• Programmée hier à 9 h, puis 11 h, puis midi, la rencontre entre le directeur du CHBS et les élus CGT n'a pas eu lieu.

    Venus du Faouët, de Lorient, d'Hennebont et Port-Louis, les représentants CGT des salariés des hôpitaux du Groupement hospitalier de territoire nº 3 (GHT) ont manifesté, hier à Quimperlé. Ils devaient rencontrer le directeur du Centre hospitalier de Bretagne-Sud de Lorient. Après plusieurs reports, la réunion a été annulée.
     
    Depuis le 1er septembre, une direction commune aux centres hospitaliers de Quimperlé, Lorient, Port-Louis et du Faouët est en place. C'est le premier pas vers la constitution d'une entité unique effective au 1 e r janvier 2018 : le groupe hospitalier Sud-Bretagne. Les syndicats de l'établissement quimperlois ont affiché leur opposition à cette fusion prononcée dès le mois de juin en Comité technique d'établissement. Avec la mise en place d'une direction des ressources humaines unique, ils craignent, entre autres, une plus difficile représentativité des personnels.
     
    Reporté, puis annulé
     
    Hier, les représentants CGT des personnels n'ont pas eu plus d'explications sur le fonctionnement futur du groupement. Prévu une première fois à 9 h, leur rendez-vous proposé par le directeur du CHBS (*) Lorient, M. Thierry Gamond-Rius, a été reporté une première fois à 11 h, puis déplacé à nouveau dans le courant de la matinée à midi... C'en était trop pour le syndicat qui a vu rouge et répondu à la direction par mail. « La CGT considère votre comportement déplorable et n'accepte pas ce manque de respect envers notre organisation. Certains représentants CGT travaillent en début d'après-midi et ne peuvent être présents à cette heure surprenante, nous exigeons un nouveau rendez-vous dans les meilleurs délais ». En tout début de matinée, les représentants des salariés venus des autres établissements rappelaient les motivations de leur opposition à cette fusion.
     
    « Usine à gaz »
     
    « Ils ont invité toutes les organisations syndicales des établissements concernés par la fusion », indiquait Anne Perennec, secrétaire CGT au CHBS, venue de Lorient. « Leur volonté, c'est de faire des économies sur le dos du personnel », relevait Ludovic Benabes, délégué à l'hôpital de Port-Louis. « Les fusions, ça n'a jamais été bénéfique pour les hôpitaux. On peut parler des cas d'Hennebont, Concarneau, il s'agit de rationaliser les activités, gagner des lits, supprimer du personnel au passage. Ils auront du mal à nous vendre cette fusion. On fait l'inverse de ce qu'il faudrait faire, il faudrait améliorer la proximité des soins. Là, on regroupe les centres de décisions dans une grande usine à gaz qu'est la GHT. Ça ne va certainement pas améliorer les relations avec les usagers. Le fond, c'est budgétaire. La Sécurité sociale doit économiser un milliard l'année prochaine ». « L'hôpital de Quimperlé affiche 1 M€ de déficit, reprend Didier Quemat (CH Quimperlé), s'ils veulent faire des économies, ils vont concentrer les activités ».
     
    « Dialogue social compliqué »
     
    Les représentants de la CFDT, non conviés au rendez-vous d'hier, décrivent, par la voix de Philippe Le Moing, « un dialogue social compliqué. Le directeur du CHBS a prévu de rencontrer les différentes organisations syndicales (CGT, CFDT, FO, Sud) mais il n'y a rien de concret sur la construction sociale dans un projet qui est pourtant passé à la vitesse supérieure avec l'annonce de la fusion. De notre côté, nous prévoyons des rencontres avec les présidents de conseils de surveillance et avec les élus de Quimperlé Communauté pour savoir comment a été présenté ce projet. Nous mènerons aussi des actions sur les marchés, pour expliquer à la population les conséquences d'une fusion ».
     
    (*) CHBS : Centre hospitalier de Bretagne-Sud.
     
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  • Centre des finances : la fermeture fait débat (OF 13/10/2016)Avec la fermeture du centre des finances publiques, c'est encore un service de proximité qui disparait .

    La trésorerie de Plogastel fermera définitivement ses portes le 1er janvier. L'activité liée aux impôts partira à Quimper, et les services de comptabilité et de gestion communales iront à Pont-l'Abbé.

    « Devant ce détricotage du service public, souligne Ludovic Morin, secrétaire de la CGT finances publiques du Finistère, notre organisation syndicale a largement alerté les élus de cette décision, les invitant à réagir. Nous n'avons jamais eu de réponse ».

    Interrogée à ce sujet, Jocelyne Plouhinec, maire de Plogastel, reconnaît : « Les élus ont été mis devant le fait accompli. La décision était prise au moment où nous avons été réunis. L'argument avancé étant que le service ne pouvait plus fonctionner avec trois agents, quand il en aurait fallu cinq pour qu'il puisse remplir son rôle ».

    L'élu poursuit : « Les maires concernés, réunis par Mme Brigand, de la Direction départementale des finances publiques, ont cependant exprimé leur désaccord face à cette décision et demandé au minimum deux permanences lors de la période de déclaration fiscale pour aider la population. »

    Le nombre des fonctionnaires diminue

    Contactés, les employés du centre des finances publiques en question, soumis au devoir de réserve, n'ont pas souhaité réagir. Pour le syndicaliste, « la CGT est très attachée au service public de proximité et la notion de rentabilité, sans cesse mise en avant, va à l'encontre de l'intérêt général ».

    Chaque année, une trentaine de postes de fonctionnaires disparaissent dans le Finistère, le plus souvent à la suite de départs à la retraite non remplacés. Le nombre d'actifs étant ainsi passé de 1 500 à 1 200 en huit ans.

    « On ne peut pas encenser la ruralité, comme le font nombre de politiciens, et dans le même temps décider de transférer les services publics loin de là où vivent les usagers », considère Ludovic Morin.

    En période de pointe, entre 70 et 100 personnes passent à la trésorerie chaque jour, contre une trentaine en général. Et chaque fois beaucoup de questions, souvent techniques sur l'impôt, des demandes d'obtention d'un délai de paiement ou encore des situations complexes qui demandent toute l'attention des agents.

    « Une fois de plus, ce sont les personnes les plus vulnérables qui vont faire les frais de ce désengagement de l'État : personnes âgées, familles dans la précarité, citoyens en difficulté... Or la relation humaine n'est pas négociable ! Et ce n'est certes pas l'explosion du numérique qui améliorera le contact ! », reprend l'élu syndical.

    La question de savoir pourquoi les élus ont tiré un trait sur leurs services publics de proximité reste sans réponse satisfaisante.

    Trois organisations syndicales ont décidé d'aller à la rencontre des usagers, lundi, de 9 h à 16 h, devant les locaux de la trésorerie.

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  • Le collectif Stop Tafta-Ceta du pays de Morlaix appelle à rejoindre la manifestation contre le Ceta, samedi, à Quimper. Pour covoiturer, rendez-vous à 9 h 45 sur le parking de la Biocoop, zone de Keriven. « Le Ceta, traité économique entre l'Union européenne et le Canada, doit être approuvé mardi par l'Union européenne, puis ratifié par le Parlement européen début 2017. Il comporte toutes les dispositions promises dans le Tafta, qui nuiront à l'environnement, à la qualité de vie, à l'emploi ou aux services publics en Europe. Il assure des privilèges inacceptables aux multinationales canadiennes en prévoyant l'entrée sur nos territoires de volumes annuels de viande bovine et porcine qui impacteront gravement les filières de ce côté-ci de l'Atlantique, notamment l'agriculture française et ses AOP. La perte de milliers d'emplois est à craindre », indique le collectif à travers un communiqué.
     
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  • Les traités commerciaux de libre-échange suscitent beaucoup d'interrogations. En cause, le pouvoir des lobbies.

    Le débat est technique. Mais les négociations sur les traités commerciaux de libre-échange auront un impact sur les économies. Actuellement, c'est le Ceta qui mobilise l'attention. Ce traité entre le Canada et l'Union européenne sera soumis à l'approbation des ministres européens du commerce le 18 octobre. « Le Ceta, c'est le cheval de Troie du Tafta (traité entre les États-Unis et Union européenne) compte tenu du nombre de filiales américaines implantées au Canada », estiment les membres du collectif « Stop Tafta » réuni autour d'Henri Guillou.

    Rassemblement samedi

    Aux yeux du collectif, les négociations de ces traités font la part belle aux puissants lobbies issus de groupes internationaux. « À tous les niveaux, des tribunaux arbitraux ou du forum de coopération réglementaire, on devine le poids de ces lobbies qui court-circuitent la démocratie. Ils ont même prévu une application provisoire des traités. » Pour quels bénéfices ? « Des chercheurs américains ont prévu une perte de 45 000 emplois en France d'ici à 2023 si le Ceta est appliqué. » Les défenseurs des traités promettent une augmentation, modeste, des produits intérieurs bruts.

    Le collectif assure que l'information des citoyens est essentielle pour bloquer ces négociations. Pour cette raison, il organise un rassemblement, samedi 15, à 11 h, place Terre-au-Duc. Plusieurs prises de parole sont prévues, abordant les thèmes de la sécurité alimentaire, l'avenir des services publics, la démocratie. Le 18 octobre, on saura si cette mobilisation nationale aura influé sur le vote des ministres.

     

    source: Quotidien Ouest-France 12/10/2016

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  • Ukraine Le Donbass toujours sous les bombes : l’OSCE cache-t’elle des crimes de guerre en Ukraine? #vidéo (IC.fr-11/10/2016)Donetsk sous les bombes des armées de Kiev, financées et soutenues par l’UE et les Etats-Unis

    Dans le , après la très légère accalmie de septembre,  l’intensité des bombardements de la junte de Kiev sur les agglomérations de Donetsk et Lougansk a à nouveau augmenté. C’est plus de 1352 qui ont frappé la RDP rien que la première semaine d’octobre, causant six morts et sept blessés. Dans le silence absolu de l’appareil médiatique, censurant totalement cette qui dure depuis plus de deux ans, en Europe.

    Dans le Donbass la guerre fait rage, dans le silence de l’appareil médiatique français

    Une guerre qui a débuté avec le coup d’Etat de Maidan en Février 2014, à l’initiative de l’Axe Euro Atlantique, installant au pouvoir une junte d’oligarque appuyés notamment sur des milices et partis néo nazis.

     

    Ukraine Le Donbass toujours sous les bombes : l’OSCE cache-t’elle des crimes de guerre en Ukraine? #vidéo (IC.fr-11/10/2016)Une guerre qui vise les 4 millions d’habitants du Donbass, autour des agglomérations de Donetsk et Lougansk, bombardés quotidiennement à l’arme lourde par les canons, les tanks et les mortiers lourds de Kiev.

    Une guerre financée par l’Union Européenne puisque l’état ukrainien et en faillite et ne survit que grâce aux subventions chiffrant à plusieurs milliards d’euros de l’Union Européenne – à comparé à l’aide refusé à la Grèce !

    Une guerre menée avec le soutien de l’OTAN, qui livre des armes y compris lourdes à la junte de Kiev, et dirigée avec le conseil direct de l’état major américain qui a déployé ses soldats en et qui a placé ses conseillers à la tête de plusieurs ministère.

    Ukraine Le Donbass toujours sous les bombes : l’OSCE cache-t’elle des crimes de guerre en Ukraine? #vidéo (IC.fr-11/10/2016)Une guerre qui frappe l’ensemble de l’Ukraine vivant sous la botte d’un régime de terreur dont l’un des premiers actes aura été d’interdire le parti communiste et de pourchasser ses militants. De massacrer les militants antifascistes comme il l’a fait lors de l’incendie de la maison des syndicats d’Odessa le 2 mai 2014. Cette répression de masse étant le prélude au renforcement de la mise en coupe réglée d’un pays à l’économie désormais dévastée mais dont les richesses agricoles, technologiques et industrielles sont désormais sous contrôles des oligarques et du capital euro atlantique.

    Pendant que la campagne médiatique confinant au bourrage de crâne bat son plein au sujet d’Alep, les obus continue de tomber sur le Donbass, poursuivant cette stratégie revendiqué par le président de la junte à Kiev, l’oligarque Poroshenko, à propos du Donbass : « pendant que nos enfants iront à l’école, les leurs pourriront dans des caves ».

    Encore et toujours, l’heure est à la solidarité internationaliste avec nos camarades ukrainiens, communistes, antifasciste, avec les travailleurs du Donbass résistant au régime euro fasciste de Kiev.

    L’étrange silence de l’OSCE

    Si les médias de l’oligarchie capitaliste censurent cette guerre, dévoilant sans doute bien trop la nature de l’Union Européenne et de l’impérialisme capitaliste, ce ne sont pas les seuls. Dans le Donbass, la colère gronde contre les observateurs de l’OSCE, organisation internationale censée mener une mission neutre de surveillance de l’application des accords de Minsk. Pourtant l’accord de Minsk est violé quotidiennement par la junte de Kiev. Par ses bombardements massifs qui se poursuivent, ses mouvements de troupes, l’absence de libération des prisonniers politiques et des prisonniers de guerres, ainsi que l’absence de mise en œuvre des réformes institutionnelles prévues par les accords de Minsk. De tous cela il n’est pas question dans les étranges rapports de la mission de surveillance de l’OSCE, incapable d’observer jamais ces bombardements pourtant continuels de larges zones civiles du Donbass, bombardement dont pourtant les images inondent le web.  Neutre l’OSCE ? www.initiative-communiste.fr a rassemblé divers témoignages et reportages librement consultables sur internet, afin que chacun puissent se faire une idée.


    La mission de l’OSCE mise à nu : Cacher la vérité sur la guerre dans le Donbass

    Directeur : Janus Putkonen
    Cameraman : Roman Gnatyuk
    Équipe news : Katerina Katina et Vittorio Rangeloni
    Traduction depuis l’anglais par Christelle Néant

    www.dninews.com, avril 2016 DNI press est une agence de presse du Donbass.

    Gorlvoka Aout 2015, les femmes du Donbass interpellent les militaires de l’OSCE, complices des exactions de la junte fasciste pro UE de l’oligarque Poroshenko

    Revue de presse de quelques une des dizaines de vidéos postées sur internet montrant les civils du Donbass protester auprès des observateurs de l’OSCE qui cachent que l’armée de la junte fasciste de Kiev les bombarde sans discontinuer.

    L’OSCE couvre-t elle des crimes de guerres commis dans le Donbass par les pro UE et alliés de l’OTAN ?

    Depuis le début du mois de septembre, les médias français déploient une intense propagande visant les opérations militaires menées par la Syrie pour libérer la partie d’Alep occupée par des milices islamistes et Al Qaïda. Des opérations militaires qui bénéficient du soutient de l’aviation russe. Cette propagande s’appuie notamment sur des bombardements qui seraient commis contre des hopitaux dans la partie Est de l’Alep. Outre le fait que rien ne permet de vérifier l’existence réelle de ces bombardement si ce n’est les accusations des Etats Unis ou de la France, directement parties du conflit et soutenant les milices islamistes terroristes, ou celle d’ONG basée à Londres ou aux Etats-Unis, il faut surtout remarquer l’indignation à sens unique de ces soit disant journalistes. Aucun d’entre eux n’a jamais demandé la mise en accusation pour crimes de guerre lorsque les Etats Unis ont bombardé l’hôpital  Kunduz tenu par MSF en Afghanistan. Washington a reconnu une erreur et adressé une simple lettre de réprimande à quelques un de ses militaires (probablement des lampistes). Personne non plus pour dénoncer comme crime de guerre ou saisir le conseil de sécurité de l’ONU lorsque ce sont les avions de la coalition menée par l’Arabie Saoudite avec l’appui des USA qui bombarde des hôpitaux aux Yemen.

    osce-ukraine
     

    vu sur le site internet officiel de l’OSCE :

    l’OSCE forme la prochaine génération de cyber police de l’Ukraine….

    Mais à 4h d’avions de Paris, en Europe, c’est surtout la censure totale des crimes de guerres commis par la junte fasciste pro UE de Kiev dans le Donbass qui frappe. Écoles, hôpitaux, immeubles d’habitations ont été délibérément visés par les bombardement massifs lancés par l’armée de Porochenko financée et soutenue par l’UE frappant les agglomérations de Donetsk et Lougansk ! Pourtant l’OSCE a déployé des observateurs dans l’Est de l’Ukraine. Mais ces derniers ce taisent. Il est vrai que l’OSCE est plus occupé à afficher jusqu’à la une de son site internet son soutien au pouvoir de Kiev. L’agence de presse Donipress, basée au Donbass, rapporte des exemples des silences des observateurs de l’OSCE sur les bombardements d’hôpitaux dans le Donbass. Les dirigeants des Républiques Populaire de Donetsk et de Lougansk et surtout les populations civiles du Donbass dénoncent régulièrement la collusion entre les observateurs de la mission de surveillance de l’OSCE et la junte de Kiev.

