• 1965 : un communiste présumé est interrogé sous la menace d’une arme par des soldats indonésiens. (Université de Melbourne)

    Le massacre de la gauche indonésienne en 1965-66, soutenu par Washington, a été l’un des grands crimes du XXe siècle. Une nouvelle génération d’universitaires a découvert l’histoire longtemps occultée du massacre de près d’un million de personnes au nom de l’anticommunisme. 

    Analyse du livre : Buried Histories: The Anticommunist Massacres of 1965–1966 in Indonesia [non traduit en français : Des histoires enfouies : les massacres anticommunistes de 1965-1966 en Indonésie, NdT] par John Roosa (University of Wisconsin Press, 2020).


     

    Dans la nuit du 30 septembre 1965, un coup d’État raté a entraîné la mort d’une poignée de généraux indonésiens, d’un lieutenant et de la fille de cinq ans d’un général qui avait échappé à l’enlèvement. En quelques jours, une figure militaire relativement inconnue, Suharto, a passé outre la chaîne de commandement. Suharto a accusé de ces meurtres le Parti communiste indonésien (PKI), le plus grand parti communiste en dehors de l’Union soviétique et de la République populaire de Chine. Et il a juré vengeance.

    Voilà ce qui a déclenché une série d’événements mystérieux et souvent déroutants qui ont conduit à la chute du président fondateur de l’Indonésie, Sukarno – personnage anti-impérialiste qui avait cherché à forger l’unité nationale en combinant les forces du nationalisme, de la religion et du communisme – et à la montée de l’Ordre nouveau de l’autoritaire général Suharto (1966-1998), une période de dictature militaire d’extrême droite, de corruption à grande échelle et d’une campagne débridée d’investissements étrangers. Suharto a tout à la fois préfiguré et dépassé son analogue chilien, Augusto Pinochet.

    Le cercle d’officiers gravitant autour de Suharto a immédiatement incité l’opinion publique à s’opposer au PKI. Prétendant qu’il y avait une conspiration massive qu’ils ont appelé Gestapu ou G30S/PKI (abréviation de « Mouvement du 30 septembre/PKI »), ils ont mis en garde contre une menace imminente de soulèvement communiste à l’échelle nationale. Sur ordre de Jakarta, les commandants régionaux ont lancé des campagnes d’arrestation, de torture et d’exécution.

    Nous n’en avons pas le chiffre exact, mais l’armée et ses acolytes ont tué entre cinq cent mille et un million de personnes en l’espace d’une année, et un nombre équivalent de gens ont été envoyés dans d’atroces prisons partout dans le vaste archipel du pays, dont la plus tristement célèbre est l’île de Buru. Les prisonniers y ont travaillé comme esclaves pendant des années. Après leur libération, ils ont été soumis à la répression officielle et traités comme des parias sociaux. Même les enfants des anciens prisonniers ont été victimes de graves discriminations.

    Le PKI était la cible présumée de cette purge sanglante, mais celle-ci a également fait disparaître de nombreux autres gauchistes, y compris des féministes, des syndicalistes et des artistes. Parce que les tueurs ont dirigé l’État pendant des décennies, une génération d’Indonésiens a ingéré un flux constant de propagande tapageuse qui prétendait à tort que le PKI avait planifié sa propre campagne de meurtres de masse. Même après la chute de Suharto et la restauration de la démocratie, ce mensonge reste le récit officiel de l’État indonésien. Comme l’ont montré les récentes manifestations anticommunistes à Jakarta et les raids sur les livres dans les villes de province, tirer à boulets rouges sur le communisme reste toujours une puissante composante de la politique indonésienne contemporaine.

    Un silence international

    Si ces événements ont fait la une des journaux internationaux en 1965, ils ont rapidement été oubliés en Occident. Pourquoi « l’un des pires massacres du XXe siècle » – comme l’a décrit un rapport de la CIA de 1968 – a-t-il été balayé sous le tapis si rapidement ? En 1973, un document secret de la CIA exprimait son soulagement face au changement radical de direction au sommet :

    Sukarno a exprimé sa volonté de leadership dans une rhétorique révolutionnaire et il était convaincu que l’Indonésie devait dominer ses voisins ; Suharto parle de solutions pragmatiques aux problèmes de la région et considère Jakarta comme leader parmi ses pairs.

    L’anticommunisme virulent de Suharto et sa volonté de servir les intérêts de la guerre froide américaine ont encouragé des flux réguliers d’aide militaire et de capitaux étrangers. La réticence de Washington à condamner les crimes du Nouvel ordre a toujours été partagée par les deux partis.

    Après avoir dans un premier temps célébré la chute de Sukarno et la neutralisation du PKI, non sans avoir apporté quelques éclaircissements sur son caractère malheureusement sanglant, la presse occidentale n’a plus guère parlé de l’Indonésie. Une fois que Suharto a éliminé le PKI, la guerre au Vietnam est passée au premier plan. Après 1975, ce sont les atrocités communistes,qu’elles soient réelles ou imaginaires, qui ont dominé dans la presse quand on parlait d’Asie du Sud-Est.

    Un visiteur passe devant une photo de Suharto, l’ancien dictateur indonésien, au musée Suharto le 06 mai 2016 à Yogyakarta. (Ulet Ifansasti / Getty Images)

    Seuls quelques journalistes ont couvert le massacre indonésien. Des livres comme celui de John Hughes, Indonesian Upheaval paru en1967, ont repris le récit complaisant que faisait l’armée indonésienne. Hughes a véhiculé les stéréotypes orientalistes parlant de paysans javanais en proie à une orgie de violence inouïe et de pieux hindous balinais marchant calmement au-devant de leurs tueurs. Dans son livre, In the Time of Madness: Indonesia on the Edge of Chaos, publié en 2006, Richard Lloyd Parry a suivi ses traces.

    Dans le film Manufacturing Consent (La fabrique du consentement), Noam Chomsky note que la presse occidentale n’a pas su aborder la violence anticommuniste de droite aussi minutieusement que les violations des droits humains dans les États communistes. Il a opposé l’importante couverture du régime des Khmers rouges (1975-78) par le New York Times au peu d’attention que le journal a accordé à l’invasion génocidaire de Suharto et à l’occupation du Timor oriental (1975-1999).

    Pendant des décennies, les militants politiques et les universitaires ont été exaspérés par l’indifférence générale à l’égard de la détention injustifiée, de la torture violente et du meurtre de masse de centaines de milliers d’Indonésiens. Amnesty International et TAPOL [« prisonniers politiques » en indonésien, NdT], rejoints par le Réseau d’action du Timor oriental en 1991, se sont engagés dans des campagnes visant à dénoncer les violations des droits humains commises par le Nouvel ordre. Pourtant, leurs efforts ont souvent semblé futiles, les médias grand public n’accordant que peu d’attention à la situation.

    Les universitaires ont souvent hésité à se manifester. Benedict Anderson et Ruth McVey ont rédigé un rapport secret critiquant le régime en 1966, et George McT. Kahin a fait publier par l’université de Cornell le « Cornell Paper » en 1971 ; tous ces spécialistes de l’Indonésie se sont ensuite vus interdire l’entrée dans le pays. Cela a eu un effet dissuasif sur les autres universitaires qui critiquaient le régime.

    Faire des recherches sérieuses sur le sujet étaient pratiquement impossible dans l’État policier de Suharto. De nombreux universitaires ont choisi l’autocensure dans l’espoir d’obtenir de très convoités visas de recherche. Avant mon premier voyage en Indonésie en tant qu’étudiant de troisième cycle en 1990, la faculté m’a averti de ne pas parler de 1965.

    Tout à coup, une historiographie rigoureuse

    La crise économique de l’Asie du Sud-Est de la fin des années 1990 a particulièrement frappé l’Indonésie, et une révolution du pouvoir populaire a renversé Suharto en 1998. D’un seul coup, les règles ont changé. Les prisonniers politiques ont été libérés et le président intérimaire B. J. Habibie a autorisé le Timor-Oriental à organiser un référendum sur l’indépendance. Le successeur élu de Habibie, Abdurrahman Wahid (connu sous le nom de Gus Dur), a reconnu la complicité des organisations islamiques dans les massacres de 1965-66 et a envisagé la nécessité d’une réconciliation.

