Copa reviendra ultérieurement sur cette déclaration. Elle est présente et ne dit mot lorsque, le 26 décembre, en présence des cinq pré-candidats finalistes, dont elle fait partie, la direction nationale du MAS annonce le choix, par consensus, de l’ex-dirigeant paysan Zacarías Maquera, plus connu sous le nom de Ratuki (« rapide » en aymara), pour postuler à El Alto. Moins de vingt-quatre heures plus tard, soutenue par une « direction régionale parallèle du MAS » (apparue en septembre) et un « Grand quartier général du peuple alteño », Copa annonce qu’elle se présentera, envers et contre tout, pour le compte de Jallala, une formation politique sans positionnement idéologique clairement affirmé. Actrice de la « pacification » et de la « cohabitation » pendant le régime Añez, elle y retrouve – attelage d’egos plus que de raison – le promoteur radical de l’insurrection, le « mallku » Felipe Quispe, qui lui postule au poste de gouverneur de La Paz.

    Sans règles du jeu institutionnelles vraiment claires, une majorité de décisions ont été prises de façon concertée avec la base, d’autres ont donné lieu à des contestations allant jusqu’à la rupture. En effet, l’intérêt général ne concordant jamais avec ceux de tous les membres de l’ « instrument politique », des frictions, parfois extrêmes, ont lieu à Chuquisaca, Potosí, Cochabamba, Santa Cruz. Dans cette dernière ville, une faction depuis longtemps hostile tente par tous les moyens d’éliminer la candidature d’Adriana Salvatierra – laquelle, finalement, se verra choisie pour postuler à la mairie. Partout où les candidats déplaisent à telle ou telle organisation de base, qui considère représenter « le tout », est dénoncé un « dedazo » – la désignation autoritaire du candidat à un poste par le ou les leaders, au mépris de la démocratie. Régulièrement mis en cause, Morales s’en défend  : « Il n’y a pas de “dedazo” ; ce que nous faisons, c’est soutenir, réfléchir, pour qu’il y ait des candidats de consensus. Ce n’est pas facile ; il faut comprendre que le MAS est le mouvement politique le plus important [de Bolivie]  ; après la victoire du 18 octobre, tout le monde se sent gagnant et veut être candidat. » « Evo » a toutefois été plus direct lorsque le MAS a exclu Eva Copa après sa désertion : « Là où il y a de la conviction, il n’y a pas de dispute, là où il y a de l’ambition, il y a beaucoup de combats. Pourquoi de l’ambition ? Parce que nous manquons encore de formation idéologique, c’est la faiblesse que nous avons (…).  »

    Pour reprendre l’analyse de l’historien et ex-consul de Bolivie en Argentine, Antonio Abal Oña, il existe trois centres de pouvoir dans le pays : « Tous trois sont absolument légitimes. D’abord, le gouvernement dirigé par Luis Arce et Choquehuanca : c’est l’exécutif qui gouverne le pays. D’autre part, le Pacte d’unité, les organisations les plus puissantes du mouvement ouvrier bolivien, principalement des peuples indigènes, qui ont démontré leur pouvoir avec les blocus du mois d’août. Enfin, nous avons le Mouvement vers le socialisme en tant que structure politique et, à sa tête, Evo Morales, qui, nous ne devons pas l’oublier, en est le président. Les statuts lui accordent la prérogative de définir les candidats en cas de controverses [29] »
    Peut-être faudra-t-il, comme le suggère le président du Sénat Andrónico Rodríguez, souvent présenté comme l’« héritier » d’« Evo », promouvoir des primaires au sein du MAS, en raison de sa taille et du nombre de ses militants : « Nous avons une portée nationale, une présence territoriale, nous sommes le plus grand mouvement du pays et il est très compliqué de prendre des décisions politiques. »