    Enquête de DONI news sur le silence de l’OSCE sur le bombardement de l’hopital de Yelenovka à proximité de Donetsk le 27 avril 2016

    Encore une fois, la Mission de Surveillance de l’OSCE dissimule des informations et l’agence DONi News doit, de nouveau, exposer le fait que l’OSCE cache activement la vérité sur la guerre dans le Donbass, et le fait en faveur de l’Ukraine et de ses forces armées. Cette fois les observateurs de l’OSCE ne voulaient pas rapporter toute la vérité sur cette tragédie, due aux bombardements de terreur dans le village d’Yelenovka.

    Il est de notoriété publique que l’utilisation de l’artillerie lourde contre un hôpital est un crime de guerre grave et au moins un des obus de gros calibre, tiré depuis les positions ukrainiennes, a clairement explosé sur le territoire de l’hôpital d’Yelenovka et autour de cette zone, l’OSCE ne le mentionne pas dans leur dernier rapport :

    « Plus au Nord, dans la rue Moskovskaya, la MSS a observé des habitations légèrement endommagées et des annexes détruites, » écrit l’OSCE dans son rapport sur le bombardement du village d’Yelenovka, sans mentionner que cet endroit est éloigné (plus de 800 m) de l’autre zone bombardée près du point de passage de la RPD, où il y a eu 16 victimes. En d’autres termes, l’OSCE cache maintenant une information cruciale à la communauté internationale concernant un grave crime de guerre commis par l’Ukraine.

    Les événements tragiques se sont déroulés ainsi : Le mercredi 27 avril 2016, à 2 h 45 du matin, dans le village d’Yelenovka, les forces ukrainiennes ont mené un bombardement de terreur avec de l’artillerie lourde contre différentes cibles civiles, faisant 6 morts et 10 blessés parmi les civils, et provoquant des destructions importantes autour des zones bombardées. Deux sites différents ont été visés simultanément, l’hôpital et le point de passage, avec une distance de 800 m entre ces deux cibles.

    L’OSCE était sur place pour enquêter sur ces événements et DONi News a filmé leur présence à Yelenovka. Le rapport sur les résultats de l’OSCE a été publié jeudi 28 avril 2016 sur le site de l’OSCE, où ils mentionnent précisément l’utilisation d’artillerie de 122 mm contre plusieurs positions. La découverte rapportée de cinq obus de gros calibre confirme les informations rapportées par notre agence. Il faut rappeler que le déploiement d’artillerie de 122 mm sur la ligne de contact est interdit par les accords de Minsk.

    Et alors qu’il était clair à 100 % que les armes en question avaient été utilisées par les troupes ukrainiennes et que le bombardement ait été effectué depuis les positions ukrainiennes, l’OSCE écrit : « La MSS a analysé les deux cratèresainsi que deux autres dans les zones résidentielles proches. Sur base de cette analyse, la MSS a évalué que la direction de l’origine du tir était Ouest-Sud-Ouest, et que le type d’arme utilisé dans cette attaque était certainement de l’artillerie de 122 mm. »

    En d’autres termes, cette direction « Ouest-Sud-Ouest » sur cette zone frontière ne peut indiquer que les positions ukrainiennes, mais ce fait est ignoré. Il faut souligner qu’il n’est même physiquement pas possible, dans cette zone, que le bombardement de terreur puisse venir d’un autre endroit que les positions d’artillerie lourde ukrainiennes.

    Rapport de l’OSCE du 28 avril 2016 (en anglais) : http://www.osce.org/ukraine-smm/236936

    Rapport DONi News du 27 avril 2016 : Hospital, several civilian targets shelled by Ukraine in Yelenovka – DONi Exclusive Pics

    Il y a tout juste une semaine, l’agence DONi News a mis en lumière le travail de l’OSCE dans le village de Zaïtsevo, en RPD, où l’OSCE essayait de cacher le fait bien connu que l’Ukraine avait brisé le cessez-le-feu à peine 5 minutes après le départ du chef de la Mission de Surveillance de l’OSCE, Alexander Hug, et ces événements importants ont été cachés dans les rapports de l’OSCE :

    https://dnipress.com/fr/posts/la-mission-de-losce-mise-a-nu-cacher-la-verite-sur-la-guerre-dans-le-donbass-documentaire-doni-news/

     

    source: initiative-communiste.fr

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  • Nathalie, « la Francesa » des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie(IC.fr- .par Maurice LEMOINE, Pierre CARLES,

    Le 26 septembre 2016, après quatre années de négociations menées à La Havane, le président Juan Manuel Santos et le chef des Forces armées révolutionnaires de (), Rodrigo Londoño Echeverri, alias « Timochenko », signaient à Cartagena, en présence de nombreux chefs d’Etat latino-américains et du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon, un « accord final d’achèvement du conflit et de construction d’une paix stable et durable » destiné à mettre fin à la tragédie qui, depuis plus d’un demi-siècle, pour des raisons sociales, ensanglante le pays. Provoquant un immense espoir, cet accord, pour être mis en œuvre, devait être ratifié par référendum le dimanche 2 octobre. Contre toute attente, dans ce pays profondément divisé, le « non » l’a emporté avec 50,21 % des suffrages devant le « oui » (49,78 %) – une différence de 59 000 voix –, la participation n’atteignant que 37,28 % du corps électoral. Un séisme pour les partisans du silence des armes et d’une vie démocratique enfin normalisée.

    « Je ne me rendrai pas et continuerai à rechercher la paix », a déclaré le président Santos, affirmant que le cessez-le-feu bilatéral et définitif, observé depuis le 29 août, « reste valide et demeurera en vigueur ». Depuis La Havane, le chef rebelle Timochenko, tout en déplorant « que le pouvoir destructeur de ceux qui sèment la haine et la rancœur ait influé sur l’opinion de la population colombienne », a réitéré la disposition des guérilleros « à ne faire usage que de la parole comme arme de construction de l’avenir ». Férocement opposé à l’accord, principal artisan de ce séisme, l’ex-président et sénateur de droite extrême Álvaro Uribe affirme quant à lui qu’il est prêt à contribuer « à un grand pacte national », mais insiste pour que soit « corrigé » ce qui a été négocié avec les insurgés. Ceux-ci n’étant nullement disposés à remettre en cause le document de 297 pages issu de près de quarante-huit mois de pourparlers, l’incertitude la plus totale plane sur le futur, le pouvoir n’ayant envisagé aucun plan B.

    Parmi les guérilleros qui s’apprêtaient à déposer les armes et à les remettre à l’ONU dans un délai de six mois, figure l’une des deux Européennes présentes dans les rangs des FARC, la Française « Nathalie Mistral ». Quelques semaines avant ce qui apparaissait comme une très proche démobilisation, les journalistes Maurice Lemoine et Pierre Carles l’avaient rencontrée.

    * * *

    A part son rire communicatif, elle ne possède rien. « On peut parfois transporter des équipements à dos de mule, mais on ne peut pas se surcharger trop, donc on apprend à se détacher de beaucoup de choses. C’est bien de posséder des objets, mais le jour où tu dois les charger sur tes épaules, s’ils ne sont pas absolument indispensables, tu les laisses derrière toi. » Donc, à part son rire communicatif, elle ne dispose que d’un gros sac à dos dans lequel rentre toute sa vie. Elle : Audrey, alias « Nathalie Mistral », française de naissance, colombienne de cœur, internationaliste de conviction, guérillera depuis douze ans au sein des Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée du peuple (FARC-EP).

    Lorsque nous la rencontrons, début juillet dernier, dans les terres marécageuses et infestées d’insectes de la jungle du Choco, la signature définitive d’un accord de paix avec le gouvernement du président Juan Manuel Santos paraît hautement possible et, les yeux fixés vers l’avenir, Nathalie, comme ses « camaradas », réfléchit déjà à l’après conflit : « On ne parle pas de démobilisation au sens classique du terme. On pense à générer une dynamique collective. L’idée est de travailler de façon intégrée dans les communautés où nous sommes déjà présents, de générer des projets productifs, l’ouverture de voies de communication, une réforme rurale, la redistribution, le développement de centres d’alimentation. En vertu des accords négociés pendant quatre années à la Havane avec le pouvoir, les paysans devraient recevoir des crédits, un appui technique pour la culture et la distribution. On va être dans tout ça [1]. » Du social dans les yeux plutôt qu’un couteau entre les dents !

    Somme toute, à un peu plus de 40 ans, Nathalie n’a rien renié des idéaux et de la radicalité de sa première jeunesse. Originaire de Montpellier, présente « dans tous les mouvements » lorsqu’elle était étudiante, elle fut éducatrice spécialisée travaillant à l’insertion sociale des gens en situation de rue, tout en militant à la CGT. « A un moment, raconte-t-elle, je me suis demandé : qu’est-ce que je fais ? Je perpétue le système en y injectant de l’eau tiède pour que les défavorisés ne protestent pas ? J’en avais marre de dire aux gens, sans résultat : “Si vous êtes mécontents de votre situation, je peux résoudre votre problème jusque-là ; mais, au-delà, allez occuper les bureaux de l’administration !” » Estimant la situation momentanément bloquée, elle décide de « faire autre chose ».

    Objet de sa réflexion : la richesse européenne se construisant sur l’exploitation du Sud, comment aider les plus pauvres, les pays victimes de la spoliation à récupérer leur autonomie et à modifier le rapport de forces ? Et, surtout, où agir ? En examinant les possibilités existantes, « et pas spécialement la lutte armée, mais la résistance au modèle dominant », Nathalie se retrouve en 2001 au Chiapas – « comme tout le monde » ! précise-t-elle en pouffant. Durant un mois, entre moulins à maïs, plantations de café et aubes bleutés des montagnes du sud-est mexicain, elle observe cette « expérience d’autogestion indigéniste intéressante », tout en restant sur sa faim : « Primo, parce que, sur le plan militaire, ils sont totalement encerclés. Dès qu’ils bougent, ils sont écrasés. Secundo parce que “changer le monde sans prendre le pouvoir”, c’est très joli, mais comment ça se mange ? C’est quelque chose que je ne comprends pas bien. » Vaste débat, toujours en cours en Amérique latine et même au-delà.

    Homme ou femme, la vie d’un individu ne progresse pas de façon linéaire. Le hasard des rencontres y joue un rôle déterminant. Mais peut-on parler de hasard, dans le cas présent ? Au Chiapas, Nathalie fait la connaissance d’un « muchacho » chilien qui s’intéresse à la Colombie. C’est l‘époque où, dans la région du Caguán, les FARC négocient avec le président Andrés Pastrana. De cette terrible organisation d’opposition armée qu’on dit communiste, Nathalie a l’image qu’on en a en France. Pas franchement positive, pour dire les choses comme elles sont. Elle discute avec le « compañero ». IIs décident d’aller voir ce qui se passe dans le Caguán, afin d’en savoir plus sur cette mystérieuse guérilla. Evidemment, faute de moyens, l’organisation de l’expédition prend du temps. Alors que, par la route, ils voyagent depuis une quinzaine de jours, Pastrana, qui a profité de la trêve pour négocier avec Washington le Plan Colombie, rompt les pourparlers et, le 20 février 2002, déclenche l’opération « Thanatos ». Trois heures après la rupture des négociations, et au mépris des engagements pris, les forces armées lancent sur les FARC et leur état-major au grand complet quelque deux cents missions aériennes depuis la base de Tres Esquinas (département du Caquetá) en utilisant des avions OV-10, AT-37, DC-34 et Kafir, ainsi que des hélicoptères Black Hawk, qui bombardent quatre-vingt-sept sites de la zone démilitarisée [2].

    Plus question pour les deux voyageurs de s’aventurer au milieu de cet inextricable guêpier. Ils poursuivent leur chemin jusqu’en Argentine qui, à ce moment, laboratoire de l’ultralibéralisme tombé au fond du gouffre, se désagrège, prise au piège de sa dette, de sa classe dirigeante, du Consensus de Washington et donc du Fonds monétaire international (FMI). Entre explosions de colère, manifs ponctuées de leurs rageurs « Que se vayan todos ! » (« qu’ils s’en aillent tous »), renversements et démission de présidents – Fernando de la Rúa (20 décembre 2001), Rodríguez Saá (30 décembre 2001), Eduardo Duhalde (30 mars 2003) –, la Française et le Chilien s’investissent et côtoient les « piqueteros » [3], tout en organisant des événements de solidarité avec la Colombie. De temps en temps, ils voyagent en Equateur ou au Venezuela, à la recherche de contacts, pas si faciles que ça à trouver. « On analysait avec pragmatisme que les FARC étaient l’organisation la plus importante et que, si nous voulions apporter notre grain de sable, il convenait d’aider le mouvement qui avait de réelles des possibilités. »

    Après un passage en Bolivie où, en 2003, deux ans avant l’arrivée au pouvoir d’Evo Morales, ils gravitent dans la mouvance du Mouvement vers le socialisme (MAS), le grand moment arrive enfin à l’occasion du premier Forum social des Amériques (FSA), qui se tient en Equateur du 25 au 30 juillet 2004, dans la continuité du Forum social mondial (FSM) inauguré à Porto Alegre en janvier 2001. A Quito, quelque huit cent cinquante organisations de toutes origines et plus de dix mille personnes, parmi lesquelles énormément de jeunes, équatoriens bien sûr, mais aussi colombiens, péruviens, vénézuéliens, brésiliens, se retrouvent pour promouvoir « Un autre monde possible ». C’est lors de ce forum, au cours duquel des organisations syndicales, agricoles et indigènes colombiennes dénoncent les dramatiques violations des droits humains menées sous les auspices du président Álvaro Uribe et de sa politique dite de « sécurité démocratique », que les deux compagnons rencontrent des représentants du Mouvement bolivarien – une organisation qu’on prétend « proche des FARC » et dont le dirigeant est de fait… l’un des « commandantes » de la guérilla, alors chargé du travail idéologique et politique, Alfonso Cano [4].

    Le Mouvement bolivarien souhaite inviter des « piqueteros » pour la commémoration de la mort de Simón Bolivar, qui se tiendra à Santa Marta (Colombie) en fin d’année 2004. De retour à Buenos Aires, Nathalie et le Chilien transmettent le message aux Argentins, qui le reçoivent avec un certain embarras. Deux problèmes les perturbent. Le premier, financier : personne, au sein de ces « piqueteros » dépourvus de tout, n’a de quoi financer ce projet. Le second ? Le niveau de risque. Une invitation des « sulfureuses » FARC, placées par Washington et l’Union européenne sur la liste des organisations terroristes, alors que gouverne Álvaro Uribe !

    Bien peu à l’époque (et aujourd’hui encore) oseraient appliquer à la Colombie la réflexion du Mexicain Carlos Montemayor, excellent connaisseur des groupes « subversifs » d’Amérique latine, s’exprimant à propos du Chiapas. Après avoir précisé « la guérilla n’est pas à l’origine de la violence ; la guérilla est la phase armée et ultime d’une violence déchaînée, de manière cruelle et mortelle, par la politique des groupes de pouvoir », l’écrivain s’interroge : « Quelles dimensions sociales et politiques embrassent le mot « terrorisme » ? Un peuple qui se soulève pour résister à une invasion, ou pour se défendre des massacres, de la faim, du racisme, de la répression ou de la misère est-il terroriste [5] ? » De fait, aucune histoire n’existe sans son passé.

    Nathalie et son camarade avaient-ils lu Montemayor ? Nous l’ignorons. Toutefois, malgré les taraudantes incertitudes, ils n’hésitent pas longtemps : « Le contact politique clandestin doit toujours balancer entre prise de risque et confiance, car si tu ne fais jamais rien, tu n’obtiens jamais rien. Alors, tu soupèses…  » Et tu décides que tu y vas !