    Des universitaires et des militants ont saisi l’occasion. Mon ami Bonnie Triyana, alors étudiant en licence, allait fonder le premier magazine d’histoire populaire du pays, Historia. Il a réussi à obtenir l’accès à des archives militaires provinciales et à des dossiers sur la destruction d’un village du centre de Java. John Roosa, un doctorant américain récemment diplômé qui s’était spécialisé dans l’histoire de l’Asie du Sud au cours de ses études supérieures, avait un proche qui avait été incarcéré sous Suharto. En utilisant les relations nouées lors de sa visite de la prison et les contacts de la communauté locale des militants, il a commencé à interroger d’anciens prisonniers politiques.

    Une partie de ce travail a servi de base au livre de Roosa, Pretext for Mass Murder: The September 30th Movement and Suharto’s Coup d’État in Indonesia [non traduit en français : Un prétexte pour un massacre : Le mouvement du 30 septembre et le coup d’État de Suharto en Indonésie, NdT], l’histoire politique complète de l’événement qui a déclenché le génocide indonésien. Publié en 2006, Pretext for Mass Murder a marqué un changement radical en comparaison avec les études de 1965. Aujourd’hui professeur associé d’histoire à l’Université de Colombie britannique, Roosa a écrit une suite à Pretext for Mass Murder.

    Produit de plus de deux décennies de travail, le livre de Roosa : Buried Histories: The Anticommunist Massacres of 1965–1966 in Indonesia [ non traduit en français : Histoires enfouies : Les massacres anticommunistes de 1965-1966 en Indonésie, NdT] est une étude minutieusement rédigée de ces événements. Le livre fait la lumière sur les mécanismes précédemment cachés du massacre et dissipe un certain nombre de mythes sur ce moment sombre de l’histoire indonésienne. Basé sur des dizaines d’entretiens et des recherches dans les archives, Buried Histories est une addition bienvenue au travail scientifique de plus en plus important sur ce que d’aucuns ont appelé un génocide politique.

    Sukar, 83 ans, un villageois qui a été témoin du massacre anticommuniste en Indonésie, à côté de la pierre tombale disposée par des militants et des familles de victimes sur le site où des victimes pourraient être enterrées, au milieu de la forêt de teck du village de Plumbon le 3 mai 2016 à Semarang, dans le centre de Java, en Indonésie. (Ulet Ifansasti / Getty Images)

    Les lecteurs de Jacobin savent sans doute qu’il existe une série de livres récents sur les événements de 1965-66, dont beaucoup sont passés en revue ici. Si des historiens tels que Geoffrey Robinson, Jess Melvin et Annie Pohlman ainsi que des journalistes comme Vincent Bevins ont tous apporté une contribution importante à ce sujet, on peut se demander ce qu’un autre livre pourrait offrir. Heureusement, la réponse est qu’il peut encore beaucoup apporter.

    Buried Histories est un livre en deux parties. L’introduction remarquablement écrite parvient tout à la fois à humaniser cette histoire terrible et à présenter un aperçu des événements ainsi qu’un résumé de l’historiographie. Les chapitres 1 à 4 exposent les questions qui ont eu un impact sur l’Indonésie dans son ensemble, tandis que les chapitres 4 à 7 proposent des études de cas sur des régions précises.

    Bien qu’ils soient centrés sur des contextes locaux distincts, chaque chapitre propose un plaidoyer convaincant et judicieux qui est pertinent pour l’histoire nationale de l’Indonésie dans son ensemble. La conclusion énumère de manière concise les principaux acteurs responsables des meurtres : hauts responsables de l’armée, commandants régionaux et milices civiles. Une dernière section décrit les difficultés et les dangers rencontrés quand on veut mener une réflexion honnête sur cette histoire dans l’Indonésie contemporaine.

    Une rivalité gramscienne

    Roosa commence par évoquer la lutte entre le PKI et l’armée pendant la période de la Guided Democracy de Sukarno (1957-1965). Constatant que sous la direction de D. N. Aidit, le PKI a abandonné une stratégie basée sur l’insurrection armée pour se tourner vers une stratégie de compétition électorale, Roosa utilise la théorie de l’hégémonie d’Antonio Gramsci pour décrire comment Aidit, après la suspension de la démocratie sous Sukarno, a construit l’influence du parti en mobilisant des organisations de masse de compagnons de route.

    La SOBSI [La Fédération pan-indonésienne des organisations de travailleurs, NdT] a organisé le mouvement syndical, le LEKRA [Le Lembaga Kebudajaan Rakjat était un mouvement littéraire et social très prolifique associé au parti communiste indonésien, NdT] a rassemblé des artistes et le BTI [organisation paysanne affiliée au PKI, NdT]a aidé les paysans à mettre en œuvre la réforme agraire. Le parti était également étroitement allié à Gerwani [650 000 membres en 1957, NdT] probablement le plus grand mouvement féminin du monde au début des années 1960, bien qu’il ne soit pas contrôlé par le PKI.

    Dans un effet miroir avec la stratégie Gramscienne du PKI, l’armée a étendu son pouvoir à toute l’Indonésie sous couvert de Commandement territorial. Cette structure organisationnelle a permis à l’armée de placer ses officiers dans les bureaux des gouvernements provinciaux, donnant à l’armée une influence significative, voire un contrôle total de la bureaucratie administrative, ainsi que d’excellentes sources de renseignements.

    Si tant le PKI que l’armée ont réussi à étendre leur influence sur l’ensemble de ce vaste archipel, seule l’armée avait accès aux armes. Lorsque le conflit a éclaté en octobre 1965, il a été très facile pour l’armée de prendre le contrôle de l’État et d’agir contre ses opposants non armés et sans méfiance. Roosa indique qu’il existe des preuves concrètes montrant que les officiers formés aux États-Unis attendaient le bon prétexte pour attaquer le PKI, une théorie que Vincent Bevins souligne dans son ouvrage, La méthode de Jakarta.

    Opérations mentales

    Les deux chapitres suivants du livre de Roosa expliquent l’utilisation de la propagande et de la torture par l’armée. S’engageant dans ce que les généraux ont appelé les « Opérations mentales », immédiatement après l’échec du coup d’Etat, les journaux et la radio contrôlés par l’armée ont accusé le PKI d’être responsable des meurtres et ont mis en garde contre une plus grande campagne d’effusion de sang. Selon cette campagne de propagande, probablement planifiée à l’avance et très certainement orchestrée, l’armée s’était trouvée dans l’obligation d’écraser le PKI afin d’empêcher le parti de s’engager dans un massacre de masse.

    Cet argument « tuer ou être tué » était un mensonge. La presse a prétendu, à tort et à travers, que le PKI détenait un arsenal d’armes secrètes et creusait secrètement des fosses communes pour ses victimes à venir. Répandant des rumeurs fausses mais morbidement fascinantes sur des adhérentes détraquées de Gerwani qui auraient mutilé sexuellement les généraux, l’armée s’est servi de la misogynie pour mobiliser un fort sentiment anti-PKI.

    Une fois que les arrestations de masse ont commencé, l’armée s’est tournée vers l’utilisation généralisée de la torture. À première vue, l’utilisation systématique de la torture semble simplement sadique et sans but pratique, mais Roosa soutient de manière convaincante qu’elle a servi à promouvoir les mensonges de la machine de propagande. Les prisonniers étaient torturés jusqu’à ce qu’ils fassent des aveux absurdes.

    En suivant le travail d’Annie Pohlman et de Saskia Wieringa, Roosa montre que les femmes ont été victimes de viols et autres formes de violence sexuelle à grande échelle. En dépit de leur ignorance de ce qui s’était passé dans le cercle restreint des dirigeants du PKI d’Aidit, les membres de la base du parti, les syndicalistes et des centaines de milliers d’autres personnes prises dans le filet de l’armée ont été torturés jusqu’à ce qu’ils avouent avoir participé à une conspiration majeure, impliquant souvent ainsi d’autres innocents.

