Les responsables de l'Addeva et des avocats parisiens ont échangé avec une cinquantaine de personnes, vendredi après-midi.
Cela n'apaise pas complètement la colère des victimes mais, au moins, le préjudice d'anxiété subi par les personnes exposées à l'amiante est de plus en plus reconnu.
Le combat aura été long. Certains ont disparu mais il est gagné pour la plupart des personnes concernées. Les victimes d'un préjudice d'anxiété lié à l'exposition à l'amiante, dans le Finistère, ont pour beaucoup été indemnisées, ces derniers mois. À Brest par exemple, sur les 151 dossiers d'anciens employés d'entreprises privées, dix ont été refusés pour l'instant (dans le cas de sociétés qui n'existent plus, surtout, mais les gens ont encore l'espoir que l'État se substitue à elles), neuf sont en appel et tous les autres ont été reconnus et indemnisés par les prud'hommes, selon Frédéric Quinquis, avocat parisien qui suit ce volet. Concernant les anciens de la Marine nationale et de DCN, un autre avocat parisien, François Lafforgue, précise que 180 dossiers de préjudice d'anxiété étaient recensés. D'ores et déjà, 150 personnes ont été indemnisées. Cela va en général de 8.000 à 18.000 €, suivant la durée d'exposition, le poste occupé, la situation personnelle décrite par le suivi médical. « Le 3 mars, le Conseil d'État a validé notre position », rappelle ce dernier et l'État, depuis, ne conteste plus. Le 19 décembre, la cour administrative d'appel de Nantes étudiera une dizaine de dossiers. Des Finistériens rencontreront le même jour le député En Marche Didier Le Gac.
« Une épée de Damoclès au-dessus de la tête »
Une cinquantaine de personnes se sont retrouvées à la Salle des syndicats, vendredi après-midi à Brest, à l'invitation d'Addeva (Association départementale de défense des victimes de l'amiante). Leur colère reste parfois vive d'avoir été délaissées par leurs anciens employeurs. « En 1995, des collègues se plaignaient d'être malades. Les seuls tests qu'on nous faisait passer, c'était des tests respiratoires. Des incapacités ont été relevées », se rappelle René Sergent, 62 ans, de Plouhinec, 37 ans de carrière dans la marine marchande, ancien responsable syndical. « Une circulaire nous demandait de déstocker l'amiante, sans protection. Cela nous a alertés. En 1996, il y a eu les premiers morts. J'ai eu cinq copains, en tout, qui ont disparu », enrage-t-il encore. « On était du même service, on avait partagé les mêmes cabines. Ils étaient en retraite depuis deux ou trois ans. Je vis avec une épée de Damoclès au-dessus de ma tête ! », gronde-t-il. Son épouse, Marie-Christine, embraie : « On ne peut pas avoir de projet sur le long terme. Dès qu'il tousse, on a une crainte, on a celle aussi d'aller chez le médecin... ». Certains ont fini par réussir à partir plus tôt, pour s'éloigner du danger. En perdant une partie de leurs droits à la retraite... Même indemnisées pour la plupart, les victimes n'en ont pas fini avec l'angoisse générée par leur passé avec l'amiante, ancien produit miracle devenu fléau.
David CORMIER
source: http://www.letelegramme.fr