    Voici nos deux internationalistes sous le soleil de la côte caraïbe, dans un campement des FARC dont ils découvrent les « cambuches » (dits également « caletas », « carpas » ou « carpitas ») – lits surélevés de planches, entourés de quatre piquets que surmonte une toile plastique noire ou kaki. Rien à voir avec les luxueux bungalows plantés, pas très loin de là, sur le sable des plages d’un blanc aveuglant. Du spartiate ! Ils vont participer à un échange qui, malgré la situation tendue, n’a rien d’exceptionnel et au début duquel les guérilleros demandent généralement aux visiteurs combien de temps ils souhaitent rester. Dans un grand éclat de rire, Nathalie se souvient : « En général, ceux-ci répondent deux jours, une semaine, deux semaines. Nous, on a dit : un an et demi ! » Apprendre, connaître, comprendre, voir ce qu’il était possible d’apporter. « OK, restez, répondent tranquillement les guérilleros qu’on décrit souvent comme des paranoïaques vivant au sein d’une secte isolée de tout. Voici votre caleta. »

    Prendre les armes, quand on est très… antimilitariste ! Le père de Nathalie avait vingt ans en 1968. Il a été hippie, on l’a vu sur les barricades au Quartier latin. « J’ai grandi dans ce milieu de critique, de rébellion, assez anarchiste. Je n’avais jamais vu un fusil de ma vie. Ça a été une découverte. Et un questionnement. Tuer quelqu’un pour sauver sa vie ? Je n’y ai jamais été confrontée, mais on doit s’habituer à l’idée. Sans savoir comment on va réagir... »

    Guerres légitimes, guerres illégitimes… « On lit, on étudie, on étend ses connaissances. » Il n’empêche, on n’est plus à Quito. Les FARC sont une armée, pas une réunion d’altermondialistes sympas. Une structure militaire, une verticalité dans les tâches, une rigide organisation de la vie quotidienne, de la discipline, un règlement. « Parfois, ça pèse. Moi, je suis un peu libertaire ! Je demande toujours des explications. Et pourquoi on fait ça ? Et pourquoi on prend cette décision ? Et pourquoi… ? » Toutefois, conte la Française, la compréhension vient avec le temps. « Il s’agit d’une armée différente de l’armée bourgeoise, avec une discipline consciente. Si j’obéis aux ordres, ce n’est pas parce que je suis obligée, mais parce que c’est une garantie d’efficacité et de sécurité. On fait partie d’une chaîne. Les ordres se donnent et se reçoivent avec respect. Il y a une camaraderie un peu plus que militaire dans la relation avec les gens, et un projet politique partagé. On n’est pas seulement guérilleros, on est tous membres du Parti communiste clandestin [PC3], on a des réunions de cellule, des espaces de participation, des discussions, c’est la grande différence avec une armée classique. »

    Pour en revenir au tout début de l’engagement, les temps furent difficiles. De grandes opérations se déroulaient dans la proche Sierra Nevada. Des blessés arrivaient dans ce campement d’arrière-garde chargé de la propagande et de la radio. En guérillera de base, Nathalie suit alors les cours de l’Ecole politique, sans participer à aucun combat, jusqu’au jour où un « comandante » lui pose, comme au Chilien (et à tout combattant récemment intégré), la question à un million de pesos : « Alors ? Que voulez-vous faire, maintenant ? Voulez-vous rester ? Intégrer les réseaux de solidarité, la structure internationale, le Mouvement bolivarien, le PC3 ? » En bonne logique, en tant que non Colombiens, ils devraient travailler avec Raúl Reyes, numéro deux et « ministre des affaires étrangères » des FARC [6]. Mais sa politique est généralement d’utiliser ce type de militants pour construire la solidarité internationale depuis leur pays d’origine. D’une voix forte et ferme, ces deux-là s’insurgent : « Non ! On veut rester ici ! »

    Les « comandantes » couperont la poire en deux : « On m’a quasiment jetée du campement, s’amuse Nathalie, en me disant : “Tu as des capacités politiques, tu dois travailler à l’extérieur.” » C’est ainsi qu’elle devient la « camarada mochilera » – la « camarade au sac à dos ». Jouant les routardes pour donner le change, elle parcourt le continent américain en bus, en car, en stop, en camion, de Caracas à Buenos Aires, de La Paz à Quito, pour établir des contacts, construire la solidarité à travers les mouvements sociaux en cooptant les militants de base les plus politisés. Rentrant et sortant des campements, maintenant le lien entre les parties rurale et urbaine de l’insurrection, elle vit cette situation quasiment comme un privilège, pouvant à l’occasion s’offrir « une bière ou un ciné ». Mais déjà en véritable « fariana » (combattante, généralement paysanne, des FARC) : « Je me souviens que parfois j’étais en ville et qu’ils me récupéraient parce que je n’en pouvais plus. La vie dans les campagnes ou la jungle apporte plus d’énergie physique, une sorte de tranquillité. »

    En 2008, un épisode très « franchouillard », ridicule, mais majeur, va troubler cette relative normalité. Jusque-là, vivant dans un campement, ou quelques mois dehors (parfois très longtemps, parfois très peu), Nathalie possède des papiers en règle, comme n’importe quelle touriste lambda. Les services de renseignements colombiens ne l’ont pas détectée. Mais son passeport français arrive à expiration. La voici devant le comptoir d’embarquement de l’aéroport Simón Bolivar de Caracas, sac de voyage à l’épaule, destination Paris. De la ville dite « lumière », elle gagne la Bourgogne où vivent ses parents et où elle a fait porter sa résidence avant son départ, dans la maison où elle a grandi. Là, la situation tourne à la farce bien que, vérification faite, il n’est nullement fait mention de la Préfecture de l’Yonne dans les œuvres de Georges Courteline ou Franz Kafka. Une fonctionnaire est en fonction, ce qui, a priori, n’a rien de surprenant. Mais ses doigts tambourinent nerveusement sur son bureau. D’après elle, Nathalie a passé trop d’années à l’extérieur de l’hexagone pour pouvoir demander un renouvellement de son passeport. Bien entendu, en bonne Française, c’est-à-dire râleuse, et en guérillera colombienne, c’est-à-dire insoumise, celle-ci s’insurge vigoureusement : « Je voyage en permanence, mais mon domicile légal est là. » Elle ne discerne pas la moindre hésitation dans la réponse : « Donnez-m’en la preuve. Vous ne payez ni loyer, ni électricité, ni ligne fixe de téléphone, ni abonnement pour un portable, ni impôts, ni cotisations à la sécu… Vous n’êtes pas de cette région. Puisque vous y avez travaillé, allez voir du côté de Montpellier. » Où elle subit le même refus. Bref, pratiquant la déchéance de nationalité avant l’heure, on lui conseille d’aller voir au… « Venezuela », d’où elle a pris l’avion.

    Finalement, après moult démarches et comme si elle était étrangère dans son propre pays, Nathalie obtient un passeport temporaire (« Délivré en urgence pour des motifs d’ordre médicaux ou humanitaires. Les services préfectoraux décident de la délivrance en fonction de la situation. Ce passeport est valide seulement pendant un an »). Rentrée en Colombie, elle s’y retrouve donc sans papiers en règle à partir de 2009. Elle y vit aujourd’hui en « illégale » intégrale, sans possibilité de se déplacer ni même de rentrer en France le cas échéant. Ce qui ne pose guère de problème quand on vit avec « la insurgencia » (les insurgés), mais risque de se révéler problématique en cas de démobilisation. Evidemment, faute de document d’identité, Nathalie doit désormais limiter les déplacements et cesser quasiment de voyager pour la Commission internationale. Dans la vie normale, on dirait : il lui faut changer de service et de spécialité.

    Quand elle a intégré l’opposition armée, Nathalie l’a fait en ayant dans la tête les campements du Che, les guérilla des années 50 ou 70, des images de hamacs, de barbus aux vêtements en loques, de vieux fusils. Quelle surprise. Elle débarque sous les gigantesques frondaisons qui dissimulent le cantonnement. La première chose qu’elle voit c’est la « carpita » et, immédiatement après, provoquant chez elle un incrédule « c’est pas possible !  », un petit chien blanc, un chienchien à sa mémère, avec un nœud rose sur les oreilles et les griffes peintes. Cette sorte de caniche de bourgeoise appartient à une guérillera. « C’est lié au fait de ne pas pouvoir avoir d’enfant, beaucoup ont “una mascota”[un animal de compagnie] et s’amusent avec comme avec un jouet. »

    Deuxième source d’étonnement : le niveau des technologies utilisées. Quelques commandants utilisent un ordinateur, beaucoup plus lourd que ceux d’aujourd’hui, les clés USB n’existent pas encore, mais, au fil du temps, les guérilleros suivent l’évolution du matériel à vitesse grand V. Lorsque Nathalie rejoint définitivement le Bloc Caraïbe, après ses démêlés avec la bureaucratie française, le commandant Jesús Santrich est « complètement planté avec son ordi  ». Pourrie par les virus, la machine fonctionne au ralenti. En France, Nathalie s’intéressait beaucoup à la technique et s’occupait elle-même de son informatique. Elle prend les choses en main : « “Je peux essayer de te le régler. Je ne suis pas spécialiste, mais j’essaie.” Et je l’ai nettoyé. Il a fonctionné un peu mieux. La deuxième fois aussi, quand un autre camarade est venu me trouver. Peu à peu, cherchant sur Internet quand je ne savais pas, je me suis retrouvée spécialisée en tout ce qui était technique. » Jusqu’au jour où Iván Márquez (futur numéro un de la délégation des FARC à La Havane), en proie à une perplexité manifeste, l’appelle parce que le site Internet national est tombé sous les coups des hackers de l’armée. « Tu sais faire une page Web ? » On est au pays du « réalisme magique » de Gabriel García Márquez, ne l’oublions pas : « J’en ai fait une pour une amie chanteuse ! Si tu veux, je tente le coup. » Ainsi naît le site Martín Caballero « Bolivar somos todos » (Nous sommes tous Bolivar) [7]. A compter de ce moment, « la Francesa » bascule définitivement dans la « communication ».

    Les parents de Nathalie connaissent plus ou moins l’activité de leur fille. Ils auront l’occasion de lui rendre visite à La Havane où, en février 2013, elle rejoint la délégation des FARC qui négocie avec les représentants du président Juan Manuel Santos. Autant la néerlandaise Tanja Nijmeier (alias Alexandra Nariño), dont l’existence est connue depuis 2007, est devenue l’attraction des médias du monde entier, autant cette seconde européenne passe inaperçue. Comme ses « camaradas », elle se retrouve à mille lieux des cris des singes, des appels des oiseaux, du bourdonnement des insectes des jungles colombiennes, dans cette zone exclusive d’El Laguito (le petit lac), un condominium situé à l’ouest de la capitale cubaine, exproprié par Fidel Castro au début des années 1960. Devant le portail, vêtues d’un uniforme vert olive, ce sont presque toujours des jeunes femmes qui montent la garde [8]. Mais ce n’est pas ce qui fait s’étrangler Nathalie.

    Le pseudo « sexe faible » représente environ 35 % des effectifs de l’organisation armée. Au quotidien, l’égalité totale entre hommes et femmes préside au partage de toutes les tâches, cuisine et combat compris. « En arrivant à La Havane, j’ai été choquée de voir comment toutes ces guérilleras, fortes de quinze, vingt ou trente ans de maquis, s’appropriaient la Maison de réception et commençaient à vouloir cuisiner, faire du ménage, etc. Après des décennies de travail égalitaire, revenir à ça ! » Quand elle aborde ce sujet, « la Francesa » devient intarissable. Et positive, en pensant à l’avenir. « L’avantage qu’on a sur les expériences passées, en parlant des femmes, c’est qu’on a prévu ce qui peut se passer. »

    Dans le cadre des pourparlers, les négociateurs ont reçu de très nombreuses délégations de personnalités politiques, d’émissaires colombiens et étrangers, de victimes du conflit et… de femmes. Parmi ces dernières, beaucoup de « démobilisées » des mouvements qui ont déposé les armes dans les années 1990 – M-19, Quintín Lame, Armée populaire de libération (EPL), quelques fractions minoritaires de l’Armée de libération nationale (ELN). « Elles nous ont mis en garde : “Nous, nous sommes restées sans protection.” »

    Très concrètement : lorsque la guérilla indigène du Quintín Lame abandonne la lutte armée, le pouvoir octroie de la terre aux hommes. Leur femme ou amie, éventuellement ex-combattante, est « compañera de… » (compagne de…). « Après un certain temps, si le couple éclate, les femmes restent sans rien. » Côté M-19, d’après les « anciennes », personne ne s’affrontait pour arracher le privilège d’aller au combat. Le plus capable prenait la direction des opérations et tout le monde participait. En revanche, dès qu’il s’est agi d’entrer en politique, la compétition est devenue plus compliquée et les femmes ont été peu à peu marginalisées. « Elles nous ont toutes averti. »

    Paradoxalement, c’est au sein de cette guérilla des FARC à la réputation épouvantable qu’une Commission de genre dirigée par la « comandante » Victoria Sandino pense le problème, y réfléchit, l’impose dans l’agenda de la négociation et fait en sorte que le même type de réflexion soit mené dans les différents blocs et fronts [9].

    Pour être guérillera, donc, on n’en est pas moins femme. A La Havane, Nathalie tombe amoureuse d’un membre de la délégation rebelle, un grand gaillard afro-colombien, le commandant Pablo Atrato, membre de l’état-major du front 57. Quand celui-ci rentre dans son étouffant Choco, elle demeure dans la capitale cubaine mais, lorsque vient son tour de repartir pour sa base de la Caraïbe, en avril 2016, elle demande son transfert et rejoint son « compa ». « Je suis ici par amour » ! rit-elle aux éclats en tentant de chasser les moustiques qui, pendant qu’elle parle, s’offrent un festin (sur nous aussi, soit dit en passant !).

    Les FARC étant un mouvement d’extraction paysanne, il n’est pas rare, en entrant dans un campement, comme celui où nous l’avons rencontré, de voir des cochons ou des poules. Dont l’une finira ce soir à la casserole. En pensant à l’ « exécution » de la volaille plutôt qu’à sa dégustation, Nathalie esquisse une moue un peu ennuyée. « On suppose que le fariano doit tout savoir faire ! C’est dans le règlement. Par exemple, tuer une poule. Je suis de la campagne, je sais comment m’y prendre. Mais, quand il s’agit d’égorger un porc ou une vache, je préfère céder ma place. Par chance, j’en ai le droit. »

    Répugner à tuer une bestiole et vivre au sein d’une organisation armée accusée de tous les maux, y compris de crimes de guerre et de crimes contre l’Humanité ! Quelle contradiction, voire quelle inconséquence ! Sursauteront certains, trouvant que ce portrait rend la militante un peu trop normale, commune, sympathique, terriblement humaine en un mot.

    Qu’on nous permette une digression. Le conflit colombien a été atroce, par sa durée et son intensité. Le mécanisme de « justice transitionnelle » élaboré par les négociateurs à La Havane se donne pour objectif principal l’établissement de la vérité due aux victimes, des peines de restriction de liberté pouvant atteindre huit années (mais sans prison) pour ceux qui avoueront des fautes particulièrement graves et des sanctions impitoyables (vingt ans d’incarcération) pour qui tenterait d’occulter des exactions n’ayant rien à voir avec le contexte occasionné par un affrontement armé. Il n’y a donc pas « impunité », contrairement aux allégations des détracteurs du processus de paix.

    Lorsque, à Cartagena, le 26 septembre, quelques semaines après notre rencontre avec la Française, seront signés ce qu’on considérera alors comme d’« historiques accords de paix », le commandant en chef de la guérilla Rodrigo Londoño Echeverri – nom de guerre « Timoleón Jiménez » ou « Timochenko » – ne laissera planer aucune ambiguïté en assumant publiquement, solennellement, dans son discours, les responsabilités de la guérilla : « Au nom des FARC-EP, je demande sincèrement pardon à toutes les victimes du conflit, pour toutes les douleurs que nous avons pu causer durant cette guerre. » Auparavant, dans une atmosphère « tendue mais respectueuse », les insurgés avaient déjà reconnu, devant les familles, leur culpabilité dans le meurtre « absurde » et « honteux » des onze députés enlevés en avril 2002 dans le département du Valle del Cauca et exécutés cinq ans plus tard alors que l’armée menait une opération pour les libérer. De même qu’ils ont rencontré à deux reprises et fait leur mea culpa devant les habitants de Bojayá (Choco), où une « bavure » particulièrement atroce fit 119 morts et 98 blessés en mai 2002 [10]. Outre la pratique des enlèvements de civils destinés à financer le mouvement par la perception d’une rançon (dite « impôt révolutionnaire »), deux des tragédies emblématiques régulièrement montées en épingle pour mettre en cause, mais surtout diaboliser les FARC [11].

    Néanmoins, les plus de 400 000 morts enregistrés depuis 1948, la disparition d’au minimum 50 000 personnes ainsi que le déplacement de 6,9 millions d’habitants ne peuvent être imputés à la seule (ou aux seules) guérilla(s). Telle que prévue dans les accords, la juridiction spéciale devra (ou aurait dû) également mettre à jour la responsabilité majeure (de l’ordre de 70 % des crimes) des forces armées et des paramilitaires, la complicité de nombreux membres civils des classes politique et économique. Cinquante-sept entreprises sont d’ores et déjà mises en cause pour leurs liens avec le paramilitarisme, dont les emblématiques Postobón, Ecopetrol, Envigado Fútbol Club, mais aussi les multinationales Chiquita Brands, Coca Cola et Drummond Company.

    Qu’on ne s’y trompe pas : un risque dévastateur pour une partie de l’ « establecimiento ». Lequel enrage à l’idée que les anciens rebelles pourraient être admis à participer à la vie politique du pays plutôt que de croupir dans des culs-de-basse-fosse. D’où la campagne menée par les Cavaliers de l’Apocalypse – les ex-présidents Álvaro Uribe et Andrés Pastrana ; l’ex-procureur général de la République Alejandro Ordoñez ; l’ex-vice-président Francisco Santos, cousin de l’actuel chef de l’Etat, accusé d’avoir demandé aux paramilitaires de créer un Bloc dans la capitale Bogotá – contre le « oui » au plébiscite du 2 octobre dernier.

