• Carte scolaire du Finistère : un poste et demi de « sauvé » sur 54 fermetures 

    L’ensemble des syndicats ayant voté contre le projet de carte scolaire 2021 du premier degré, dans le Finistère, présenté le 9 février, une nouvelle réunion du comité technique spécial départemental s’est tenue ce jeudi 18 février.

    L’ensemble des organisations syndicales (FSU, Sud, FO, CGT, CFDT et Unsa) avaient voté contre le projet de carte scolaire, présenté le 9 février, par la direction départementale de l’Éducation nationale du Finistère en comité technique spécial département (CTSD).

    Suite à ce vote unanime, le CTSD s’est à nouveau réuni ce jeudi. Selon nos informations, seuls changements, comme déjà annoncé, à Cléder, on passe de la fermeture d’un poste à un demi-poste et la fermeture d’une classe à l’école du Gouelou, à Saint-Martin-des-Champs, est annulée.

    Pour Sud éducation « on est très loin du compte et la rentrée promet d’être compliquée ». Sur 54 fermetures annoncées, seulement un poste et demi aura été « sauvé ».

    Pour le SNUipp-FSU, « les trop nombreuses fermetures prévues pour la rentrée 2021 dans le Finistère ne correspondent pas à l’idée que nous nous faisons du service public, au moment même où la crise sanitaire s’installe dans la durée ». Et d’ajouter : « Est-ce là la politique qu’on nous avait promise ? Où est passé le fameux quoi qu’il en coûte » ?

    La carte définitive sera publiée par la Dasen (Direction académique des services de l’Éducation nationale) ce vendredi.

     

    source: https://www.letelegramme.fr/

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  • Sauf cas de force majeur lié à une reprise forte de l’épidémie dans le Finistère, les lycéens de La Pérouse Kerichen reprendront les cours en présentiel à partir du 8 mars.
    Sauf cas de force majeur lié à une reprise forte de l’épidémie dans le Finistère, les lycéens de La Pérouse Kerichen reprendront les cours en présentiel à partir du 8 mars. 

    Dans un e-mail adressé aux parents d’élèves, le proviseur du lycée brestois La Pérouse-Kerichen, Olivier Champeau, annonce « la reprise des cours pour tous en présentiel » à partir du lundi 8 mars. Les horaires des classes prépas vont être également modifiés.

    Personne n’a pu y échapper, le Finistère est toujours le département de France métropolitaine où le virus de la covid-19 circule le plus faiblement. S’appuyant notamment sur ces indicateurs, le proviseur du lycée La  Pérouse-Kerichen à Brest, Olivier Champeau, a annoncé ce jeudi, dans un courriel adressé aux parents d’élèves et aux enseignants, la reprise « d’un enseignement en présentiel pour tous dès la rentrée du 8 mars ». Le proviseur précise que « (l’établissement maintiendra) bien entendu les protocoles indispensables (port du masque, gestes barrières, sens de circulation, séparation maximale des classes et des niveaux…) ». Et prévient déjà que ce retour au présentiel est soumis à l’évolution de la pandémie pendant les vacances scolaires : « Bien entendu, si la situation devait se détériorer de façon significative pendant les vacances (les « variants » du virus faisant planer beaucoup d’incertitudes sur l’avenir proche), je pourrais être amené à revenir en urgence sur ces décisions ». 

    « Pas d’évaluations la semaine de rentrée »

    D’autre part, le chef d’établissement indique avoir demandé « aux professeurs de seconde et de première de ne pas donner de travail particulier aux élèves pendant les vacances et de ne pas prévoir, pour la semaine de la rentrée, d’évaluations dans les classes de ces deux niveaux particulièrement impactés par le fonctionnement en distanciel. Chaque élève pourra ainsi se consacrer, sereinement et à loisir, à la révision de tout ce qu’il ou elle n’aurait pas solidement acquis ces derniers mois en raison de conditions d’enseignement qui étaient loin d’être optimales ».

    Concernant les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), qui ont fait l’objet d’un dossier dans nos colonnes, les horaires changeront à la rentrée. « Afin de renforcer la limitation du brassage d’élèves de niveaux différents, les horaires des CPGE seront avancés de vingt minutes : les cours commenceront à 7 h 40 et se termineront à 11 h 40 ou 12 h 40 pour la matinée. L’après-midi, ils reprendront à partir de 12 h 40 ».

    Rémy Quéméner 

    source: https://www.letelegramme.fr/

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  • La superficie des terres agricoles aux États-Unis a été en baisse constante depuis le début du 21e siècle. Alors qu’environ 40% de la superficie du pays reste consacrée à l’, plus de 5.6 millions d’hectares de terres agricoles ont été perdus à cause de la dévastation écologique ou du développement entre 2012 et 2017. (source American Farmland Trust) Au moins 3.2 millions d’hectares supplémentaires ont été perdus chaque année depuis lors. (source Département américain de l’agriculture)

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    Et les fermes ferment à un rythme alarmant, avec 5800 fermetures rien qu’en 2018. Les propriétaires de fermes noires ont été les plus durement touchés. Depuis 1920, plus d’un million de familles noires ont perdu leur ferme (Guardian 15 août 2019), et elles constituent maintenant moins de 2% de tous les propriétaires agricoles. Une étude réalisée en 2019 par le Center for American Progress a révélé que le Département d’Agriculture US « a une longue histoire bien documentée de discrimination contre les agriculteurs noirs. L’administration inégale des programmes gouvernementaux de soutien agricole, cruciale pour protéger les agriculteurs d’une entreprise intrinsèquement risquée, a eu un impact profond sur les communautés rurales de couleur.

    Pourtant, malgré le fait que le nombre de fermes et la superficie totale des terres agricoles chutent, la taille moyenne des fermes est en fait à la hausse. Comment cela pourrait-il être ? C’est à cause de la consolidation de la propriété en moins de propriétés privées. Il semble que les milliardaires s’emparent des terres agricoles aussi vite qu’ils le peuvent.

    Cette année, il a été révélé que le plus grand propriétaire privé de propriété agricole aux États-Unis est maintenant Bill Gates. Selon le Land Report, Gates possède plus de 98000 hectares de terres agricoles en Louisiane, Arkansas, Nebraska et Arizona, ainsi que de petites exploitations dans 14 autres États.

    Les autres plus grands propriétaires fonciers privés aux États-Unis comprennent la dynastie agricole Offutt – dont le patriarche Ron Offutt est l’homme le plus riche du Dakota du Nord – avec plus de 76000 hectares ; Stewart et Lynda Resnick, milliardaires propriétaires d’eau fidjienne, d’oranges Halo et de jus de POM, avec 76000 hectares; les barons réactionnaires des plantations sucrières cubaines Alfonso et José Fanjul, avec 1a peu pres 65000 hectares; et la JG Boswell Company, avec un peu plus de 60000 hectares.

    La taille moyenne d’exploitations agricoles, selon l’USDA, est de 180 hectares. Ces cinq propriétaires terriens possèdent environ 375 000 hectares de terres agricoles américaines. En comparaison, l’île de Manhattan fait moins de 6070 hectares. La consolidation de la propriété des terres agricoles est une évolution alarmante avec des répercussions pour l’ensemble de la classe ouvrière, en particulier avec les implications de la négligence meurtrière de l’État capitaliste autour de la crise COVID.

    Besoin de vaincre le

    Près d’un demi-million de travailleurs agricoles ont contracté le COVID-19, mais selon le Centre national pour la santé des travailleurs agricoles, « ce chiffre sous-estime probablement considérablement le nombre, car il exclut la main-d’œuvre contractuelle et temporaire. Aucun test ni notification de cas positifs de COVID chez les travailleurs agricoles n’est systématiquement effectué à l’échelle nationale ou industrielle. »

    Malgré le fait que 95% des fermes appartiennent à des Blancs, la plupart des ouvriers agricoles sont noirs, latinos et autres ethnicités, avec 75% des ouvriers agricoles nés dans d’autres pays. Les agriculteurs noirs ont été victimes de discrimination à long terme de la part du Département de l’Agriculture US dans l’attribution de prêts, de paiements en cas de catastrophe et d’assistance. La moitié de tous les travailleurs agricoles n’ont pas de résidence permanente légale aux États-Unis (National Agricultural Worker Study, 2019)

    Il faut avant tout reconnaître que toutes les terres des continents américains ont été volées aux peuples autochtones par les colonisateurs européens.