    Pour l’heure, fonctionnant par réflexe au lieu de faire travailler leur matière grise, ceux qui n’apprécient guère Morales utilisent ces péripéties pour ânonner leur mot préféré : « caudillo ». Il ne s’agit pas de ça. Sa popularité ne doit rien au hasard. « Evo Morales est notre référent le plus important de ces vingt dernières années, celui qui définit qu’il est possible d’obtenir ce que nous avons conquis depuis les plus humbles fronts du pays, considère Adriana Salvatierra. Il est notre directeur de campagne et le président du parti. Son expérience est très importante, non seulement en termes politiques et électoraux, mais aussi parce qu’il a été à la tête de l’Etat ces dernières années, et que personne, comme lui, n’a une lecture aussi approfondie du pays, du travail qui a été fait, de la petite école qui a été inaugurée, de son budget, du nombre de bénéficiaires de telle subvention. C’est la réalité de l’Etat dans une tête et, j’insiste, c’est sans aucun doute le leadership le plus important que nous ayons eu ces dernières années. »
    Le faire tomber avait deux objectifs : détruire symboliquement toute une époque, celle ou avec les Chávez, Castro, Correa, Kirchner, « Lula », Rousseff, Zelaya, Lugo, Mujica, Ortega, il a changé la face de l’Amérique latine, au nom de la Patria Grande  ; en finir avec l’expérience tentée et réussie en Bolivie. Echec total. Le MAS est toujours au pouvoir. Sans en faire un « homme providentiel », concept obsolète et dangereux, son peuple n’a pas lâché son ancien président. Et ce, pour une bonne raison : « Evo, et dans mon cas infiniment moins en termes de leadership, nous venons de l’organisation populaire, analyse García Linera. Avant de devenir des gouvernants, nous avons eu vingt ou trente ans de travail de base, d’organisation, de formation politique, c’est ce que nous savons faire, c’est vraiment de là que nous venons, c’est notre être, notre être politique. Et le fait que nous devions maintenant y revenir est presque évident. En vérité, c’est là que se construisent les leaderships. Le leadership d’Evo n’a pas été construit à partir de l’Etat. C’est une erreur que la droite a commise : "Le leadership d’Evo dépend de l’Etat, s’il n’y a pas de ressources publiques, il n’y a plus de MAS". »

    D’après son ex-ministre Quintana, le rôle de Morales sera « de diriger et de renforcer la MAS, de l’articuler avec les organisations sociales et de se consacrer à la formation des cadres » tout en conseillant, « gentiment, en familier, compte tenu de son expérience, le gouvernement [30] »
    De mauvais augure pour ceux qui s’imaginaient que, dans la grande tradition, l’ex-chef de l’etat annoncerait son retrait de la vie publique pour retourner « faire du fric dans le privé ».

     


    [1Etant intervenue avant l’adoption de la Constitution, sa première élection n’est pas prise en compte.

    [6 Nueva Sociedad, janvier 2020.

    [7A la Fondation Friedrich Ebert, pour être précis.

    [9José Hugo Moldiz Mercado, Golpe de Estado en Bolivia. La soledad de Evo Morales, Ocean Sur, La Havane, mars 2020.

    [10 La Razón, La Paz, 12 décembre 2016.

    [13Homme politique et écrivain, Marcelo Quiroga Santa Cruz (1931-1980) a joué un rôle important dans la nationalisation des biens de la Bolivian Gulf Oil Company en tant que ministre de l’Energie et des hydrocarbures, dans le gouvernement du général Alfredo Ovando (1969-1970). Fondateur du Parti socialiste en 1971, il a été assassiné en 1980 par des paramilitaires durant la dictature de Luis García Mesa (1980-1981).

    [14Théoricien du réveil identitaire indigène comme moteur des mouvements sociaux, García Lineraa participé à l’Armée de Guérilla Tupac Katari avant d’être arrêté en 1992 et de passer cinq ans en prison sans être jugé.

    [15Référence à la Guerre de l’eau (2000), à la Guerre du Gaz et au renversement du président ultralibéral Gonzalo Sánchez de Lozada (2003) ainsi qu’à la démission « sous la pression » du néolibéral Carlos Mesa (2005).

    [16Maurice Lemoine, « Puissant et fragmenté, le mouvement social bolivien », Le Monde diplomatique, novembre 2005.

    [20 El Deber, Santa Cruz, 24 janvier 2020.

    [22Entre autres : Confederación Sindical de Mujeres de Comunidades Interculturales de Bolivia (CSMCIB) ; Coordinadora de las Seis federaciones del Trópico de Cochabamba ; Distrito 8 de la Junta de Vecinos de El Alto ; Federación Sindical Interculturales Productores Agroforestales de El Chore-San Juan-Campo Víbora ; Coordinadora Andina de Organizaciones Indígenas…

    [23Le PIB a atteint des chiffres record de croissance – jusqu’à 6 % – et la pauvreté est passée de 60 % à 37 %.