    La nouvelle donne ne change rien : ce qui était vrai hier le sera également, et peut-être encore plus, demain. « Le pouvoir cherche quels crimes contre l’Humanité il peut nous mettre sur le dos, estime Nathalie. Depuis le recrutement de mineurs à la violence sexuelle. Mais, pour que ce soient des crimes contre l’Humanité, il faut que leur pratique soit systématique. Ce qu’elle n’est pas. Alors, ils montent des cas. » Huit cents enquêteurs travailleraient en permanence sur les exactions des FARC. « Le nombre de violences sexuelles, ridiculement bas, qu’ils ont trouvé, n’est pas en adéquation avec le nombre de fonctionnaires qui y consacrent leur temps !  » Quand on évoque devant elle les accusations récurrentes de viol, c’est, outre la « fariana », la féministe qui répond : « Ça peut arriver, on m’a raconté quelques cas. Mais, pour nous, la violence contre une compañera ou contre une femme de la société civile est passible du Conseil de guerre. Dans ce genre de cas, ce dernier condamne généralement le coupable à la peine capitale. En cas de viol prouvé, le coupable, aujourd’hui, n’existe probablement plus. Ça peut paraître dur, mais, dans le contexte de la guerre, on n’a pas de prison où jeter les gens pendant quinze ans et on ne peut pas non plus les remettre à la justice ordinaire, que nous rejetons. On a un règlement beaucoup plus sévère que celui de la société colombienne, et moins de tolérance culturelle. Alors, un guérillero y réfléchit à deux fois. Ils pourront recueillir peu de cas qui n’aient pas été jugés par la juridiction interne. »

    La pratique des enlèvements dits « économiques » a été massive durant de longues années. Là encore, le commandant Timochenko s’est livré publiquement à une ferme autocritique, le 11 septembre dernier, reconnaissant les souffrances causées. « Mais on nous attribue encore je ne sais combien de disparus ! Nous avons commencé par faire un sondage au niveau des Fronts. Nous en avons trouvé six au niveau national – des rétentions économiques. On n’a plus personne. Lors de l’ouverture du dialogue, tout le monde a été libéré. » Sans vouloir faire des FARC une association d’enfants de Marie, et au-delà de cet entretien, nombre des accusations lancées aujourd’hui contre la guérilla sont effectivement soit excessives, soit infondées. Mais fonctionnent très bien dans le cadre des manipulations médiatiques, qui requièrent des « bons » et des « méchants absolus ».

    C’est donc dans le ténébreux Choco, sur les rives du puissant río Atrato et de ses affluents, que Nathalie vit ce qu’elle croit, en juillet, ses derniers jours de guérillera active. Au contact direct des populations. Des communautés paysannes, noires, indigènes, démunies de tout. Que les FARC, historiquement, assistent, y remplaçant l’Etat, en matière de règlements des conflits, mais aussi de santé. « Dans la mesure du possible, nous répondons aux urgences. Mais on ne peut pas toujours, on n’a pas forcément ce qu’il faut. On achète quelques traitements au marché noir. Très peu. » Du coup, Nathalie se replie sur les médecines alternatives, à base de plantes, auxquelles elle s’intéresse depuis longtemps. « J’essaie, mais jusqu’aux Indigènes ont perdu leurs traditions curatives, ils n’ont plus confiance que dans la “pastillita” (comprimé). » Début juin, dans ce climat débilitant, elle a connu elle-même sa première crise de paludisme. « Je l’ai soignée avec la racine d’une fleur ; j’étais faible, mais sans fièvre, cela été plus efficace que les “pastillitas”. »

    Dans ces moments d’incertitude où les événements, chaque jour, s’accéléraient, il a fallu aussi aux guérilleros, déjà habillés en civil, expliquer aux communautés les avancées des négociations de La Havane et, pour certaines d’entre elles, les rassurer. « Qui nous protégera, quand vous ne serez plus là ? » Avant même la signature du 26 septembre et le désastre du 2 octobre, tout le monde estime à ce moment qu’il s’agira avant tout d’une paix « par défaut ». Celle du silence des armes. Mais quid des paramilitaires ? « Les gens sont inquiets. Quand on quitte une région, les paras l’occupent immédiatement. » Par ailleurs, il n’existe pas une grande confiance, quant au respect futur des accords, dans la parole de l’Etat.

    « On va vivre et on verra », dit alors Nathalie, relevant le défi de s’intégrer à une société capitaliste pour tenter de la transformer, démocratiquement cette fois, de « mettre en place des Communes, une autonomie, pouvoir continuer à fonctionner sur le mode de vie sinon communiste, au moins communautaire. »

    Le 2 octobre, lors du plébiscite, et comme la majorité des régions et localités directement affectées par le conflit, celles qui ont connu le plus grand nombre de victimes, le Choco a majoritairement voté pour la paix (96 % de « oui » à Bojayá). Il n’en demeure pas moins que tous les projets élaborés ces derniers mois par les guérilleros sont devenus caducs. A très court terme, Nathalie et ses « camaradas » ne reviendront pas à la vie civile, comme ils l’envisageaient très sérieusement. Il faudra donc, à « la Francesa », rajouter un temps indéterminé à ses plus de quinze années hors de la « normalité »… A la question « s’agit-il d’un mode de vie ? », elle nous répondait en juillet : « Je ne sais pas. Je ne pense pas que la majorité le considère comme un mode de vie. En ce qui me concerne, ça peut parfois paraître un film ou un roman. Mais ça a été assez naturel, comme la vie quotidienne, un pas après l’autre. On apprend, on se détache de beaucoup de choses, on s’éloigne de la réalité française. Je ne me suis jamais posé la question de sortir de cet engagement. Il était clair que c’était une décision sans retour possible. On n’est plus totalement maître de son futur. On se met à disposition du projet. »

    Maurice Lemoine et Pierre Carles

    Photographies : Maurice Lemoine

    »» http://www.medelu.org/Nathalie-la-Francesa-des-FARC

    [1] Lire « Veillée de paix pour les guérilleros des FARC », Mémoire des luttes, 27 juillet 2016.

    [2] Trois jours plus tard, la candidate verte à l’élection présidentielle, la franco-colombienne Ingrid Betancourt, sera enlevée.

    [3] Chômeurs pratiquant le blocage des routes (« piquete »).

    [4] Après la mort du leader historique Manuel Marulanda en mai 2008, Cano (de son vrai nom Guillermo León Saenz) deviendra le numéro un de la guérilla. Il sera tué à Suárez (Cauca), le 4 novembre 2011, alors qu’il venait d’engager les FARC sur les voies de la négociation.

    [5] Carlos Montemayor, La Rébellion indigène du Mexique, Presses de l’université Laval/Syllepse, Québec/Paris, 2001, 189 pages, 15,24 euros.

    [6] Raúl Reyes sera tué par un bombardement, le 1er mars 2008, en territoire équatorien où il se trouvait pour négocier la libération de prisonniers (militaires) et otages (civils) des FARC – parmi lesquels Ingrid Betancourt.

    [7] Chef du Front 37 sur la Côte caraïbe pendant onze années, Martín Caballero est mort au combat en octobre 2007.

    [8] Lire Hernando Calvo Ospina, « Vu et entendu à La Havane », Le Monde diplomatique, Paris, février 2013.

    [9] Le frente (front) se compose d’une ou plusieurs colonnes de cent vingt-huit combattants ; le bloc de cinq ou six fronts.

    [10] Lire Maurice Lemoine, Sur les eaux noires du fleuve, Don Quichotte, Paris, 2014.

    [11] On notera que la guérilla est le seul des acteurs du conflit qui assume ses responsabilités et demande pardon pour les souffrances causées. Aucun des autres acteurs, militaires, paramilitaires ou civils, ne l’a fait – à l’exception notable du président Santos qui a reconnu la responsabilité de l’Etat dans le massacre des militants de l’Union patriotique (4 000 morts) dans les années 1980.

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  • XVIIe congrès de la Fédération Syndicale Mondiale à Durban-Afrique du Sud (IC.fr-7/10/2016) .

    Jacky Omer – syndicaliste CGT, délégué du Front Syndical de Classe au 17e de la

    Le 17e congrès de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) se tient en ce moment à Durban. Il rassemble plus d’un milliers de délégués issus de syndicats de 111 pays des 5 continents

    Un congrès qui marque la progression de cette internationale du syndicalisme de combat, du et de masse.

    Jacky Omer  – militant de la commission lutte du PRCF – syndicaliste et délégué au congrès pour le front Syndical de Classe explique au site internet du Front Syndical de Classe :

    Un premier constat : 1500 délégués pour ce congrès contre 800 au 16e congrès à Athènes en 2011.

    Des chiffres qui dans leur sécheresse illustrent les progrès de la FSM qui dans le même laps de temps a gagné 14 millions de membres.

    Il deviendra donc de plus en plus difficile de faire semblant d’ignorer cette force syndicale au plan international et de faire comme si elle n’existait pas au risque du ridicule!

    L’indispensable recherche de l’unité des travailleurs contre les oligarchies mondiales passe dors et déjà par la reconnaissance du rôle de la FSM renaissante.
    N’en déplaise aux tenants de la collaboration de classe.

     

    + d'Infos sur le site de la FSM (Fédération Syndicale Mondiale)

    wftucentral.org/

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  • L’ÉQUATION MILITAIRE-POLITIQUE EN SYRIE - paru dans "Kommounistiki Epitheorisi", organe politique du CC du KKE(solidinter-pcf  9/10/2016)(Extraits étendus par l’article publié dans la « Kommounistiki Epitheorisi », organe politique et théorique du CC du KKE, dans le premier numéro de 2016).

    Elissaios Vagenas

    Membre du CC du KKE,

    Responsable du Département de Relations Internationales.

     

    L’ÉQUATION MILITAIRE-POLITIQUE EN SYRIE - paru dans "Kommounistiki Epitheorisi", organe politique du CC du KKE(solidinter-pcf  9/10/2016)

    Plus de dix années se sont écoulées depuis l’écrivain Alexandre Zinoviev1 a comparé la Russie capitaliste à un « lièvre à cornes », « lièvre », apparemment, parce que dans ces premières années du rétablissement capitaliste, la nouvelle bourgeoisie de la Russie, en une voie d’intégration de son pays dans la « pyramide » impérialiste mondiale, et essayant d’assurer sa position à l’intérieur, elle cédait facilement aux exigences des États-Unis et d’autres puissances. Et cela, malgré le fait qu’elle avait hérité par l’Union Soviétique un arsenal tout puissant (d’où le « cornu »).

    Or, voilà que les choses changent. Et la Russie, de plus en plus souvent, utilise sa force militaire hors de ses frontières. Elle a fait cela en Moldavie (dans le cas de la Transnistrie), à Tadjikistan, en Géorgie (dans le cas d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud), en Ukraine (dans le cas de Crimée), à savoir sur des territoires de l’ex-URSS considérés comme une « zone d’intérêts privée » de la Russie. Par l’intervention militaire en Syrie, Moscou a fait un « saut » important, en piétinant sur le « monopole » américain d’hier de l’intervention militaire dans des régions plus lointaines. Une intervention qui modifie les termes de l’ « équation syrienne » et, entre autres, cause des confusions au sein du Mouvement Communiste International ».

    Certes, l’intervention militaire russe a été succédée par l’attentat meurtrier à Paris. Celle-là, ayant une « hécatombe » de personnes mortes, a posé à son tour de nouveaux termes dans « l’algorithme » géopolitique syrien. Et cela parce que l’assassinat massif des citoyens a été utilisé par la bourgeoisie française, et par celle des pays de l’OTAN et de l’UE en général, comme une « libation » avec le sang du peuple français, avant leur plus grande implication militaire.

    Mais examinons premièrement quelques développements politiques et militaires utiles à la compréhension du sujet en question.

     

    L’IMPLICATION ÉTRANGÈRE MILITAIRE CROISSANTE

     

    Le 30 Septembre les raids aériens russes ont commencé en Syrie contre ledit « État Islamique ».

    Le même jour, la Chambre Haute du parlement russe a approuvé la demande du Président Russe Vladimir Poutine pour le développement des forces militaires à l’étranger, et plus particulièrement pour le soutien de Bassar Asad en Syrie.

    Le discours du Président Russe à l’ONU, où il a défendu les positions de la Russie concernant la Syrie et l’Ukraine, a précédé cette approbation. Quant à la Russie, il a souligné qu’une solution politique sans Asad ne pouvait pas exister, ainsi que la nécessité de soutenir Asad, qui, avec les Kurdes s’opposaient à l’État-Islamique.

    Lors de sa rencontre avec le Président des États-Unis Barack Obama, malgré le fait qu’une partie des médias a essayé de la présenter comme témoignant l’accord entre la Russie et les États-Unis pour la lutte contre l’État Islamique, leurs contradictions autour de l’avenir du régime d’Asad, qui est bien sûr lié au sujet de quelle puissance impérialiste prendra le dessus de Syrie, n’ont pas été surmontées.

    Ce développement marque clairement la nouvelle exacerbation des contradictions intra-impérialistes, dans la région du Moyen-Orient et de la Méditerranée Orientale. Rappelons que l’intervention militaire russe en Syrie arrive après celle des États-Unis, de l’UE, de la Turquie, des monarchies du Golfe et d’autres puissances dans la région, qui se déroulent depuis avant 2011. Par exemple, l’occupation des États-Unis en Irak, l’attaque de l’OTAN en Libye, la pénétration en Syrie des forces armées par les États-Unis et ses alliées.

    Il faut remarquer que le KKE dès le premier moment, en 2011, a condamné l’intervention, qui a des conséquences très graves pour le peuple syrien et pour l’ensemble de la région. Quand les partis bourgeois et opportunistes « célébraient » le soi-disant « Printemps Arabe », notre parti a dévoilé l’opération organisée du financement et d’équipement par les forces de la dénommée opposition syrienne, qui ont conduit –entre autres- à la création et extension du monstre de l’État Islamique, ainsi qu’à la création d’une vague énorme des réfugiés, aussi bien à l’intérieur du pays (environ 10 millions de personnes) que vers l’extérieur (notamment en Turquie, au Liban et en Jordanie où se trouvent à peu près 2 millions de déracinés parmi lesquels ceux qui ont la possibilité essayent d’arriver aux pays européens.

     

    AFFRONTEMENT DES INTÉRÊTS ÉCONOMIQUES ET GÉOPOLITIQUES EN SYRIE

     

    Les relations financières et militaires étroites entre la Russie et le régime bourgeois d’Asad sont bien connues. Ce régime constitue ces dernières 20 années un allié stable de Russie capitaliste dans la région du Moyen-Orient et de la Méditerranée Orientale. C’est-à-dire dans une région où un grand « jeu » géopolitique a lieu, ayant comme joueurs puissants les États-Unis, l’UE, Israël, la Turquie, l’Égypte, les monarchies du Golfe, dont les bourgeoisies promeuvent leurs intérêts. Examinons quelques faits plus précisément.

     

    LES SUJET DES MATIÈRES PREMIÈRES

    Asad, lors d’une interview en Juin 2013 a soutenu que : « Les pays du Sud, contrairement à leur position politique publique, s’efforcent de nous présenter sous la table des contrats « alléchants » pour la réédification du pays et l’extraction des gisements d’hydrocarbures riches, découverts aux côtes syriens. La Banque Mondiale, qui ne peut pas se bouger sans l’autorisation des États-Unis, nous a proposé un prêt de 21 milliards de dollars avec de grandes « facilités », lequel on a fermement rejeté. On a déjà donné le droit d’extraction d’hydrocarbures de la ZEE syrienne à une entreprise russe. On fait confiance à Russes, qui défendent leur sécurité stratégique et leurs intérêts nationaux qui seraient mis en risque dans le cas du contrôle de Syrie par l’Ouest et par des puissances qui le servent dans la région 3».

    En ce qui concerne la quantité des hydrocarbures, il y a des évaluations diverses2, alors que des experts syriens affirment que la taille des gisements de gaz naturel du pays change la donne dans la « charte internationale de l’énergie » actuelle, vu que les gisements de gaz naturel en Syrie ont une taille dix fois supérieure à celle des gisements d’Israël.

    Les contrats conclus par les entreprises russes concernant l’extraction, s’élevaient à 1,6 milliards de dollars. En outre, celles-ci opéraient dans les constructions des raffineries.

     

    LE SUJET DE LA CONSTRUCTION DES GAZODUCS

    Le journal russe « Kommersant » a publié : « Le dénouement de la guerre en Syrie pourrait influencer sérieusement le marché européen du gaz naturel. Les parties engagées au conflit sont soutenues par des puissances concurrentes, qui veulent construire de nouveaux gazoducs vers l’UE, qui passeront par le territoire syrien : Par l’Iran et par le Qatar. À cet égard, les conséquences sur Gazprom et sur les revenues du budget russe seront définies en grande partie dans les batailles pour Alep et pour Damas »4.

    Sur les projets divers précis :

    Le 27 Juillet 2011 un accord parmi l’Iran, l’Irak et la Syrie a été signé, sous le nom « Gazoduc d’amitié », destiné à canaliser le gaz naturel iranien de l’Iran vers Bagdad, Damas, Beyrouth et l’Europe Occidentale.5

    Le Qatar, concurrent principal de l’Iran en matière de gaz naturel, a considéré que sa poursuite de construire un gazoduc en accord avec la Turquie a été mise à côté. Ce gazoduc promouvrait en Europe le gaz naturel du Qatar, à travers l’Arabie Saoudite, la Jordanie, la Syrie et la Turquie. Bien sûr, une condition préalable à cette construction serait la participation de la Syrie, qui cependant mettait hors-jeu le Qatar en cause de l’accord qu’elle avait signé avec l’Irak et l’Iran. Le projet du Qatar avait aussi la « bénédiction » des États-Unis.