    Le développement capitaliste et le colonialisme des colons ont toujours conduit à la destruction écologique. Il y a un siècle, les États-Unis étaient confrontés à une pandémie massive. Une décennie plus tard, il a fait face à l’une de ses pires catastrophes naturelles en cours – le Dust Bowl, qui a dévasté des contrées de six États du sud des Grandes Plaines. (tinyurl.com/y2x66697) Cette période de tempêtes de poussière non naturelles, qui ont été causées par les banques obligeant les agriculteurs à des pratiques qui endommageaient le sol, ont conduit à la famine, à des maladies respiratoires, à une exode massive vers l’ouest, vers la Californie et à des pénuries d’eau. Ceci, en combinaison avec la crise financière de 1929, a défini la souffrance de la Grande Dépression.

    À moins que la classe ouvrière ne se lève pour vaincre le capitalisme et l’impérialisme une fois pour toutes, une nouvelle ère de dévastation et de misère indicibles s’abattra sur nous.

    traduction par PG pour www.initiative-communiste.fr d’un article de Ted Kelly publié le 12 février 2021 par nos camarades de Capitalists consolidate control over U.S. farmland

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • La commission du Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) relaie cet article de , intitulé “Ecologie réelle contre Ecototalitarisme”. Il décrit certaines composantes de ce que nous pouvons qualifié d’idéologie écologiste bourgeoise et réactionnaire, entre autres :

    • Une rengaine permanente dans l’utilisation du préfixe “éco-” dont l’auteur donne de nombreux exemples.
    • Une stigmatisation des peuples et des classes subalternes a qui on accorde le droit de crever dans la “sobriété heureuse”, mais zéro déchet!
    • La présentation d’une fausse “troisième voie”, ni capitaliste, ni communiste. Elle consiste à détourner, par un discourt anti-capitaliste de façade, le prolétariat du combat de classe. Pour mieux entretenir l’avènement d’un (voir d’un fascisant régime de “décroissance”).

     

    Rappelons, cette excellente citation que nous devons au député de la France Insoumise, Adrien Quatennens : “Le problème avec le capitalisme vert, ce n’est pas la couleur!”

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    Ecologie réelle contre écototalitarisme

    par Guillaume SUING

     

    ll y a quelques années lors de la « COP21 », le plasticien Oliafur Eliasson installait (1) devant le Panthéon à Paris douze blocs de glace (80 tonnes au total) coûteusement ramenés du Groenland pour fondre lentement sous nos yeux.

    De l’eau a coulé sous les ponts depuis l’époque où l’art contemporain se revendiquait comme un art « transgressif », la version la plus aboutie de « l’art pour l’art » contre l’art « engagé » incarné à l’Est par le « monstrueux » (et finalement bien mal connu) réalisme socialiste. Désormais largement financé, promu, soutenu (non plus par la CIA comme à l’époque mais plus ouvertement) par l’État, il est lui-même devenu, c’est incontestable, un art « officiel ». Mieux, c’est devenu l’art « engagé » … d’une seule cause : le climat. Pensée « totale », expliquant tout, s’infiltrant partout, jusque dans l’art, la « défense du climat » est devenue un paradigme, une forme – disons-le – de « totalitarisme ».

    Aucun élève du secondaire ne l’ignore : C’est Hannah Arendt qui intégra au « totalitarisme » dont les nazis se réclamaient, ce qui s’apparentait plutôt en URSS aux conséquences sociologiques et politiques d’une révolution culturelle multiforme où le « social » était devenu central. Ce qui est « totalitaire » pourtant, si ce terme a une quelconque signification politique, ce n’est pas l’existence de facto d’une lutte idéologique entre propagande et contre-propagande, mais celle d’une propagande mensongère permettant, en prétendant servir une cause, la satisfaction de besoins diamétralement opposés à celle ci (2). Le juriste nazi Carl Schmitt définissait ainsi le Troisième Reich dans les années trente, avec le sens clairement énoncé qu’a pu lui donner rétrospectivement la philosophe antinazie Simone Weil : « Un régime où le pouvoir d’Etat déciderait souverainement dans tous les domaines, même et surtout dans le domaine de la pensée ».Il en est sans doute ainsi de l’idéologie écologiste, si on admet avant tout qu’une idéologie ne s’annonce jamais comme telle mais toujours comme une « évidence », une « pensée unique » qu’il serait fou de discuter : Depuis une vingtaine d’années, cette idéologie a réussi à s’infiltrer par tous les pores de notre société, s’imposant aux travailleurs pour mieux les exploiter, jusque dans leur façon de penser la contestation même du système…

    DE « L’ÉCO » À TOUTES LES SAUCES…

    Les oxymores pullulent quand il s’agit d’imposer à des segments de marché le « commerce équitable », ou d’imposer aux contribuables-consommateurs, avec leur consentement, une « éco-fiscalité » faite « d’écotaxes », pour favoriser une utopique « éco-mobilité », une « écoparticipation » généralisée (augmentation des prix pour lutter pour le climat), des majorations par « l’éco-finance » pour développer « l’éco-habitation » pourtant inaccessible chez les plus précaires. On gratifie certains d’une « prime éco-énergie », on subventionne les entreprises pour valoriser leur soi-disant « éco-efficience », et se développe maintenant le curieux sobriquet « d’éco-entreprises » pour celles qui vont engloutir nos impôts sans contestation possible, via des torrents de subventions des pouvoirs publics complices.

    La crise installée, transformant notre peur de l’avenir en « éco-anxiété », la publicité nous abreuve de produits de consommation en tout genre venant de « l’écoconception » et « l’éco-design » devient omniprésent sur les panneaux publicitaires et dans les rayons de supermarché. Des « écolabels » sont attribués en masse aux marques (par elles-mêmes le plus souvent) et « l’éco-marketing » s’enseigne maintenant dans les écoles de commerce comme une nouvelle tendance.

    Tout est subitement devenu « naturel » dans nos caddies, tandis que les leaders de la junk food et de l’industrie chimique se parent de logos à feuilles et d’étiquettes verdâtres : Mac Donald’s, Coca-Cola, Ariel, mais aussi Total, Renault, etc.

    On peut désormais montrer du doigt dans nos quartiers populaires mais aussi hors des frontières dans les pays qui n’ont pas la chance d’appartenir à notre prestigieux continent, ceux qui dérogent, faute d’argent et d’envie, à la consommation « éco-responsable » et au « tri des déchets » (qui alimente le big business du recyclage en évitant les « coûts de main d’œuvre », ou à défaut remplit généreusement les caisses de l’État par les contraventions). Ceux qui roulent dans des vieux tacots polluants seront doublement sanctionnés par une « éco-vignette » prévue à cet effet. A la manière d’une étoile cousue au col, les prolétaires doivent désormais exhiber leur vignette « 3 » ou « 4 » et se voient déjà interdire le stationnement dans les beaux quartiers (comme c’est d’ores et déjà le cas dans la métropole lilloise) : La qualité de vie des quartiers riches n’a pas de prix ! Des radars flashent aussi les voitures polluantes en Belgique, dont les conducteurs payent des amendes substantielles. D’ici à ce qu’on incarcère des syndicalistes en grève pour « crime contre l’ » pour avoir brûlé des pneus sur un piquet de grève, il n’y a qu’un pas… qui sera vite franchi : On nous promet maintenant des « polices de l’environnement »  sur les tracts électoraux notamment macronistes, pour les municipales, c’est donc une vraie tendance.