    Eko Soetikno, 75 ans, à son domicile, le 4 mai 2016 à Kendal, dans le centre de Java, montre la photo qui le représente avec l’écrivain indonésien Pramoedya Ananta Toer qui a été emprisonné sur l’île de Buru. (Ulet Ifansasti / Getty Images)

    Bien qu’elles soient évidemment fausses, ces déclarations pouvaient servir de preuve pour justifier la campagne de violence de l’armée. Une fois qu’une personne avait signé des aveux, ceux-ci devenaient un fait juridique aux yeux de l’État, justifiant les arrestations et rationalisant la recherche d’autres membres de la prétendue conspiration G30S/PKI. La torture a principalement fait apparaître la théorie de la conspiration des Opérations mentales.

    Le raisonnement de Roosa met en lumière l’utilisation similaire de la torture par les Khmers rouges au Cambodge. Les aveux tout aussi absurdes extorqués dans la prison de Tuol Sleng à Phnom Penh étaient un moyen pour le régime de Pol Pot de rationaliser ses actions et de confirmer son idéologie. Alors qu’ils étaient aux antipodes de l’éventail politique de l’Asie du Sud-Est de la guerre froide, tant les communistes cambodgiens que les anticommunistes indonésiens ont instrumentalisé la violence pour faire de leurs fantasmes paranoïaques une réalité bureaucratique.

    Surprises mortelles

    La deuxième section de Buried Histories se penche sur la destruction du PKI à Surakarta, les disparitions à Bali, le massacre de Kapal à Bali et l’attaque de l’armée contre les travailleurs syndiqués du pétrole à Sumatra. Dans chaque cas, Roosa dissipe le mythe orientaliste de John Hughes qui attribue le massacre à des foules hystériques de patriotes anticommunistes, de musulmans enragés et d’hindous fatalistes. Au lieu de cela, comme Robinson et Melvin, il démontre que les dirigeants de l’armée à Jakarta ont soigneusement orchestré la violence, qui a été mise en œuvre sur le terrain par des officiers régionaux qui se sont souvent appuyés sur le crime organisé et les organisations de masse anticommunistes, comme le Nahdlatul Ulama musulman [représente l’islam traditionnel indonésien, ou plus précisément javanais, NdT] pour acquérir des forces.

    Le succès de l’armée repose sur le déploiement bien planifié de la force militaire contre des civils non préparés. Les plans ayant été mis en place bien avant que les membres du PKI n’aient la moindre conscience qu’ils étaient en danger, la résistance dans une telle situation était pratiquement impossible. La campagne nationale de massacre de masse a duré environ six mois. Commencés à Aceh, à l’extrême ouest, puis se déplaçant vers l’est en passant par Sumatra, Java et allant jusqu’à Bali, les massacres ont consisté en une série d’attaques surprises contre un parti civil légal et ses organisations partenaires. Roosa montre comment les membres du PKI dans le centre de Java et à Bali se rendaient volontiers aux postes de police lorsqu’ils étaient convoqués, n’ayant aucune idée des horreurs qui les attendaient.

    En mettant en parallèle des chapitres nationaux avec des études de cas régionales, Buried Histories nous montre à la fois la forêt et les arbres. Tout au long du texte, Roosa ne perd jamais de vue les horreurs infligées à des individus qui ne savaient pas qu’ils étaient en danger. À la fin du livre, il aborde les différentes tentatives de reconnaissance de ces crimes et le rejet permanent d’une évaluation morale et éthique de cette sombre histoire.

    En ces temps d’autoritarisme croissant et de polarisation de la violence politique, Buried Histories est une lecture indispensable. Après une année au cours de laquelle des agents fédéraux non identifiés se sont saisi de citoyens américains dans les rues de Portland, nous ferions bien de regarder Indonésie 1965 pour nous servir de véritable cas d’école.

    Michael G. Vann, 23/02/21

     

    Michael G. Vann est professeur d’histoire à l’université d’État de Sacramento, il est l’auteur, avec Liz Clarke, de The Great Hanoi Rat Hunt : Empire, Disease, and Modernity [non traduit en français : La grande chasse au rat de Hanoi : empire, épidémie et modernité dans le Vietnam colonial français, NdT].

     

    Source en anglais : Michael G. Vannhttps://jacobinmag.com/

    Source en français (traduction par les lecteurs du site Les Crises): https://www.les-crises.fr/

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  • Comme il fallait s’y attendre, Mme , l’ex-opposante bourgeoise devenue présidente, que les médias occidentaux présentaient encore il y a peu comme un parangon de “la” démocratie, n’a rien fait de sérieux pour établir et consolider les droits démocratiques, fussent-ils formels, des citoyens birmans. Ni pour faire en sorte que l’armée birmane quitte enfin, et définitivement, les devants de la scène politique qu’elle occupe depuis plus d’un demi siècle non sans réprimer sauvagement le mouvement ouvrier.

    Cultivant le nationalisme bourgeois, réprimant la contestation ouvrière, discriminant brutalement les Birmans musulmans traités comme des “étrangers”, la présidente destituée a au contraire cru habile de ménager la haute hiérarchie militaire et le clergé bouddhiste. Le résultat prévisible de cette attitude conciliatrice, le contraire de ce qu’eût été une démocratisation dirigée par la classe ouvrière, est que les nostalgiques décomplexés de la militaire se sont senti les mains libres et qu’ils ont organisé un coup d’Etat pour revenir à la case-départ…

    C’était compter sans la réaction populaire, notamment celle de la jeunesse et de la jeune classe ouvrière birmane, femmes en tête. Le jeune prolétariat surtout occupé dans le texte qui joue un rôle important, si ce n’est central, dans la contestation du putsch. Bravant la répression, il revendique, non seulement le départ définitif et le châtiment des putschistes, mais de vrais droits démocratiques pour le mouvement ouvrier et populaire. Celui-ci doit être libre de s’organiser comme il l’entend pour réclamer des salaires décents, pour s’organiser syndicalement hors de la tutelle des patrons et des syndicats jaunes enclins à un faux “dialogue social”. Et aussi, pourquoi pas, pour s’organiser en un parti ouvrier et populaire indépendant de toutes les forces bourgeoises, qu’elles soient civiles, cléricales ou militaires. 

    Les communistes et les progressistes de France sont en tout cas solidaires de cette vaillante insurrection populaire qui, si elle parvient à déjouer les manipulations impérialistes et à rester indépendante des diverses factions bourgeoises, militaires et cléricales, peut apporter une contribution de premier plan à l’éveil d’un nouveau prolétariat urbain que les transnationales rêvaient vainement de pouvoir pressurer sans fin. 

    par pour www.initiative-communiste.fr

     

    DÉCLARATION DE SOLIDARITÉ DE LA -WFTU AVEC LE PEUPLE DU MYANMAR

    La Fédération syndicale mondiale, au nom de ses 105 millions de travailleurs-travailleuses de 130 pays des 5 continents, condamne fermement le coup d’État au Myanmar mené les forces armées du pays. L’armée birmane a déclaré un état d’urgence d’un an et a arrêté plusieurs dirigeants du gouvernement, dont Aung San Suu Kyi.

    Nous exprimons notre solidarité internationaliste avec le peuple souffrant du Myanmar, et nous exigeons la libération totale, immédiate et inconditionnelle des dirigeant.e.s politiques emprisonné.e.s, le retrait de l’état d’urgence, du couvre-feu et tous les ordres mis en place par le coup d’État anti-démocratiques.

    Nous appelons les travailleurs-travailleuses et le peuple du Myanmar à résister, à désobéir au coup d’État militaire et à lutter de manière militante pour la mise en œuvre de tous les droits et libertés humaines, démocratiques et syndicales dans le pays.

    Le mouvement syndical de classe se tient résolument du côté des travailleurs-travailleuses, des agriculteurs-agricultrices et des couches populaires du Myanmar. Nous luttons sans relâche pour la défense du droit du peuple du Myanmar – et de tous les peuples du monde – de décider librement et de s’autodéterminer pour son présent et son avenir.