    Cela va de soi que la Russie en aucun cas ne voulait voir le projet entre le Qatar et les États-Unis être réalisé, vu que celui-là concurrait ses parts de marché en Europe, alors que le projet iranien est plutôt supplémentaire ou douteux en ce qui concerne sa réalisation en cause de l’instabilité dans la région. De plus, la Russie a été impliqué pratiquement dans la réalisation de ce projet, vu qu’elle a pris parti à la construction du gazoduc iranien et à la modernisation de ports auxquels il aboutirait et à la construction des raffineries là-bas.6

     

    PROFITS PAR LA VENTE D’ARMES

    La Russie gagne par la vente d’armes en Syrie, qui même avant les événements était un des principaux pays – fournisseurs des armes russes. Selon les données de SIPRI, si en 2010 (avant les événements) les exportations d’armes russes en Syrie étaient égales à 238 milliards de dollars, en 2013 elles ont atteints 351 milliards de dollars7, tandis que la totalité des contrats qui reste à être achevés selon « Zenmin Zibao », s’élèvent à 4 billions de dollars8.

    Cela va sans dire que le renversement incontrôlé du régime d’Asad mettrait en danger tous ces profits. Comme il est noté : « Si la Russie abandonne la Syrie, il est possible que cette dette ne sera pas reconnu par un autre pouvoir de transition, la continuation de vente d’armes dans le pays sera mise en danger, et alors l’influence de la Russie sur un état dont la localisation est essentielle au Moyen-Orient sera affaiblie »9.

     

    PROFITS PAR LE SAUVEGARDE DES PARTS DE MARCHÉ SYRIEN

    Les entreprise russes ont effectué (et continuent à le faire même si en plus petite partie qu’avant la guerre) des exportations des produits (carburants, machines, aliments, bois etc.), alors que les entreprises russes opéraient dans le domaine du tourisme et des télécommunications.

    Les monopoles russes, évidemment touchés par les hostilités (la valeur d’exportations non militaires a baissé en 2014 à 582 millions de dollars10), subiraient un dégât global si un renversement incontrôlé d’Asad aboutissant à une perte grave des profits avait lieu.

     

    CHAMP GÉOPOLITIQUE ET MILITAIRE

    Il est bien connu qu’à Tartous en Syrie la Russie dispose d’ « une station navale de réapprovisionnement », qui pourrait s’évoluer en une base polémique complète, de lamanage permanent de ses armes de guerre en Méditerranée. Il s’agit de la seule base navale russe sur de territoire non russe.

    Cela est souligné par le journal chinois « Zenmin Zibao » qui ajoute : « La Russie ne désire pas que d’autres pays collaborant avec elle, soient attaquées, l’un après l’autre, par les États-Unis. Sinon, le rôle de premier plan de la Russie sera sérieusement touché »11.

     

    PRÉTEXTES UTILISÉS DANS LE CONFLIT

     

    Les États-Unis et leurs alliés, en lançant l’intervention impérialiste en Syrie il y a 5 ans, ont utilisé les prétextes de la « démocratie », du renversement du « dictateur Asad », du soutien du soi-disant « Printemps Arabe »∙ Leur hypocrisie était tout à fait évidente, si on considère qui étaient ceux qu’invoquent la « liberté » et la « démocratie » : Les monarchies antipopulaires du Golfe, la Turquie qui occupe la moitié de Chypre, l’UE, les États-Unis qui jouent les premiers rôles dans le massacre des peuples et dans le renversement des régimes qui ne leur conviennent pas, afin que leurs monopoles obtiennent de meilleures positions.

    Aujourd’hui les mêmes puissances, toujours sous les mêmes prétextes de la « démocratie », ont récupéré le prétexte de la « guerre contre le terrorisme » et de l’ «autodéfense » contre les attaques de la part de djihadistes, qui sont des ennemis qui commencent par les territoires de Syrie, que ledit « État Islamique » contrôle.

    De sa part le pouvoir russe mentionne très rarement les intérêts financiers, géopolitiques que nous avons mis en évidence, comme les causes de son attaque. Pourtant même des hommes politiques et journalistes russes parlent d’eux. Dans la phase actuelle de l’intervention russe le pouvoir russe met en avant les prétextes suivants :

    1. La Russie a été invitée par un gouvernement à fournir son aide contre le « terrorisme » et de plus elle souligne que ses actions ne s’opposent pas au Droit International, étant donné qu’elle a été invitée par le gouvernement légal.
    2. Elle met en avant que quelques milles d’hommes de l’État Islamique proviennent des régions de Russie et d’Ex-URSS et dans le cas de sa prédominance en Syrie, elles reviendront en Russie pour y mener aussi d’ «opérations terroristes » similaires, frappant la souveraineté du pays et la prospérité du peuple russe.
    3. À plus petite échelle les sujets utilisés au cas par cas sont les suivants : pour que le flux migratoire et la catastrophe humanitaire arrête, ainsi que la catastrophe des antiquités, les violations d’État-Islamique.
    4. Après la tragédie de l’avion russe au-dessus de Sinaï, le pouvoir russe a recouru au prétexte de l’« autodéfense » duquel nous allons parler plus en détail ci-dessous.

     

    [Une partie de l’article comprenant des données sur le rapport de forces qui s’affrontent en Syrie est omis]

     

    EN QUOI CONSISTE L’IMPLICATION MILITAIRE RUSSE

    Dans ces conditions militaires compliquées, le pouvoir russe a décidé le renforcement des forces d’Asad fondamentalement avec deux manières :

    a) En fournissant de l’équipement militaire moderne, des armes de plus grande précision (nouveau véhicules blindés de déplacement du personnel, de systèmes de télécommunications modernes, des avions sans équipage d’espionnage, des armes à feu etc.)

    b) Par le bombardement aérien des forces des « terroristes ». Dans une démonstration de force, la Russie a bombardé des positions de l’ennemi en utilisant des missiles qui a lancé par des navires de guerre de sa flotte en Mer Caspienne et en Méditerranée, alors que l’aviation syrienne a des avions plus vétustes, avec moins de capacités de porter des coups de précision à l’adversaire.

     

    [Une partie de l’article, comprenant des données sur la force aérienne et navale de guerre de la Russie s’impliquant au conflit en Syrie est omis]

     

    DES VISÉES IMMÉDIATS ET À LONG TERME

    Importance militaire de l’implication russe

    Il est estimé que les pertes des forces armées syriennes et la difficulté de leur remplacement peuvent être compensées par ces actions, et que ces forces peuvent réacquérir de la supériorité et de la dynamique pour affronter leurs ennemis.

    De même, selon le journal « The Financial Times »12, les États-Unis en collaboration avec la Turquie et la Jordanie mettraient en œuvre un plan de « zone d’exclusion aérienne » en Syrie, à savoir selon le modèle utilisé en Libye. L’implication russe a bloqué ces plans.

    Des visées politiques

    La bourgeoisie de la Russie cherche à sauvegarder ses intérêts financiers et géopolitiques dans la région de la Méditerranée Orientale. Après avoir tiré des enseignements par les développements en Yougoslavie et en Libye, où elle n’avait pas de forces militaires et elle est restée loin du champ de la lutte de pouvoir, elle essai d’éviter une situation similaire. Sa poursuite est l’appui par tous les moyens du régime de la Syrie, afin que ses propres monopoles, et pas les monopoles euro-atlantiques, jouent un rôle de premier plan, en collaboration avec la partie de la bourgeoisie que le régime d’Asad représente (avec ou sans lui), dans l’exploitation des ressources et du peuple.

    Il s’agît d’un développement qui la « libère » de l’impasse en Ukraine, lui donnant la possibilité de mieux gérer les contradictions parmi l’Allemagne, la France et les États-Unis. De plus, il lui offre la possibilité de plus se rapprocher des régimes de l’Iran et de l’Irak, de l’Égypte.

    De plus, la défense efficace ou pas de ses intérêts en Syrie sert pour juger si la Russie a la détermination et la force de sauvegarder ses intérêts dans d’autres régions, comme par exemple en Asie Centrale ou dans des régions avec lesquelles poursuite une plus grand pénétration de ses capitaux, comme l’Égypte et l’Iran. À savoir, pour le pouvoir russe le « défi » de la maintenance de ses positions en Syrie constitue une sorte de « garanti » dans son effort de renforcer sa pénétration dans d’autres pays de la région.

     

    LA POSITION MILITAIRE ET POLITIQUE D’AUTRES FORCES

    Il est important de noter la position d’autres forces puissantes, à un moment où, entre autres, des sanctions financières ont été imposées par l’UE, les États-Unis et leurs alliés contre la Russie, à la suite de l’intégration de Crimée et pour son implication militaire en Ukraine Orientale.

    Les États-Unis ont réagi négativement à l’implication militaire russe en Syrie. De leur part, ils ont continué les raids aériens en Irak et en Syrie, alors qu’ils ont envoyé des « consultants » aux Kurdes, et probablement aux autres forces armées opérant en Syrie. Toutes les actions montrent l’intérêt des États-Unis pour la région Nord-ouest de la Syrie. Pour promouvoir leurs projets, les États-Unis utilisent les base militaires existantes de leurs alliés, entre autres, les base à Souda et à Kalamata, alors qu’ils envoient le porte-avions « Harry S. Truman (CVN75) » en Méditerranée.

    Politiquement, les États-Unis semblent fixer comme condition l’éloignement direct inconditionnel du Président Syrien, mais ses visées réelles sont le renforcement de leur position dans la région et l’affaiblissement des positions de leurs concurrents.

    Récemment la Chine a été alliée avec la Russie à l’ONU, en ce qui concerne les armes chimiques de la Syrie et la poursuite des États-Unis de l’approbation de l’ONU pour bombarder. Elle a posé de veto avec la Russie. Maintenant, selon des sources grecques, on écrit que des navires et avions de guerre chinois arrivent en Syrie pour défendre Asad. Sans pouvoir le nier, cela n’est pas confirmé par la Chine jusqu’à présent. De fait, le journal « Zenmin Zibao » publie une estimation de l’attaché militaire chinois Jan Jansen, affirmant que tout ce qui est publié concernant le porte-avions chinois, qui arrivent pour participer au conflit de la Syrie, est seulement des rumeurs, et que la Chine ne soutiendra militairement aucune force en Syrie. 13

    Le ministre des affaires étrangères Wang Yi, lors de la conférence du 70ème anniversaire de l’ONU, a dit que le monde ne peut pas observer passivement les développements tragiques, mais en même temps personne ne peut intervenir de sa propre volonté aux affaires d’autres pays. Lors d’une rencontre avec le ministère des affaires étrangères de Syrie, il a soutenu que la souveraineté de la Syrie doit être respectée.

    Pourtant lors de ses discours il n’a pas mentionné ni Asad, ni les initiatives russes, et il a ajouté que « La Chine n’a aucun intérêt en Moyen-Orient, et alors elle cherche à jouer un rôle constructif. » 14

    Le ministre des affaires étrangères chinois a annoncé que la Chine est pour la solution politique. 15

    Au début du mois de Décembre, la représentante du ministre des affaires étrangères de la Chine, Hua Chunying, a déclaré que la Chine « Soutien les coups de la Russie contre les organisations terroristes de la Syrie, en observant que la Russie mène la lutte contre ces organisations sur le territoire syrien après l’invitation du gouvernement de cet état. » 16

    La position de l’Allemagne présente un intérêt spécial, c’est-à-dire sa différentiation des États-Unis. Initialement l’Allemagne a singé la communication de 7 (États-Unis, Angleterre, France, Allemagne, Qatar, Arabie Saoudite et Turquie)17, appelant la Russie à stopper immédiatement ses attaques contre l’opposition syrienne et les citoyens, et concentrer ses efforts sur la lutte contre l’État Islamique.

    A. Merkel a déclaré le 4 Octobre dernier :

    « Nous nécessiterons des efforts militaires, mais elles n’apporteront pas la solution. Nous avons besoin d’une procédure politique, mais elle ne va pas bien jusqu’à maintenant ». Elle a aussi ajouté que l’engagement du régime de Bassar al Asad au dialogue sera nécessaire : « Pour avoir une solution politique nous avons besoin aussi bien les représentants de l’opposition syrienne que ceux qui gouvernent Damas actuellement et d’autres aussi, pour avoir de vraies réussites. Et surtout, les alliés des équipes respectives. La Russie, les États-Unis, L’Arabie Saoudite et l’Iran pourraient jouer un rôle important, comme d’ailleurs l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ». 18

    C’est-à-dire, sa position est différenciée de celle des États-Unis sur les sujets suivants :

    1) Elle accepte qu’Asad participe au dialogue pour une solution politique.

    2) Elle accepte qu’Iran doive y participer aussi.

    Cette position bien sûr diffère de la position pas seulement des États-Unis mais aussi de la France. Il est significatif que la France, suivant l’exemple des États-Unis, le 24 Septembre (deux jours avant l’intervention russe) a bombardé la Syrie, alors que le premier ministre Français Manuel Valls, parlant de l’intervention de la Russie, a réintroduit le sujet des armes chimiques (!) en déclarant : « La Russie ne doit pas faire une erreur sur les cibles en Syrie et frapper d’autres organisations hors de l’État Islamique », en précisant : « Nous devons frapper les cibles corrects et dans le cas d’espèce, L’État-Islamique ». « La seconde condition est que personne ne peut attaquer les civiles. Et surtout, vous savez que son régime (du président syrien) Bassar (Al Asad) continue à utiliser des armes chimiques contre les civils et cela ne peut pas être toléré », a poursuivi Valls. 19

    Néanmoins, après les attentats meurtriers à Paris le 13 Novembre 2015, la position Française semble différenciée. Le Président Français F. Hollande, lors de son discours au parlement et au Sénat le 16 Novembre a déclaré : « Le Président Syrien ne peut pas constituer une solution, mais notre ennemi en Syrie c’est l’État Islamique ». On interprète cela comme un changement de politique pour la Syrie, un rapprochement de la position allemande, vu qu’il n’y a pas d’obsession pour l’éloignement d’Asad (immédiatement). De plus, Hollande a mentionné qu’il va s’adresser à Poutine et à Obama aussi, pour qu’ils prennent des initiatives communes, position qui a satisfait Marine Le Pen demandant depuis longtemps « changement de position envers la Russie ».

    Le porte-avions français « Charles de Gaulle » est entré dans la Méditerranée Orientale et a commencé les opérations contre l’ « État-Islamique », cherchant à coordonner les opérations militaires avec les États-Unis (faisant partie de leur alliance) et avec la Russie aussi.

    La décision de la France d’invoquer l’article 42, par. 7, du traité de l’UE 20, et pas l’article 5 du traité respectif de l’OTAN, montre que la bourgeoisie française veut l’alliance avec les États-Unis, mais qu’elle n’accepte pas inconditionnellement l’hégémonie des États-Unis. En même temps, le fait que le gouvernement français n’a pas invoqué l’article 222 du traité de Lisbonne (se référant plus précisément dans le cas d’attaque terroriste), montre les distances qu’elle désire prendre de l’Allemagne.

    La Grande-Bretagne a fait aussi des déclarations très offensives contre l’intervention Russe. Le Premier Ministre Cameron a déclaré : « Ils soutiennent l’abatteur Asad, commettant une erreur énorme en dépit d’eux-mêmes et du monde. Il rendra la région encore plus instable »21. De plus, son ministre des affaires étrangères, Philip Hammond, a accusé la Russie pour la réalisation de « guerre asymétrique classique » en Syrie.22 Le 3 Décembre la Grande-Bretagne a commencé des bombardements aériens aussi, utilisant ses bases militaires sur le « porte-avions insubmersible », c’est-à-dire Chypre.

    De sa part Israël, qui a admis qu’il « opère » sur le territoire syrien pour des raisons d’ « autodéfense », cherche à garder l’équilibre, mais en exprimant son mécontentement pour l’implication militaire directe russe. Le Premier Ministre Netanyahou a déclaré qu’il ne veut pas retourner à la contradiction entre Israël et la Russie 23 et d’autre part il a dit que « Nous venons de se rendre compte que nous bordons la Russie » 24. Pourtant, il faut à ce moment souligner que la Russie rassure Israël que par l’intervention militaire russe les intérêts israéliens ne se mettront pas en danger, bien au contraire!

    Certes, toutes ces forces ont l’intention – et quelques-unes l’on déjà réalisé – de créer « des mécanismes » pour éviter l’implication militaire accidentelle de leurs forces avec celles de la Russie.