    Quand il est temps de prendre des vacances, loin des « éco-gestes » du quotidien et du « zéro déchets » obligatoire dans les magasins hors de prix de centre-ville, c’est « l’écotourisme » qui prend le relais. Si vous êtes malade, il existe à présent des « éco-antibiotiques » (qui détruisent toujours nos microbiotes, mais qui sont produits avec des énergies renouvelables et sans déchets), et « l’éco-psychologie » pendra en charge vos angoisses puisque nous sommes tous des « êtres malades vivant dans une nature malade ». Jusque dans votre lit, on vous vend désormais « l’éco-sexualité » (promenez-vous sur Wikipédia si nécessaire pendant la lecture de cet article !) …

    Vous vous révoltez contre cette société de plus en plus invivable, malgré tous ces pansements idéologiques ? De nombreuses théories politiques vous attendent, de « l’éco-socialisme » (une révision du marxisme revisité à la mode écolo) à « l’éco-féminisme » en passant par les formes les plus radicales « éco-warrior » pour les amateurs de sensations fortes … Il y en aura pour tous les goûts !

    LA MANIPULATION DES MASSES COMMENCE PAR LE « BON SENS » ET L’ÉPANOUISSEMENT DES BAS-INSTINCTS

    Entendons-nous : le problème de la destruction de l’environnement que nous gérons ou « jardinons » d’une manière ou d’une autre, celui du climat de façon générale, figurent parmi les problèmes majeurs qu’impose l’impérialisme en putréfaction. Mais si les peuples, les prolétariats, les pays du Sud néocolonisés sont en première ligne face à la catastrophe (domination de l’agrobusiness occidental toxique et augmentation des sécheresses dévastatrices), ils en sont toujours désignés aussi (et paradoxalement) comme les premiers responsables par l’écologie politique occidentale ! Pourquoi ne se satisfont-ils pas de « l’austérité heureuse » préconisée par le gourou Pierre Rabhi ? … C’est bien ce savant tour de passe-passe qui fait du paradigme « pro-climat » un éco-totalitarisme politiquement opérationnel. Il est en effet bien aisé pour des pays impérialistes qui ont délocalisé à tour de bras vers le sud et qui se désindustrialisent exponentiellement, qui par conséquent produisent moins de CO2 qu’avant, de stigmatiser ceux qui n’ont pas encore atteint ce stade !

    Bien sûr il ne faut pas confondre le greenwashing généralisé actuel avec l’idéologie « totalitaire » nazie, mais n’oublions pas que pour cette dernière, c’est une réaction juste et légitime dans l’Allemagne des années vingt et trente (la grande crise de 1929 aggravant encore les conséquences sociales dramatiques de l’annexion des mines de la Ruhr par la France et de bien d’autres injustices liées au Traité de Versailles) qui a débouché, sous l’égide du capital financier terroriste, sur la pire barbarie.

    Le consentement des masses passe par une stigmatisation redoublée des couches sociales déjà précaires, qui en ont « l’habitude » (le prolétariat toujours désigné comme arriéré, barbare, et chez qui on développe largement la honte et le sentiment d’autophobie), et la valorisation-consolation des couches sociales en cours de précarisation. Comme à la grande période du fascisme dans les années trente, on recherche le soutien de cette petite bourgeoisie avec des arguments adaptés. Leur mépris de classe typique passera par la radicalisation des attitudes écolo, végan, etc. pour se distancier d’un prolétariat « irresponsable », tandis que la chute de leur pouvoir d’achat inexorablement liée à la crise structurelle du capitalisme trouvera dans « l’austérité heureuse » un alibi supportable et même opportunément revendiqué, vecteur d’une conscience de classe (petite bourgeoise) plus forte que jamais.

    Si de surcroît, le « communautarisme » (voire le « séparatisme » pour reprendre les mots de Macron) brise l’indispensable union transclassiste pour le climat, si la viande halal contrevient aux principes fondamentaux de la « cause animale », si les pays où l’on en mange ont également un sous-sol riche en énergies non renouvelables productrice de gaz à effet de serre… la petite bourgeoisie porteuse autoproclamée d’intérêts planétaires qui la dépassent, à l’avant-garde de cette lutte pour « sauver la planète », trouvera sans doute facilement (ou a déjà trouvé ?) la « cinquième colonne » basanée qu’il faudra « neutraliser » de toute urgence…

    La comparaison ici proposée sera forcément jugée abusive ou excessive. C’est toujours le « bon sens » qui piège insensiblement les masses dans l’idéologie dominante, et la cause défendue est toujours sous sa forme annoncée juste et honorable : Par définition, l’identification d’un totalitarisme est toujours rétrospective.

    CONDITIONNER AVANT TOUT LES JEUNES GÉNÉRATIONS

    Pour annihiler tout sens critique de façon « durable » au sein de toutes ces couches sociales, c’est bien connu, il faut mettre le paquet sur l’éducation et installer le paradigme chaque fois que possible, dès que possible. A titre d’exemple, les nouveaux programmes de SVT (Sciences de la vie et de la Terre) au lycée, sont l’occasion de faire du climat une notion centrale, omniprésente quelque soit le sujet abordé. On aborde la géologie avec la question de l’évolution des paysages sous l’effet des variations climatiques. On parle des pandémies et de l’immunité en insistant sur l’arrivée de nouvelles épidémies en Europe reliée au réchauffement climatique. On étudie la génétique humaine avec des exemples d’adaptation progressive des populations aux variations climatiques. Sans parler de la question plus économique que biologique des « services écosystémiques » (cheval de bataille du capitalisme vert « gagnant gagnant » sur la gestion des écosystèmes naturels) qu’on aborde pourtant en SVT à plusieurs reprises. La liste est longue.

    Ex aequo avec la « laïcité militante », les éco-gestes deviennent structurants dans l’éducation et les « projets d’établissement » en général, avec sans doute en ligne de mire les parents dérogeant à la règle par exemple et que les élèves dénonceront avec, bien sûr, le sentiment de bien faire. Que penser de sorties nature pour étudier par exemple la « résilience » d’un petit écosystème local après le passage destructeur d’un camp de Roms ? L’exemple existe, et on imagine ce que les élèves retiennent de la communauté concernée, particulièrement « non-écocitoyenne » … On imagine ce genre d’exemple se généraliser sans que personne n’y voit rien à redire.

    Le processus est déjà bien amorcé et si les « manifestations pour le climat » ont tant d’audience auprès des jeunes générations, ce n’est pas sans raison : Où se trouve la subversion voire la transgression dans de telles manifs bien encadrées, qui accueillent parfois des députés macronistes dans leurs rangs et ne subissent jamais de gazages et autres charges de CRS ? On observe déjà dans les classes à quel point ce sont les « bons élèves » qui manifestent le plus d’intérêt pour les questions écologiques et l’engagement militant qu’elles induisent, pendant que les élèves les plus « contestataires » adoptent les attitudes les plus anti-écolo possibles, renforçant encore le fossé sociologique au grand bonheur des diviseurs d’en haut…

    Occultant enfin les incontestables succès de l’agro-écologie cubaine (totalement absente des manuels de SVT), on insistera au contraire chaque fois que possible sur les catastrophes écologiques de l’URSS (Tchernobyl, Mer d’Aral etc.) (3) et la pollution en Chine. Sur le développement de toutes les énergies renouvelables la Chine est pourtant devenue le pionnier incontestable… et jamais cité. C’est donc ici l’occasion d’une nouvelle charge anticommuniste en direction des jeunes, distillant la sinophobie dans toutes les matières où c’est possible (économie, SVT, etc.). Les jeunes doivent adhérer à l’idéologie écologiste, mais ne surtout jamais soupçonner que les solutions se trouvent hors du capitalisme.

    UNE NOUVELLE « TROISIÈME VOIE » ?