    Le secrétariat de la FSM

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

     

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  • Des milliers d’ ne mangent pas à leur faim. Enfermés dans les 4 murs de résidences universitaires misérables depuis de longs mois, ils sont littéralement réduit à l’extrême par le régime Macron. Privés d’emplois, sans salaires étudiants, ils ne sont pas non plus éligibles aux aides telles que le RSA. Alors que des queues de centaines de s’allongent tous les soirs devant les banques alimentaires du secours populaires et des restos du cœur, le régime Macron qui n’a pour seul cœur que le profit capitaliste les piétinent d’un “nous ne leur donnerons pas la bécquée” vomie par une député LREM à l’assemblée nationale.

    Le délégué générale de LREM ajoutant qu’ils n’ont qu’à faire des prêts auprès des banques. Cynisme et dégueulasserie ! Face à ce scandale les jeunes communistes des témoignent et appellent à l’action.

    communiqué des JRCF 

    PRECARITE ÉTUDIANTE

    Revenus et bourses dérisoires, loyers extrêmement élevés dans les métropoles universitaires, incertitudes sur leurs études et cours à venir, isolement, mal-nutrition… Voilà quelles genre de conséquences provoque la logique économique capitaliste sur notre étudiante.

    Depuis des années désormais cette étudiante ronge notre société et particulièrement bien entendu notre jeunesse.

    Mais comment peut on encore tolérer qu’en France des étudiants, dont justement la réussite de leurs études est très importante, puissent être amener à faire la queue par dizaines devant les dépôts d’aide alimentaire ?
    Pourquoi ne nous donnons nous pas les moyens à l’échelle nationale pour que nos étudiants puissent se préoccuper avant tout de leurs études et non de la manière dont ils vont se rationner dans la semaine pour ne pas dépasser leur budget ?

    Parce-que l’UE capitaliste et anti-démocratique enchaîne notre pays, lui vole sa souveraineté pour mieux en finir avec les conquêtes sociales, nationales et démocratiques de ses travailleurs, classe ouvrière en tête, nous ne pouvons envisager d’améliorer la situation sans que le peuple travailleur reprenne le pouvoir, agisse dans son intérêt et ainsi entre en confrontation frontale avec cette UE de malheur et ses tenants « nationaux » telle que la macronie, le MEDEF, le CAC40, en somme la grande-bourgeoisie capitaliste, pour en sortir une bonne fois pour toute et pouvoir engager notre pays dans la voie du socialisme.

    Dans ce combat, les JRCF et le PRCF défendent le droit au logement pour toutes et tous, et notamment pour les jeunes étudiants, jeunes ménages et jeunes travailleurs, mais aussi pour eux la gratuité des soins, l’accès facilité aux ressources alimentaires, la mise en place d’un statut d’étudiant-salarié précis permettant de ne pas contraindre les études au impératifs du salariat, ou encore un doublement des bourses étudiantes.

    Avec les JRCF et le PRCF, avec les étudiants mobilisés contre la précarité et avec le monde du travail en lutte, battons nous pour reprendre le contrôle de notre pays et enfin pouvoir construire en France une société plus juste pour ceux et celles qui la font tourner jour après jour et nuit après nuit, autrement dit, pour le socialisme !

    http://jrcf.over-blog.org/2021/02/precarite-etudiante-communique-des-jrcf.html

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    Les laissés pour compte de la France

     

    Depuis maintenant presque 1 an les étudiants souffrent. Les suicides à répétition commencent seulement à attirer timidement l’attention des clowns au pouvoir, dont dépend l’avenir des millions d’étudiants français.

                Le gouvernement, depuis des mois, ne réagit pas face à l’immense détresse des jeunes de son pays et lorsqu’il se décide enfin à sortir de son mutisme, il décide de court-circuiter ses interlocuteurs habituels et légitimes que sont les syndicats étudiants et décide de passer par le youtubeur Gaspard G. On remarque là encore le manque de considération des étudiants par le premier ministre qui a passé cet appel. Ce youtubeur est notamment connu pour être un soutien de Macron et propriétaire de start-up. Un choix qui invisibilise encore davantage une majorité écrasante d’étudiants qui vivent dans une grande précarité, qui gagne du terrain de jour en jour dans une indifférence plus que troublante.

                L’État fait la grâce d’offrir aux étudiants 150 euros environ tous les trois mois. Il ose appeler cela une aide exceptionnelle. Exceptionnellement inutile pour des étudiants dont les besoins les plus primaires sont bien plus élevés. S’ajoute à cela le coût des écoles souvent exorbitants et bien évidemment très peu pris en charge par les pouvoirs publics. A cela s’ajoute l’impossibilité de travailler car les seuls emplois envisageables pour les étudiants sont après les cours, l’heure à laquelle commence le couvre-feu. Mais cela ne semble gêner personne dans les rangs des élus qui pourtant, pendant les élections courent après les voix des jeunes qu’on accuse de se désintéresser de la vie politique et de leur soi-disant devoir citoyen. A qui la faute ?

                Il a été annoncé dernièrement que les cours en présentiel pourraient reprendre pour les étudiants, seulement en TD et seulement en demi-groupe. Les deuxième, troisième année et les autres doivent rester en distanciel. La caste dirigeante n’apporte encore une fois que des demi-mesures pour une infime partie des étudiants. Certains étudiants ont rendu leur logement dans la certitude de finir l’année en distanciel. Ces mêmes étudiants se retrouvent actuellement à devoir en chercher un nouveau pour une journée par semaine de cours en présentiel. Ces loyers étaient financés par le travail après les cours désormais impossible. Une nouvelle fois, la république ne propose pas d’alternatives et laisse ses étudiants dans la misère.

                Au-delà des difficultés matérielles que posent les confinements et couvre-feu à répétition tous plus absurdes les uns que les autres, des difficultés psychologiques considérables se font de plus en plus ressentir. Les étudiants sont la seule tranche de la société française à ne plus rien faire. Ne plus aller en cours, ne plus aller faire du sport, ne plus pouvoir voir ses amis, ne plus pouvoir travailler mais aussi, ce qui permettait d’échapper à un quotidien souvent précaire et morose : ne plus avoir de loisirs. Plus rien à faire. Un sentiment croissant d’inutilité, de vie qui ne trouve plus de sens est maintenant commun à des millions d’étudiants à travers l’hexagone.

                J’encourage tous les étudiants et toutes les étudiantes à agir, protester, se révolter contre ce régime qui n’a que faire de sa jeunesse et la laisse crever dans un silence accablant.

     

    Thomas-JRCF

    http://jrcf.over-blog.org/2021/02/les-laisses-pour-compte-de-la-france.html

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    source: https://www.initiative-communiste.fr

     

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  • En de l’Ouest, le était presque seul à être solidaire de la

    « Allez donc là-bas ! »

    Initiative communiste relaie un entretien avec , président du Parti communiste allemand (DKP), pour Unsere Zeit, l’hebdomadaire du parti, au sujet de la solidarité avec la RDA, rappelant à la fois les mérites et réalisations majeures du socialisme réel pour le quotidien des citoyens et des travailleurs, mais également la chasse aux sorcières anticommuniste menée en et prolongée aujourd’hui, à l’image de la féroce répression de la Freie Deutsche Jugend (FDJ), la Jeunesse démocratique allemande, par l’euro-gouvernement réactionnaire et fascisant de Merkel.

     

    Un entretien démontrant, une nouvelle, les fautes désastreuses de l’euro-liquidateur Gorbatchev, et qui propose une réflexion utile pour qui désire, comme le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF), marcher vers le socialisme et, pour cela, reconstruire un grand Parti communiste sur des bases franchement marxistes-léninistes – et ainsi en finir avec le calamiteux “euro-communisme” ayant conduit le Parti de Cachin, Thorez, Duclos et Frachon à l’état de faire-valoir des “socialistes”.

    ______________________________________________________________________________

     

    UZ : Tu étais président fédéral de la SDAJ [les Jeunesses ouvrières socialistes est- allemandes], une activité à plein temps, lorsque la contre-révolution en RDA l’a emporté. Cela n’a pas eu que des conséquences personnelles pour toi, la SDAJ a également plongé dans une crise existentielle. Comment as-tu vécu cette situation à ce moment-là ?