    La Turquie, en utilisant ledit « dogme néo-ottoman » et la religion musulmane comme un élément unificateur au Moyen-Orient, aux Balkans et au Caucase, elle met en avant les ambitions de sa bourgeoisie, pour améliorer son rôle dans le système impérialiste mondial, premièrement au sein de G20 et après dans un cercle plus intime. Son rôle dans la crise syrienne est décisif! La bourgeoisie de la Turquie a soutenu les Djihadistes étant donné les accusations bien fondées de commerce illégal du pétrole avec des territoires que l’ « État Islamique » contrôle. La bourgeoisie turque dès le commencement soutenait des projets de partition de la Syrie et de l’Irak, demandait pas seulement des coups aériens en Syrie mais aussi l’application des mêmes mesures comme en Libye, c’est-à-dire la dite « Zone d’exclusion aérienne » qui en réalité créerait des conditions pour l’invasion terrestre et occupation de la Syrie ou d’une partie d’elle. Selon des informations, il y a déjà des forces terrestres puissantes que la Turquie a développées aux frontières avec la Syrie. L’abattement du bombardier russe était une action organisée da la part de la Turquie, ciblant à montrer à Moscou que le dernière ne peut pas écarter clairement les intérêts (et projets) de la bourgeoise turque. Ce développement a bien sûr provoqué, et continue à provoquer l’encore plus grande implication de l’OTAN dans la crise syrienne.

    Cela serait une omission de ne pas référer la poursuite de l’Arabie Saoudite de la formation d’une nouvelle coalition, dénommée « Alliance Militaire Islamique » 25 , dans laquelle elle a l’ambition d’intégrer 34 pays du Moyen-Orient, de l’Asie et de l’Afrique, qui s’affronteront prétendument avec l’État-Islamique. Un tel projet, qui a clairement l’appui des États-Unis, indépendamment de son dénouement (s’il sera complètement réussi ou pas) va jouer un rôle particulier dans le cas où les opérations terrestres en Syrie et les projets de sa partition seront préférées.

     

    ESTIMATIONS SUR LA PERSPECTIVE DES DÉVELOPPEMENTS

    Le cadre dans lequel ces contradictions sont formées, en ayant cette expression polémique, c’est la concurrence capitaliste pour la profitabilité, le partage de la richesse naturelle et produite. Alors, une confrontation gigantesque des forces se concentre sur le sujet syrien, cela ne signifiant pas que ces forces seront opposées. Il y a beaucoup de possibilités, qui sont influencées par des dizaines de facteurs, dont nous n’arrivons pas à mesurer l’importance ou la dynamique exacte. Un facteur important c’est l’intervention ouvrière-populaire, laquelle jusqu’à maintenant n’a pas l’orientation de la libération des poursuites bourgeoises locales et étrangères.

    Sur la base du rapport de forces d’aujourd’hui, des développements vers les directions suivantes peuvent émerger, sans les présenter classifiées :

    a) Continuation de l’usure longue d’Asad et de ses alliés, avec « la mise à feu » d’autres foyers, come choix principalement des États-Unis et de ses alliés, p.ex. de la Turquie, d’Israël, des monarchies du Golfe, dans le but du « saignement » long financier, et l’usure politique militaire de la Russie en Syrie. En donnant des armes (p.ex. des missiles « Stinger » à l’ « opposition », lesquels elle aurait déjà demandé et les États-Unis ont officiellement refusé) 26, mais ouvrant d’autres « fronts » en l’Ukraine Orientale aussi, en ouvrant de nouvelles « plaies » en Asie Centrale, au Caucase et ailleurs. Certes, une telle possibilité peut aboutir aux conséquences incontrôlées, en dépit des forces qui les planifient, p.ex. une guerre d’ampleur. Il y déjà des états-majors et des groupes politiques parlant d’une guerre d’ampleur entre l’OTAN et la Russie, lesquels poussent à l’augmentation des dépenses de l’OTAN 27.

    b) Solution de compromis de la crise syrienne. Le compromis concerne en premier lieu les forces étrangères et par extension les forces locales en conflit. Et la forme d’expression du compromis peut avoir des possibilités différentes, dont la plus dominante est la partition de Syrie, vu que l’intervention militaire directe des forces impérialistes a des aspects géographiques. P.ex. la Russie semble plus intéressée à la zone littorale de la Syrie, les États-Unis à la partie nord et nord-est, où ils ont envoyé des « consultants » militaires aux équipes kurdes armées etc. C’est-à-dire, chaque force étrangère, en soutenant des forces locales de la bourgeoisie, veut séparer la Syrie en « zones », en protectorats.

     

    En tous cas, les intérêts en conflit continueront la lutte, il s’agira d’une fausse paix impérialiste, d’une paix avec « le pistolet à tempes ».

    Le scénario du retour du rapport de force intérieur et extérieur à la situation il y a dix ans paraît moins possible, c’est-à-dire qu’il est peu probable que la Russie arrive à maintenir en même temps ses positions et le régime Asad, et « supprimer » les « terroristes » lesquels, comme Poutine a souligné, a du mal à les distinguer entre « opposition modérée » et « opposition ».

    D’autre part, un compromis et un « dégagement » du conflit faciliterait d’autres puissances impérialistes aussi à se concentrer sur d’autres foyers de tension, comme p.ex. la Mer de Chine Méridional, où la confrontation s’intensifie depuis longtemps, premièrement entre la Chine et le Japon – les États-Unis mais entre la Chine et d’autres pays de la région aussi.

     

    LES IDEES TROMPEUSES JUSTIFIANT LA GUERRE IMPERIALISTE

     

    L'implication ouverte de la Russie dans la crise syrienne ainsi que les attentats à Paris ont provoqué un “recyclage” des confusions idéologiques, neuves ou pas, que l'on doit analyser. Ainsi, tandis que, par exemple, on ne se pose pas de questions sur la nature de classe de la Russie capitaliste d'aujourd'hui, les visées du capital russe, et que l'on reconnaît même que la Russie moderne est autre chose que l'Union Soviétique, dans la pratique, des idées trompeuses sont mises en avant. De plus, on constate le retour dynamique des théories qui perçoivent les relations et les développements internationaux hors d'un cadre d'analyse de classe. Il s'agit des questions qui méritent une réponse, puisqu'elles mènent les travailleurs à choisir et à se ranger derrière une force impérialiste, dans une guerre qui se déroule pour des intérêts totalement étrangers à eux mais très concrets pour le capital.

     

    LE "MONDE MULTIPOLAIRE", EN OPPOSITION AVEC "L'EMPIRE DES ETATS-UNIS"

    Certaines forces, qui ne voient l'impérialisme que dans l'“empire” étasunien, saluent l'apparition de nouvelles puissances capitalistes émergentes dans les affaires mondiales et de nouvelles unions inter-étatiques (BRICS, Organisation de Coopération de Shanghai, Organisation du traité de sécurité collective, ALBA etc.) formées par des états capitalistes sur des bases économique-politique et militaire. Ces développements sont salués comme le début de l’émergence d'un monde “multipolaire”, qui “reformera” et qui donnera une “nouvelle souffle” à l'ONU et aux autres organismes internationaux, qui s'échapperont de l'“hégémonie” américaine. On va jusqu'à dire que la paix pourrait être garantie de cette manière. À travers ce “prisme”, on salue l'implication militaire russe en Syrie comme un “pas” vers cette direction.

    On affirme que les nouvelles contradictions intra-impérialistes et le reclassement se profilant au sein du système mondial peuvent conduire à la “démocratisation” des relations internationales, puisqu'on voit émerger un monde à plusieurs “pôles” avec le renforcement de l'Allemagne, de la Russie, de la Chine, du Brésil et d'autres états, et le recul respectif des États-Unis.

    On entend aussi des propositions dans ce sens comme celle de l'élargissement du Conseil de Sécurité de l'ONU avec d'autres pays.

    Alors, la question qui se pose est la suivante: un rôle mondial plus important de l'UE ou encore le rôle élargi de la Russie et de la Chine, peuvent-ils mettre les développements internationaux sur d'autres rails, des rails “pro-paix”, comme SYRIZA ou le soi-disant “Parti de Gauche Européenne” affirment?

    D'après nous, pas du tout! Et cela parce que ce n'est pas le rapport de force concret entre états capitalistes à un moment donné qui cause la guerre impérialiste, mais ce sont bien les lois scientifiques capitalistes: le développement capitaliste inégale, la concurrence, la tendance à acquérir plus de profit. Sur cette base, sont nées et reproduites, sont modifiées les contradictions intra-impérialistes, qui concernent, avant tout, les matières premières, l'énergie et les réseaux de transports, la bataille pour les parts de marché. C'est bien la concurrence monopoliste qui mène à des interventions militaires et des guerres localisées ou de grande ampleur. Cette concurrence se déroule par tous les moyens dont disposent les monopoles et les états capitalistes qui expriment leurs intérêts et elle se reflète dans les accords entre états qui sont constamment mis en cause en raison du développement inégale capitaliste. C'est ce que c'est l'impérialisme, une source des agressions guerriers de petite ou de plus grande ampleur.

    C'est pourquoi tout ce baratin sur la “nouvelle gouvernance démocratique mondiale” mis en avant par les forces jadis socialistes devenus bourgeoises et les forces opportunistes contemporaines, ont pour but d'enjoliver idéologiquement les nouveaux rapports de force au sein de la barbarie capitaliste, impérialiste, pour tromper les travailleurs.

    Au cours de l'Histoire, des guerres comme la Deuxième Guerre mondiale ont été lancées au nom de la réparation d'accords injustes ou de la prévention de nouvelles guerres. Il est urgent que les travailleurs s'émancipent de telles supercheries, des pièges de “démocratisation” du capitalisme et des relations internationales, qui les rangent derrière des intérêts étrangers.

    Le “monde multipolaire” comme moyen de garantie de la paix et des intérêts des couches populaires est une supercherie. En réalité, cette approche considère l'adversaire comme un allié, elle contraint des forces populaires à choisir entre les impérialistes ou les unions impérialistes et paralyse le mouvement ouvrier.

     

    "SI L'ATTITUDE RUSSE ENGLOBE LE DANGER D'UN EMBRASEMENT GENERAL, ELLE FACILITE LA LUTTE ANTI-IMPERIALISTE"

    Ce point de vue va souvent de paire avec la position que la Russie est une “force anti-impérialiste”. Ces dernières années en Russie, un “courant” politique est apparu qui, sous le nom de “poutinistes rouges”, donnait un soutien politique de “gauche” au Président actuel du pays, Vladimir Poutine. Il s'agit ici d'une forme modifiée de l'idée du “monde multipolaire”, autant trompeuse et paralysante pour le mouvement ouvrier, parce qu'elle met de côté le caractère social-de classe du pouvoir actuel en Russie. Qui a entre ses mains les moyens de production et le pouvoir en Russie? La réponse, à savoir que c'est la classe bourgeoise qui est la classe dominante en Russie où règnent les monopoles, alors que la grande majorité du peuple fait face à toute la gamme d'impasses économiques et sociales du capitalisme, est ignorée par ceux qui tiennent lesdits points de vue. Ils se concentrent sur les disputes entre la Russie et les États-Unis et les autres forces impérialistes. Or, ces disputes concernent les intérêts des monopoles russes et pas ceux du peuple russe.

    De plus, c'est important à ce point de clarifier ce qu'est l'“impérialisme”. Si on comprend cette notion en se basant sur les critères scientifiques que Lénine a donné dans son œuvre, selon lesquels l'impérialisme est le capitalisme dans son niveau suprême, monopoliste, alors il devient évident qu'une force capitaliste, telle que la Russie, où règnent les monopoles, ne peut pas être caractérisée comme une “force anti-impérialiste”.

    Des forces, même communistes, qui abandonnent l'analyse léniniste de l'impérialisme et le traitent comme une “politique extérieure agressive” ou l'assimilent aux États-Unis et à la thèse sur l'“empire” des États-Unis, peuvent être conduites à de graves erreurs politiques. Typiquement, de telles forces considéraient la Turquie comme étant une “force anti-impérialiste” il y a quelques années quand Erdogan avait intensifié la confrontation avec Israël et soutenait l'Iran. Dans le même temps, la Turquie était membre de l'alliance militaire impérialiste de l'OTAN, elle occupait militairement un 40% du Chypre et menaçait la Grèce avec le “casus belli” (acte de guerre), dans le cas où cette dernière appliquerait le droit international de la Mer dans la Mer Égée.

    Certes, l'aggravation des contradictions intra-impérialistes, la guerre impérialiste en soi ne mène pas à un changement du rapport de force en faveur des forces ouvrières, populaires, comme le démontrent les développements en Syrie, en Ukraine et à d'autres pays. La condition préalable est l'existence des Partis Communistes forts ayant une stratégie révolutionnaire élaborée et des racines dans le mouvement ouvrier, populaire, pour diriger des masses révoltées vers l'objectif du renversement de la barbarie capitaliste.

     

    DES INTERPRETATIONS DU DROIT INTERNATIONAL PRIVEES D'UNE ANALYSE DE CLASSE

    Dans le cas que nous examinons, plusieurs forces (même communistes) affirment que la Russie agit dans “le cadre du droit international”, ce que ne font pas, d'après eux, les États-Unis et les autres puissances. De ce point de vue, elles font la différence entre l'ingérence militaire russe en Syrie suivant l'invitation du gouvernement syrien et les interventions d' autres états capitalistes, justifiant la première.

    Toutefois, le “droit international” moderne prévoit trois cas où des opérations militaires sur le sol d'un état étranger sont permises: 1) suivant une résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU, comme il a été le cas pour la Libye, 2) suivant une invitation de l'état en question, comme c'est le cas avec la Russie en Syrie et 3) pour des raisons de “légitime défense”.

    Les États-Unis ont parlé dès le départ de “légitime défense” pour mener leurs raids aériens en Syrie. Mais le gouvernement turc aussi, par sa lettre au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, et au Conseil de Sécurité, fait référence à “l'article 51” de la Charte de l'ONU. L'envoyé permanent adjoint de la Turquie à l'ONU, Levente Eler, écrit dans une lettre:

    “Il est évident que le régime en Syrie n'est pas en position ou n'a pas l'intention de stopper les menaces venant du sol de son pays et mettant clairement en danger la sécurité de la Turquie et de ses civils [...] La Syrie est devenue un refuge (pour l'État Islamique). Cette région est utilisée (par l'EI) pour l’entraînement, la planification, le financement et la réalisation d'attentats au-delà des frontières syriennes, sur le sol turque”28 .

    Il convient de noter que l'Article 51 de la Charte de l'ONU, concernant le droit d'un pays à la légitime défense contre une attaque armée, n'a pas toujours eu sa forme actuelle. Initialement, l'article s'appliquait dans le cas d'une “invasion d'une armée étrangère” à un état-membre de l'ONU et lui donnait le droit, en attendant la résolution du Conseil de Sécurité, de pouvoir riposter à cette agression, en frappant pour des raisons de légitime défense même hors de ses frontières, à savoir en ciblant l’état-agresseur.

    Or, après le 11 septembre 2001, les États-Unis se sont adressés au Conseil de Sécurité de l'ONU et ont demandé une “interprétation élargie” de cet article, pour qu'ils puissent l'utiliser pour l'invasion et l'occupation de l'Afghanistan contre les “talibans”. À l'époque, le Conseil de Sécurité (la Russie incluse) avait accepté la demande américaine et depuis, la légitime défense ne concerne plus la riposte à une agression (invasion militaire) d'un autre état, mais plutôt une agression armée en général, ce qui, manifestement, est interprété à volonté.

    Le 18 novembre 2015 la Russie a, elle aussi, déclaré que désormais, elle agira sur la base de l'article 51, considérant qu'elle exerce ainsi ses droits de “légitime défense”. Cette position a mis fin, de fait, à la discussion au sein du mouvement communiste international sur “si on devrait soutenir celui qui respecte le droit international contre les autres qui ne le respectent pas”.

    Cependant, il faut noter que le droit international fait lui aussi partie du droit bourgeois. Tant que l'URSS et les autres pays socialistes existaient encore, il était déterminé par le rapport de force entre les forces capitalistes et socialistes, qui demeurait négatif; des crimes impérialistes, on en avait aussi à ce temps-là. Depuis le renversement du socialisme, le droit international est déterminé exclusivement par le rapport de force entre états capitalistes, il devient davantage réactionnaire et il est utilisé par les forces impérialistes à volonté, dans le cadre de leurs antagonismes et au dépens des peuples.

    Dès lors qu'un conflit impérialiste éclate, la discussion sur qui a agressé l'autre le premier ou qui respecte le “droit international”, devenu plus réactionnaire mais aussi plus “flexible” pour que toutes les forces impérialistes puissent y recourir, est trompeuse. L'essentiel, sur lequel nous devons insister nous, communistes, c'est la base sur laquelle cette guerre se déroule, à savoir les intérêts des monopoles. L'essentiel est d'examiner quelles sont les forces qui se confrontent, des forces ayant un contenu de classe concret.

     

    LA CARACTERISATION DES ETATS-UNIS COMME PUISSANCE INTERNATIONLE "FASCISTE" ET DE LA RUSSIE COMME PUISSANCE INTERNATIONALE "DEMOCRATIQUE

    Cette idée aussi repose sur une analyse sans-classe du droit international, qui dit que, généralement, lorsque la classe bourgeoise de la Russie promeut ses intérêts, elle agit dans le cadre du droit international actuel, tandis que les États-Unis, le viole constamment et donc agissent de manière “égoïste”, “fasciste”. Il est ainsi affirmé que si les États-Unis gardent certaines normes démocratiques à l'intérieur, elles agissent de manière “fasciste” dans leur politique extérieure, résultant à un “fascisme exporté”. D'où viennent des appels pour la formation des “fronts antifascistes”.

