• La liberté à la sauce occidentale en Ukraine? Le journaliste britannique Johnny Miller explique que travailler à Kiev est trop dangereux pour ceux qui s’écartent de la ligne imposée par l’Otan et le gouvernement ukrainien.  

     

     

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  • Crime. Macron assassine trois siècles d’histoire : il sous-traite notre diplomatie à Ursula. ( LGS.info - 21/04/22 )

    En Europe la diplomatie apparait avec les citées-états de la Grèce Antique. Elle va prospérer et, en France, elle se formalise à la fin du XVIIe siècle. Pendant trois siècles notre diplomatie a donc été l'outil essentiel pour gérer – ou tenter de la faire – les relations avec les autres états du monde. Si les défaillances son patentes, la ligne générale tend quand même vers les guerres évitées, des vies sauvées. D'un trait de plume, qui n'est plus d'oie, Macron, comme s' il avait honte de sa décision, vient juste entre les deux tours de la présidentielle, de supprimer le corps des diplomates. C'est vrai que ceux-ci étaient parfois rétifs et empêchaient que l'on nomme ses amis dans de confortables ambassades ou consulats.

    Le lundi 18 avril 2022, le Journal Officiel de la République a publié le décret présidentiel scellant la disparition du « corps diplomatique » français. Certes, on était prévenu, mais il était difficile de croire que cela arriverait. C’est choquant en soi, sur le fond et sur la forme. Le fait qu’il ait été signé par Emmanuel Macron à quelques jours de la fin de son mandat et alors qu’il est candidat à la réélection, manque d’élégance et de finesse, pour ne pas dire de « légitimité ». Bien que l’on soit blasé, le passage au forcing d’un texte de cette importance, chargé d’une telle symbolique, fait mauvais effet. Il eût été bien venu que Monsieur Macron attende le résultat du second tour pour détruire une entité institutionnelle prestigieuse que beaucoup de pays nous enviaient. S’il n’est pas réélu, on pourrait dire au moins que cette précaution fair-play a sauvé notre diplomatie du naufrage : c’est bien ce dont il s’agit.

    Une telle hâte paraît donc suspecte. Même si l’on considère, ce qu’à Dieu ne plaise, un mandat présidentiel comme un train électrique tiré de la hotte du Père Noël, il vaut mieux ne pas casser les accessoires les plus utiles et les moins coûteux. Après le Covid et l’Ukraine, ce serait de bonne guerre, si toutefois il est obligatoire de sauter d’une guerre à l’autre et à feu continu, afin de tenir la population en haleine et d’apparaître comme un « chef de guerre ». En tout état de cause, voilà détruit par surprise, ou sans surprise étant donné le genre de république qui est en marche, l’outil prestigieux que la France s’était donnée au cours des siècles passés afin de mettre en œuvre contre vents et marées une politique étrangère de « grande nation ». Avec ses fulgurances et malgré ses turpitudes (guerres coloniales par exemple), la France a eu longtemps assez de prestige et parfois de brio diplomatique pour être respectée en tant que « grande puissance », à laquelle on « pardonnait » plus qu’à d’autres.

    Talleyrand, Vergennes, le Général De Gaulle et quelques ancêtres célèbres doivent se retourner dans leurs tombes, et il y a de quoi. Car, il faut bien le dire, les prétextes, les justifications, les tentatives d’explication qui fleurissent et vont partir dans tous les sens, font bon marché de l’utilité fondamentale de la diplomatie, en particulier en ces temps de folie, d’hystérie collective, de pensée unique et de lavage de cerveaux. Parmi les institutions vitales qu’un Etat moderne doit entretenir et soigner, dans un monde où les échanges de toute nature s’intensifient, où les crises et les conflits se multiplient, où les hégémonies sont remises en cause, on trouve en première ligne la diplomatie. Parmi les métiers de haute utilité, il y a sans conteste celui de diplomate, spécialement dans un pays bimillénaire comme la France, qui n’a rien d’une « start-up nation ». Ce n’est vraiment pas le moment de briser les cadres d’un appareil diplomatique qui est lui-même le fruit d’une longue tradition, au prétexte qu’il serait inadapté et inefficace tout en revenant cher.

    Vous avez dit « inadapté, inefficace, sclérosé, corporatiste et frileux face au changement » ? Mais quelle institution, quelle organisation, quelle collectivité pourrait échapper à ces reproches ? Il est certes confortable de les prendre pour argent comptant, mais à y regarder de près, ils ne sont finalement pas très fondés, en particulier dans le cas du Quai d’Orsay. Celui-ci en effet s’est fort bien adapté à des bouleversements géopolitiques tels que la mondialisation, la pulsion européenne, la remise en question de l’hégémonie de l’Occident, et aux changements qui en sont la conséquence logique, c’est-à-dire la diversification de ses missions au-delà du politique, la coexistence interministérielle au sein des postes, la féminisation rapide et massive de son personnel....Tout ceci n’est pas rien, dans un contexte ingrat où ses moyens ont été réduits d’année en année.

    En outre, contrairement aux idées reçues, l’administration des affaires étrangères n’est pas si coûteuse étant donné les enjeux dont elle est la gardienne. Elle compte 13600 fonctionnaires, dont 1800 diplomates proprement dit, la moitié (900 conseillers et ministres plénipotentiaires) formant « le corps diplomatique ». Elle a perdu plus de la moitié de ses effectifs en trente ans (dont le tiers durant la dernière décennie). Avec un budget total correspondant à 1% du budget de l’Etat, le dit Quai d’Orsay n’est pas celui qui revient le plus cher au quai de Bercy, qui a tendance à se prendre pour la France. La diplomatie française a pu « faire avec » ces restrictions et ces mutations internes ou externes. Ce dont elle a souffert bien davantage, ce sont les deux tabous que l’on hésite à pointer du doigt, car ils relèvent d’évolutions politiques inscrites sinon dans le vent de l’Histoire, du moins dans l’air du temps : la présidentialisation et l’européanisation.

    La présidentialisation, symbole de l’ère gaullienne après les errances du parlementarisme de la Quatrième République, a permis une nouvelle résurrection dans les années 60 : l’indépendance nationale (face aux États-Unis en premier lieu), une certaine idée de la France et l’obsession de son « rang » dans le monde, avec sa force de frappe et son statut de membre permanent du Conseil de Sécurité, en seront les leitmotivs. L’envol d’une diplomatie brillante, innovante, décolonisatrice, ouverte au monde et porteuse d’une sorte de troisième voie entre l’Est et l’Ouest apparaîtra comme la projection visible de cette volonté de renouveau. Et un constat s’impose : cette diplomatie française a brillé de ses derniers feux au détour du siècle, après les attentats du 11 septembre, alors que Georges W. Bush s’apprêtait à envahir l’Irak en mars 2003. Les propos du Ministre des affaires étrangères de Jacques Chirac, Dominique de Villepin refusant de cautionner l’agression et menaçant l’Amérique d’un véto à tout projet de résolution du Conseil de Sécurité (en compagnie de l’Allemagne et de la Russie) resteront dans les annales. Mais ils ne serviront à rien, sinon à convaincre Washington de « punir la France », suscitant rapidement une « repentance » : Paris allait notamment se voir confier l’inextricable dossier syro-libanais...

    Entre le vin et le camembert, les avions et les autos, le charme de l’accent français et Paris, etc...le French bashing battrait son plein plusieurs années, le temps pour la nation rebelle de se rapprocher de l’OTAN sûrement et à grands pas. A la fin du mandat de Jacques Chirac, le « pays des lumières » est quasiment « ré-otanisé » et rattrapé par une européanisation renforcée, prévue par le projet de traité constitutionnel de 2005. Certes la France, où le dit projet a été refusé par référendum, prend encore des libertés, mais la messe est dite. Ne reste plus qu’à le reconnaître officiellement.

    C’est Nicolas Sarkozy (2007/2012) qui, faisant fi du « non » des Français, signe en décembre 2007 le traité européen de Lisbonne, et qui annonce triomphalement « le retour au bercail atlantique ». Il consacre ainsi la réduction de la diplomatie de la France à son minimum syndical. Il s’empêtre de façon peu honorable dans le dossier libyen après avoir accueilli à bras ouverts le campement de Kadhafi sur les pelouses de la république, et de façon déshonorante dans la guerre de Syrie à ses débuts, s’acharnant sur Bachar Al Assad après l’avoir invité à la fête nationale. Il sera de ces présidents peu avertis des choses de l’étranger qui prétendent avoir saisi en deux jours ce que les diplomates en poste ne comprendront jamais en plusieurs années. A-t-il un problème avec les Arabes (sauf les monarques) ? Il est ami d’Israël et l’affichera, y compris en recevant les ambassadeurs arabes. Il est visible qu’il a les arabisants, tenus pour pro-arabes, dans le collimateur.

    La France, de retour à son bercail atlantique, otanesque et européen, devra dès lors s’aligner en toute circonstance sur l’Europe et sur les États-Unis, leader de la « communauté internationale » composée des trois membres permanents occidentaux du Conseil de Sécurité. Il faudra désormais une certaine imagination pour trouver de la diplomatie dans leurs discours, leur langage, leurs comportements...L’Occident n’a plus qu’une idée, qui est de mettre en place des sanctions, des blocus, des embargos, des mesures coercitives, plus illégales les unes que les autres, au nom de la fameuse et fumeuse responsabilité de protéger, du devoir de dire le droit, de défendre la justice, les droits de l’homme, les libertés. La France renonce à sa liberté d’action, et à une diplomatie indépendante. Adieu au gaullisme et au consensus qu’il recueillait au plan des affaires internationales.

    François Hollande, son successeur (2012/2017), ne sera pas plus brillant, perdu sur le mauvais versant de l’histoire, dans la tempête des printemps arabes. La Syrie sera son champ de bataille, un champ qu’il souhaite à tout prix bombarder. Il gardera une rancune féroce contre Obama et sa décision de « ne pas avoir frappé » le pays de Bachar al Assad : les avions français n’étaient-ils pas prêts à décoller vers l’Orient, trop compliqué pour notre président anormalement normal et pour son ministre. Hollande sera aussi l’homme de l’engagement français au Mali et au Sahel, l’opération se traduisant, dix ans plus tard, par la demande de fermeture de l’ambassade de France à Bamako. Manifestement plus à l’aise sur la carte des rivalités et alliances du Parti Socialiste que sur le Grand Echiquier, ce président-là ne semble pas avoir eu une sympathie spéciale pour les diplomates et ses arabisants, ayant peut-être lui aussi un problème avec les Arabes. C’est un président qui résiste mieux aux intempéries du climat qu’aux imprévus du grand large international. Adieu à la diplomatie, gaulliste ou socialiste.