    Patrik Köbele : Cette période était très compliquée. En juin 1989, la SDAJ avait scissionné après plusieurs années de débat acharné sur le caractère de l’organisation. Nous, qui voulions nous en tenir au concept d’une organisation de jeunesse socialiste révolutionnaire, avions une faible majorité de délégués derrière nous lors d’un congrès fédéral. En conséquence, les soi-disant « rénovateurs » ont quitté la SDAJ. Des organisations nationales entières se sont disloquées. Un conflit entre factions était également en cours au sein du parti communiste allemand, le DKP. Quelques mois plus tard, il y a eu les événements en RDA, qui ont atteint leur paroxysme dans un processus contre-révolutionnaire.

    Je n’avais pas du tout prévu cela. J’ai encore été invité aux célébrations du 40e anniversaire de la RDA, où Gorbatchev était présent, mais la « gorbimania » qui m’entourait m’a fait réfléchir. J’avais cependant toujours l’espoir qu’il puisse s’agir d’une avancée du socialisme. Les choses se sont passées différemment et ont ensuite, ne l’oublions pas, conduit à une crise du mouvement ouvrier révolutionnaire, à l’Ouest aussi. Nous avons beaucoup réfléchi à l’époque, mais néanmoins, pour moi, le capitalisme ne s’est pas amélioré parce que le socialisme s’est effondré. Nous n’avons réalisé qu’avec le temps qu’il s’agissait d’une contre-révolution.

    UZ : Peux-tu préciser ?

    Patrik Köbele : Nous avons également dû accepter le fait que les masses manifestaient dans les rues, au début certainement pour une amélioration du socialisme. Ce mouvement s’est profondément ancré dans les rangs de notre parti frère, le SED [Sozialistische Einheitspartei Deutschland — Parti socialiste unifié d’Allemagne]. Il y avait encore des illusions quant au parcours de Gorbatchev. Après tout, ce n’est pas un processus dans lequel des contre-révolutionnaires avérés ont pris les armes. Autrement dit, j’ai réalisé d’un seul coup que la RDA ne serait pas invincible lorsque j’ai vu les images de la destruction « volontaire » de leurs armes par les groupes de combat des entreprises, c’est-à-dire des structures armées de la classe ouvrière en RDA. Nous nous sommes vite rendu compte que des problèmes réels en RDA avaient été à l’origine de ces événements. Après tout, nous étions, par nos proches, d’assez bons connaisseurs de ce pays. Il nous a fallu cependant un certain temps pour réaliser que l’essence de ces processus était une régression sociale, le rétablissement du capitalisme monopolistique.

    UZ : Le DKP est tombé dans une crise profonde : une grande partie de ses membres ont quitté le parti, le soutien du parti frère, le SED, s’est effondré. En plus des soucis financiers, des problèmes idéologiques se sont posés. Comment la contre-révolution a-t-elle affecté le parti communiste dans la partie occidentale de l’Allemagne ?

    Patrik Köbele : La RDA était pour nous un foyer, un arrière-pays sûr, l’Allemagne socialiste. Sa défense contre l’anticommunisme faisait partie de notre identité. Nous nous sommes identifiés à la RDA et nous avons été identifiés à elle. Avec la contre-révolution, une partie de notre identité s’est effondrée. Pour nous, la RDA et les autres États du CAEM [Conseil d’assistance économique mutuelle, COMECOM dans son acronyme anglais], c’était LE socialisme. Les partis communistes qui en faisaient partie étaient nos partis frères. C’était aussi le résultat de la division du mouvement communiste mondial de l’époque en une partie orientée « vers Moscou » et une partie qui s’orientait « vers Pékin ». Rétrospectivement, cette scission a certainement été l’une des causes de la profonde défaite du socialisme. En RFA, elle a pris une forme très flagrante. En 1968, lorsque nous avons cessé d’être un parti illégal et nous sommes reconstitués, des groupes se sont fondés en RFA qui se définissaient comme des représentants de la ligne de Pékin ou de Tirana.

    En partie, les dirigeants leur ont permis de s’approprier le nom du KPD, qui est toujours interdit aujourd’hui. Il nous avait été clairement signalé en 1968 qu’il n’y aurait pas de légalité du KPD pour nous ; ainsi, quelques mois avant la reconstitution du DKP, la présentation du projet de programme du KPD avait été supprimée, le projet avait été confisqué et, entre autres, notre futur président Herbert Mies avait été arrêté. Les groupes « maoïstes » ont fait l’objet d’un traitement très différent, ce qui n’est pas surprenant : ces groupes sont fondamentalement anticommunistes et hostiles à la RDA et à l’Union soviétique. Dans le mouvement pour la paix, par exemple, ils ont semé la confusion car ils ont mis sur le même plan les missiles à moyenne portée de l’Union soviétique et ceux des États-Unis, alors que les missiles soviétiques n’étaient pas en mesure d’atteindre le territoire américain. Leur agitation est allée jusqu’à imprimer des affiches montrant Leonid Brejnev, alors secrétaire général du PCUS, pendu à une potence.

    En même temps, l’« eurocommunisme » apparaissait dans le mouvement communiste, dont les représentants affirmaient vouloir réaliser le socialisme dans le cadre du parlementarisme bourgeois et indépendamment de l’Union soviétique. À l’époque, certains membres du SPD prétendaient encore — et bon nombre de membres en étaient individuellement convaincus — lutter pour le socialisme. Toujours avec l’ajout : « Mais nous ne voulons pas que cela ressemble au socialisme réel. » Le « socialisme » devait convaincre dans la mesure où il renonçait à sa défense et n’avait rien à voir avec le pouvoir politique de la classe ouvrière ni même avec l’exercice du pouvoir.

    C’était à nous de rejeter systématiquement de telles positions. Parfois, cela nous a également amenés à refuser de reconnaître les contradictions qui existaient vraiment dans le socialisme réel. C’était une erreur.

    Parmi les gens issus des groupes « maoïstes » évoqués, certains, comme Hans-Gerhart Schmierer de la KBW [Kommunistischer Bund Westdeutschland, Ligue des communistes ouest-allemands] — il a conseillé le ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer, lui-même issu du mouvement spontanéiste — ont fini dans les appareils de la classe dirigeante. À l’époque, ils nous insultaient en nous qualifiant de « révisionnistes » en raison de notre solidarité avec l’Union soviétique et la RDA, mais aussi en raison de notre solidarité avec Cuba et les luttes anti-impérialistes au Nicaragua, en Afrique du Sud et en Angola. Plus tard, la plupart d’entre eux ont trouvé des arrangements, et l’un d’entre eux est aujourd’hui un ministre-président réactionnaire des Verts dans le Bade-Wurtemberg. Seuls quelques-uns ont corrigé leur position antérieure sur la RDA et se battent aujourd’hui à nos côtés.

    UZ : La délégitimation de la RDA est toujours à l’ordre du jour. Pourquoi l’anticommunisme est-il si important pour les dirigeants, même après la victoire de la contre-révolution ?

    Patrik Köbele : La RDA était un problème pour les dirigeants car elle était l’alternative socialiste sur le sol allemand. La RFA a été forcée d’agir comme la « vitrine » du capitalisme à l’égard de l’Est. L’État et les monopoles ont dû faire des concessions à la classe ouvrière. Dans les négociations collectives, la RDA siégeait à la table en tant que « partenaire invisible ». Le capital ne pardonne pas de telles choses. Rétrospectivement, les lois de l’Agenda en sont la preuve — elles n’auraient pas été applicables avec la RDA.

    L’anticommunisme est également nécessaire pour effacer la mémoire historique dans la conscience de la population de la RDA et de ses descendants. En fin de compte, tout cela est nécessaire pour que plus jamais personne ne puisse avoir l’idée qu’il existe — et qu’il a existé — une alternative à ce capitalisme qui prouve chaque jour qu’il est incapable d’agir dans l’intérêt de l’humanité.