    Cette affirmation contourne, consciemment ou pas, le caractère de classe commun de la politique intérieure et extérieure d'un état et désoriente le mouvement ouvrier. La nature de classe du système en tant que critère essentiel est contourné. Les intérêts des monopoles sont satisfaits d'un côté, à l'intérieur des états capitalistes avec la politique antipopulaire et d'un autre côté, avec les interventions et les guerres impérialistes pour le contrôle des marchés. Sur cette question, Lénine soulignait: “Il n'est pas d'idée plus erronée et plus nuisible que celle qui consiste à séparer la politique extérieure de la politique intérieure. Et en temps de guerre ce mensonge monstrueux devient encore plus monstrueux”[i]29. Dans plusieurs de ses œuvres, Lénine soulignait que “(...) la classe ouvrière, si elle est consciente, ne puisse être pour aucun des deux groupes de rapaces impérialistes”30 .

    L'erreur grave de séparer les états en états “fascistes” et “démocratiques” conduit le mouvement communiste, le mouvement ouvrier à choisir entre des impérialistes dans le cadre d'une guerre régionale ou générale.

    Concernant les références à la Lutte Antifasciste dans la période de la Deuxième Guerre mondiale, il faudra rappeler qu'il existe aujourd'hui des preuves concluantes que la puissance économique et militaire considérable de l'Allemagne fasciste a été obtenue, entre autres, grâce au soutien direct des états bourgeois “démocratiques”: les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne se montraient tolérantes lors de ses premières agressions. Par ailleurs, après la fin de la guerre, des criminels de guerre allemands ont rejoint l'OTAN et des services secrets des états capitalistes “démocratiques”. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que des crimes contre l'humanité n'ont pas été commis uniquement par les nazis et les pays de l'Axe, mais aussi par les gouvernements des états capitalistes “démocratiques”. Un crime horrifiant de grande ampleur et de masse a été commis par les États-Unis quand, sans raison militaire, ils ont lancé la bombe atomique à Hiroshima et à Nagasaki (le 6 et 9 août 1945).

    LE SOUTIEN A LA FORCE LA MOINS PUISSANTE

    Certains camarades d'autres Partis Communistes estiment que la Russie est, certes, un état capitaliste, mais plutôt une “puissance régionale” dans le système impérialiste international qui, comme d'autres états des BRICS (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud), respecte les “règles du droit international” et ne fait pas partie de l'”impérialisme mondial”, qui est considéré comme le “noyau du capital financier”.

    Or, ce point de vue fait détacher l'économie de la politique, puisque, de nos jours, le capital financier, à savoir la fusion du capital industriel et bancaire, règne dans tous les pays capitalistes. Tant aux plus “riches” qu'aux plus “pauvres” pays capitalistes sont dominants les grands groupes qui concentrent des sociétés par actions, ce qui est un trait essentiel du capitalisme monopoliste, à savoir de l'impérialisme.

    La division des pays capitalistes en “métropoles”, appelés aussi les “milliards d'or” [de la population mondiale, NDLR], et en “périphéries”, limite la notion de l'impérialisme, la réduisant à des questions de dépendance et d'exploitation de la part des “métropoles” capitalistes. La théorie léniniste de l'impérialisme, qui s'est basée sur le développement du capitalisme monopoliste à l'époque de son élaboration, a posé correctement la question de l'existence d'une “poignée” de puissances impérialistes exploitant le reste de la planète. Le transfert schématique à notre époque d'une pareille différentiation entre des pays dans la pyramide capitaliste mondiale, en ignorant les niveaux actuels de développement du capitalisme monopoliste dans beaucoup plus de pays, n'est qu'une caricature du léninisme. Il conduit finalement à la collaboration avec la classe bourgeoise des pays capitalistes les moins développés, ou avec une fraction d'elle considérée comme étant “patriotique”, “non monopoliste”, “agissant sur la base des intérêts de la nation”. Il s'agit d'une position catastrophique pour le mouvement populaire, surtout quand on parle des questions liées à la guerre impérialiste.

    Par ailleurs, il faut souligner que la Russie ne peut pas être considérée comme un pays de la “périphérie” simplement parce qu'elle exporte des matières premières. Les États-Unis non plus, même s'il est aujourd'hui le pays le plus endetté du monde. Il est aussi bien connu que l'Europe et la Chine ont une dépendance énergétique importante vis-à-vis de la Russie, qui, mises à part les inépuisables matières premières, dispose d'un arsenal nucléaire capable de riposter aux États-Unis, du savoir-faire, d'un force de travail hautement qualifié et exporte des capitaux. De ce point de vue, elle se trouve parmi cette “poignée” des états qui se démarque dans la “pyramide impérialiste”. Ce n'est pas un hasard si elle est la “locomotive” pour toutes les unions des pays capitalistes en Eurasie et pour le rôle qu'elle joue dans les développements mondiaux.

    La puissance économique de la bourgeoisie de la Russie est, certes, clairement plus limitée que celle des États-Unis, mais ça ne veut pas dire qu'il faudrait la choisir comme alliée du mouvement ouvrier. Il est important de nous référer à la méthodologie suivie par Lénine, la façon avec laquelle il examinait cette question:

    « le premier des pays dominants détient, disons, le 3/4 de l'Afrique et le deuxième, le 1/4. Le contenu objectif de leur guerre est la redistribution de l'Afrique. Dans quel camp nous nous situerons? La manière dont le problème s’exprimait au passé, a changé et est désormais illogique: il ne s’agit pas ni d’un développement pluriannuelle d'un mouvement bourgeois de libération, ni du processus pluriannuel d’effondrement du féodalisme. Ce n'est pas la tâche de la démocratie contemporaine ni d'aider le premier pays à consolider son « droit » sur le 3/4 de l'Afrique, ni d'aider le deuxième (même si ce dernier se développe économiquement plus rapidement que le premier) à gagner ce 3/4.

    La démocratie contemporaine sera fidèle à elle même dans la mesure où elle n’adhérera à aucune classe bourgeoise impérialiste; dans la mesure où elle affirmera que «toutes les deux sont l'une pire que l'autre » et dans la mesure que dans chaque pays, elle souhaitera l'échec de la classe bourgeoise impérialiste. Toute autre solution, sera un acte national-libéral et n'aura rien de commun avec le vrai internationalisme . En effet, aujourd'hui il est indéniable que la démocratie contemporaine ne peut être à la traîne de la classe bourgeoise impérialiste et réactionnaire - peu importe la « couleur » de cette classe bourgeoise (…) ».

     

    “L'attitude russe cache des arrieres-pensées et des objectifs de satisfaction des intérêts des monopoles, mais elle soutient un régime 'patriotique', qui mene de son côté une 'guerre juste', c'est pourquoi cette attitude est positive et peut être utilisée par le mouvement anti-impérialiste”.

     

    Pour renforcer ce point de vue, on fait souvent référence aux relations de l'URSS avec la Syrie, contournant le problème du caractère de classe de la Syrie et le fait que les moyens de productions sont entre les mains de la bourgeoisie. Le régime baathiste, en gouvernement depuis 1963, a été établi après la Deuxième Guerre mondiale quand des développements positifs ont vu le jour grâce à l'influence de l'URSS, à sa contribution à la Victoire Antifasciste, à la création des régimes socialistes dans l'Europe de l'Est, à l'implosion du colonialisme. À ce moment, en Syrie mais aussi dans la ligne générale du mouvement communiste international, la question de l'indépendance nationale comme première condition préalable au dépassement du retard pris dans tous les aspects de la vie sociale, est devenue la question primordiale. L'URSS et les autres pays socialistes ont élaboré une politique de soutien et de coopération économique et d'autres formes avec ces nouveaux régimes, entre autres le régime syrien, dans le but de ne pas les voir s'intégrer dans le marché capitaliste international et dans les unions impérialistes, mais aussi pour consolider les forces au sein du front gouvernemental qui se positionnaient pour l'orientation socialiste.

    La tentative de l'URSS de développer des relations économiques, voire des alliances, avec certains états capitalistes, contre de plus grandes puissances impérialistes, a été légitime et compréhensible, puisqu'elle visait à affaiblir le front commun des états capitalistes les plus puissants, elle en détachait des forces, même temporairement et elle profitait des contradictions au sein du camp impérialiste. Le problème était que ce choix conjoncturel (de l'État) de l'URSS, qui s'exprimait avec certains pays sur le plan économique, diplomatique ou autre, était considéré comme un principe, il a été théorisé et on parlait alors du soi-disant “voie de développement non capitaliste” dans ces pays, ce qui était en lien avec la position sur le “passage pacifique” au socialisme et qui a, enfin, conduit des forces communistes et le mouvement ouvrier à se montrer tolérants ou même à participer dans des gouvernements de gestion bourgeoise.

    Par ailleurs, à ce jour, des forces communistes comprennent erronément la thèse léniniste que “le capitalisme monopoliste d'État est la préparation matérielle la plus complète du socialisme, l'antichambre du socialisme, l'étape de l'histoire qu'aucune autre étape intermédiaire ne sépare du socialisme”32. C'est sur la base de l'objectif prétendu de maturation des conditions matérielles que le soutien actif et la participation des communistes à la gestion bourgeoise en Syrie sont justifiés. Mis à part le fait que le capitalisme monopoliste d'État est perçu simplement comme l'existence d'un puissant secteur d'État dans l’économie, et pas comme l'impérialisme, le stade suprême du capitalisme, comme Lénine l'a décrit, il faut souligner encore un point: jamais n'a Lénine appelé les communistes à contribuer par des postes gouvernementaux ou autres à la direction et au renforcement du capitalisme monopoliste d'État. Par conséquent, il s'agit d'une interprétation erronée des thèses léninistes pour justifier la participation des communistes aux gouvernements bourgeois, “de gauche”, “patriotiques” etc. Quelques lignes avant la citation ci-dessus, Lénine écrivait que “La guerre impérialiste marque la veille de la révolution socialiste”33, or, cela ne veut pas dire que nous, communistes, devons saluer la guerre impérialiste et d'y participer aux côtés de la bourgeoisie de notre pays. La vie a montré que Lénine a été celui qui a brandi le drapeau de l'internationalisme prolétarien contre la participation à la Première Guerre mondiale impérialiste, un drapeau abandonné par la Deuxième Internationale.

    Ainsi, la séparation erronée de la bourgeoisie en une partie « patriotique » et en une autre « servile aux étrangers », la participation à des gouvernements bourgeois, peuvent amener le PC et les travailleurs à se battre « sous un faux drapeau », un danger dont Lénine avait bien prévenu34. D'autant plus qu'il a été prouvé dans les faits que la « troisième voie vers le socialisme » n'existe pas, comme d'ailleurs n’existent pas des étapes intermédiaires entre le capitalisme et le socialisme, ce qui est évident dans le cas syrien entre autres.

    Après la conte-révolution et le renversement du socialisme dans l'Union Soviétique, l'état syrien a favorisé la centralisation du capital, il a développé davantage les relations avec des intérêts monopolistes et il a appliqué une politique de restructurations avec des mesures antipopulaires.

    L'objectif de la bourgeoisie de tout pays capitaliste, en fonction de sa puissance économique, politique et militaire, est la recherche d'une meilleure position dans la concurrence pour le contrôle et l'exploitation des sources de richesse, du pétrole, du gaz, de l'eau, des gazoducs et oléoducs et des “artères” de transport, afin que les monopoles gagnent plus en conquérant des parts plus importants de marché, en intensifiant l'exploitation de la classe ouvrière et des autres couches populaires. La Syrie n' échappe à cette “règle” générale. Elle avait fait d'Erdogan et de la Turquie un “allié stratégique” suivant le changement d'attitude envers le PKK (il ne faut pas oublier d'où l'”Odyssée” d'Oçalan a commencé pour arriver sur l'île-prison d'Imrali). La Syrie votait des lois, malgré les réactions des communistes, en faveur du soi-disant “libéralisation du marché”, avec des changements négatifs importants pour les travailleurs (par exemple, détérioration des relations de travail, libéralisation des licenciements entre autres, augmentation des prix dans des produits de consommation populaire etc.). Ainsi, avant 2011 et surtout en début de cette année-là, des manifestations ont eu lieu exprimant le désarroi populaire contre la politique des privatisations et d’austérité suivie par le gouvernement Assad. Un mouvement a été développé revendiquant des augmentations des salaires, un élargissement des droits démocratiques et des réformes à la Constitution. Dans une certaine mesure, plusieurs de ces revendications ont été satisfaits, mais un plan d'intervention extérieure était déjà en cours, dans le cadre du projet plus large sur le “Nouveau Moyen-Orient”. Ce projet a été promu pour apporter des changements visant à dissuader et à annuler des tendances se profilant contre les intérêts économiques des États-Unis et d'autres puissances impérialistes, telles que la France, du moment où des états de la région ont fait des choix différents, se tournant vers la Chine, la Russie et l'Inde, des pays ayant amélioré leur place dans la concurrence intra-impérialiste et constituant des menaces à la position de premier plan des États-Unis dans la “pyramide impérialiste”.

    Par conséquent, pour faire bref sur cette question, on peut dire que le caractère d'un pouvoir ne se définit pas à partir des épithètes cosmétiques “servile aux étrangers” ou “patriotique” que quelqu'un ou lui-même utilise, mais à partir de la classe ayant le pouvoir, la classe à laquelle appartiennent les moyens de production. La Syrie n'en est pas une exception. Il s'agit d'un état capitaliste où le pouvoir se trouve entre les mains de la classe bourgeoise, l'attitude de laquelle, surtout après le renversement du socialisme dans l'URSS, a préparé entre autres le “terrain” pour les développements actuels, dans le sens que la Syrie participait dans le système impérialiste mondial, qu'elle a implémenté des réformes structurelles dans le but de mieux s'intégrer dans l'économie capitaliste internationale, d'ailleurs sans hésiter à s'attaquer à des conquêtes des couches ouvrières, populaires et qu'elle s'est, enfin, mêlée dans les contradictions monopolistes pour le partage des marchés capitalistes.

    Bien sûr, il ne nous échappe pas de vue que, en développant lors de dernières décennies les relations économiques et politiques avec l'Union Soviétique, sans être coupé de la coopération avec des pays capitalistes, le régime syrien s'est opposé de temps en temps, à des plans impérialistes dans la région, qu'il a soutenu la cause juste du peuple palestinien, qu'il a confronté Israël, qui occupe d'ailleurs toujours des terres syriennes depuis la guerre de six jours en 1967. Nous comprenons parfaitement que, aujourd'hui, l'affaiblissement de ces forces politiques dont le Président Assad a dirigé, ou même son renversement, pourraient conduire à de nouvelles guerres et interventions impérialistes.

    Nous sommes contre la guerre impérialiste, nous appelons à l'organisation de la lutte du peuple contre l'implication du pays dans cette guerre, contre l'utilisation du sol, de la mer et de l'air de notre pays comme une “rampe de lancement pour l'agression contre des terrains étrangers et contre la participation des forces armées grecques. Pour cette raison, nous nous opposons aux choix et aux plans de la classe bourgeoise de notre pays, que le gouvernement sert quand il se déclare prêt de pousser la Grèce dans la guerre impérialiste sous le prétexte de vouloir “combattre le terrorisme”.

    Nous exprimons notre solidarité au mouvement communiste en Syrie, qui, clairement, ne pourrait pas rester indifférent face à l'intervention impérialiste étrangère qui se déroule dans son pays actuellement ni face aux projets d'occupation et de scission du pays. En analysant l'expérience historique des mouvements ouvrier et communiste, grec et international, nous croyons, par ailleurs, que la lutte de chaque peuple peut avoir un résultat substantiel dans la mesure où elle sera liée à la lutte pour une patrie sans les capitalistes, hors de toute coalition impérialiste, une patrie où la classe ouvrière sera au pouvoir, le propriétaire des moyens de production et de la richesse qu'elle produit. C'est la seule voie pour mettre fin à ces causes socio-économiques et politiques qui sont responsables pour les formes les plus répugnantes de la gestion capitaliste, telles que le fascisme et les assassins de l'État Islamique.

     

    "LA GUERRE COMMUNE CONTRE LE TERRORISME"

    L'abattement d'un avion militaire russe par la Turquie a fait dissoudre temporairement l'euphorie des médias bourgeois et de plusieurs forces opportunistes sur la prétendue formation d'une “grande coalition” dans une “guerre commune contre le terrorisme” et les criminels de l'État Islamique. On ressasse ici des arguments comme celui concernant l'unanimité aux niveaux “national” ou “européen” qui serait nécessaire à ce moment, puisque l'Europe (et le monde) se trouvent attaqués par le “terrorisme”. Des forces politiques bourgeoises, de l'Aube Dorée fasciste à la “Gauche” au pouvoir de SYRIZA, ont soutenu l'implication militaire encore plus ouverte en Syrie. Ainsi, par exemple , le PC français s'est positionné, après les attentats de Paris, pour une “ "Il faut construire une coalition internationale sous mandat de l'ONU (...) parce qu'aujourd'hui les Etats-Unis, la Russie, la France et d'autres sont engagés dans des opérations militaires et manifestement elles n'obtiennent pas les résultats souhaitables"”. [35]

    Des positions similaires ont été exprimées après les attentats de Paris par certaines forces politiques dirigeantes des états, comme la Russie et la France. De leur côté, ces forces visent à “établir” leur position dans les développements politiques qui s'en suivront en Syrie, après l'”affaiblissement” de l'État Islamique, dans le but de garder ou gagner des parts pour leurs monopoles.