    [25L’APDH est la correspondante et l’informatrice en Bolivie d’Amnesty International (AI), de Human Right Watch (HRW) et de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH). De ce fait, et à une exception près – lorsque Añez a signé un décret d’impunité pour les militaires qu’elle envoyait réprimer –, ces trois multinationales sont demeurées particulièrement discrètes pendant le coup d’Etat et la période qui a suivi.

    [27Concept politique visant à fédérer les Etats de l’Amérique latine en opposition à la Doctrine de Monroe, professée par les Etats-Unis.

     

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  • Une cinquantaine de salariés des Amitiés d’Armor s’est mobilisée ce jeudi matin pour dénoncer les « injustices » des accords du Ségur de la Santé.Une cinquantaine de salariés des Amitiés d’Armor s’est mobilisée ce jeudi matin pour dénoncer les « injustices » des accords du Ségur de la Santé. 

    Une cinquantaine de personnels des Amitiés d’Armor a manifesté ce jeudi matin devant la direction de l’association. Ils dénonçaient les « injustices » des accords du Ségur, qui oublie une partie des salariés.

    A l’appel de Sud Santé Sociaux, les personnels de l’association Les Amitiés d’Armor (plus de 700 salariés), qui intervient dans le médico-social, étaient invités à débrayer entre 9 h et midi, ce jeudi matin, et à se rassembler devant la direction de l’association, rue Lanrédec, à Brest. En cause, des « injustices », déplorées dans le cadre des accords du Ségur de la Santé, et du versement d’une revalorisation salariale de 183 € aux agents.

    « On nous avait promis un versement en deux fois, en janvier et mars, avec une rétroactivité à septembre. Mais on n’a rien touché en janvier, parce que l’association n’aurait pas touché les fonds de l’Agence régionale de santé (ARS), alors que les versements ont été réalisés dans d’autres structures », décrit Tania Kokauani, représentante syndicale Sud Santé Sociaux.

    « Inégalité de traitement »

    Mais c’est bien l’inégalité de traitement entre les différentes catégories de personnels, constatée ces dernières semaines dans de nombreuses structures, qui nourrit la colère des agents mobilisés ce jeudi. « Les personnels du siège sont exclus du dispositif, comme les agents techniques ceux de la buanderie, des foyers de jeunes travailleurs, du portage de repas et des soins infirmiers à domicile… C’est totalement injuste. En plus, pour ceux qui toucheraient la revalorisation, elle serait calculée au prorata du temps de travail, alors qu’il y a beaucoup de temps partiel parmi les agents ».

    Pour Sud Santé, tous les agents devraient bénéficier des accords Ségur. « Tout le monde est mobilisé au même niveau depuis des mois. Aujourd’hui, les agents ont le sentiment de toujours donner et de ne jamais recevoir. Il y a une lassitude, face à des discours qui ne sont pas suivis d’actes ».

    Pierre CHAPIN

    Source: https://www.letelegramme.fr/

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  • Les opposants au projet des deux poulaillers de Langoëlan organisent régulièrement des manifestations. La dernière en date, en juillet 2020, avait rassemblé une centaine de personnes lors d’un « pique-nique militant ».Les opposants au projet des deux poulaillers de Langoëlan organisent régulièrement des manifestations. La dernière en date, en juillet 2020, avait rassemblé une centaine de personnes lors d’un « pique-nique militant ».

    Le collectif « Morbihan contre les fermes usines » appelle au rassemblement ce samedi 16 janvier 2021, devant la mairie de Langoëlan. Il dénonce un projet de poulaillers.

    Le collectif « Morbihan contre les fermes usines » appelle à un rassemblement ce samedi 16 janvier 2021, devant la mairie de Langoëlan (Morbihan). Une manifestation, à l’origine, contre un projet local mais qui revêt une dimension politique, à quelques mois des élections régionales. Décryptage.

    Pourquoi ce rassemblement ?

    Cela commence à ressembler à une vieille histoire. Depuis environ deux ans, un projet de construction de deux poulaillers d’une surface de 2 200 m² chacun et pouvant abriter jusqu’à 120 000 gallinacés déchaîne les passions, avec menaces, rumeurs, diffamation, dépôt de plainte…

    Très rapidement, le sujet dépasse les frontières communales. Une pétition contre ces  poulaillers géants ​, lancée par Isabelle Villette, une agricultrice voisine de la future exploitation et qui craint la perte de son label bio, recueille à ce jour plus de 75 000 signatures.