    L’anticommunisme a également frappé la solidarité du SED avec nous et d’autres parties du mouvement progressiste. Cette solidarité internationale a soutenu les forces de progrès, mais aussi les pauvres de la République fédérale allemande, à de nombreux niveaux allant du rayonnement du socialisme à la solidarité matérielle. Chaque année, par exemple, des milliers d’enfants issus de familles pauvres en RFA ont pu s’offrir des vacances en RDA grâce au DKP et aux Jeunes pionniers, notre organisation pour les enfants de l’époque. Les permanents de notre parti et d’organisations amies, qui avaient souvent de faibles revenus, ont également eu la possibilité de prendre des vacances en RDA.

    UZ : Tu es politiquement actif et solidaire avec la RDA depuis la fin des années 1970. Quelle forme l’anticommunisme a-t-il pris au début de votre engagement ?

    Patrik Köbele : Je ne suis pas issu d’une famille de tradition communiste. Il n’était pas facile d’échapper au courant dominant de l’époque. Un exemple : Wolf Biermann, qui s’est finalement révélé comme un belliciste et un anticommuniste après 1989, était une icône pour de nombreux gauchistes en RFA. Être de gauche, c’était chic, et en même temps, il fallait prendre ses distances avec la RDA et l’Union soviétique. Ce fut un chemin difficile pour moi vers le SDAJ et le DKP. Lorsque nous étions dans la rue, nous entendions : « Allez donc là-bas ! ». Nous étions co-responsables des mesures prises par les pays socialistes. Dans la famille, à l’école et au travail, dans la rue et dans les alliances, nous avons été pris à partie pour tout ce qui se passait en RDA, dans le socialisme réel. Biermann, que j’ai déjà mentionné, Soljenitsyne — un dissident réactionnaire en Union soviétique, également applaudi par Heinrich Böll, qui était assez progressiste en matière de démocratie — et bien sûr la frontière sécurisée entre l’OTAN et le traité de Varsovie, dénigrée à l’Ouest comme un mur, sont venus s’y ajouter.

    On a également tenté à plusieurs reprises d’exiger que nous prenions nos distances par rapport au socialisme réel pour pouvoir conclure des alliances. Je pense que nous pouvons dire à juste titre que nous n’avons jamais été impliqués là-dedans et que nous avons néanmoins développé une politique d’alliance souple.

    Lorsque les États-Unis ont utilisé une manœuvre trompeuse pour amener l’armée de l’air de l’Union soviétique à abattre un avion de ligne sud-coréen, j’ai distribué le journal de notre organisation devant l’atelier de formation de Daimler-Benz à Stuttgart. On m’a immédiatement demandé quels crimes mes camarades avaient commis. Des camarades plus âgés m’ont dit, qu’à l’époque de la « construction du Mur », le lendemain, leurs machines étaient ceintes de fils barbelés. Tout cela faisait partie de la situation de la lutte des classes à l’époque.

    UZ : Après l’interdiction du KPD en 1956, des chasses aux sorcières ont eu lieu contre les personnes solidaires de la RDA. Même les personnes qui organisaient des vacances en RDA étaient persécutées.

    Patrik Köbele : L’anticommunisme ne vise pas seulement les communistes, notamment pour les isoler. Il vise également les personnes qui les entourent. Vous avez déjà mentionné un exemple. Mais je voudrais en mentionner un autre, qui a eu une forte influence sur moi, car il m’a conduit au SDAJ. À cette époque, il y avait une forte aile marxiste dans les Jusos [les Jeunesses socialistes], l’aile dite « Stamokap » [State monopoly capitalism, capitalisme monopoliste d’État]. En 1977, elle a confié la présidence fédérale des Jusos à Klaus Uwe Benneter. Lorsqu’il a exprimé que, pour lui aussi, une coopération avec le DKP était possible, il a été sommairement démis de ses fonctions par le SPD. Après cela, les Jusos n’étaient plus une option pour moi. Benneter s’est ensuite installé au sein de la classe dirigeante, tout comme son successeur, Gerhard Schröder, qui s’était lui aussi déclaré marxiste.

    UZ : La RDA fait partie de l’histoire depuis 30 ans. Aujourd’hui, le DKP l’appelle « la plus grande réalisation du mouvement ouvrier allemand » et tente de garder le souvenir de la première tentative de socialisme sur le sol allemand. Qu’est-ce que le DKP trouve de si important là-dedans?

    Patrik Köbele : Pour nous, il a toujours été clair que la RDA était un État pacifique, un État dans lequel les pires crimes sociaux du capitalisme, tels que les sans-abris et le chômage, avaient été éliminés. La rupture totale avec le système de profit a rendu la santé et l’éducation possibles pour tous et la libération des femmes a été réalisée, au moins sur le plan économique. Urbanisme, culture, transports publics locaux et longue distance, activités de loisirs sans mercantilisme et bien plus encore — nous savons qu’une autre Allemagne était possible. La contre-révolution a également été notre défaite.

    La RDA, c’était le socialisme ; il n’était pas parfait, mais il était réel. Savoir cela aujourd’hui fait passer le socialisme du rang d’utopie à une perspective réelle, à une possibilité impérieuse pour l’humanité de survivre. La RDA ne représente rien de moins, et c’est pourquoi elle est si importante pour nous. Pour cela, nous devons également remercier tous ceux qui ont contribué à la construction du socialisme en RDA. Nous sommes heureux et fiers d’avoir de tels camarades dans nos rangs. Aujourd’hui, la solidarité avec la RDA, mais aussi la solidarité avec ceux qui ont été persécutés par l’impérialisme pour leur travail en RDA ou pour la RDA, qui ont subi diffamations, pensions punitives, amendes et emprisonnements, doit être la marque essentielle du DKP.

    UZ : Le DKP a toujours été solidaire de la RDA, la défendant ainsi que ses réalisations. Pourquoi n’a-t-il pas été possible de développer plus fortement le DKP en Allemagne de l’Est depuis 1989 ?

    Patrik Köbele : Selon moi, la cause principale réside dans une erreur — compréhensible — que nous avons commise, surtout dans les premières années qui ont suivi la contre-révolution. Pendant trop longtemps, le développement du SED-PDS, du PDS et, plus tard, de Die Linke [le Parti de gauche] a été marqué d’espoirs et d’illusions. Bien sûr, on est toujours plus sage après, et c’est compréhensible compte tenu des décennies de liens étroits avec le SED. Néanmoins, nous avons commencé trop tard notre propre reconstruction en Allemagne de l’Est. Des mesures telles que les expulsions du parti de camarades qui avaient un rôle de premier plan en RDA, les excuses régulières adressées par la RDA à l’ennemi de classe, l’adieu au socialisme et la nécessaire rupture révolutionnaire avec le capitalisme auraient dû nous faire comprendre plus tôt qu’il était impossible de stopper l’intégration de Die Linke dans les structures dirigeantes de l’impérialisme allemand.

    Propos recueillis par Björn Blach

    Légende photo : Chaque année, le DKP a pu envoyer des centaines d’enfants dans des camps de vacances en RDA. Ici : les adieux à Francfort-sur-le-Main. 1977.

     

     

    Source en allemand:  https://www.unsere-zeit.de/geht-doch-nach-drueben-140184/

    Source en français: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Actualité sociale encore chargée cette semaine. Thomas, le Secrétaire du Syndicat CGT du CHRU va vous faire le point hebdomadaire. Il revient ensuite sur l'ordre du jour du dernier Comité technique d'établissement : le silence de la direction sur la situation budgétaire du
    CHRU Brest, la nouvelle grille d'évaluation qui devrait remplacer l'actuelle notation...
     
    Comme d'habitude, il fait le point sur les actions syndicales en cours et termine par un coup de gueule sur la situation des contractuels et la façon dont semble les considérer la Direction des Ressources Humaines ....
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  • Richard Roze, secrétaire fédéral FO, est venu apporter son soutien aux manifestants de Tallec. Richard Roze, secrétaire fédéral FO, est venu apporter son soutien aux manifestants de Tallec.

    Le secrétaire fédéral de Force ouvrière, Richard Roze, est venu soutenir, ce lundi matin, les salariés grévistes des Salaisons Tallec, à Bannalec, et a rencontré la direction. De nouvelles négociations sont prévues, mercredi 24 février, à 9 h.