    Enfin Emmanuel Macron vint, avec une pensée qu’il présentait lui-même comme complexe. On ne refera pas ici l’histoire diplomatique de son quinquennat. Sans gêne et donneur de leçons au Liban, peu instruit des problèmes du Moyen-Orient, décisifs pour un ordre mondial à venir, flagorneur et plein d’illusions à l’égard de l’Amérique, présomptueux face à la Russie et Vladimir Poutine, mal ou trop à l’aise en Afrique, il donne l’impression de chercher désespérément un conflit à régler. Mais il est perdu dans le vaste monde. Effectivement ce vaste monde est plein de conflits, mais depuis longtemps, on n’attend plus rien de la France et plus grand-chose de sa diplomatie, car elle n’a plus de diplomatie. En fait, Monsieur Macron rêve d’être à tout prix un chef de guerre. Elu en 2017, il a dû pourtant attendre mars 2020 pour annoncer que la France était en guerre contre une pandémie, et deux ans plus tard, en 2022, contre la Russie, en Ukraine. Encore deux mois plus tard, c’est le combat contre les ennemis intérieurs qu’il faut vaincre, museler et mettre hors d’état de nuire. L’étau se resserre. Sus à l’ennemi intérieur, qu’il voit partout dès qu’on donne une interprétation différente de la sienne.

    Macron n’est finalement en paix et à l’aise qu’avec les Européens. Embrassades, congratulations, éclats de rire, discours enflammés, rien n’est trop beau pour ces gens qui nous ressemblent, qui s’assemblent et se rassemblent dans leur amour pour l’Amérique, sautant comme des cabris en criant « L’Europe, l’Europe puissance, la patrie commune, les ennemis communs, le fameux couple franco-allemand ». En résumé, ce qui est à moi est à toi : la force nucléaire, le siège permanent au Conseil de Sécurité, nos industries, nos fleurons...Le président décide seul, mettant la présidentialisation au service de l’européanisation et vice-versa. Pourquoi garder une diplomatie nationale, puisque nos partenaires européens et nos amis allemands rêvent de la faire à notre place, y compris à notre détriment, pour ne pas faire de chagrin à cet oncle Joe chenu, qui a amplement l’âge de guider le monde et de dire le droit, même de travers.

    Un nouveau couple historique semble surgir entre Emmanuel et Ursula von der Layen, ex-ministre allemande et présidente de la Commission qui, en matière d’usurpation de pouvoirs, en prend à son aise : elle a décidé de gérer les données personnelles des Européens et les confie sans mandat aux officines étasuniennes, elle attise et arme la guerre de l’Europe contre la Russie, au service de l’Amérique, ouvrant les robinets au gaz de schiste et les vannes aux milliards de dollars qui le paieront. Tant pis pour l’avenir et la paix en Europe.

    Et pourtant, nos données personnelles numériques ou autres ne regardent en rien le grand chef blanc, la guerre d’Ukraine n’est pas notre guerre, la Russie n’est pas notre ennemie, et qui ose affirmer que les États-Unis sont notre ami ? Ursula a décidé que les Européens devaient acheter le gaz de schiste venu d’outre-Atlantique (par mer ou par avion ?) afin de punir Poutine en snobant son gaz. Est-ce que c’est très intelligent ? De toute évidence, la réponse est non. L’avenir s’annonce dramatique, car une fois l’hystérie calmée, il faudra réinventer la relation avec les voisins dont nous avons fait des ennemis. Les puissances qui veulent compter ne liquident pas leur potentiel de négociation.

    Mais Monsieur Macron n’écoute pas et regarde ailleurs, ne voyant plus le monde que par la lunette européenne ou atlantique, par les yeux d’Ursula, pour les beaux yeux d’Ursula. C’est très « people », mais comme il n’y a plus de diplomatie, il n’a plus besoin de diplomates empêcheurs de faire la guerre en rond. Il lui faut donc liquider, tant qu’il en est encore temps, le corps diplomatique français. CQFD. Comme l’écrit l’ancien patron du Quai d’Orsay Dominique de Villepin : « La suppression du corps diplomatique constitue une atteinte au rayonnement de la France et un facteur central d’affaiblissement de l’Etat (...) C’est pour la France une perte d’indépendance, une perte de compétence, une perte de mémoire qui pèseront lourd dans les années à venir, à l’heure de la recomposition du monde (...) »

    Qu’importe. Que ne ferait-on pas pour cette Ursula énergique, volontaire et miraculeuse, qui marie avec tant de succès les cinquante étoiles des États-Unis et les vingt-sept de l’Europe sous la bannière de la « responsabilité de protéger » ?

    Michel RIMBAUD
    Ancien Ambassadeur .

    Derniers ouvrages : " Tempête sur le grand Moyen-Orient, "Les guerres de Syrie", "Ces années Syriennes".

    Source : https://www.legrandsoir.info

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  • La guerre entre la Russie et l’Ukraine a mis en évidence une profonde fracture entre le monde « occidental » » et le reste du monde [1]. Cette fracture survient dans un contexte de démondialisation accélérée. Cette dernière est devenue une évidence depuis la crise des subprime de 2008-2010 qui n’a jamais été surmonté complètement. Elle s’est accentuée avec l’épidémie de la Covid-19 et, aujourd’hui, avec les conséquences de la guerre résultant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Se réveillent alors de vieilles peurs. Et si cette démondialisation annonçait le retour au temps des guerres ?

    Mais ces peurs ne sont que l’autre face d’un mensonge qui fut propagé par ignorance, pour les uns, et par intérêts, pour les autres. Le commerce n’a jamais effacé la guerre, même en Europe. On oublie trop rapidement la guerre civile dans l’ex-Yougoslavie, et ce sans parler de la terrible guerre qui ravagea l’Afrique centrale [2], de la guerre du Darfour [3], des guerres du Moyen-Orient, de celle toujours en cours au Yémen. La liste est, hélas, longue. Que signifie l’expression de « démondialisation » que l’on utilise pour qualifier le contexte géoéconomique dans lequel se déroule cette guerre ?

    La mondialisation que nous avons connue depuis près de quarante ans a résulté de la combinaison de la globalisation financière, qui s’est mise en place avec le dé-tricotage du système hérité des accords de Bretton Woods en 1971-73, et de la globalisation marchande, qui s’est incarnée dans le libre-échange. Elle a conduit à une surexploitation des ressources naturelles plongeant plus d’un milliard et demi d’êtres humains dans des crises écologiques qui vont chaque jour empirant. Elle a provoqué la destruction du lien social dans un grand nombre de pays et confronté là aussi des masses innombrables au spectre de la guerre de tous contre tous, au choc d’un individualisme forcené qui laisse présager d’autres régressions, bien pires encore [4].

    La guerre en Ukraine survient alors dans un contexte économique et politique international qui a profondément évolué ces vingt dernières années, et en particulier depuis 2010. Ce contexte est marqué par une accélération du mouvement de démondialisation, déjà apparent en 2010 mais considérablement renforcé, et d’un mouvement de désoccidentalisation du monde.

    Le constat que l’on peut tirer des dix dernières années est que la mondialisation, ou globalisation, a engendré de telles forces de contestation, forces qui ne se sont pas limitées à l’idéologie, forces qui se sont avérées profondes et puissantes et qui n’ont fait que se renforcer, qu’un point de basculement a été atteint. La mondialisation s’est d’abord enrayée, puis elle s’est inversée. Cela fut patent lors de la crise de la Covid-19. La démondialisation a donc commencé dans les faits. Elle porte en elle, aussi, une « désoccidentalisation » du monde [5]. C’est un phénomène important, qui se traduit par le renforcement considérable des économies extra-européennes mais aussi par leur autonomisation vis-à-vis de « l’occident », mouvement qui ne semble pas avoir été réellement compris.

    Qu’est-ce que la démondialisation ?

    Qu’appelle-t-on donc aujourd’hui « démondialisation » ? Il convient de revenir sur le sens du mot, mais aussi de la notion décrite par le mot. Certains confondent ce terme avec une interruption, volontaire ou fortuite, des flux d’échanges qui courent tout à travers la planète. Ils confondent ainsi un protectionnisme, qui peut être amplement justifié dans la théorie économique [6], et la pratique de l’autarcie qui, elle, est bien souvent annonciatrice de guerres. Ils se trompent aussi sur la nature du lien qui lie la croissance du PIB à l’échelle mondiale est le volume des échanges. Rappelons ici que la richesse est issue des processus de production. Si ceux-ci n’ont pas eu lieu au préalable, pas de commerce et pas de profit. La richesse est liée à la croissance de la productivité du travail et celle dernière prend son origine dans les transformations perpétuelles du processus de production. Le commerce facilite la transformation de cette richesse en profit monétaire. Il est une réponse à l’écart qui peut se creuser entre le volume des investissements initialement consentis pour la production et un marché trop étroit pour rémunérer au niveau attendu les capitalistes et les fonds investis.

    Le commerce international permet donc la réalisation de profits parfois supérieurs aux attentes initiales parce qu’il permet de profiter d’opportunités, d’exploiter des situations de rente, de mettre en concurrence des travailleurs qui sont dans des conditions fort différentes, de forcer des travailleurs à entrer en dépendance avec les producteurs de biens étrangers. Cela ne veut pas dire que le commerce crée à lui seul de la valeur, comme le soutiennent les thuriféraires de la mondialisation. Mais, surtout, ils oublient que ces échanges, échanges de biens, de services, mais aussi échanges culturels voire échanges financiers, sont bien plus ancien que le phénomène nommé « mondialisation » ou « globalisation ». Ainsi, nous avons connu des situations où les échanges internationaux coexistaient avec des formes importantes de protection de l’économie national [7]. La « mondialisation », pour ne garder que ce seul mot, ne se réduit donc pas à l’existence de ces seuls flux.

    Ce qui avait fait émerger le phénomène de la mondialisation, et l’avait constitué en un « fait social » global, était un double mouvement. Il y avait à la fois la combinaison, mais aussi l’intrication, des flux de marchandises et des flux financiers ET le développement d’une forme de gouvernement (ou de gouvernance) où l’économique semblait devoir l’emporter sur le politique. En effet, la « mondialisation » se caractérise par un double mouvement où l’on voit les entreprises tenter de prendre le pas sur les États et les normes et les règles sur la politique. Ce processus aboutit en réalité à la négation de la démocratie. Or, sur ce point, nous ne pouvons que constater une reprise en mains par les États de ces flux, un retour victorieux du politique. Ce mouvement s’appelle le retour de la souveraineté des États. Or, la souveraineté est indispensable à la démocratie [8]. Nous avons de multiples exemples d’États qui sont souverains mais qui ne sont pas démocratiques ; pour autant nulle part on a vu un États qui était démocratique mais n’était pas souverain.