    Confrontée à un décrochage de plus en plus marqué mais tout à fait logique entre la fuite en avant du capitalisme en crise et le niveau d’adhésion de « l’opinion publique » en colère, la classe dominante peut désormais s’appuyer, comme jadis, sur une idéologie s’affichant (pour s’installer dans les masses sans trop de difficultés) comme « anticapitaliste », tout en proclamant radicalement son « antiprogressisme » et son anticommunisme (puisque le « productivisme » serait le fait des deux systèmes et non d’un seul). Comme le fascisme un siècle auparavant, l’écologie politique se présente comme une « troisième voie » attractive, tentant de détourner la colère des couches sociales les plus exploitées ou précarisées, tout en répondant par d’autres voies aux exigences économiques et politiques du grand capital.

    Les courants, encore minoritaires certes, de l’extrême droite radicale actuelle sont en phase avec le survivalisme et le retour à la nature et à la tradition, que la « modernité » aurait profané. Ce n’est pas un hasard : Ils sont depuis fort longtemps les champions des « troisièmes voies » ni capitaliste ni communiste.

    Mais ce n’est qu’un aspect symptomatique. Le grand enjeu du moment pour l’écologie politique est sans doute de remplacer une autre « troisième voie » aujourd’hui en perte de vitesse (tant les défaites sociales se développent avec les reculs du mouvement ouvrier) : la sociale démocratie, par définition anticommuniste. C’est elle qui sous Weimar pava la voie au fascisme en Allemagne pour éviter à tout prix l’inexorable montée du « péril rouge », et que les communistes ont jadis qualifié sur la forme de « social-fascisme » (littéralement qui « pave la voie au fascisme » sans en être encore bien sûr). 

    Il faut donc une caution « morale » confusionniste au départ de toute dérive autoritaire (songeons à l’étymologie du NSDAP ou parti national-« socialiste » !), et nous ne serons pas étonnés de voir dans les injonctions d’un Aurélien Barrau (astrophysicien sans expertise sur le climat mais se parant pourtant de la légitimité du savant) les premiers signes d’une tentation autoritaire : Pour celui-ci, les intérêts supérieurs du « climat » justifieraient des décisions politiques drastiques malgré voire contre les intérêts immédiats de la population, quitte à devenir impopulaire. Le catastrophisme, le millénarisme, proclamés jusqu’au plus haut sommet de l’État, sont la meilleure formule d’une politique n’autorisant absolument aucun doute, aucune opposition (par définition irresponsable et criminelle). Quelle définition plus claire peut-on donner des tentations les plus anti-démocratiques et anti-populaires de nos gouvernements actuels ? Quel meilleur terreau aujourd’hui pour développer en face les pires populismes (et d’ailleurs, au fond, les attitudes les plus anti-écologistes) en réaction à ces passages en force politiques ?

    Cet autoritarisme écologiste est-il d’ailleurs si « anticapitaliste » ? Si l’industrialisation des pays du Sud, qui leur permet de sortir du sous-développement et de mieux satisfaire les besoins des peuples par une plus grande indépendance nationale vis-à-vis de l’impérialisme occidental, est perçu comme le nouveau danger majeur pour la planète, le capitalisme occidental en perte de vitesse n’a-t-il pas tout à y gagner ? La « lutte pour le climat » n’est-elle pas la justification globale la plus opérationnelle aujourd’hui pour assujettir, stigmatiser et finalement bombarder les pays du sud qui s’industrialisent et concurrencent progressivement les hégémonies vieillissantes, comme on soumettait jadis les « barbares » pour les « civiliser » (tout en stoppant leur développement économique) ?

    La « décroissance » (4), version revisitée de l’idéologie malthusienne des deux siècles précédents, ne verrait-elle pas d’un bon œil une réduction drastique (y compris pourquoi pas par la guerre) de la démographie humaine, puisque nous serions aujourd’hui trop nombreux sur Terre ?

    LE POST-MODERNISME, TERREAU PHILOSOPHIQUE DE L’

    Car en définitive, ce qui est en ligne de mire pour les acteurs de l’écologie politique, c’est bien « l’espèce humaine » : C’est elle qui potentiellement, par son développement historique, une fois les luttes de classe niées, reste responsable des dégâts causés à la « nature ». C’est une rupture concrète et maintenant bien enracinée avec la tradition humaniste et le mouvement « progressiste » en général. Nous pourrions même affirmer que cette rupture anti-humaniste atteint aujourd’hui un degré tel qu’il s’agirait plutôt désormais « d’humanophobie » (plus ou moins masquée par de « l’antispécisme » par exemple).

    Et cette rupture paradigmatique n’est pas la première dans l’histoire : en tant de crise c’est même un classique. La catégorie de l’humain est subordonnée à celle de « nature » idéalisée, comme elle était jadis subordonnée à celle de race supérieure (reléguant les autres comme des nuisibles à peine humains). L’opposition anti-dialectique entre « nature et culture », qui fait de l’homme une forme « à part », non naturelle, inopportune, nous enjoint à revenir aux sources des « lois naturelles » contre le « droit », comme on cherchait jadis à ressourcer la race aryenne, « naturellement » forte et féconde (la loi du plus fort) contre les assauts perpétuels des populations jalouses et « parasites » non aryennes : la préservation d’une « race » fantasmée contre le reste de l’humanité n’est-elle pas une forme d’humanophobie jumelle de celle que nous connaissons aujourd’hui, puisque reléguant la notion d’humain au second plan ? Il faut se méfier d’une idéalisation de la « nature pour la nature », d’une nature qui aurait des « droits » inspirés de ses « lois » (loi de la jungle !) : cette vision conduit en droite ligne aux pires barbaries, et nous en avons déjà fait plusieurs fois l’expérience historique.

    Cette vision « anti-progressiste », percevant dans toute aspiration au progrès un germe de totalitarisme, est la conséquence directe du développement (largement promu et financé) du post-modernisme et de la French Theory. La toute puissance de la catégorie d’individu, de surhumain (anti-humanisme, anti-égalitarisme), de la « morale des forts » contre le collectif, l’humain, la « morale des dominés », est le fondement du philosophe le plus à la mode aujourd’hui : Nietzsche. Et ce n’est sans doute pas un hasard si le « nietzschéisme de gauche » (sic) oublie si opportunément que l’auteur de « Par-delà le bien et le mal » et « La volonté de puissance » (5) fut l’icône du troisième Reich, la caution philosophique des antisémites de l’époque.

    A chaque période de crise dans l’histoire, des courants idéologiques traduisant la nostalgie du passé (et la peur sinon la haine de l’avenir) ont pris le dessus. L’écologie politique, comme le fascisme hier, ne déroge pas à cette règle… et le post-modernisme lui a bien préparé le terrain (comme le romantisme nietzschéo-wagnérien hier).

    Hostilité vis-à-vis de la science, non naturelle et profanatrice, de l’égalitarisme et de l’esprit collectif d’une espèce auto-couronnée et qui serait destinée à détruire la nature (« péché originel » qu’on peut dater globalement du néolithique !), de la « froideur » productiviste, retour aux « lois naturelles », à la toute puissance de la Nature, à sa beauté, sa résilience, sa bienveillance, sa « force » : L’écologie politique s’inscrit bien dans ce qu’on appelle la tradition « réactionnaire » au sens littéral du terme.

    En tête de gondole : le principe post-moderne d’individuation, né dans le sillage d’un Foucault ou d’un Derrida, bref de tous les philosophes (parmi lesquels on trouvera aussi BHL ne l’oublions pas !) qui se sont dressés contre la « domination marxiste » en philosophie et la toute-puissance du « progressisme » (totalitaire) à l’époque du grand reflux contre révolutionnaire anti-soviétique de la fin du vingtième siècle. Ce principe rejette catégoriquement l’idée qu’une minorité puisse dominer ou exploiter la majorité et pose au contraire que c’est toujours la « masse » qui domine et stigmatise (dans son identité) les minorités. Il ne s’agit plus de se libérer du joug d’une élite de nantis, mais d’imposer son identité, sa singularité (véganisme, secte paléo, etc.) à la majorité bornée comme une subversion salvatrice. Plus aucun frein à la haine contre les « masses » donc, potentiellement responsable de tous les « crimes contre la nature » par manque de cœur (et non de science), et que chaque individu survalorisé, intégralement narcissique, pourrait maudire en toute impunité.