    Les jours passent et se ressemblent devant l’usine des Salaisons Tallec, à Bannalec. Ce lundi, pour le sixième jour de débrayage, près d’une quarantaine de salariés ont manifesté devant le site de Loge-Begoarem. « On nous méprise, mais nous ne lâcherons rien », ont-ils scandé devant un feu de palettes sous les klaxons des véhicules passant sur la route.

    Parmi ces manifestants, le secrétaire fédéral de Force ouvrière (FO), Richard Roze, a rejoint les personnels pour demander un entretien avec la direction. Vers 11 h 30, une rencontre a été convenue aux bureaux du site de Moustoulgoat.

    La générosité s’organise

    Pendant ce temps, à Loge-Begoarem, les salariés du matin annoncent que la relève sera là l’après-midi : « On ne veut pas nous entendre : M. Poyac a dit ne pas reprendre les NAO s’il est question d’augmentation de salaire. Alors parlons barquettes ! Ici, on travaille à l’ancienne : le garnissage est manuel mais avec des cadences imposées de 4 500 barquettes par jour et par ligne, c’est beaucoup. Surtout avec des machines qui tombent régulièrement en panne ». « On est passé à 7 000 le jeudi, voire plus, pour fournir l’Angleterre, réagit un autre. On nous prend pour des tâcherons, mais on n’a aucune revalorisation ». « Moi, s’écrit une plus jeune, on m’a carrément dit : "Si tu n’es pas contente des conditions et du salaire, tu peux prendre la porte". Vraiment la classe, ça au moins c’est du dialogue, je ne leur souhaite pas de faire un jour partie de ceux dans bas ».

    Dans la fumée des palettes, un appel chaleureux : « À table ! C’est prêt ». Tournant les talons, un manifestant lance : « Heureusement qu’il y a ici cette solidarité et ce respect entre nous ». D’ailleurs, suite à des gestes de générosité, des dépôts de gourmandises d’automobilistes, une cagnotte a été ouverte sur leetchi.com : Soutien aux grévistes des Salaisons Tallec. « Des boîtes tirelires ont été déposées aussi dans les boulangeries ».

    Nouvelle réunion mercredi

    Après l’entretien avec Ollivier Le Bihan, directeur des sites, en début d’après-midi, Nadine Le Corre, représentante FO du personnel, a expliqué : « Il n’y a rien de plus, on a rendez-vous mercredi, à 9 h, pour une nouvelle NAO avec M. Poyac ». Et Richard Roze de renchérir : « On voit bien que ce n’est plus à Bannalec que cela se décide, mais à la direction des ressources humaines d’Agrial. Il faut imaginer ici la puissance des faits, c’est la base qui manifeste sa souffrance. Aussi les revendications restent claires : 5 % d’augmentation et 50 € nets d’assiduité. Le personnel attend de connaître les annonces de mercredi pour les suites à donner à leur mouvement ». La direction de Bannalec n’a, quant à elle, pas souhaité s’exprimer.

     

    source: https://www.letelegramme.fr/

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  • Les étudiants de l’IUT de l’UBS Pontivy peuvent désormais bénéficier des repas à 1 €, au self du lycée du Gros-Chêne. Les étudiants de l’IUT de l’UBS Pontivy peuvent désormais bénéficier des repas à 1 €, au self du lycée du Gros-Chêne.

    Au lycée du Gros-Chêne de Pontivy, depuis lundi 15 février, les étudiants de l’IUT peuvent manger pour 1 €. Les aides alimentaires et psychologiques, votées par la Région, ont été mises en place malgré des difficultés liées au territoire.

    1- Des repas à 1 €, midi et soir

    Depuis lundi 15 février, le self du lycée du Gros-Chêne, à Pontivy, s’est fortement rempli. Suite à l’annonce de l’attribution d’aides alimentaires pour les étudiants, votées par la Région en début de mois, l’établissement a mis en place des repas à un euro, midi et soir, pour tous les étudiants de l’IUT (UBS). « Il y a entre 20 et 30 jeunes qui en bénéficient », souligne Pascal Morançais, chef de département de l’IUT en précisant qu’ils sont accessibles à tous, sans critères sociaux : « Il suffit d’en faire la demande ».

    En plus des repas, un bus alimentaire de la Croix-Rouge et du Secours populaire fait le trajet depuis Lorient tous les dix jours, pour proposer des denrées et des produits de première nécessité : « Un tiers de nos étudiants s’y approvisionnent ». Sur le million d’euros débloqué par la Région, 350 000 € ont d’ores et déjà été attribués à l’aide alimentaire.

    «Un tiers de nos étudiants s’approvisionnent au bus solidaire.»

    2-Dix séances chez le psychologue

    « Un élève sur trois présente des signes de détresse psychologique ». Problèmes financiers, isolement, perte d’emploi, décrochage scolaire… les raisons sont nombreuses. « La situation est particulièrement difficile pour nos premières années. Ils ne connaissent pas les méthodes de travail universitaires et doivent s’adapter à distance ». Pour soigner ce mal, dix séances gratuites chez un psychologue sont proposées à tous les étudiants qui en ressentent le besoin. Des animations en petits groupes, pour rompre la solitude, vont également être mises en place : « Ça peut-être une partie de billard par exemple », illustre Élisabeth Jouneaux-Pedrono, conseillère régionale.

    «Un élève sur trois présente des signes de détresse psychologiques.»

    3-Des problématiques territoriales

    « Ce fut un travail laborieux mais on a réussi », se félicite l’équipe pédagogique et régionale. Contrairement à Vannes et à Lorient, le site de l’UBS Pontivy ne possède pas de Crous et donc, pas de restaurant universitaire. « Nous avons mis en place un planning pour accueillir les étudiants au Gros-Chêne sans qu’ils ne croisent les lycéens ». De la même manière, il n’y a pas de service de santé étudiants. Les séances chez le psychologue se font donc chez des professionnels exerçant en libéral. Enfin, la ville ne bénéficie pas d’épicerie solidaire, d’où l’intérêt de faire venir un bus. « Toutes ces problématiques ont été un gros challenge. D’autant plus qu’à Pontivy, les élèves viennent de partout en Bretagne, c’est un territoire très vaste ».

    4-14 325 € pour les lycéens

    La précarité des familles a largement augmenté avec la crise sanitaire : « Elles n’ont plus forcément les moyens de payer les factures », confie Élisabeth Jouneaux-Pedrono. « Même celles qui n’étaient pas dans le besoin jusque-là se retrouvent en difficulté », ajoute Jean-Nicolas Mazeaud, directeur du lycée du Gros-Chêne. La Région Bretagne a donc alimenté les fonds sociaux des lycées, publics et privés, débloquant 14 325 € pour les établissements du pays de Pontivy. « Nous sommes en alerte pour repérer les familles qui pourraient avoir besoin d’aides », explique le directeur. Restauration, transport, habillement, équipements numériques, la liste des aides n’est pas exhaustive.

    Lorraine Gregori

    source: https://www.letelegramme.fr/

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  • Le projet porte sur deux parcs éoliens : le premier, de 250 mégawatts et d’une vingtaine d’éoliennes ; le second, de 250 à 500 mégawatts et d’une quarantaine d’éoliennes. Le projet porte sur deux parcs éoliens : le premier, de 250 mégawatts et d’une vingtaine d’éoliennes ; le second, de 250 à 500 mégawatts et d’une quarantaine d’éoliennes. (Naval Énergies)

    Un projet « controversé » et « clivant ». Les conclusions du débat public sur le projet de deux parcs d’éolien flottant au large de Groix et de Belle-Ile-en-Mer révèlent une « conflictualité latente » sur l’opportunité du projet et sa zone d’implantation. Le ministère de la Transition écologique dispose désormais de 3 mois pour prendre une décision.