    Le processus de démondialisation économique s’est donc accéléré ces dernières années. Il a commencé à se manifester ouvertement avec la crise financière internationale de 2008-2010 et ses conséquences. En fait, c’est de cette crise que l’on peut dater un point de rupture dans les diverses données statistiques.

    Graphique 1

    Qui est isolé ? La guerre en Ukraine dans son contexte géoéconomique – Jacques Sapir. ( les-crises.fr - 16/04/22 )

    Source : OMC et FMI

    Cela ne signifie pas que les tendances à cette démondialisation n’existaient pas avant. Cependant, il a fallu une crise financière mondiale, qui a été une crise de la mondialisation tant dans ses causes que dans son déroulement, pour que ces tendances se manifestent ouvertement. On peut ainsi constater la stabilisation puis la baisse de la part des échanges mesurés en pourcentage du PIB mondial. Si le commerce a augmenté fortement en 2018, il restera en 2019 sous le niveau de 2014. Il faut donc remarquer que la forte croissance que l’on avait connue de 2002 à 2008 a été durablement interrompue par la crise de financière de 2007-2008.

    Ce mouvement est lié au flux des exportations mondiales (et à l’échelle du monde, toute exportation et aussi une importation, ce qui fait que le montant global des exportations est aussi le volume du commerce mondial). Il ne pouvait être encore perçu dans les années 2010-2011 parce que l’on se trouvait à l’époque dans une phase de récupération après la crise. Le montant des exportations est ainsi passé de 6,1 trillions de dollars américains à 16,1 trillions de 2001 à 2008 soit une augmentation de 2,6 fois. Mais de 2008 à 2017, ce montant est passé de 16,1 à 17,7 trillions, soit une augmentation de seulement 10%, inférieure de fait à celle du PIB mondial dans la même période. Même l’accroissement ultérieur, qui le portera à plus de 19 trillions à la fin de 2018, commencera à s’inverser avant que ne survienne la crise de la Covid-19. Pour l’année 2019, le recul est d’environ -3%. Le ressort de la croissance portée par l’extension, chaque jour plus large, du commerce international semble donc bien cassé.

    Le point intéressant ici est bien la baisse du pourcentage de ces exportations mondiales rapportées au Produit Intérieur Brut mondial. On était ainsi passé de 18,9% à plus de 25% de 2002 à 2008. On est retombé autour de 22% en 2017 et à 21,4% en 2019. La crise de la Covid-19 aura donc porté le coup de grâce [9], pour des raisons bien décrites par M. Kemal Dervis dans une tribune publiée en juin 2020 par la Brookings Institution [10], mais n’aura certainement pas été à l’origine du mouvement.

    De plus, des responsables américains ont déclaré que la sécurité économique était une forme de la sécurité militaire [11], et qu’elle était une partie intégrante de la sécurité nationale [12]. Ce n’est pas faux, et cela fut en fait théorisé au début des années 1990 par deux chercheurs de la RAND corporation, l’un des plus influents « think tank » des États-Unis [13]. Ceci constitue en réalité la souveraineté économique en un objectif légitime pour tout gouvernement. Cette déclaration symbolise parfaitement le retour du politique qui est le signe de la démondialisation.

    La faillite du G-7 : de juin 2018 à la situation actuelle

    Le jeu des États-Unis, qui semblent s’être ralliés depuis la Présidence Trump à une vision plus protectionniste des échanges doit alors être expliqué. Il s’inscrit dans la décadence progressive des institutions, comme le G-7, mises en place dans les années 1970.

    Si le Président des États-Unis, Donald Trump, a pris en effet le risque de dresser contre lui ses anciens alliés, comme il l’a fait en provoquant la crise du G-7 de juin 2018, c’est parce qu’il a fait un choix : celui de considérer les forums mondiaux comme le G7 étaient dépourvus de toute légitimité et de toute utilité. Son objectif était d’obtenir de la Chine un accord général aboutissant à une forme de partage du monde. Il visait l’équivalent d’un « nouveau Yalta », en référence à la conférence où les sphères de domination des alliés occidentaux et de l’URSS furent définies. Si, pour atteindre cet objectif, il devait fouler aux pieds des institutions comme le G-7, cela n’avait pas pour lui beaucoup d’importance. Il est ainsi faux de dire que Donald Trump était irréfléchi et n’avait pas de stratégie [14]. Ce discours, que l’on a entendu en boucle dans la presse française, est d’une rare stupidité et ne fait pas honneur à ceux qui le tiennent.

    Donald Trump avait bien une vision et une stratégie, même si ses méthodes doivent plus au monde des affaires dont il est issu qu’aux lambris dorés et aux moquettes feutrées de la diplomatie traditionnelle. Il convient de comprendre l’une et l’autre, sans nécessairement les approuver, pour pouvoir imaginer leurs répercussions sur les relations internationales et peut-être aussi pour pouvoir s’y opposer. Mais, la réalité s’impose, et s’imposera de plus en plus. Le premier discours de Joe Biden aux diplomates américains montre aussi qu’au-delà du style, et le successeur de Trump est de ce point de vue bien plus en accord avec les us et coutumes diplomatiques, que le nouveau Président des États-Unis entend bien continuer une politique entièrement conçue pour la suprématie américaine [15].

    Nous voici donc revenus à la problématique de Yalta. Ce partage du monde se fera très vraisemblablement sans les européens, qui restent fidèles, pour l’heure et ce jusqu’à la caricature, à l’idéologie de la « mondialisation ». Les pays de l’Union européenne payent, aussi, la foi mal placée qu’ils ont mise dans des institutions tant obsolètes que dangereuses. Et cela ne s’arrête pas au G-7. Les États de l’Union Européenne, qui sont aussi majoritairement des pays de l’OTAN, subissent déjà et vont subir les contre-effets des sanctions prises contre la Russie du fait de son agression contre l’Ukraine.

    Tant l’UE que l’Euro méritent de figurer ici en bonne place parmi les organisations devenues obsolètes [16]. De ce point de vue, il convient de souligner les aspects extrêmement néfastes de la domination allemande sur l’Union européenne, une domination qui s’exprime tant par les normes que ce pays impose que par les instruments qu’il contrôle comme l’euro [17]. Le Président de la République, Emmanuel Macron, a ainsi reconnu, dans un rare éclair de lucidité qu’il convient de saluer, que l’euro avait profité essentiellement à l’Allemagne [18] La politique de l’Allemagne est, dans les faits, en train de détruire l’Union européenne, et avec elle l’idée d’une coopération européenne [19], ainsi que l’on a pu le voir dans les tensions qui ont émergé entre la France et l’Italie mais aussi entre l’Italie, la Pologne et la Hongrie et la France et l’Allemagne. Ces tensions sont réapparues avec la guerre en Ukraine, comme le montre l’incident qui a opposé début avril 2022 la France et la Pologne [20].

    Au-delà de ces problèmes propres à l’UE, L’échec du G-7 signe l’épuisement du « modèle occidental », en fait du modèle anglo-saxon, de la mondialisation, tandis que le succès de la réunion de l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghai) indique clairement que le temps des Nations (et pas de n’importe lesquelles) est revenu. Ceci confirme une tendance qui était notable depuis la fin des années 2000 [21]. Il est donc clair que le processus de démondialisation est aujourd’hui engagé de manière irréversible [22].

    Il convient alors de revenir sur le G-7 et sur l’histoire, compliquée, de cette institution. Le G-7, issu d’une forme d’organisation internationale qui s’était mise en place après l’éclatement du système de Bretton-Woods en 1973, s’était donné pour objectif d’être la tour de contrôle de la mondialisation, la plate-forme d’où on pourrait piloter la globalisation. C’est dire l’importance qu’a pu avoir cette institution. Or, elle a connu un échec patent dont elle pourrait ne pas se relever. Cet échec était inscrit dans des politiques désormais par trop divergentes et des intérêts top opposés entre les pays du G-7 et dans le cours de la politique américaine qui s’inscrit dans un mouvement général de retour à la décision politique. Cet échec était donc prévisible.

    Il faut le constater, sur de nombreux sujets qu’il s’agisse de la question du « multilatéralisme », de celle de la participation de la Russie ou encore de la question climatique, les sujets de discordes ont dominé. Notons d’ailleurs que, contrairement à ce que à voulu faire croire la presse française le conflit n’a pas été une opposition de Donald Trump à ses six partenaires. Il n’y a pas eu, en dépit de ce que disent certains médias français, de « front uni » contre Donald Trump. Cela a pu être vérifié dans les faux semblants qui ont accompagné le sommet de septembre 2019 qui se tint à Biarritz et que l’on a, un peu rapidement, présenté comme un succès. Emmanuel Macron avait fait tout son possible pour que ce nouveau G-7 se déroule sans vaisselle cassée ni éclats de voix qui puissent parvenir jusqu’aux oreilles des journalistes. Las, il ne fallut que quelques semaines pour voir réapparaître des divergences majeures, que ce soit au sujet de la taxe sur les grandes sociétés de l’Internet (la fameuse « taxe GAFA »). L’accord qui fut ultérieurement trouvé cache mal la perpétuation des divergences [23].

    Graphique 2

    Qui est isolé ? La guerre en Ukraine dans son contexte géoéconomique – Jacques Sapir. ( les-crises.fr - 16/04/22 )

    Source : FMI

    Outre cette perte de légitimité il a aussi beaucoup perdu de son importance économique, comme on peut le voir sur le graphique 2. Alors que le G-7 pesait plus de 50% de l’économie mondiales dans les années 1980 et plus de 46% en 1992, sa part s’est par la suite réduite. En 2000, elle n’était plus que 43,6%, pour tomber à 34,4% en 2010 et 31,2% en 2020. Cela s’applique aussi à ce que l’on peut appeler un « G-7 élargi », comprenant la Corée du Sud et l’Australie. Or, il y a un lien évident entre l’impuissance du G-7, les querelles permanentes entre ses membres, et cette perte d’influence dans le PIB mondial. De fait, quand le G-7 a expulsé la Russie en 2014 [24], il a probablement signé son acte de décès.

    L’entrée de la Russie se justifiait bien plus politiquement qu’économiquement dans les années 1990. Le symbole était clair : celui de la fin de la guerre froide. En s’ouvrant à l’ancien adversaire, les pays du noyau originel du G-7 affirmaient leur volonté de sortir d’un « entre soi » qui n’était plus politiquement tenable. C’était la condition d’une possible transformation du G-7 en un gouvernement économique mondial, même si cette transformation aurait impliqué l’entrée d’autres pays importants (on pense à l’Inde, mais aussi à l’Indonésie) pour pouvoir s’accomplir. A terme, le G-7 et le G-20 auraient dû fusionner. Cela semble désormais impossible aujourd’hui tant les oppositions se sont durcies avec la guerre en Ukraine.

