Ces soignantes du centre hospitalier Centre-Bretagne ne veulent pas se faire vacciner contre la covid-19. Ce mercredi 15 septembre, elles seront suspendues et leur salaire avec, faute de répondre à l’obligation vaccinale votée dans la loi du 5 août. Rencontre.
Ce lundi 13 septembre, dans l’après-midi, dans le petit local syndical du centre hospitalier Centre-Bretagne (CHCB), la colère le dispute à l’inquiétude. Élodie, Isabelle et les autres, non vaccinées, attendent leur tour. Elles doivent faire savoir formellement à la direction de l’établissement si oui ou non, elles auront reçu une première dose d’ici le mercredi 15 septembre. Et si c’est non, elles le savent, elles verront leur contrat et leur salaire suspendus jusqu’à nouvel ordre - en clair, jusqu’à leur vaccination. Les effets concrets de la loi votée le 5 août dernier.
« Si je me fais vacciner, ce sera vraiment contre mon gré »
« On a toutes été malades de la covid-19. Même avec le vaccin, je peux encore l’avoir, et surtout le transmettre, à des personnes fragiles en plus. Ça ne change rien que je me vaccine », lâche Isabelle. 20 ans qu’elle travaille dans la santé, depuis onze à l’Ehpad de Kervénoaël.
La soignante de 47 ans est amère. « Il y a un an, on était des héros ; aujourd’hui, on est des zéros ». Un peu désabusée aussi : « D’un côté, il y a mon droit à la santé, à me soigner comme je l’entends… De l’autre, on me tient par le salaire. Je suis seule, je n’ai ni l’envie ni les moyens de partir dans un autre secteur d’activité… Si je me fais vacciner, ce sera vraiment contre mon gré ».
« On aime notre boulot »
Toutes en conviennent, « c’est une situation inédite ». La grippe A (H1N1) en 2009 ? « On était incité mais il n’y avait pas d’obligation vaccinale », rappelle Élodie, 32 ans, soignante depuis dix ans à Kervénoaël. L’hépatite B, rendue obligatoire en 1991 ? « Le vaccin était éprouvé à l’époque », plaide-t-elle. Elle, aussi, sait bien que la suspension de la rémunération pourrait avoir raison de ses réticences.
«Aujourd’hui, on est obligé de se battre juste pour garder notre boulot.»
« On aime notre boulot, on s’est battu pour les résidents. Au premier confinement, on n’avait rien - ou pas grand-chose. On a tenu. Et aujourd’hui, on est obligé de se battre juste pour le garder, ce boulot ». Élodie ne décolère pas : « Les gens se sont fait vacciner pour pouvoir partir en vacances, aller au resto, au ciné… Nous, c’est pour garder notre salaire ! On ne nous laisse pas le choix ».
Combien de non vaccinés ?
Mercredi matin, Isabelle, Élodie et d’autres ne prendront pas leur service à l’Ehpad de Kervénoaël. Celles qui le peuvent utiliseront leurs congés, RTT… disponibles pour retarder le plus possible l’échéance - de la vaccination ou de la suspension de salaire. Selon Florence Even, secrétaire Sud Santé Sociaux du CHCB, « une centaine de soignants, sur 1 900, seraient non vaccinés avant la date couperet du 15 septembre ».
Une simple estimation car seule la médecine du travail est habilitée à connaître la situation vaccinale des soignants. Ce que rappelle la direction du centre hospitalier. Contactée par Le Télégramme, elle indique donc qu’il faudra attendre ce mercredi matin pour connaître l’ampleur, et l’incidence, du mouvement dans les différents services.