    Or, les travailleurs en Europe n'ont aucun intérêt à ces appels trompeurs, qui tentent de cacher les véritables visées, les véritables intérêts et projets de ces forces.

    Encore une fois, il est prouvé que les forces opportunistes et social-démocrates sont le “chanteur de gauche” du système et des guerres impérialistes.

    Comme cela a été démontré de façon magistrale par l'intervention impérialiste et l'occupation de l'Afghanistan et de l'Irak, la réaction obscurantiste islamiste et l'obscurantisme, le problème des migrants et des réfugiés n'est pas résolu par les guerres impérialistes, les interventions et l'occupation des terres, bien au contraire!

    La ligne stratégique que le mouvement communiste devra tracer doit être indépendante de tout projet porté par n'importe quelle fraction de la bourgeoisie. Elle ne doit pas permettre de rendre les travailleurs “de la viande pour les canons” des guerres impérialistes. Elle doit viser les causes de la barbarie capitaliste et pas uniquement ses quelconques expressions extrêmes.

     

    LA LUTTE CONTRE LA GUERRE IMPERIALISTE PEUT AVOIR DES RESULTATS ET DE LA PERSPECTIVE

    En parlant d'une “politique extérieure multidimensionnelle”, le gouvernement SYRIZA-ANEL, dans sa tentative d'avoir le meilleur résultat possible pour le compte des intérêts de la bourgeoisie de notre pays, a fait clair qu'il agit avec les engagements du pays envers l'OTAN et l'UE comme boussole.

    Il ne s'agit pas d'une politique laquelle le gouvernement est “amené” à servir à cause de son manque de volonté, mais d'une ligne politique consciente, qui s'impose par les intérêts stratégiques de la bourgeoisie du pays (ou de sa fraction dominante), estimant qu'elle pourrait, à travers ces unions, augmenter ses profits. Ainsi, le gouvernement SYRIZA-ANEL se montre disposée d'offrir des infrastructures militaires et des moyens pour l'intervention militaire de l'UE et de l'OTAN en Syrie, au nom de la “protection des populations chrétiennes” du Moyen Orient, de l'”éradication du terrorisme” et de l'”inversion des courants de migration”. La seule préoccupation qui serait exprimée à ce moment concerne l'implication de la Grèce avec des forces au sol, ce que ni les États-Unis ni l'OTAN ne mettent en avant dans leurs déclarations (mais non dans leurs projets). Cependant, l'accord du gouvernement avec l'activation de l'article 42, alinéa 7, prévoyant “une aide et un apport par tous les moyens dont on dispose”, le met à nu!

    Dans ces conditions, plusieurs travailleurs se demandent: “Notre lutte pour le désengagement de la Grèce des projets impérialistes, peut-elle avoir des résultats, à partir du moment où le pays demeure dans le carcan de l'OTAN et de l'UE?”

    La lutte ouvrière, populaire, pour avoir une perspective, des résultats, doit être menée simultanément contre les forces capitalistes du pays et étrangères, tant contre les résolutions du gouvernement que contre celles de l'OTAN et de l'UE. Plus puissante que cette lutte sera, plus elle touchera des forces de la classe ouvrière et d'autres couches populaires, plus sont les chances de lever un “barrage” à l'envoi des forces militaires grecques à la guerre impérialiste au côté de l'OTAN-UE-États-Unis. Plus le mouvement contre la guerre impérialiste sera fort, plus d'entraves on pourra mettre à l'utilisation des infrastructures militaires du pays par les impérialistes de l'OTAN - UE – États-Unis. La lutte contre la guerre impérialiste peut devenir le « torchon » pour le désengagement du pays des unions impérialistes, pour le renversement du pouvoir capitaliste, puisque uniquement le pouvoir ouvrier peut garantir le véritable désengagement de celles-ci et de toute autre union du genre.

    Nous, communistes, nous basant sur nos analyses, sur notre théorie du socialisme scientifique, nous connaissons très bien que la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens, des moyens violents! Elle est née sur la base de l'opposition de différents intérêts économiques traversant le système capitaliste tout entier. C'est pourquoi, si la guerre est inéluctable dans le capitalisme (comme le sont la crise économique, le chômage, la pauvreté etc.), elle est, dans le même temps, un phénomène social qui reflète la crise du capitalisme, pouvant conduire à une crise politique générale, à une situation révolutionnaire, et développer les conditions de sortie de la guerre avec le renversement révolutionnaire du pouvoir capitaliste, avec la conquête du pouvoir ouvrier.

    En conclusion, notre lutte pour la société socialiste communiste, où les moyens de production seront de la propriété sociale (et pas d'une poignée), où l'économie fonctionnera avec de façon planifiée, centralisée et contrôlée par les travailleurs eux-mêmes, ayant comme but la satisfaction des besoins populaires (et pas l'augmentation des profits des capitalistes), c'est inextricablement liée à la lutte contre la guerre impérialistes, contre la “paix” qui s'impose par les impérialistes avec le “pistolet sur la tempe” et qui ne fait que préparer les nouvelles guerres impérialistes.

     

    Références

    1. Alexandre Zinoviev (1922-2006) : Il était un des écrivains les plus connus russes contemporaines, sociologue, mathématicien et philosophe. Le « chemin » de sa vie a été marqué par son rejet du système soviétique et son suspension par le PCUS en 1976 et sa fuite de l’URSS en 1978, jusqu’à l’inversion complète de ses opinions, vingt ans plus tard, fait qu’en Russie capitaliste l’a inclus parmi les défenseurs les plus fervents dans le monde intellectuel russe. Il est peut-être le seul des « dissidents » de la période de la « Guerre Froide » qui a regretté totalement pour sa position antisoviétique et de plus qui s’est officiellement excusé auprès du peuple russe pour elle. Il répondait agressivement à la propagande antisoviétique concernant les « persécutions » et les « goulags », en déclarant que son propre arrestation en 1939 était juste, vu qu’il organisait une équipe pour l’assassinat de Staline. « Que devraient-ils faire, me donner une médaille? », a-t-il répondu à une question à ce propos en 2005. Après 1990 il a passionnément soutenu les conquêtes de l’URSS et les valeurs humaines qui caractérisaient le système soviétique. Il a parlé aux mots très durs de la dissolution de l’URSS la caractérisant « une crime sans précédent ». Lors d’une de ses dernières interviews, il a déclaré que «le mal principal du monde c’est la propriété individuelle, et si l’humanité na la surpasse pas, elle se détruira ».

    2. Voir, par exemple http://energypress.gr/news/o-polemos-ton-agogon-stin-notioana toliki-mesogeio

    3. «Russie contemporaine», http://gr.rbth.com/international/2013/02/06/i_maxi_ton_agogon_ sti_mesi_anatoli_19795

    4. «La guerre énergétique en Méditerranée Orientale», KOMEP, n. 1/2012.

    5. http://www.kontinent.org/article.php?aid=52454f5ae5e84

    6. http://top.rbc.ru/business/24/09/2015/560168269a7947597c281379

    7. http://russian.people.com.cn/95184/7727145.html

    8. Andreas Matzakos, officier en retraite de l’armée de terre, titulaire de Master en relations internationales et ayant réalisé des études en Stratégie. «Les intérêts vitaux de la Russie en Syrie sont-ils menacés? Pourquoi la Russie continue à soutenir le régime d’Asad?». http://www.elisme.gr/gr/ 2013-01-06-18-39-21/item/2015-09-27

    9. http://www.rusexporter.ru/research/country/detail/2506/

    10. http://russian.people.com.cn/95184/7727145.html

    11. http://www.rbc.ru/politics/05/11/2015/563a7dfa9a794765554aa3f9

    12. http://www.ft.com/intl/cms/s/0/cee6fcba-69bf-11e5-8171-ba1968cf791a.html# axzz3neno2hNG

    13. http://russian.people.com.cn//n/2015/0929/c31521-8957089.html

    14. http://top.rbc.ru/politics/01/10/2015/560d2f6a9a794744bcd58e23

    15. http://russian.people.com.cn//n/2015/1001/c31521-8957602.html

    16. http://www.rg.ru/2015/12/04/kitay-anons.html

    17. Déclaration Mémorables – 7 pays appelle la Russie à ne pas frapper les fascistes-islamistes qu’ils patronnent, http://thesecretrealtruth.blogspot.com/2015/10/7_3.html#ixzz3 naTs9Kdr

    18. http://www.ert.gr/merkel-vlepi-politiki-lisi-me-asant-ke-antipolitefsi-sti-siria/

    19. http://www.politis-news.com/cgibin/hweb?-A=303503&-V=articles

    20. L’article 42 comprend les « Dispositions concernant la Politique de Sécurité et de Défense Commune » de l’UE. En particulier au paragraphe 7 il est cité que : « Dans le cas où un état-membre subit une attaque armée sur son territoire, les autres états-membres doivent lui offrir leur aide et assistance, par tous les moyens qui ont en leur disposition, selon l’article 51 de la Charte des Nations Unis. Cela n’influence pas le caractère particulier de la politique de sécurité et de défense de certains états-membres. Les engagements et la collaboration dans ce domaine sont toujours conformes aux engagements pris dans le cadre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (note de l’auteur : OTAN), qui reste, en ce qui concerne ses états-membres, le fondement de leur défense collective et l’organe de son application ».

    21. http://www.naftemporiki.gr/story/1012006/kameron-terastio-lathos-oi-rosikes-epidromes-sti-suria

    22. http://www.naftemporiki.gr/story/1012116/xamont-i-rosia-den-mporei-na-petaei-ta-paixnidia-tis-apo-tin-kounia-otan-den-ginetai-to-diko-tis

    23. http://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/2317079

    24. http://cnnpressroom.blogs.cnn.com/2015/10/04/fareed-zakaria-gps-benjamin-netanyahu-on-russia-iran-u-s/

    25. http://www.rizospastis.gr/page.do?id=16064&publDate=17%2F12%2F2015&page No=24

    26. http://top.rbc.ru/politics/04/10/2015/5610c1619a7947339a73394c

    27. http://www.onalert.gr/stories/senaria-oloklirotikou-polemou-nato-russias-gennoun-exoplismous-kai-xrima/45300

     

    28. http://news247.gr/eidiseis/kosmos/h-toyrkia-enhmerwse-ton-ohe-oti-ksekina-aeroporikes-epitheseis-enantion-toy-islamikou- kratoys.3589646.html

    29. V.I. Lénine, « La politique extérieure de la révolution russe », « Œuvres complètes », vol. 25

    30. ibid

    31. V.I. Lénine, « Sous un faux drapeau », « Œuvres complètes », vol. 21

    32. V.I. Lénine, «La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer », Œuvres Complètes, vol.25

    33. ibid

    34. V.I. Lénine, « Sous un faux drapeau », « Œuvres complètes », vol. 21

    35. http://www.humanite.fr/pierre-laurent-il-faut-des-objectifs-de-paix-589717

     

    sources : solidnet.org   & solidarite-internationale-pcf.over-blog.net

     
     
     
     
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  • Billet Rouge- Leur défense de la famille et la nôtre. Par Floréal – . (IC.fr-9/10/16)

    Sur les nouvelles "manifs pour tous"

    par Floréal

     

    Avec l’appui peu discret d’un pape « progressiste » (que serait-ce s’il était réac ?), la droite « catholique » redescend dans la rue pour « défendre la famille » contre le fantôme de Christiane Taubira, pour dénoncer la GPA (qui n’est à l’ordre du jour d’aucune assemblée parlementaire…) et pour pourfendre la fantasmatique « théorie du genre » diffusée par de méchants profs laïques…

    Et certes, « la famille » aurait grand besoin d’être défendue à l’heure actuelle : oh, certes pas les familles nanties, plus privilégiées, plus stables et pour tout dire, plus dynastiques que jamais !

    S’il y a en revanche une famille et des enfants qu’il serait urgent de défendre, c’est bien la famille … populaire, de plus en plus chahutée par les tempêtes sociales et « sociétales » soufflées par la crise du capitalisme mondialisé et par son principal « conducteur » en France, la destructive « construction » européenne.

    Car les familles populaires vivent de plus en plus dangereusement avec la précarisation galopante des salariés, notamment avec celle des jeunes qui s’installent, qui se logent et qui font des enfants de plus en plus tard, avec l’arasement des statuts protecteurs et des CDI que programment les LR thatchériens, sans oublier la casse du Code du travail et des conventions collectives qu’a engagée Hollande.

    Magnifique perspective aussi pour les familles populaires que le report de la retraite à 65 ans (pendant que les jeunes chômeront, les vieux trimeront, suceront des clous aux minima sociaux… ou décèderont prématurément !).

    Très « familial » aussi le démontage des services publics, notamment des maternités et des hôpitaux de proximité, la crise énorme de l’Education nationale, le recul du pouvoir d’achat populaire, le mal-logement croissant, les délocalisations, les privatisations, la sous-traitance, le climat constamment tendu à l’entreprise, les soucis accablants pour les familles paysannes et toutes les autres bricoles (« bricoles » aux yeux des bourgeois !) qui pourrissent la vie des couples d’ouvriers, d’employés et de petits fonctionnaires et qui installent les gosses dans un l’insécurité dès leur plus jeune âge.

    D’ailleurs, il n’y a qu’à voir où en est la famille « chrétienne » aux USA où la gauche, même la plus pâle, n’a jamais été au pouvoir, pour mesurer l’hypocrisie de ces manifs réacs qui culpabilisent les familles « hors norme » alors même que c’est la course au profit, l’euro-austérité, l’ « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence libre et non faussée » chère à l’UE qui sapent au quotidien les bases matérielles de la stabilité des relations amoureuses, familiales, filiales ou parentales  !

    Il est vrai que Mme Parisot, l’ex-patronne du MEDEF, a osé déclaré naguère : « la vie est précaire, l’amour est précaire, la santé est précaire, pourquoi le travail ne serait-il pas lui aussi précaire »… Comme si la réalité, du moins pour les milieux populaires, n’était pas l’inverse : santé, amours, vie précarisées parce que travail, études des enfants, services publics, remboursements des soins, précarisés par l’offensive thatchérienne permanente des oligarques

    Sans doute les familles de l’oligarchie capitaliste, – ou plutôt, des dynasties (hyper-stables, elles : « touchez pas au sac d’écus ! »)–, où l’on se transmet de père en fils les privilèges financiers, culturels, professionnels, territoriaux, politiques, les « pistons » et les « bonnes adresses », comme l’ont montré les travaux très documentés de Monique et Michel Pinçon-Charlot. Dans ces conditions, on comprend que les problèmes « sociétaux » soient désormais les seuls dignes de l’attention des nantis de la droite « tradi » et de la gauche bobo : et c’est d’ailleurs de ces « problèmes » que traitent 95% des films, des romans, des séries télévisées dont sont gavées la jeunesse et les classes populaires.

    Cela ne signifie pas que ces problèmes « sociétaux » n’existent pas. La société change, les communistes sont attentifs à son évolution et leur philosophie humaniste les pousse à condamner la GPA en tant qu’elle tend à marchandiser le corps des femmes pauvres à l’avantage des couples riches, donc à légaliser dans son principe la vente des bébés en officialisant le marché de l’humain qui est au principe de l’esclavage.

    Mais soyons clairs : dans les conditions présentes et dans un pays comme le nôtre, cette question est encore EPSILON par rapport aux problèmes sociaux écrasants, récurrents, quotidiens qui empoisonnent la vie de millions de concitoyens qui travaillent dur, gagnent des clopinettes, sont précocement éjectés du « marché du travail » ou ne parviennent à y entrer que fort tard : donc retardent le moment de se soigner, voient le climat familial se détériorer, sont ballotés en tous sens, sont mutés à des centaines de kilomètres les uns des autres, survivent dans des quartiers dégradés, parfois gangrénés par les trafics et par le boucan permanent…

    Quand il ne se réveillent en sursaut la nuit en se demandant ce qu’il leur arrivera à eux, ou à leurs vieux parents, s’ils deviennent dépendants et qu’ils ont besoin d’une maison de retraite au coût souvent exorbitant…

    Alors, oui, Hollande et la droite nous AMUSENT tout en nous préparant THATCHER, c’est-à-dire la mise à mort des acquis de 45 gagnés au prix du sang, quand ils s’affrontent à coups de fantasmagories sur la « théorie du genre », alors que tant de couples, de familles et d’ENFANTS rament à contre-courant dans une la très glauque REALITE.

    Floréal le 9/10/16

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