    Un modèle dépassé ?

    En expulsant la Russie du G-8 en 2014, les pays du noyau d’origine ont donc signifié au monde l’échec de cette transformation. En renouant avec les démons de « l’entre soi », en cherchant à transformer ce qui aurait dû être un forum en un club politique fermé, les pays occidentaux ont montré leur incapacité à saisir le renouvellement du monde qui est en train de survenir devant nous. Il est d’ailleurs intéressant que la Russie n’ait été nullement intéressée par un retour au sein du G-7 [25]. Elle a, elle, tirée les leçons des transformations de l’économie mondiale de ces quinze dernières années et elle entend privilégier le G-20 qui désormais s’oppose au G-7, comme l’avait indiqué à la télévision russe son ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov : « Au sein du G20, les ultimatums ne marchent pas et vous avez besoin de parvenir à des accords (…) Je pense que c’est le format le plus prometteur pour l’avenir » [26].

    Cette déclaration est importante. Elle va au-delà d’une simple réaction visant les pays du G-7. Les dirigeants russes ont compris très tôt la notion de multipolarité du monde. Dans son livre, Le Jeu Russe, publié en 2019, Alexeï Pouchkov rappelle la place centrale que tient cette notion de multipolarité pour la diplomatie russe [27]. Une meilleure compréhension de cette diplomatie, de ses lignes fondamentales depuis la fin des années 1990, aurait peut-être pu éviter aux pays du noyau originel du G-7 de commettre, avec « l’expulsion » de la Russie, ce qu’il faut bien appeler, avec du recul, une erreur fatale. Car, cette notion de multipolarité était déjà centrale dans la « déclaration à la conférence de Munich sur la sécurité en Europe » que fit Vladimir Poutine, ce que l’on appelle pour faire court le « discours de Munich », en 2007 [28]. Ce discours est l’un des textes les plus importants de la diplomatie russe, même si les idées qu’il contenait étaient en fait déjà connues. Alexeï Pouchkov montre bien ses effets structurants sur la politique étrangère russe [29].

    Ce discours a été présenté souvent comme le signe d’un retour des dirigeants russes à une mentalité de guerre froide. En réalité, le contenu de ce discours est bien autre chose que l’annonce d’un nouvel affrontement russo-américain. Il s’agit d’un texte programmatique, qui a soulevé d’ailleurs l’intérêt de nombreux participants de la conférence, et en particulier du ministre des Affaires étrangères allemand. En un sens, Vladimir Poutine est le dirigeant politique qui a certainement tiré avec le plus de cohérence les leçons de ce qui s’est joué entre 1991 et 2005.

    Deux points importants s’en dégagent, la constatation de l’échec d’un monde unipolaire et la condamnation de la tentative de soumettre le droit international au droit anglo-américain [30], et à l’emprise des États-Unis, un thème qui a une résonnance toute particulière pour les Français et plus généralement les européens depuis quelques années. On sait que les États-Unis ont pénalisé de nombreuses entreprises européennes depuis 2013-2014 au nom de l’application extraterritoriale de leur propre droit. Cette vision de la place centrale de la notion de multipolarité du monde contemporain se combine alors avec une vision claire du rôle de la souveraineté [31].

    Il faut aussi alors lire l’article écrit en 2021 pour Russia Today par Fyodor Lukyanov, le directeur de la revue Russia in Global Affairs et le directeur scientifique du Club Valdaï, au sujet des réactions, ou plus précisément des non-réactions de la Russie aux critiques occidentales au sujet de l’emprisonnement de l’opposant Alexey Navalny :

    « Dans les années 1990, lorsque la Russie moderne a émergé des cendres de l’Union soviétique, l’Occident était dominant. Il offrait le seul modèle réaliste. Les temps ont changé, mais Bruxelles ou Washington ne s’en sont pas encore aperçus.

    Aujourd’hui, la situation a radicalement changé. Une bonne illustration est la façon dont la Russie a répondu aux critiques à la lumière de l’affaire Alexey Navalny. Auparavant, confronté à des situations similaires (…) Moscou a tenté de justifier ses actions auprès des chercheurs occidentaux en utilisant leur propre argumentaire – même si parfois les responsables russes peuvent être trop rigides et trop émotifs lorsqu’ils défendent leur cause.

    Maintenant, c’est différent. Les commentaires critiques de l’Occident sont soit ignorés, soit ridiculisés. La Russie a changé – mais de plus grands changements dans les affaires mondiales semblent également faire partie de l’explication. L’ordre mondial libéral enraciné dans le pouvoir des institutions et des normes a pris fin. C’était un modèle avec ses propres normes sociales et politiques que l’on croyait universelles. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, presque chaque nation suit une voie souveraine différente et cherche maintenant à gagner plus de contrôle politique, économique et idéologique au niveau national » [32].

    Le constat fait par Lukyanov est implacable. Il est à mettre en parallèle avec l’attitude de la Russie face aux réactions occidentales à la guerre en Ukraine. Ici aussi, la Russie semble ignorer – relativement – les critiques émises par les pays occidentaux.

    Le texte de Lukyanov renvoie aussi à des observations que l’on pouvait faire après le « discours de Munich » de Vladimir Poutine en 2007 [33]. Ce dernier avait mis en garde contre l’instrumentalisation de « l’ordre mondial libéral » par les États-Unis et leurs alliés. Ce qui se produit désormais depuis de nombreuses années n’est que la conséquence de la dé-légitimation du cadre international qui avait émergé dans les années 1990 et qui avait permis l’essor de la mondialisation.

    La montée en puissance de « l’autre monde »

    Face à l’échec du G-7 lors de la réunion de 2018, le succès de la réunion de l’OCS qui se tenait au même moment présente un contraste saisissant. Elle était le signe que l’on assistait bien à un basculement du monde. Car l’OCS est la première, et quasiment la seule, organisation internationale à dimensions tant politique qu’économique et militaire post-Guerre froide.

    Graphique 3

    Qui est isolé ? La guerre en Ukraine dans son contexte géoéconomique – Jacques Sapir. ( les-crises.fr - 16/04/22 )

    Source : FMI

    Elle est ouvertement fondée sur une volonté de coopération d’États souverains et limite au strict nécessaire la production de normes en son sein. Son succès produit un symbolique effet de miroir du fait de la quasi-simultanéité des deux réunions. Non que les conflits n’existent pas entre les nations membres ou associées à l’OCS. Mais, enfin, ces conflits ont été maîtrisés. La Chine et l’Inde y cohabitent, de même que l’Inde et le Pakistan, ce qui n’est pas un mince exploit. Existe-t-il donc tant d’organisations régionales qui peuvent se prévaloir de tels succès ?

    Cette organisation a aussi une dimension militaire, comme le montrent les manœuvres qui sont régulièrement organisées en Asie. Et l’on peut y voir, ici, l’avantage d’une structure respectant la souveraineté des Nations, admettant l’expression ouverte des intérêts nationaux et, à partir de là, permettant d’aboutir à des compromis, sur une structure – le G-7 – prétendant faire d’une raison supranationale, la logique économique et financière, le guide de l’ordre du monde. Rappelons, aussi, que l’OCS est en grande partie fondée par les pays des BRICS, ce groupe qui rassemble la Chine, l’Inde, la Russie, le Brésil et l’Afrique du Sud.

    Dans ce groupe, les trois principaux pays, Chine, Inde et Russie, sont en effet membres de l’OCS. Or, le processus d’internalisation des économies apparaît de manière accélérée pour les pays des BRICS. Le taux d’ouverture, ou d’externalisation, de ces économies, qu’on le calcule à partir des exportations ou des importations, n’a cessé de baisser ces dernières années. Ceci est particulièrement significatif quand on sait que les BRICS incluent deux pays dont le poids dans le commerce mondial est élevé, la Chine et l’Inde. Le succès de l’OCS, tient donc à son caractère pragmatique. A la différence du G-7, l’OCS ne prétend pas à l’existence d’une raison supérieure d’où découlerait des règles impératives pour les Nations. C’est un point important, un point que l’on peut même considérer comme crucial. En un sens, ce point traduit l’opposition de deux philosophies des relations internationales.

    Dans la vision qui est aujourd’hui prônée par l’Union européenne, et qui fut celle défendue par le G-7 jusqu’à l’arrivée de Donald Trump, l’existence d’une raison supérieure – en réalité la « rationalité économique » telle qu’elle est conçue par l’idéologie néolibérale – devait s’imposer à tous. Dans la vision qui est défendue par la charte de l’OCS, on prend en compte la construction des intérêts nationaux dans le cadre politique de chaque pays et l’on tente de concilier ses différents intérêts nationaux. De fait, on se situe dans un cadre des relations internationales où chaque pays à des droits qui doivent être respectés. On est donc bien plus proche de Grotius [34] et de la tradition issue du traité de Westphalie [35] que de l’idée que des normes économiques pourraient diriger le monde. Rien n’est donc plus étranger pour les pays membres de l’OCS que l’affirmation péremptoire d’une raison descendant du ciel vers ces pays. Cela explique bien des choses quand on examine le comportement de la Russie, mais aussi de l’Inde [36] et de la Chine, dans le cours de la guerre en Ukraine.

    L’OCS est donc une organisation de coopération [37]. Elle ne se fonde pas sur la prétention d’un partage des souverainetés, une idée qui recouvre constamment la négation de la souveraineté, mais elle pose en principe le fait que la coopération réciproque est le meilleur instrument pour gérer les différences d’intérêts [38]. L’OCS s’est ainsi dotée à la fois d’institution de sécurité mais aussi d’institutions de développement économique, comme d’une banque d’investissement. Les huit nations qui composent l’OCS [39] réunissent 41,4% de la population mondiale et 23% du PIB mondial. Elles comptent donc assurément. Et, la montée progressive en puissance de l’OCS face à la désagrégation du G-7 nous en dit beaucoup sur ce qui est en train de se jouer actuellement.

    La désoccidentalisation du monde

    De fait, les organisations issues de la domination « occidentale » sur le monde, comme le G-7 mais aussi en un sens l’OTAN, ont épuisé leurs possibilités et n’ont plus de potentiel. Si cette évolution, et même cette transformation, est évidente d’un point de vue économique, elle est aussi perceptible d’un point de vue politique. Ces organisations ne sont plus à même d’hégémoniser le monde actuel.