    L’ÉCOLOGIE RÉELLE, SEULE RÉPONSE À L’ÉCOTOTALITARISME

    Le pouvoir a donc prétexté d’une conséquence majeure de son propre système, l’épuisement et la destruction de l’environnement, pour renouveler à la fois l’offensive (« capitalisme vert ») et sa pseudo-alternative anarcho-réformiste (« éco-socialisme », « extinction rébellion », « antispécisme », etc.) à tendance nettement anticommuniste. Se tenir dans la posture de l’ennemi commun aux deux pôles de cette savante contradiction serait sans doute la pire des erreurs politiques : La question écologique est bien un enjeu vital de subsistance dans le Sud, non pas au nom d’un « respect » romantique de la « nature telle qu’elle est » (puisqu’elle se transforme en permanence, y compris et peut être surtout sans l’homme), mais pour rendre « durable » les souverainetés nationales chèrement conquises et jamais garanties, voire comme à Cuba le système socialiste lui-même, ne serait-ce que par la préservation locale des ressources énergétiques et alimentaires contre les embargos impérialistes.

    Bien sur à Cuba ou encore en Chine, la protection des ressources naturelles, par une planification écologique sur le plan de l’énergie ou par le développement de l’agro-écologie, se bâtit pas à pas, peut être trop discrètement et humblement à nos yeux, pendant que les effets d’annonce au Nord ne se traduisent jamais dans le réel et précèdent en général des reculs inouïs sur les engagements hâtivement proclamés : Car « l’écologie réelle » n’est pas une idéologie, encore moins un paradigme, mais une science, une quête pour trouver un équilibre dynamique entre le développement humain et celui de la nature environnante, garantissant durablement la satisfaction des besoins fondamentaux de chaque humain à partir de ressources renouvelables et des infinies potentialités du vivant qui nous entoure, quand celles-ci ne sont pas épuisées ou détruites par le court-termisme et l’anarchie de la production capitaliste. Cette science nécessite un investissement colossal et de long terme : elle implique donc une planification sérieuse, à des années-lumière des symboliques et maigrelettes éoliennes financées par des miettes de capital dérisoires (et détruisant nos paysages). Seul un pouvoir populaire révolutionnaire peut mener à bien cette lutte pour l’harmonie entre l’homme et la nature que la lutte des classes entravera toujours, tant qu’elle existera. L’écologie ne se proclame pas comme un mantra ou une prière, un vague espoir facile à détourner ou contourner. Elle se construit collectivement et scientifiquement, par un progrès scientifique et technique démultiplié par le renversement des classes dominantes et de leurs intérêts particuliers. Et tant qu’il n’en sera pas ainsi, l’écologie politique ne pourra qu’accélérer et aggraver les catastrophes qu’elle prétend éviter !

    Guillaume SUING

     

    (1) Ice Watch, 2016. Oliafur Eliasson.

    (2) L’idéologie nazie se fondait sur la nécessité d’une « auto-défense » du peuple allemand persécuté par le capitalisme de la grande crise de 1929 et les conséquences sociales dramatiques de l’annexion des mines de la Ruhr par la France et de bien d’autres injustices liées au Traité de Versailles. Voir à ce sujet « La révolution culturelle nazie », Johann Chapouteau.

    (3) Ces catastrophes sont pourtant à mettre à l’actif d’un tournant post-khrouchtchévien lié à l’alignement assumé de l’industrie et de l’agriculture soviétiques sur le modèle américain, rompant notamment avec l’agrobiologie qui y avait cours jusque là (voir : L’écologie réelle, une histoire soviétique et cubaine, G. Suing, Delga, 2018).

     

    (4) Rappelons au passage que selon Jean Ziegler par exemple, aucune famine n’est jamais causée par une démographie excessive face à des ressources limitées, et qu’avec la production actuelle, nous pourrions potentiellement nourrir au moins 15 milliards d’humains. C’est bien la transition démographique liée à un mieux être matériel dans les pays du Sud (et non à une limitation artificielle et non consentie de leur développement économique) qui stabilisera l’humanité face aux ressources limitées de la planète.

    (5) Ce n’est pas non plus un hasard si on insiste à ce point sur le fait que La volonté de puissance serait un faux. Le « complotisme » n’est pas toujours honni : il est au contraire tout à fait opportun quand il s’agit de taire la véritable racine idéologique du paradigme ultra-individualiste actuel. Du reste, personne ne doute que cet ouvrage est une compilation quasi-posthume de notes véritables de Nietzsche (qu’on prétend surtout « hors contexte » plutôt que falsifiées). La petite sœur nazie du philosophe, incriminée pour ces trucages, serait d’ailleurs, d’après le philosophe spécialiste de Nietzsche Domenico Losurdo, moins antisémite que lui !

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Olivier Cuzon dénonce un recours aux services civiques au détriment des contrats de travail. Olivier Cuzon dénonce un recours aux services civiques au détriment des contrats de travail. 

    Olivier Cuzon, délégué syndical Sud/Solidaires, a réagi à notre article intitulé « À quoi sert le service civique à Brest ? », paru jeudi dans Le Télégramme. « Je me permets de vous envoyer un point de vue syndical de l’affaire. Sans que cela ne mette évidemment en cause l’intérêt de leurs missions (au contraire même), c’est un peu la face cachée des services civiques pourrait-on dire, leur statut », indique-t-il. « En effet, sous prétexte d’assurer certaines missions associatives ou de service public, mais aussi pour lutter contre la montée du chômage, les politiques de l’emploi ont contribué à multiplier les contrats "aidés". Encore aujourd’hui, face à la pénurie de personnel liée aux suppressions de postes, le gouvernement présente la possibilité d’employer des services civiques ».

    « Pas des contrats de travail »

    Le syndicaliste avance les manques de personnels indispensables à des missions de services publics dans de nombreux secteurs : « Assistants d’éducation ou accompagnants d’élèves en situation de handicap dans l’Éducation nationale, travail auprès des aînés, lutte contre les violences conjugales auprès de la gendarmerie, mais aussi dans le monde associatif, dans le domaine du sport, de l’écologie, de la culture ou du social ». Ce qui entraîne « la tentation forte de recourir » à ces services civiques. « Il semble important de préciser que ces contrats de services civiques ne sont pas des contrats de travail et ne sont donc pas régis par le Code du travail. Alors que de nombreux salariés en services civiques sont recrutés pour remplir des missions pérennes, ils suivent des règles dérogatoires en termes de droit du travail : aucun droit syndical, pas de salaire mais des indemnités (bien inférieures au Smic, de l’ordre de 600 €), jusqu’à 48 heures par semaine de temps de travail et journées de congés payés au-dessous de la norme. Enfin, ils ne bénéficient d’aucune formation d’adaptation à l’emploi n’est obligatoire ».

    La position de Solidaires sur ce point est sans ambages : « Nous pensons que les missions remplies par des services civiques sont essentielles, mais que les personnes doivent être couvertes par le Code du travail, bénéficier d’un salaire décent et être protégées par un statut : le salariat ».

     

    source: https://www.letelegramme.fr/

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  • Le site Hop ! de Morlaix Le site Hop ! de Morlaix 

    Un CSE extraordinaire de la compagnie aérienne Hop! a eu lieu, ce mercredi 17 février, à Nantes, après la non-homologation la veille du PDV-PSE. Les organisations syndicales ont « mis la direction face à ses responsabilités de ne pas les avoir écoutées sur cette problématique du reclassement » mais l’ambiance était « plutôt constructive, les deux parties souhaitant aboutir à un compromis pour le bien des salariés qui souffrent de l’incertitude concernant leur avenir ». Si aucune véritable annonce n’était attendue, on a appris dans la soirée de source syndicale que « toute la partie des orientations stratégiques, notamment la fermeture du site de Morlaix (29), n’est pas remise en cause. La direction souhaite solutionner les deux points bloquants concernant les personnels navigants mais des discussions devront avoir lieu avec Air France. L’objectif serait la mise en œuvre du projet modifié mi-avril ». 