    Samedi, les manifestants protesteront de nouveau contre le projet, et plus largement contre  l’agro-industrie intensive ​.  On entend aussi mettre au grand jour le pouvoir des lobbys industriels ​, indique Julien Hamon, maraîcher bio à Sarzeau et porte-parole du collectif.

    Qui sont les porteurs du projet ?

    Il s’agit de deux jeunes agriculteurs des environs, Youenn Le Fur et Mathieu Le Métayer, à travers l’EURL de Kermaria. En juillet 2019, durant l’enquête publique, les deux trentenaires avaient fait valoir leurs arguments dans une salle polyvalente municipale coupée en deux, avec les pour et les contre chacun de leur côté.

     Nous sommes des gens sérieux, nous vivons grâce aux animaux donc nous prenons en compte le bien-être animal ​, avaient-ils déclaré. Contrairement aux opposants, les deux agriculteurs se montrent depuis plutôt discrets.

    Un choix assumé, explique Jean-Claude Le Métayer, le maire de Langoëlan et père de Mathieu Le Métayer.  On préfère ne rien dire, il n’y a pas de dialogue possible avec ces gens-là, ils sont bornés.  ​L’élu dénonce les  faux arguments  ​des opposants, comme  sur l’emploi, contrairement à ce qu’on dit, ça en créera ​.

    Près de 90 personnes ont manifesté samedi 14 décembre 2019 à Langoëlan, pour protester contre le projet de poulailler géant prévu dans la commune.

    Qui sont ces opposants ?

    Ils sont disparates. Le collectif, créé en 2019, regroupe aujourd’hui une dizaine d’entités, plus ou moins formelles. On peut citer pêle-mêle des collectifs d’habitants, le syndicat agricole Confédération paysanne, l’association Eau et rivières de Bretagne, ou encore la branche centre-bretonne du mouvement écologiste Extinction Rebellion.

    Où en est le projet ?

    Au point mort. L’enquête publique a bien validé le projet, qui a ensuite été autorisé par le préfet. Mais, en décembre 2019, les opposants ont déposé un recours contre l’arrêté préfectoral. « Nous sommes toujours dans l’attente d’une décision de justice », fait savoir Julien Hamon.

    Quel rapport avec les élections régionales ?

    Le projet de Langoëlan bénéficie d’une subvention de la Région à hauteur de 50 000 €, dans le cadre son Plan volailles, destiné à soutenir la filière. Trois autres projets similaires en bénéficient dans le Morbihan (à Néant-sur-Yvel, Plaudren et La Vraie-Croix).

     La question, c’est de savoir quel est le modèle agricole voulu par la Région ​, lance Julien Hamon. À quelques mois des élections régionales, le sujet risque de devenir éminemment politique.

    Déjà, dans un communiqué diffusé ce mercredi, l’Union démocratique bretonne appelle à rejoindre le rassemblement. Et interpelle le président de la Région, le socialiste Loïg Chesnais-Girard, pour  la suspension et la refonte du Plan volaille, qui est une provocation par rapport à l’urgence environnementale actuelle et un non-sens économique ​.

    Maxime LAVENANT

    source: https://www.ouest-france.fr/

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  • Le déficit de la MJC pourrait passer de 20 000 à 80 000 euros en 2021.Le déficit de la MJC pourrait passer de 20 000 à 80 000 euros en 2021.

    La MJC-Maison pour tous de Pen Ar Créac'h à Brest (Finistère) est en émoi ce mercredi après l'annonce du licenciement de deux salariées. L'association estime y être contrainte par la dégradation de la situation financière de la structure, en raison de la crise sanitaire du coronavirus.

    "Nous sommes sous le choc," résume ce mercredi Rozenn Martin, animatrice sociale jeunesse à la MJC de Pen Ar Créac'h. Au retour des congés de fin d'année, l'équipe (40 salariés dont huit permanents) a appris qu'une restructuration prévoit deux licenciements économiques dès le mois de février. Une secrétaire et la coordinatrice jeunesse vont être remerciées.

    37 ans de carrière

    Marianne Gambier, la coordinatrice jeunesse, était entrée dans les murs en 1984. "Laisser partir les gens dans des conditions comme ça, à trois ans et demi de la retraite, c'est très choquant, s'indigne-t-elle. Ce qui me déçoit le plus, c'est la non-concertation. La décision elle a été prise comme chez Michelin, dans le cabinet de la comptable. Même si la situation économique de l'association est fragile, je pense qu'il y avait d'autres façons de faire."