    L’opinion publique de ces divers pays ne représente plus « l’opinion mondiale » mais un simple avis régional. C’est en tous les cas le constat que l’on peut tirer avec la guerre en Ukraine, mais aussi avec les événements qui sont en train de se dérouler en Afrique où la combinaison de l’influence russe et chinoise est en train d’expulser les anciennes puissances coloniales, comme on le voit au Mali [40]. Globalement, cette guerre met en lumière non pas tant l’isolement de la Russie, mais celui des pays « occidentaux » [41]. Les conséquences, à terme, sont importantes. Fondamentalement, ce que l’on appelle « l’occident » au sens large, c’est-à-dire l’ensemble des pays alignés sur les États-Unis, n’apparaît plus aujourd’hui comme capable d’imprimer sa marque sur la marche du monde. En cela, nous sommes bien en présence d’une « désoccidentalisation du monde ».

    Inversement, on constate une montée dans la puissance et l’influence des organisations qui se sont construites soit à partir de pays « non-occidentaux », soit directement (c’est le cas de l’OCS) contre les organisations « occidentales ». Ici aussi, pour l’instant, aucune de ces organisations, et aucun des pays qui les composent, n’ont pu conquérir une hégémonie sur l’ensemble du monde. Mais, sans doute, cela n’était pas le but. Le simple fait de tenir en échec les organisations « occidentales », de les forcer à reculer sur divers terrains, du politique à l’économique en passant par le militaire, suffit amplement. Car, si une chose unissait, et unit toujours, les pays qui sont membres de ces organisations « de l’autre monde », c’est bien l’opposition à l’hégémonie occidentale, et singulièrement à celle des États-Unis. En cela, ces organisations ne cherchent pas à créer un ordre « en miroir » de celui des organisations « occidentales ». La « désoccidentalisation du monde » n’est donc pas seulement la perte de l’hégémonie par les puissances occidentales, mais aussi la construction d’une nouvelle forme d’organisation du monde, moins structurée, moins idéologisée aussi. La lutte pour l’hégémonie n’était pas seulement une lutte pour le pouvoir, mais autour du principe même d’hégémonie.

    Assurément, l’occident, tel qu’on l’a défini dans ce texte, reste une force importante, que ce soit dans les domaines militaires, et n’oublions pas que les États-Unis restent la première puissance militaire au monde, économiques, financiers ou technologiques. Mais, cette force est de plus en plus limitée. Même dans le domaine militaire, les États-Unis sont confrontés au fameux « pouvoir égalisateur de l’atome » qui limite leurs capacités. Outre la Chine et la Russie, l’Inde et le Pakistan, pour l’OCS, sont des puissances nucléaires. Cette force n’est plus unique, en particulier comme source d’innovations et de nouvelles technologies, ni même principale.

    La guerre menée par la Russie en Ukraine rend évident la perte de l’hégémonie mondiale par « l’occident », dont le discours est largement délégitimé dans une grande partie du monde. Il l’est même, et c’est important de le souligner, dans une partie du monde « occidental » [42]. De fait, se produit une forme plus subtile d’isolement de l’occident, qui continuera pour un temps à fonctionner comme un ensemble relativement homogène et cohérent, jusqu’à ce que l’effet d’attraction de « l’autre monde » introduise en son sein des facteurs de désagrégation. Il continuera à produire son discours auto-justificateur comme avant, mais ce dernier sera moins efficace, moins entendu, et peu à peu, se rigidifiera et perdra sa capacité à intéresser d’autres personnes que les plus convaincues.

    Le fait que la Russie ne semble guère intéressée de nous convaincre nous, « occidentaux », et qu’elle ne déploie pas des efforts significatifs en ce sens, ne signifie pas nécessairement que la construction de son discours ne puisse atteindre les niveaux de sophistication requis mais plus simplement qu’elle considère désormais l’opinion publique « occidentale » comme secondaire. Elle oriente son discours désormais vers « l’autre monde ». Et il est vrai que les 450 millions de membres de l’Union Européenne, les 330 millions des États-Unis, les 200 millions, ou peu s’en faut, de Coréens, Japonais et Australiens, même mis ensemble, pèsent peu face aux 1,4 milliards d’indiens, aux africains, aux latino-américains.

    Cette désoccidentalisation du monde sera cependant particulièrement problématique pour les européens qui, de centre du monde, ou du moins habitant dans des pays avec une certaine centralité « atlantique », vont se rendre compte à terme qu’ils ne sont plus que des habitants de pays périphériques ou en voie de le devenir. Le réveil, ici, sera dur et la tentation de s’enfermer dans le déni de réalité, forte. Cependant, on peut penser que les pays qui sont déjà eux-mêmes périphériques au sein du continent européen et « atlantique », qu’ils le soient géographiquement ou qu’ils aient conscience de l’être politiquement, seront les premiers à remettre en cause cette unité de façade que prétendent construire et l’UE et l’OTAN. Le devenir de pays comme l’Autriche [43], la Hongrie, la Pologne, mais aussi la Grèce, se posera d’ici quelques années.

    *

    Ceci constitue donc l’essence même du nouveau contexte dans lequel se déroule la guerre en Ukraine. On peut considérer que celle-ci résulte, en partie, de ce changement de contexte. Très clairement la Russie n’aurait pas décidé d’entrer en guerre si nous avions toujours été dans un monde unipolaire, avec la domination des forces « atlantiques ». Elle aurait cherché à défendre ses intérêts par d’autres moyens. Mais, il est cependant clair que cette guerre va accélérer ce changement, et probablement lui donner une tournure beaucoup plus antagonique que ce qui était prévisible avant l’ouverture des hostilités. De ce point de vue, il nous faudra penser aussi cette guerre comme une formidable accélérateur et de la démondialisation et de la désoccidentalisation du monde. Nos élites politiques seront-elles à la hauteur de l’instant historique, et sauront-elles se défaire des pesanteurs du monde « occidental » ? On peut, hélas, en douter.

    NOTES

    [1] https://www.lemonde.fr/international/article/2022/04/11/guerre-en-ukraine-entre-la-russie-et-l-occident-les-ambiguites-d-une-partie-du-monde_6121561_3210.html

    [2] Voir le cas de la guerre du Kivu, Autesserre S., « Penser les Conflits Locaux: L’Echec de l’Intervention Internationale au Congo, » inL’Afrique des Grands Lacs : Annuaire 2007-2008, Paris: L’Harmattan, pp. 179 – 196, 2008

    [3] Voir par exemple Lavergne M., Darfour : impacts ethniques et territoriaux d’une guerre civile en Afrique, http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fgeoconfluences.ens-lsh.fr%2Fdoc%2Fetpays%2FAfsubsah%2FAfsubsahScient4.htm%23popup1

    [4] Voir J. Généreux, La Grande Régression, Seuil, 2010.

    [5] Barma N., Chiozza G., Ratner E. et Weber S. (2009), “A World Without the West? Empirical Patterns and Theoretical Implications”, in Chinese Journal of International Politics, n° 2, Vol.4, 2009, pp. 525-544.

    [6] Voir, Sapir J., Le Protectionnisme, Paris, Humensis-PUF, coll. Que-Sais-Je, 2022.

    [7] Perez Y., Les Vertus du protectionnisme, Paris, L’Artilleur, 2020.

    [8] Sapir J., Souveraineté, Démocratie, Laïcité, Paris, Michalon, 2017

    [9] Déclaration de Mme Carmen Reinhart , l’économiste en cheffe de la Banque Mondiale, 21 mai 2020, https://www.bloomberg.com/news/videos/2020-05-21/reinhart-says-covid-19-is-the-last-nail-in-the-coffin-of-globalization-video

    [10] https://www.brookings.edu/opinions/less-globalization-more-multilateralism/

    [11] http://valdaiclub.com/a/highlights/real-us-trade war/?utm_source=newsletter&utm_campaign=76&utm_medium=email

    [12] Voir https://www.state.gov/advancing-americas-economic-security-and-national-security/

    [13] Neu C.R. et Wolf C., The economic dimension of national security, Santa Monica, The Rand Corporation, 1992.

    [14] Goldberg, J, ‘A Senior White House Official Defines the Trump Doctrine’, The Atlantic, 11 juin 2018.

    [15] https://www.lefigaro.fr/international/avec-joe-biden-l-amerique-veut-regagner-sa-place-dans-le-monde-20210205

    [16] Voir, Joseph Stiglitz : « Il faudra peut-être abandonner l’euro pour sauver le projet européen », entretient avec Benoît Georges, in Les Echos, 16 septembre 2016.

    [17] Husson E., Paris-Berlin, La Survie de l’Europe, Paris, Gallimard, 2019.

    [18] Voir, « Emmanuel Macron in his own words – The French president’s interview with The Economist », 7 novembre 2019, https://www.economist.com/europe/2019/11/07/emmanuel-macron-in-his-own-words-english

    [19] Cafruny, A, Europe’s Twin Crises: The Logic and Tragedy of Contemporary German Power, in Valdai Paper 10, 2015; Ryner, M et Cafruny, A, The EU and Global Capitalism: OriginsDevelopment, Crisis, London: Palgrave, MacMillan, 2017.

    [20] https://www.lepoint.fr/monde/guerre-en-ukraine-la-pologne-convoque-l-ambassadeur-francais-08-04-2022-2471443_24.php

    [21] Sapir J., Le Nouveau XXIè Siècle, Paris, Le Seuil, 2008

    [22] Sapir J., La Démondialisation, Le Seuil, Paris, 2011 (1ère édition) et 2021 (2ème édition).

    [23] https://www.lefigaro.fr/flash-eco/en-france-la-taxe-gafa-pourrait-rapporter-un-demi-milliard-d-euros-en-2022-20210922

    [24] http://www.lefigaro.fr/international/2014/03/24/01003-20140324ARTFIG00370-g7-la-russie-exclue-du-club-des-puissants-apres-l-annexion-de-la-crimee.php

    [25] https://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/la-russie-ne-compte-pas-reintegrer-le-g8_2015762.html

    [26] https://www.europe1.fr/international/la-russie-na-pas-lintention-de-reintegrer-le-g8-selon-serguei-lavrov-3676556

    [27] Pouchkov A., Le Jeu Russe sur l’échiquier global, Paris, ODM éditions, Essai, 2019.

    [28] L’éditeur français du livre d’Alexeï Puchkov a d’ailleurs fait figurer en annexe le texte du discours de Munich, texte dont j’avais montré, dans un ouvrage déjà ancien, toute l’importance. Voir Sapir J. Le Nouveau XXI Siècle – Du siècle américain au retour des Nations, op.cit.