    Pour rappel, la fermeture de Hop! interviendra à la fin 2022, entraînant la suppression de 276 emplois sur son site morlaisien.

     

    source: https://www.letelegramme.fr/

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  • L'UE appelle l'Ukraine à accélérer les privatisations des terres agricoles

    L'Union européenne a appelé l'Ukraine à accélérer les réformes économiques et judiciaires requises dans le cadre de l'accord d'association UE/Ukraine de 2014 lors d'une réunion jeudi.

    Le chef des affaires étrangères de l'UE, Josep Borrell, a déclaré que "l'intégration économique de l'Ukraine et le rapprochement réglementaire avec l'Union européenne" restaient une priorité pour Bruxelles.

    La crainte est que les autorités de Kiev reviennent sur les exigences de l'accord d'association, qui sont également les conditions des prêts accordés au pays par le Fonds monétaire international, pour la privatisation des terres et l'ouverture du secteur agricole du pays à l'agro-industrie européenne.

    Malgré l'opposition acharnée des trois quarts des Ukrainien.ne.s et des années de protestations, le parlement du pays a aboli un moratoire sur la vente privée de terres en mars dernier.

    Mais en novembre, le Premier ministre ukrainien Denys Shmyhal a déclaré que cinq millions d'hectares de terres publiques avaient été vendus «illégalement» et que l'État avait l'intention de les récupérer.

    M. Borrell a confirmé que l'UE ne voyait aucune raison de réexaminer l'accord d'association, que l'Ukraine a demandé de renégocier, mais a ajouté qu'elle écouterait toute préoccupation.

     

    source en anglais: https://morningstaronline.co.uk/

    source en français-traduction de Nico Maury: https://www.editoweb.eu/nicolas_maury/

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  • La guerre, c’est la paix. Dans un exercice renversant que n’aurait pas boudé George Orwell, l’Otan s’autocongratule d’être l’alliance du plus grand succès de l’Histoire, se félicite d’avoir mis fin à deux guerres (qu’elle avait lancées) et se demande, après avoir fait couler des litres de sang, quelles menaces elle va devoir affronter. Le tout en misant davantage sur les armes nucléaires. Heureusement que l’Otan est là pour nous protéger, on peut dormir tranquille… (IGA)


    L’OTAN regarde vers l’avenir. Pour cela le Secrétaire général Jens Stoltenberg a convoqué, le 4 février en vidéoconférence, étudiants et jeunes leaders des pays de l’Alliance pour qu’ils proposent “de nouvelles idées pour l’OTAN 2030”. L’initiative entre dans l’implication croissante d’universités et écoles, avec même un concours sur le thème : “Quelles seront les plus grandes menaces contre la paix et la sécurité en 2030 et comment l’OTAN devra-t-elle s’adapter pour les combattre ?”. 

    Pour traiter le sujet les jeunes ont déjà un livre de textes : “OTAN 2030 : United for a New Era”, le rapport présenté par le groupe de dix experts (Hubert Védrine pour la France, ndt) nommé par le Secrétaire général. Parmi ceux-ci Marta Dassù qui, après avoir été conseillère de politique étrangère du premier ministre Massimo D’Alema pendant la guerre OTAN contre la Yougoslavie, a assumé d’importantes charges dans les gouvernements suivants et a été nommée par le premier ministre Matteo Renzi dans le conseil d’administration de Finmeccanica (aujourd’hui Leonardo), la plus grande industrie de guerre italienne. 

    Quelle est la “nouvelle ère” envisagée par le groupe d’experts ? Après avoir défini l’Alliance comme “l’alliance du plus grand succès de l’histoire”, qui a “mis fin à deux guerres” (celles contre la Yougoslavie et la Libye que l’OTAN a au contraire déclenchées), le rapport trace le cadre d’un monde caractérisé par “des États autoritaires qui essaient d’étendre leur puissance et leur influence”, lançant aux Alliés OTAN « un défi systémique dans tous les domaines de la sécurité et de l’économie”. Renversant les faits, le rapport soutient que, tandis que l’OTAN a tendu amicalement la main à la Russie, celle-ci a répondu par “l’agression dans l’aire Euro-Atlantique” et, violant les accords, a “provoqué la fin du Traité sur les forces nucléaires intermédiaires”(FNI). La Russie, soulignent les dix experts, est “la principale menace que l’OTAN a devant elle dans cette décennie”. En même temps -soutiennent-ils- l’OTAN a face à elle de croissants “défis contre la sécurité posés par la Chine”, dont les activités économiques et les technologies peuvent avoir “un impact sur la défense collective et la préparation militaire dans l’aire de responsabilité du Comandant Suprême Allié en Europe” (qui est toujours un général étasunien nommé par le Président des États-Unis).

    Après avoir lancé l’alarme sur ces “menaces” et quelques autres, qui viendraient aussi du Sud du monde, le rapport des dix experts recommande de “cimenter la centralité du lien transatlantique”, c’est-à-dire le lien de l’Europe avec les États-Unis dans l’alliance sous commandement USA. Il recommande en même temps de “renforcer le rôle politique de l’OTAN”, en soulignant que “les Alliés doivent renforcer le Conseil Atlantique Nord”, le principal organe politique de l’Alliance qui se réunit au niveau des ministres de la Défense et des Affaires Étrangères et à celui des chefs d’état et de gouvernement. Comme selon les normes OTAN il ne prend ses décisions non pas à la majorité mais toujours “à l’unanimité et d’un commun accord”, c’est-à-dire fondamentalement d’accord avec ce qui est décidé à Washington, le renforcement ultérieur du Conseil Atlantique Nord signifie une affaiblissement ultérieur des parlements européens, notamment celui de l’Italie, déjà privé aujourd’hui de réels pouvoirs décisionnels en politique étrangère et militaire.

    Dans ce cadre, le rapport propose de potentialiser les forces OTAN en particulier sur le flanc oriental, en les dotant de “capacités militaires nucléaires adéquates”, adaptées à la situation créée par la fin du Traité sur les forces nucléaires intermédiaires (déchiré par les USA). Autrement dit, les dix experts demandent aux USA d’accélérer les délais pour déployer en Europe non seulement les nouvelles bombes nucléaires B61-12, mais aussi de nouveaux missiles nucléaires à moyenne portée analogues aux euromissiles des années Quatre-Vingt. Ils demandent en particulier de “poursuivre et revitaliser les accords de partage nucléaire”, qui permettent à des pays formellement non-nucléaires, comme l’Italie, de se préparer à l’utilisation d’armes nucléaires sous commandement USA. Les dix experts rappellent, enfin, qu’il est indispensable que tous les alliés tiennent l’engagement, pris en 2014, d’augmenter d’ici 2024 leur propre défense militaire au moins à 2% de leur PIB, ce qui signifie pour l’Italie de passer de 26 à 36 milliards d’euros annuels. 

     Voilà le prix à payer pour profiter de ceux que le rapport définit comme “les bénéfices dérivant d’être sous le parapluie OTAN”. 

    Manlio DINUCCI

    Source en italien : Il Manifesto

    Source en français traduit par Marie-Ange Patrizio: https://www.investigaction.net/fr/

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  • Mardi 16 février, le rappeur Pablo Hasél a été arrêté après s’être réfugié lundi à l’intérieur de l’université de Lérida. Le 28 janvier dernier le tribunal national en Espagne avait prononcé une condamnation à l’encontre du rappeur espagnol de 9 mois de prison ferme, lui laissant 10 jours pour se rendre volontairement dans un établissement pénitentiaire (1). Que lui reproche-t-on exactement ? Vol à main armé ? Recel d’arme ? Possession de drogue ? Traffic en tout genre ? Blanchiment d’argent ? Rien de tout ça.