    1- L’impossible consensus 

    45 % d’avis défavorables contre 40 % d’opinions favorables, le reste étant neutre. Sur les quelque 9 000 contributions, le débat public sur le projet de deux parcs d’éolien flottant (de 250 MW, puis de 250 à 500 MW, soit environ une soixantaine d’éoliennes), au large de Groix et de Belle-Ile-en-Mer, révèle « une conflictualité latente », indique la Commission particulière du débat public (CPDP) dans ses conclusions émises ce lundi 22 février, deux mois après la fin du débat. La volonté de sortir du nucléaire et d’accélérer la transition énergétique s’oppose notamment aux interrogations sur l’énergie éolienne intermittente, coûteuse et qui pour ces détracteurs dénature le paysage.

    Pas de consensus sur le projet d’éolien flottant au large de Groix et Belle-Ile-en-Mer

    2 L’exigence des pêcheurs bretons

    La localisation des deux parcs éoliens ne fait, elle aussi, pas consensus. Même les pêcheurs bretons et ligériens ne sont pas d’accord sur la zone d’implantation, chacun ayant ciblé un secteur pour pénaliser le moins possible ses pêcheurs professionnels. Le comité des pêches breton ajoutant que sa proposition de zone n’était pas négociable. En clair, ils s’opposeront au projet si leur zone n’est pas retenue. Problème, les acteurs de l’éolien ont préconisé une zone plus éloignée, en dehors des eaux territoriales, privilégiant les critères économiques et de vent. Le public, lui, a proposé une autre zone, encore plus éloignée, privilégiant le critère de visibilité. Cette importance du facteur visuel est d’ailleurs un fort marqueur d’inquiétudes et de contestations du projet. Des collectifs de citoyens se sont créés sur ces bases.

    La Commission Particulière du Débat Public (CPDP) a mis en ligne un questionnaire permettant de choisir les emplacements qui paraissent favorables ou défavorables à l’implantation des parcs éoliens...La localisation des deux parcs à l’intérieur de la « macrozone » de 1 330 km² est loin de faire consensus parmi tous les participants au débat, entre les pêcheurs, les représentants de l’éolien et le public. (Commission Particulière du Débat Public (CPDP))

    3-Des questions sans réponse

    Ce débat a mis en évidence un certain nombre de zones d’ombre. Outre la défiance du public vis-à-vis d’un tel débat, que certains qualifient de « supercherie », les participants ont souligné l’insuffisance de données environnementales, sur la faune et la flore marine ainsi que les fonds marins, ou encore de l’impact de l’éolien sur la réduction des gaz à effets de serre. Des interrogations subsistent à l’issue du débat : le projet sera-t-il suivi d’autres projets dans la macrozone d’études ? Comment justifier le prix cible de 120 €/MWh pour le rachat de l’électricité ? La fiscalité sera-t-elle adaptée si le projet se réalise en définitive en zone économique exclusive (ZEE) ?

    4-À quand une décision ?

    À compter de ce lundi 22 février, le ministère de la Transition écologique, maître d’ouvrage en association avec Réseau Transport d’Électricité (RTE) et la région Bretagne, dispose désormais de trois mois, soit jusqu’au 21 mai au plus tard, pour communiquer sa décision concernant les suites qu’elle souhaite donner au débat public. Il dira s’il souhaite poursuivre ce projet et si oui, dans quelles mesures. Dans son rapport, la CPDP a émis neuf recommandations auxquelles l’État devra répondre : sur le prix cible de rachat de l’électricité ; le statut juridique des parcs ; le régime fiscal de la zone économique exclusive ; la transition énergétique ; la sécurisation du réseau électrique breton ; les études environnementales ; la gouvernance du projet ; le cahier des charges et la localisation des parcs). Si l’État décide de poursuivre le projet, le premier appel d’offres (250 MW) devrait être lancé courant 2021.

     

    Julien Boitel

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  •  À propos du Capitalisme Monopoliste d’État – par Georges Gastaud

    Sur son site internet, Georges Gastaud livre une nouvelle réflexion quant au Capitalisme Monopoliste d'Etat

          

    https://georges-gastaud.com/ 

                                                                                                                                                 

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  • Dans un commentaire publié sur sa page Facebook, le leader des syndicalistes cheminot alerte sur la situation.

     

    Pour redonner l’espoir à gauche, pour écarter les fascistes et leurs idées du pouvoir, pour reprendre le stylo qui fait la loi des mains des capitalistes, il ne suffira pas de s’attrouper ou de s’unir dans une liste ou derrière un candidat.

    Il faut reconstruire une véritable idéologie de la transformation sociale.

    Il ne s’agit pas seulement de distribuer quelques subventions, de baisser le prix d’un service municipal ou d’instaurer une gratuité sur tel ou tel élément.

    Il faut transformer la manière de gérer, mener des luttes pour changer les règles, s’approprier collectivement des outils jusque-là privés pour investir de nouveaux champs d’intervention.

    Sans cela, le pouvoir de gauche n’est qu’un simple gestionnaire. Et lorsque l’argent vient à manquer pour satisfaire l’ensemble des besoins, on reprend la vieille logique de la trahison « on n’a pas le choix ». Mitterrand n’a pas eu le choix du tournant de la rigueur. Jospin n’a pas eu le choix de la privatisation d’Air France et de l’abandon des LU. Hollande n’a pas eu le choix de la loi travail ou du CICE pour la compétitivité… mais aujourd’hui, la ville de Lyon n’a pas le choix (voir article en lien ci-dessous), la région Occitanie n’a pas le choix de reprendre en gestion directe des lignes de chemin de fer, le printemps marseillais n’a pas le choix de remettre en cause le droit de grève dans les cantine… et donc la classe ouvrière prendra le choix d’aller à la pêche les jours d’élection car au final, ça sert à quoi des élus qui n’ont pas le choix.

    Il va nous falloir un grand moment d’autocritique et d’analyse sur nos pratiques de gestion si nous voulons sortir de la défiance généralisée.

    Et les arguments du style « c’est mieux que la droite », ou encore « ils ont fait ça, mais ils ont aussi fait telle bonne mesure » n’ont strictement aucun poids. D’ailleurs ils nous conduisent d’échec en échec.

    Non vraiment, il faut réfléchir à une véritable autre manière de faire. Sinon le pire est à venir.

    Je sais très bien qu’on ne fait pas toujours ce que l’on veut, qu’on ne peut pas en un clin d’œil changer le système qui par bien des aspects contraint les choix, et que les rapports de forces ne nous sont pas toujours favorables. Mais je ne peux plus supporter les élus qui expliquent qu’ils ont mené une bataille simplement parce qu’ils ont eu une discussion soutenue avec un préfet, un employeur ou un ministre. Une discussion, ça n’est pas une bataille ! sauf peut-être pour la CFDT. Une bataille c’est un ensemble d’actions qui visent à mobiliser la population ou une fraction de celle-ci, à appuyer sur les contradictions de l’adversaire (y compris quand on est dans un exécutif ou il est majoritaire), à le forcer à se dévoiler publiquement pour être soumis au jugement collectif… Quand on mène une vraie bataille et qu’on est battu, on peut dire qu’on n’a pas le choix. Mais quand on a juste mené des discussions, on peut dire qu’on a fait le choix. De se ranger du côté du système.

    Bref. Le syndrome de la gauche plurielle est encore bien présent.

    Certain considèreront que je suis un gauchiste. Pourtant, je continue d’être discipliné et d’aller voter « pour le moins pire ». Mais j’en ai marre. Et surtout, des milliers de nos concitoyens ne nous bousculent pas avec des coups de gueule comme je peux le faire, ils se contentent de nous ignorer et de ne plus voter du tout, de ne plus se battre. C’est peut-être plus agréable pour l’esprit de certain qui peuvent tranquillement affirmer que le peuple n’a rien compris ou qu’il faut « faire de la politique autrement » tout en continuant à tout faire pareil. Mais c’est tout aussi dramatique. Et il faudra bien un jour qu’on en tire des leçons.

    Si nous voulons reconstruire une organisation de masse et un rapport de force plus conséquent, il faut reconstruire une véritable idéologie de la transformation sociale. Et vite.

    Laurent BRUN le 12 février 2021 sur sa page facebook personnelle
    source: https://www.initiative-communiste.fr/
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