    [29] Voir ma recension du livre de A. Puchkov https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-dalexei-pouchkov-a-bastien-lachaud-deux-points-de-vue-sur-la-question-de-la-russie-par-jacques-sapir/

    [30] Sapir J. Le Nouveau XXI Siècle – Du siècle américain au retour des Nations, op.cit.

    [31] https://fr.sputniknews.com/international/201806061036682564-poutine-russie-souverainete/

    [32] Lukyanov F., « The ‘Liberal World Order’ is dead, but fallout from ill-fated visit of EU’s Borrell to Moscow proves much of West still in denial », 9 février 2021, https://www.rt.com/russia/515015-borrell-moscow-visit-fallout/

    [33] Sapir J., Le Nouveau XXIè Siècle, Op.Cit..

    [34] Grotius H., Le droit de la guerre et de la paix, Paris, PUF, 2005

    [35] Kratochwil F., «Of Systems, Boundaries, and Territoriality: An Inquiry into the Formation of the State System», in World Politics, vol.34,no1,1986,p.27-52. Holsti K.J., Peace and War: Armed Conflicts and International Order,1648–1989, Cambridge, Cambridge University Press,1991. Voir aussi Dupuy R-J., Le Droit international, Paris, PUF, 1963

    [36] Tan W., “India is snapping up cheap Russian oil, and China could be next”, 27 mars 2022, https://www.cnbc.com/2022/03/28/russia-india-india-buys-cheap-russian-oil-china-could-be-next.html et “Indian Oil Finalises Deal To Import Crude Oil From Russia”, https://www.ndtv.com/business/biggest-indian-oil-company-finalises-deal-to-import-3-million-barrels-of-crude-oil-from-russia-2831042.

    [37] Goyard-Fabre S., « Y a-t-il une crise de la souveraineté ? », Revue internationale de philosophie, vol. 45, n° 4, 1991, p. 459-498

    [38] « L’OCS est un modèle de coopération internationale, selon un rapport_French.news.cn » (http://french.xinhuanet.com/2018-05/27/c_137210279.htm ) sur french.xinhuanet.com

    [39] Soit la Chine, la Russie, l’Inde, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et le Pakistan. Ont statut d’observateurs l’Afghanistan, l’Iran, la Mongolie et le Belarus.

    [40] https://www.lepoint.fr/afrique/mali-russie-et-chine-bloquent-a-l-onu-un-texte-soutenant-les-sanctions-de-la-cedeao-12-01-2022-2460174_3826.php

    [41] https://www.ifri.org/fr/espace-media/lifri-medias/guerre-ukraine-vue-sud

    [42] https://www.lefigaro.fr/international/en-allemagne-des-corteges-de-la-honte-en-soutien-a-la-russie-20220410

    [43] https://www.lemonde.fr/international/live/2022/04/10/guerre-en-ukraine-en-direct-le-chancelier-autrichien-a-moscou-lundi-pour-rencontrer-vladimir-poutine-l-economie-ukrainienne-s-effondre_6121421_3210.html

    Source : https://www.les-crises.fr

    Auteur : Jacques Sapir 

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  • Tout indique que la bataille de Marioupol, qui tire à sa fin, après bien des combats vraiment très durs, surtout pour la population locale, pourrait bien être un point tournant dans la guerre qui ne finit plus de finir en Ukraine et au Donbass.

    Le président Zelensky a promis que les derniers membres du régiment Azov, décrit par lui comme une des meilleures forces qui soient (sic), au sein de l'armée ukrainienne, ayant fait, selon lui, un travail " extraordinaire " au Donbass, depuis 2014, se battront jusqu'au dernier dans leur dernier retranchement et qu'ils ne se rendront pas. Les rumeurs font état du fait que les officiers de ce régiment ont reçu l'ordre de tirer, de toutes les manières, sur quiconque voudrait se rendre.

    Depuis maintenant un peu plus d'une semaine, ils sont retranchés dans les caves et les tunnels souterrains, sous l'énorme complexe sidérurgique d'Azovstal. Ce serait le dernier endroit encore sous leur contrôle, mais il n'aurait plus, ni suffisamment de nourriture, ni d'eau, d'armes et/ou de médicaments, pour vraiment survivre très longtemps, tout en étant complètement encerclés, sans possibilité réelle de s'enfuir. On ne sait pas non plus vraiment combien ils seraient encore. Mille ? Deux mille, terrés dans le sol ? Qui sait vraiment.

    Un premier groupe de journalistes auraient entre temps été capable de visiter l'autre grand complexe sidérurgique d'à côté, soit le complexe Ilitch, que l'armée ukrainienne contrôlait également jusqu'à peu, mais plus maintenant. Certaines des choses trouvées sur place sont étonnantes. Tous les détails ci-joint, incluant plusieurs vidéos exclusives.

    ***

    Non seulement personne ne sait avec certitude combien de soldats ukrainiens se cacheraient encore dans les tunnels, sous le complexe sidérurgique d'Azovstal, mais la situation reste aussi très confuse quant aux effectif que le gouvernement ukrainien avait au départ dépêché à Marioupol et ses environs, de manière à ce que cette ville demeure coûte que coûte sous son contrôle. Dix mille ? Vingt mille ? Plus encore ?

    Selon les forces russes, au moins 23,000 soldats ukrainiens seraient morts depuis le début de la guerre et bon nombre de ceux-ci étaient sous toutes réserves à Marioupol. La ville est maintenant en bonne partie détruite, des suites de la politique de " terre brûlée " suivie par les forces ukrainiennes, prêts à complètement raser celle-ci, si cela devait devenir nécessaire pour mieux combattre les troupes russes, ainsi que les milices de la République Populaire du Donetsk.

    On se rappellera que la population dans la ville de Marioupol a toujours été, pour l'essentiel, russophone, parle aussi le russe principalement et que cette ville faisait également, au départ, partie de la République Populaire du Donetsk, au moment de la déclaration d'indépendance de cette république, en 2014. C'est nul autre que le régiment Azov, de concert avec d'autres détachements de l'armée ukrainienne, qui attaqua ensuite toute la région pour finalement forcer la réintégration de celle-ci au territoire ukrainien. Depuis 2015, c'est aussi le régiment Azov qui régnait en roi et maître au dessus de cette ville.

    Dans les faits, ce ne serait donc pas l'armée russe qui agirait comme une force d'occupation, à Marioupol, comme se plaisaient encore à le dire, aujourd'hui, les différents bulletins de nouvelles, aussi bien sur les ondes de Radio-Canada, que de celles de TVA, mais bien, tout au contraire, les forces ukrainiennes qui, elles, n'auraient jamais dû être là, en partant.

    Une des tactiques très généralisées, dans Marioupol, dès le début des combats dans cette ville, consistait, du côté ukrainien, à évincer les habitants de nombreux blocs appartements, surtout ceux en hauteur, pour ensuite les transformer en zones retranchées qui servaient notamment de lieux d'opérations, ensuite, pour des tireurs (snipers). Les soldats ukrainiens interdisaient également aux habitants de la ville de quitter celle-ci, à défaut de quoi les snipers pouvaient leur tirer dessus. D'où aussi le fait que bon nombre de ces mêmes blocs furent ultimement aussi lourdement endommagés; il n'y avait souvent pas d'autres choix pour se débarrasser de tous ces snipers.

    Les soldats ukrainiens se servaient aussi des habitants comme boucliers humains, de la même manière que le mouvement " État Islamique pouvait aussi le faire, à un moment donné, en Irak et en Syrie.

    Depuis que les troupes russes ainsi que les milices du Donetsk contrôlent à nouveau la ville, différents reportages ont pu mettre à nu le modus vivendi des troupes ukrainiennes; en voici, ci-joint, un de ceux-ci; vous devriez trouver cela assez intéressant :

    Au fil du temps, et à mesure que la bataille se poursuivait, quartier par quartier et rue par rue, la quantité de territoire réellement détenu par les forces armées ukrainiennes diminuait, tellement qu'il y a environ une semaine, il ne restait plus qu'une partie du port, ainsi que 2 gros complexes sidérurgiques, soient celui d'Ilitch, ainsi que celui d'Azovstal, sous leur contrôle et, maintenant, il ne reste plus en fait que la partie souterraine du complexe d'Azovstal, avec ses nombreux tunnels, où les derniers restants du régiment d'Azov seraient encore retranchés, la plupart du reste des forces armées ukrainiennes ayant soient été tuées, se seraient rendus, ou auraient réussi tout simplement à fuir la région, en se débarrassant en même temps de leurs armes, ainsi que de leurs uniformes.

    Ce qui frapperait en même temps est la quantité de mercenaires et/ou de soldats étrangers qui combattaient en même temps aux côtés des forces ukrainiennes. Rien que dans les sous-sols d'Azovstal, toujours prêts à mourir pour la " cause ", semble-t-il, il y en aurait au moins 400, disent les autorités russes. À travers toute l'Ukraine, il y en aurait eu à un moment donné plus de 6,000. Le plus gros contingent viendrait de Pologne (un peu plus de 1,700), les autres venant, dans l'ordre plus des États-Unis, du Canada, et de la Grande-Bretagne.

    Vous trouverez ci-joint une 2e vidéo montrant cette fois des images de ce que les troupes ukrainiennes auraient laissé sur place, à l'intérieur du complexe Ilitch, avant de finalement se rendre en masse aux troupes russes, de mêmes qu'aux milices présentes, en provenance du Donetsk (plus de 1,100 soldats ukrainiens et mercenaires). On a non seulement pu trouver, dans les décombres de complexe sidérurgique, différents véhicules poids-lourds, mais aussi des " Hummers, en provenance des États-Unis, de même que différentes sortes d'armes en tout genre, notamment des armes antichars, en provenance de différents pays de l'OTAN, de même des mines anti-personnelles, pourtant interdites par les Conventions des Nations Unies, et de même que des uniformes ... en provenance des forces armées britanniques !!!... C'est également à voir :

    Plus tôt aujourd'hui, on apprenait également qu'une cinquantaine de soldat ukrainiens, qui s'étaient, de leur côté, réfugiés dans une mosquée de Marioupol, avec des civils tenus en otage, se seraient finalement aussi rendus, non sans au préalable d'âpres combats; la majorité des civils auraient en même temps pu être libérés, se faisant.

    Non seulement le président ukrainien Zelensky continue de dire d'autre part que ses soldats, à Marioupol, même dans une situation chaque jour un peu plus désespérée, continueront à se battre jusqu'à la fin, mais il affirme maintenant également que son gouvernement se battra pendant encore un autre 10 ans, s'il le faut, à condition bien sûr que les pays membres de l'OTAN continuent de l'aider, à la fois sur un plan financier -- il vient encore demander aux institutions internationales dominées par les États-Unis une nouvelle aide de quelques 50 milliards de dollars US --, mais aussi sur un plan plus militaire, avec l'envoi d'armes encore plus léthales.