    En réalité, Pablo Hasél est un rappeur d’inspiration communiste, engagé dans ses textes, qui n’a de cesse de dénoncer la corruption du pouvoir monarchique en Espagne. Les chefs d’accusation retenus contre lui sont « apologie du terrorisme » ainsi que « diffamation » et « insultes contre la couronne et les autorités de l’Etat ». En effet ses textes, comme ses prises de position sur les réseaux sociaux, font état d’un certain nombre de mention des mots « monarchie » « Bourbon », « ETA », « GRAPO ». Et alors ? n’est-il pas le propre d’une démocratie de garantir la liberté d’expression de ses citoyens ?  N’est-ce pas une condition requise pour appartenir à la grande démocratie libérale qu’est l’Union Européenne ? Tout à fait, comme le souligne lui-même le rappeur « Vous n’avez pas à être d’accord avec moi pour voir que c’est une atteinte à la liberté d’expression »

    Le deux poids, deux mesures

    Alors que la condamnation du rappeur n’avait quasiment pas été relayée par les journaux d’ordinaire si prompts à défendre la liberté d’expression au Venezuela, en Biélorussie, en Chine, ou à Cuba, cette fois-ci les progressistes du Monde et de l’Obs n’ont pu ignorer l’arrestation. Face aux photos du rappeur entouré de policiers lourdement armés il était difficile de continuer à faire l’autruche pour nos donneurs de leçons démocratiques nationaux. Cependant, si la polémique secoue nos voisins de l’autre côté des Pyrénées, soyons sûrs que cette affaire ne fera pas beaucoup plus de bruit dans nos JT.  Nous assistons bel et bien à un « deux poids, deux mesures ». C’est exactement de cela dont il est question, et particulièrement en Espagne. En effet, nous ne pouvons affirmer que la liberté d’expression n’existe pas chez nos voisins, en revanche nous pouvons affirmer que celle-ci est sélective. C’est bel et bien une justice de classe bourgeoise qui vient sanctionner un discours éminemment populaire, d’autant qu’il faut souligner que les peines encourues n’ont pas été réclamées par le parquet. Le silence assourdissant des démocraties voisines raisonne d’autant plus que l’Europe a déjà demandé à plusieurs reprises que les insultes à la couronne soient supprimées des crimes en Espagne. Que dire également du silence de la justice espagnole face aux propos ouvertement racistes du président de Vox, Santiago Abascal, ou des traitements de faveur accordés aux proches du Roi régulièrement accusés de fraudes et de scandales financiers ?

    Pablo Hasél, un cas isolé ?

    Malheureusement non. Tout d’abord la justice Bourbonne n’est pas à son coup d’essai avec le rappeur qui avait déjà été condamné à du sursis. Un autre rappeur, connu sous le pseudonyme de Valtonyc est depuis 2018 exilé en Belgique sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour apologie du terrorisme et « injures à la couronne ». La similitude avec Pablo Hasél ne s’arrête pas là puisque Valtonyc se définit lui-même comme « rappeur soviétique ». En revanche, Pablo a déclaré qu’il ne fuirait pas l’Espagne, ni qu’il se rendrait de lui-même à la justice. 13 autres rappeurs, appartenant au collectif « La Insurgencia », ont été condamnés en 2020 pour apologie du terrorisme. En effet, les artistes avaient rendu hommage en chanson à la résistance antifasciste armée de GRAPO face au régime fasciste. De là à dire que l’ombre de Franco flotte toujours au-dessus du pays de Cervantes, il n’y a qu’un pas. Souvenons-nous des mots de Gramsci alors enfermé dans les prisons fascistes mussoliniennes : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres ».

    Et en France, qu’en est-il ?

    Il faut, avant même de parler de la France, souligner que c’est une première en Europe qu’un rappeur se retrouve derrière les barreaux pour sa simple activité d’artiste.
    Après le bataclan on se souvient du tollé médiatique qu’avait provoqué le rappeur Médine avec son morceau « Don’t Laïk », mais qui n’avait donné lieu à aucune poursuite. Encore plus récemment c’est le rappeur Nick Conrad qui avait secoué l’opinion avec son morceau « pendez les blancs » qui avait à juste titre écopé de 5 000 euros d’amende. Enfin, il y a quelques mois c’est le provocateur Freeze Corleone qui avait suscité l’indignation de la LICRA et de Gérald Darmanin (accusé de viol) lors de la sortie le 11 septembre de son album La Menace Fantôme.  En l’occurrence, ce dernier s’était offert un bon coup de pub en étant gratifié par la LICRA de l’adjectif complotiste. Notons que l’association contre le racisme et l’antisémitisme avait volontiers relevé les phrases qui auraient fait état de son « obsession pour les juifs » tandis que ses phrases sur l’esclavage et les suprématistes blancs – qui permettent de comprendre son propos général sur le caractère politique de la sélectivité mémorielle - passaient étrangement entre les mailles du filet (2). Mais le deux poids, deux mesures de la LICRA, qui n’en est pas à son coup d’essai, n’est pas le propos.

    En somme les condamnations contre des rappeurs français n’ont jamais dépassé l’amende, Despo Rutti a payé 40 000 euros à 4 CRS pour sa pochette d’album en 2006, Le ministère AMER a payé 38 000 euros pour Sacrifice de poulets lors de la sortie de La Haine, en 1993 NTM écopait de 7 600 euros pour son titre Police, et les autres plaintes sont restées sans effet (3). A noter qu’un acharnement particulier a eu lieu en 2005 durant les « émeutes de banlieue » (4). Bien souvent ces plaintes résultent d’une volonté de faire taire une parole qui dissone du discours des dominants.

    Malheureusement, il est peu probable en l’état qu’un mouvement de solidarité entre rappeurs naisse en France pour Pablo Hasél trop peu médiatisé, bien qu’en Espagne de nombreux rassemblements et manifestations aient lieu et qu’une tribune a été signée par plus de 200 artistes, notamment par le réalisateur Pedro Almodovar et l’acteur Javier Bardem. Pourtant, nous devons nous alarmer de cette incarcération car elle atteste de la fascisation accélérée qui a lieu partout où l’Union Européenne protège les intérêts bourgeois, et de la répression qui a lieu contre la classe prolétaire, qu’elle porte un gilet jaune ou celui d’un syndicaliste de classe, qu’elle vive en banlieue ou en campagne, qu’elle lutte pour ses droits avec un micro ou un mégaphone. Que l’on soit bien clair, ce que fait la vieille noblesse embourgeoisée et couronnée là-bas, la bourgeoisie élue ici le voudra. Rappelons également que c’est un gouvernement de « gauche » au pouvoir en Espagne, quelle chance ! Ici comme là-bas, n’oublions pas qu’il y a, entre gauche du capital et droite du capital, un dénominateur commun incarné par l’Union Européenne qui fait fi du vieux clivage politique.

    Pour l’heure, nous ne pouvons qu’affirmer en signe de solidarité internationale, aux côtés du rappeur, comme de nos camarades du PCPE (5) : Les bourbons sont des voleurs, à bas les rois, à bas la bourgeoisie et liberté pour tous les prisonniers politiques. Fuerza Hasél!

    Baba- JRCF

     

    (1) https://www.eldiario.es/catalunya/pablo-hasel-orden-prision-no-falta-acuerdo-digo-ver-ataque-libertad-expresion_1_7183337.html

    (2) https://yard.media/story/freeze-corleone-667-polemique-lmf-antisemitisme/

    (3) https://www.franceinter.fr/musique/de-brigitte-femme-de-flic-a-fuck-le-17-toutes-ces-fois-ou-le-rap-a-fait-enrager-la-police-et-l-etat

    (4) https://www.humanite.fr/node/3339594

    (5) https://www.pcpe.es/index.php/comite-central/actualidad/item/2147486279-ante-la-peticion-de-ingreso-en-prision-del-rapero-pablo-hasel

     

     

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    Le 15 février 2011, Hillary Clinton, alors secrétaire d’Etat, déclara « quInternet est devenu lespace public du XXIe siècle » et que « les manifestations en Égypte et en Iran, alimentées par Facebook, Twitter et YouTube, reflétaient la puissance des technologies de connexion en tant qu’accélérateurs du changement politique, social et économique » [1]. Elle annonça également le déblocage de 25 millions de dollars « pour soutenir des projets ou la création d’outils qui agissent en faveur de la liberté d’expression en ligne », et l’ouverture de comptes Twitter en chinois, russe et hindi, après ceux en persan et en arabe.