     

    ECOUTEZ Marianne Gambier, licenciée après 37 ans de carrière à la MJC

     

    La crise du Covid nous a plongé dans le gouffre

    L'association qui gère la structure justifie sa décision par un déficit structurel qui s'est aggravé du fait de la crise sanitaire. Il pourrait passer de 20.000 à 80.000 euros en 2021. Marielle Lecomte, la présidente bénévole, estime que ces mesures étaient la seule option pour éviter un dépôt de bilan et des conséquences sociales bien plus lourdes.

     

    ECOUTEZ Marielle Lecomte, présidente de la MJC Pen Ar Créac'h

     

    "Nous sommes sous le choc," résume ce mercrediRozenn Martin, animatrice sociale jeunesse à la MJC de Pen Ar Créac'h. Au retour des congés de fin d'année, l'équipe (40 salariés dont huit permanents) a appris qu'une restructuration prévoit deux licenciements économiques dès le mois de février. Une secrétaire et la coordinatrice jeunesse vont être remerciées.

    37 ans de carrière

    Marianne Gambier, la coordinatrice jeunesse, était entrée dans les murs en 1984. "Laisser partir les gens dans des conditions comme ça, à trois ans et demi de la retraite, c'est très choquant, s'indigne-t-elle. Ce qui me déçoit le plus, c'est la non-concertation. La décision elle a été prise comme chez Michelin, dans le cabinet de la comptable. Même si la situation économique de l'association est fragile, je pense qu'il y avait d'autres façons de faire."

        «La crise du Covid nous a plongé dans le gouffre»

    L'association qui gère la structure justifie sa décision par un déficit structurel qui s'est aggravé du fait de la crise sanitaire. Il pourrait passer de 20.000 à 80.000 euros en 2021. Marielle Lecomte, la présidente bénévole, estime que ces mesures étaient la seule option pour éviter un dépôt de bilan et des conséquences sociales bien plus lourdes.

    Les salariés sont inquiets pour l'avenir de la MJC, et pour le lien si précieux tissé depuis des années avec les jeunes du quartier. "On navigue à vue, on est dans le flou", estime une animatrice, qui rappelle que la structure n'a pas de direction stable depuis des mois. Un nouveau directeur arrivera fin janvier, promet la présidente.

    Un rassemblement samedi à la MJC

    En attendant, un rassemblement de soutien aux salariées licenciées est organisé samedi 16 janvier à 11h devant la Maison pour tous de Pen Ar Créac'h.

     

    Nicolas OLIVIER

    source: https://www.francebleu.fr/

     

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  • Autour de la table, ce mercredi soir, des représentants de Solidaires, FO, du NPA, de la CNT et de la Ligue des Droits de l’homme.Autour de la table, ce mercredi soir, des représentants de Solidaires, FO, du NPA, de la CNT et de la Ligue des Droits de l’homme.

    Les Quimpérois rejoindront les Brestois, ce samedi, pour manifester contre la loi de sécurité globale.

    La coordination quimpéroise rassemblant une trentaine d’associations, syndicats, partis politiques appelle à une nouvelle manifestation contre la loi de sécurité globale, à Brest, place de la liberté, ce samedi, à 15 h. Des covoiturages seront mis en place à partir du parking de Penvillers, à la Croix des Gardiens, dès 13 h.

     

    « Nous nous calons dans le calendrier de la coordination nationale et dans celui du Sénat qui doit examiner la proposition de loi », explique Janine Carrasco, représentante de Solidaires au sein de la coordination quimpéroise.

    Au-delà du rassemblement de samedi, la coordination entend organiser à Quimper un travail de fond et s’inscrivant dans la durée : « Il y a un besoin d’explications quant à l’impact de cette loi sur la vie publique et la vie des militants », soulignent les représentants de la LDH, des syndicats Solidaires, CNT, NPA et FO. Ils sont vent debout contre le fichage des opinions politiques et l’appartenance syndicale, qualifiant la situation de « marche vers un état policier ».

    « Il y a, depuis plusieurs semaines, une confusion entretenue sur le cheminement législatif des différents points que porte la proposition de loi. Quelle loi ? Qu’est ce qui a été transformé ? Nous allons informer les gens jusque dans les entreprises, peut-être en inventant de nouvelles formes de communication ».

     

    source: https://www.letelegramme.fr/

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