    Cela sent à la fois une rhétorique de moins en mois crédible, mais aussi et surtout une situation chaque jour un peu plus difficile pour lui.

    Entre temps, on apprenait plus tôt aujourd'hui aussi, que le colonel Baranyuk, qui dirigeait les tous derniers survivants de la 36 brigade des forces spéciales ukrainiennes, qui étaient auparavant dans le complexe Ilitch et qui ne se seraient pas encore rendues, réussissant plus à rejoindre les autres derniers restants du régiment Azov, dans le complexe voisin d'Azovstal, serait finalement mort, dans le cadre de sa tentative d'évasion vers cet autre complexe industriel. Lui, ainsi que le commandant Denys Prokopenko, qui dirige toujours le régiment Azov là-bas et ferait aussi partie de ceux qui seraient toujours retranchés dans les tunnels du complexe d'Azovstal, avaient tous deux été décorés, il y a à peine quelques semaines, de la plus haute distinction possible, par le président Zelensky, pour " services rendus à la nation ". Est-ce que la même chose finira aussi par arriver avec Prokopenko ? Cela restera à voir.

    En attendant, toujours, Zelensky dit aussi qu'il ne voit plus pourquoi il devrait continuer à négocier avec les autorités russes. De toutes les manières, disait-il aussi, pas plus tard que ce matin, que jamais l'Ukraine n'acceptera de céder ne serait-ce qu'une partie de qu'il considère lui-même comme faisant partie du " territoire sacré de sa nation ", ce qui a au moins le mérite d'être plus clair que jamais quant à ce que serait ses véritables intentions. Cela jette en même temps un éclairage relativement nouveau, tout au moins sur un plan plus officiel, du côté ukrainien, soit qu'une bonne partie de l'enjeu premier de ce conflit concernerait l'avenir justement du Donbass.

    Nous, au Parti communiste, l'avons plus d'une fois déjà dit. Pour des raisons, parfois assez difficiles à comprendre, surtout chez nous, notamment au sein du mouvement indépendantiste, il devient ainsi chaque un peu plus clair que tout tournerait finalement aussi autour du droit des peuples du Donbass à pouvoir vivre une fois pour toutes en paix et libres, ce que bien des gens, ici, en même temps, devraient nettement plus comprendre, mais ne semblent toujours pas capable de faire, ou ne voudraient tout simplement pas le faire, simplement parce que tout cela pourrait ensuite les amener à plus remettre en question leur propre suivisme face aux agissements de l'OTAN. C'est selon.

    Tout cela est d'autant plus clair que les autorités russes ont clairement indiqué qu'elles ne tenteront plus d'esssayer de conquérir la capitale, plus au Nord, soit Kiev, et/ou d'étendre plus vers le centre ou l'Ouest leur présence. On notera que les autorités ukrainiennes, de leur côté, ne semble toujours pas prêt à faire le moindre compromis.

    Les autorités du Donetsk, de même que les autorités russes, ont promis que dès que les armes se seront complètement tues, à Marioupol, que des efforts majeurs seront alors entrepris afin de reconstruire toute la ville et permettre en même temps à tous ceux et celles qui ont fini par fuir les zones de combats (pour se réfugier pour la plupart, soit en en territoire russe voisin et/ou à l'intérieur de la République du Donetsk) de pouvoir revenir.

    Ce que l'on peut en même temps voir, ici et là, dans le cadre de différents autres reportages, est le fait que la vie dans les différents quartiers non encore entièrement détruits, seraient à nouveau en train de reprendre son cours, pour ceux et celles qui sont toujours là. Chose frappante, les gens recommencent à déambuler dans les rues, sans qu'on puisse même entrevoir, sur leurs visages, les signes de la peur des dernières semaines. C'est déjà cela de gagné. Voir ci-joint aussi cette autre vidéo à propos de tout cela; on peut à la fois voir une certaine forme de soulagement, mais aussi une sourde colère face à toutes les souffrances endurées tout au cours des dernières semaines. Qui pourrait en même temps leur en tenir rigueur ? Ci-joint donc cette 3e et dernière vidéo :

    ***

    La photo, tout en haut, montre des soldats ukrainiens en train de se rendre, après s'être longtemps réfugiés dans les décombres du complexe sidérurgique Ilich, attenant à l'autre très grand complexe, en bordure de la ville de Marioupol, soit le complexe Azovstal, là où les tous derniers restants de l'armée ukrainienne de Marioupol, soit notamment les derniers membres du régiment Azov se seraient retranchés.

     

    source: https://www.pcq.qc.ca/

     
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  • Daniel Arias : que se passe-t-il à MARIOUPOL ? (histoire et société-18/04/2022)

     Tandis que dans nos médias on continue à hystériser les Français en leur inventant une résistance héroïque de vertueux patriotes avec de blondes ukrainiennes venues vomir leur haine et leur mensonges, sur le terrain la réalité semble un peu différente. Propagande contre propagande, sans doute, mais avoir réussi comme le fait par exemple France inculture, à présenter AZOV, le régiment nazi qui depuis dix ans torture et tue dans le DONBASS et le fait sous direction des USA et de l’OTAN, en défenseur de la démocratie, frappe d’indignité ce qui est déversé quotidiennement dans nos médias, une indignité double dans l’exercice de désinformation qui est le sien et dans ses buts : nous entraîner seulement vers la guerre dont aucun peuple, aucun individu sensé ne veulent. (note de Danielle Bleitrach)

    L’usine Illych est sous contrôle des forces de la DNR et des Russes c’est un des derniers bastions.
    Des percées suicidaires sont tentées par les troupes ukrainiennes.
    Le port et la ville sont sous contrôle Russe.
    Le commandant de la 36e brigade des marines ukrainiens est mort parmi les siens.
    Un des blogueurs d’Azov a été détruit (terme militaire pour dire qu’il ne respire plus).

    Les forces spéciales Tchétchènes étaient concentrées sur AzovStal et le parc environnant.
    Un soldat Tchétchène disait que sans civils ils auraient nettoyé la ville en seulement deux jours.
    Ils préfèrent se sacrifier que risquer la vie des civils.
    La mosquée a été libérée 29 morts côté nazi dont des mercenaires, les otages musulmans ont été libérés.
    La totalité de la ville de Mariupol est sous contrôle Russe/DNR.
    Une énorme quantité de munitions et d’insignes nazis sont découverts.
    Les sous sols d’AzovStal sont sur plusieurs niveaux l’équivalent de grands immeubles.
    Un appel a été effectué pour que les derniers rats de l’usine AzovStal se rendent.
    Les nazis de Azov ont reçu l’ordre d’abattre leurs déserteurs.
    ils n’ont plus d’eau ni de nourriture.
    (Sans eau on tient pas plus de 3 jours).

    L’usine est bombardée par des batteries russes Grad.
    Un ultimatum a été envoyé à Zelensky si Azov ne se rend pas l’usine sera rayée avec des bombes thermobariques, ils seront tous ensevelis.
    (Le principe est de répandre une poudre ou un liquide inflammable dans un grand volume; puis de l’enflammer; ceci provoque une brutale montée en température (thermo) mais surtout crée un énorme vide cette dépression est très brutale et fait imploser n’importe quel bunker (effet bar))
    (Ils vont probablement les raser avec des TOS-1 Buratino (c’est le nom du Pinocchio Russe), 30 roquettes en 15 secondes)
    Tirs de TOS-1 https://youtu.be/q91yFP9E9Yg

    A moins qu’ils utilisent la FOAB ПАПА ВСЕХ БОМБ (le père de toutes bombes) (thermobarique)44 Kt tnt, rayon de destruction de 300 mètres; la bombe la plus puissante après l’arme atomique, elle peut remplacer une bombe atomique tactique.
    Elle explose en l’air et provoque une onde de choc supersonique qui détruit tout et évapore tout ce qui est vivant.
    https://youtu.be/6WwOVo4zENc

    (Les USA ont utilisé son équivalent (4 fois moins puissante) sur l’autoroute de la mort en Irak en 1990 et en Afghanistan.)

    Le ministère russe de la défense suggère que les radicaux et les mercenaires étrangers déposent les armes et quittent Azovstal.

    Algorithme d’action :

    *️ A partir de 05h00 (heure de Moscou), une communication continue est établie entre les parties russe et ukrainienne pour un échange mutuel d’informations ;

    *️ A partir de 05h30 (heure de Moscou), les combattants des bataillons nationalistes et les mercenaires étrangers, d’une part, et les forces armées russes, ainsi que les formations militaires de la RPD, d’autre part, déclarent un “régime de cessez-le-feu total” et garantissent son strict respect ;

    *️ Le début effectif du “régime de cessez-le-feu” est fixé à 06h00 (heure de Moscou), ce qui est indiqué par les deux parties en levant des drapeaux : rouge du côté russe et blanc du côté ukrainien sur tout le périmètre d’Azovstal. En outre, le fait que les parties sont prêtes à introduire un “régime de silence” est confirmé par tous les canaux de communication ;

    *️ de 06h00 à 13h00 (heure de Moscou) – retrait de toutes les unités armées ukrainiennes et *des mercenaires étrangers, sans aucune arme ni munition.

    *️La Russie garantit que toutes les personnes qui se rendent resteront en vie et qu’elle respectera toutes les normes de la Convention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerre.

    DonbassInsider

    Les soldats ukrainiens pleurent à chaque fois qu’ils sont capturés ou se pissent dessus; leurs commandants leurs ont raconté que les Russes vont les torturer et les tuer et leurs ont montré les tortures faites sur les soldats russes. L’interrogatoire se poursuivant ils deviennent perplexes en voyant qu’ils sont bien traités.

    Sur le reste de l’Ukraine les destructions d’objectifs militaires s’intensifient.
    En particulier autour de Kiev; depuis que le territoire russe a été bombardé par les forces ukrainiennes.
    (Pour rappel l’armée ukrainienne était la mieux équipée après l’armée Russe et les russes attaquent en étant en sous nombre, ce qui est contraire aux règles de combat classiques)

    Concernant les mercenaires selon les prisonniers ukrainien une estimation de 400 étrangers seraient terrés dans les sous sols de l’usine.
    En Ukraine au début du conflit les ukrainiens ont reçus 6824 rats étrangers de 63 pays, beaucoup de canadiens et européens. 1717 polonais, env. 500 USA Canada Roumanie, 300 Uk Géorgie.
    La majorité à Kyev, Kharkov, Odessa, Nikolaev et Mariupol;
    Aujourd’hui il resterait 4877 rats, 1035 ont été détruits, plus de 900 ont fait leurs valises.

    Le bataillon Somali (DNR) a découvert de nombreuses armes Polonaises quelques unes françaises.

    Les pertes de l’armée ukrainienne à Mariupol seraient de 4000 (pertes en général se sont les tués et les blessés).

    A Odessa un avion de transport ukrainien remplis d’armes de l’OTAN a été détruit.

    La bataille semble se porter à Izyum où un char russe T72B3 a reçus 3 tirs de Javelin ou de NLAW (anti tanks de l’OTAN) et a pu revenir à sa base avec l’équipage sain et sauf, les chars russes possèdent des armures réactives composées d’un explosif qui détruit le missile avant impact. (Les véhicules de transports blindés sont moins bien protégés ce qui explique la perte des parachutistes sur Kiev les premiers jours roulant dans des voitures blindées Tigr).

     

    Usine Illych:     https://youtu.be/7LrT7OrLufA
     

    CGTN Français    https://youtu.be/QT2h_LnHmIU

     

    https://t.me/s/donbassinsider

    Des réfugiés ukrainiens apporteraient les slogans et idées nazies avec eux en Allemagne.

     

    source: https://histoireetsociete.com/

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  • Michel Collon reçoit Bernard Genêt, de l’association pacifiste Comaguer, pour aborder une importante facette de la guerre en Ukraine: l’économie. Pourquoi y a-t-il autant de pauvreté en Ukraine et des gens qui ont émigré ces dernières années alors que le pays dispose de ressources importantes?

     

    source: https://www.investigaction.net/ 

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  • Michel Collon reçoit Bernard Genêt, de l’association pacifiste Comaguer, pour aborder une importante facette de la guerre en Ukraine: l’économie. Pourquoi y a-t-il autant de pauvreté en Ukraine et des gens qui ont émigré ces dernières années alors que le pays dispose de ressources importantes?

     

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    Expansionnisme impérialiste, soif de pouvoir d’un autocrate ou réaction stratégique et prévisible au franchissement d’une ligne rouge par l’OTAN ? Dans un article publié dans de The Economist, le très respecté John Mearsheimer éclaire les raisons de l’invasion.

    L’Occident comme principal coupable

    John Mearsheimer n’est pas n’importe qui. Il est professeur à l’université de Chicago et c’est l’un des principaux experts en géopolitique aux États-Unis. Il est l’une des rares voix qui s’élèvent contre le bellicisme qui domine les débats aujourd’hui. Son article est paru dans The Economist.

    Selon lui, l’invasion de l’Ukraine est le conflit international le plus dangereux depuis la crise des missiles de Cuba en 1962. Si nous voulons mettre fin à cette guerre et l’empêcher de s’intensifier, il est essentiel de comprendre ses causes profondes.

    Il ne laisse aucun doute sur le fait que Poutine a commencé la guerre et qu’il est également responsable de la manière dont elle est menée. Quant à savoir pourquoi il a décidé d’envahir l’Ukraine, c’est une autre question.

    Mearsheimer affirme de manière controversée que l’Occident – en particulier les États-Unis – est le principal responsable de la crise qui, selon lui, a commencé en février 2014. Cette crise s’est maintenant transformée en « une guerre qui non seulement menace de détruire l’Ukraine, mais qui pourrait aussi dégénérer en une guerre nucléaire entre la Russie et l’OTAN ».

    La première confrontation

    Selon l’expert, les problèmes entourant l’Ukraine ont en fait commencé lors du sommet de l’OTAN à Bucarest en avril 2008. Le président de l’époque, George W. Bush, a fait pression sur l’alliance et a annoncé que l’Ukraine et la Géorgie en deviendraient membres. Les dirigeants russes ont considéré qu’il s’agissait d’une menace existentielle.

    En réponse, M. Poutine a prévenu que si l’Ukraine rejoignait l’OTAN, ce serait sans la Crimée et les régions orientales. « Cependant, les États-Unis ont ignoré la ligne rouge de Moscou et ont continué à faire de l’Ukraine un bastion occidental à la frontière de la Russie. »

    Outre le volet militaire, la stratégie de Bush comportait deux autres aspects : un rapprochement avec l’UE et l’installation d’un gouvernement pro-occidental. Ce dernier aspect s’est imposé avec le soulèvement de Maidan en 2014[i]. Soutenu par les États-Unis, ce soulèvement a fait tomber le président pro-russe de l’Ukraine, Viktor Yanukovych.

    La réaction de la Russie a été immédiate. La Crimée a été annexée et Moscou a soutenu le soulèvement dans la région du Donbas, dans l’est de l’Ukraine.

    La deuxième confrontation

    La deuxième confrontation majeure a eu lieu fin 2021. Et selon Mearsheimer, elle a conduit à la guerre actuelle. Elle revenait à faire de l’Ukraine un membre de facto de l’OTAN.

    Cela s’est passé étape par étape. En 2017, l’administration Trump a vendu des « armes défensives » à l’Ukraine. D’autres pays de l’OTAN ont suivi. Les forces armées ukrainiennes ont également reçu une formation et un entraînement de l’OTAN et ont été autorisées à participer à des exercices militaires conjoints en mer et dans les airs.

    Biden est allé plus loin. Le 10 novembre 2021, l’Ukraine et les États-Unis ont signé une « Charte de partenariat stratégique ». Elle stipule que l’Ukraine « s’engage à mener les réformes profondes et globales nécessaires à sa pleine intégration dans les institutions européennes et euro-atlantiques ».

    Pour Mearsheimer, cette évolution était sans surprise inacceptable pour la Russie qui a donc commencé à mobiliser son armée à la frontière ukrainienne « afin de faire connaître sa détermination à Washington ».

    La Russie a exigé une garantie écrite que l’Ukraine ne ferait jamais partie de l’OTAN. Mais Washington n’a pas bronché. Le 26 janvier, le ministre des Affaires étrangères Anthony Blinken a déclaré : « Il n’y a pas de changement. Il n’y aura pas de changement ».

    L’élargissement de l’OTAN

    L’opinion dominante en Occident attribue cette guerre à l’expansionnisme de Poutine et non à celui de l’OTAN. Mais selon Mearsheimer, les faits contredisent cette approche.

    Il rappelle que tant Poutine que son prédécesseur n’ont jamais parlé de conquérir de nouveaux territoires pour restaurer l’ancienne Union soviétique ou créer une grande Russie. En revanche, ils considéraient l’expansion de l’OTAN comme une menace existentielle et voulaient donc une garantie que cela ne se produirait pas.

    « La clé de tout est la garantie que l’OTAN ne s’étendra pas à l’est », a déclaré Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

    Selon Mearsheimer, la prise de la Crimée n’a pas été planifiée à l’avance, « c’était un geste impulsif en réponse au coup d’État qui a renversé le dirigeant pro-russe de l’Ukraine ».

    Le professeur est conscient que son interprétation des événements va à l’encontre du mantra dominant en Occident. Et pourtant, ça ne devrait pas être le cas « puisque de nombreux experts américains en politique étrangère mettent en garde contre l’expansion de l’OTAN depuis la fin des années 1990 ».

    Il se réfère, entre autres, à Robert Gates, secrétaire à la Défense au moment du sommet de Bucarest en 2008 : « Les tentatives d’intégrer la Géorgie et l’Ukraine dans l’OTAN sont vraiment allées trop loin ». À l’époque, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy étaient également opposés à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, craignant que cela n’exaspère la Russie.

    Une situation extrêmement dangereuse

    Mearsheimer n’est pas à l’aise avec cette situation. « Le résultat de mon interprétation est que nous sommes dans une situation extrêmement dangereuse, et que la politique occidentale exacerbe ces risques. » Selon lui, les dirigeants russes n’ont pas d’ambitions impérialistes, mais ils veulent répondre à une menace pour leur avenir.

    Poutine a peut-être surestimé sa propre capacité militaire tout en sous-estimant celle de l’Ukraine. Il a peut-être mal évalué l’efficacité de l’aide occidentale, « mais il ne faut jamais sous-estimer à quel point les grandes puissances peuvent être impitoyables lorsqu’elles pensent être acculées ».

    L’Occident tente d’infliger une défaite humiliante à Poutine et, si possible, un changement de régime. Elle fournit davantage d’armes à l’Ukraine et tente de mettre la Russie à genoux sur le plan économique.

    L’Amérique et ses alliés redoublent d’efforts, dans l’espoir d’infliger une défaite humiliante à M. Poutine et peut-être même de provoquer sa destitution. Ils augmentent l’aide à l’Ukraine et utilisent les sanctions économiques pour infliger une sévère punition à la Russie, une mesure que Poutine considère désormais comme une « déclaration de guerre ».

    Il est impossible de prédire comment la guerre se terminera, mais, et c’est un grand mais, « si nous ne comprenons pas sa cause profonde, nous ne pourrons pas mettre fin à ce conflit avant que l’Ukraine ne soit détruite et que l’OTAN ne se retrouve en guerre avec la Russie ».

    Source originale: De Wereld Morgen

    Traduit du néerlandais par GL pour Investig’Action

     

    Note:

    [i] L’Euromaidan est la place de l’Indépendance située au centre de Kiev. Le 21 novembre 2013, des manifestations y ont éclaté contre le gouvernement du président Viktor Ianoukovitch après son refus de signer l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine. Ces manifestations ont finalement conduit au renversement de Ianoukovitch en février 2014.

    source: https://www.investigaction.net/

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  • Le massacre de Boutcha, un tournant dans la guerre d’Ukraine? Les gouvernements occidentaux se sont empressés de condamner la Russie et de voter un nouveau train de sanctions. Pourtant, de nombreuses questions restent pour le moment sans réponses.

    1. Fiables, les photos-satellites du New York Times ?

    2. La firme Maxar des photos-satellites liée au gouvernement US ?

    3. Des cadavres qui sont là, qui disparaissent, et puis qui reviennent ?

    4. Que s’est-il passé les 1 et 2 avril ?

    5. Cette fosse commune serait-elle une preuve ?

    6. Pourquoi même le Pentagone n’y croit pas ?

    7. La CIA a-t-elle reconnu qu’elle désinforme ?

    8. Pourquoi n’entendons-nous jamais la version russe ?

    9. Pourquoi la Grande-Bretagne refuse une enquête internationale ?

    10. Zelinsky piégé par les nazis d’Azov pour l’empêcher de négocier ?

     

    source; https://www.investigaction.net/

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  • Avec Jacques Baud, Ex-membre du renseignement stratégique suisse, il a été partie prenante des négociations après la chute de l’URSS et a suivi de près la révolution de Maïdan en 2014 

     

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