    Ces déclarations tonitruantes représentaient l’apogée d’une politique menée tambour battant mêlant les médias sociaux avec l’exportation de la démocratie « made in USA ».  Les relations entre le département d’État américain et Google ont été tellement bien tressées que le fameux moteur de recherche a été qualifié d’« arme de la diplomatie américaine » [2].

    Selon une étude détaillée menée par le « Google Transparency Project », les employés de Google ont été reçus 421 fois à la Maison Blanche pendant la période qui s’étale entre la prise de fonction de Barack Obama et le 31 octobre 2015, soit plus d’une fois par semaine pendant les deux mandats du 44e président des États-Unis [3]. De son côté, le président Obama a reçu les hauts responsables de la firme de Mountain View pas moins de 21 fois [4].

    Ces interactions étaient tellement fortes que le rapport mentionna : « Une étude détaillée de ces registres démontre à quel point Google a entremêlé ses intérêts d’industriel avec ceux du gouvernement américain. Sur beaucoup de questions, cette relation est si intime qu’il est souvent difficile de déterminer exactement où s’arrête le gouvernement fédéral et quand Google prend l’initiative » [5].

    Mais cette connivence entre le Gouvernement américain (principalement le département d’État) et les géants du Web n’est pas l’apanage de Google.

    Ainsi, durant l’été 2009, cette « collaboration » a été mise en évidence lors de ce qui fut nommé la « Révolution verte », c’est-à-dire les manifestations dont les rues de Téhéran ont été le théâtre [6] . Hillary Clinton, la secrétaire d’État américaine, avait affirmé que « Twitter était important pour la liberté d’expression iranienne » [7] . Afin de passer de la théorie à la pratique, son département intervint directement auprès de la direction de Twitter pour reporter des travaux de maintenance de leur plateforme de microblogging afin de ne pas gêner les activités des cyberactivistes iraniens lors de leurs manifestations antigouvernementales.

    D’après le New York Times [8], c’est Jared Cohen qui avait personnellement contacté le cofondateur et président de Twitter, Jack Dorsey, pour lui demander de reporter les travaux. Jared Cohen n’est pas un inconnu :  ancien conseiller des secrétaires d’État Condoleezza Rice et Hillary Clinton, directeur de Google Ideas, il était, en ce temps-là, employé du département d’État. Même si l’administration américaine avait initialement nié son évidente implication en faveur des cyberdissidents iraniens, elle a fini par l’admettre [9].

     

    Jared Cohen et Condoleezza Rice

     

    Afin d’essayer d’éteindre la polémique et de justifier ce comportement inusité d’une entreprise supposée être privée et indépendante de la politique étatique, Biz Stone, un des cofondateurs de Twitter, a commenté l’évènement ainsi :

    « Concernant l’opération de maintenance, nous l’avions décalée plusieurs fois. Nous avions convenu avec notre partenaire NTT America, que ce serait le 19 juin. Nous avons immédiatement eu des réactions des membres de Twitter nous disant que nous ne pouvions pas faire cela à cause des événements en Iran. Nous avons reçu une demande du gouvernement américain, mais en aucun cas un ordre ou une injonction. Cela prouve que le gouvernement reconnaît la valeur de l’outil. Mais c’est nous qui avons pris la décision de retarder de quelques heures l’opération de maintenance et d’en réduire la durée » [10] .

    Pas très convaincant, M. Stone!

     

    Barack Obama et Jack Dorsey

     

    En pleine « révolution du lotus », entre le 27 janvier et le 2 février 2011, le gouvernement égyptien coupa l’internet. Une première mondiale censée freiner les gigantesques manifestations de la place Tahrir. La réaction du gouvernement américain ne se fit pas attendre. Par l’intermédiaire de son porte-parole, le président Obama déclara que « le gouvernement doit respecter les droits des Égyptiens et remettre en route les réseaux sociaux et Internet ». Hillary Clinton a, quant à elle, demandé aux autorités de « mettre fin aux mesures sans précédent prises pour bloquer les communications » [11].

    Mais cela ne s’est pas arrêté aux vœux pieux. Google et Twitter travaillèrent de concert afin de trouver une solution permettant aux cyberactivistes égyptiens de communiquer. La solution a été trouvée en un temps record et se nomme Speak2Tweet, un service qui permettait à toute personne de composer gratuitement un des trois numéros de téléphone disponibles et de laisser des messages. Ces messages vocaux sont ensuite transformés et enregistrés en messages Twitter. Ils pouvaient alors être consultés par téléphone à partir de l’Égypte et sur Internet dans les autres pays du monde [12] .

    Google et Twitter venant au secours des cyberactivistes sur les rives du Nil. Tiens donc! Seraient-ils devenus le fer de lance de la démocratisation dans les pays ciblés par la politique étasuniennes?

    Une question se pose alors : comment deux entreprises privées américaines ont pu, en si peu de temps, identifier le problème, réunir des équipes de chercheurs, trouver une solution, mettre en service des numéros de téléphone, les diffuser en Égypte et faire les essais nécessaires (sans l’aide d’Internet ni des SMS) ? Il est évident que les développeurs de Google et de Twitter ont dû travailler en étroite collaboration avec de solides relais et collaborateurs en Égypte, qui ne sont autres que les jeunes cyberdissidents égyptiens.

    Mais comment était-ce possible?

    Il faut savoir que l’exportation de la démocratie « made in USA » vers les pays de la région MENA (Middle East and North Africa) a été échafaudée sur un investissement dans l’activisme de jeunes dissidents originaires des pays visés. Cet activisme a pour terrain deux espaces distincts : l’espace réel et l’espace virtuel.

    Le premier a été pris en charge par d’illustres organismes comme la National Endowment for Democracy (NED), la United States Agency for International Development (USAID), Freedom House ou l’Open Society Foundations (OSF).

    Le second espace est évidemment la chasse gardée des géants du Web américains. En 2008, ils ont presque tous été impliqués dans la création d’une structure nommée « Alliance of Youth Movements » (Alliance de Mouvements de Jeunesse — AYM) dans le but d’aider les cyberdissidents à travers le monde à maîtriser le cyberespace.

    En décembre 2008, à New York, l’AYM a organisé un événement qui a donné naissance à Movements.org, une organisation américaine à but non lucratif (d’après son site) qui affiche clairement sa mission : i) identifier des cyberactivistes dans des régions d’intérêt ; ii) les mettre en contact entre eux, avec des experts et des membres de la société civile ; et iii) les soutenir en les formant, en les conseillant et en leur procurant une plateforme pour initier les contacts et les développer dans le temps [13] .

    À ce jour, trois sommets ont été organisés : à New York en 2008, à México en 2009 et à Londres en 2010 et un des fondateurs de Movements.org n’est autre que Jared Cohen, celui-là même qui avait contacté Jack Dorsey pour reporter les travaux de maintenance.

     

    Jared Cohen en compagnie de cyberactivistes étrangers lors du sommet inaugural de l’AYM (New York, 2008)

     

    La liste des participants du Sommet 2008 était impressionnante : Dustin Moskovitz, cofondateur de Facebook, Sherif Mansour, responsable des programmes de Freedom House de la région MENA (Middle East and North Africa), Megan Smith de Google (ainsi que deux autres cadres de la compagnie), James Glassman, sous-secrétaire d’État pour les affaires publiques (ainsi que huit autres cadres du département d’État), Larry Diamond, codirecteur du International Forum for Democratic Studies au NED, et Shaarik Zafar, conseiller au département de la Sécurité intérieure. Autre information intéressante : les membres de la campagne présidentielle 2008 sur Internet du président Obama, Scott Goodstein, Sam Graham-Felsen et Joe Rospars y étaient présents et ont partagé leur expérience avec de jeunes cyberactivistes représentant 15 pays et provenant des 5 continents [14]. La liste des commanditaires de cet événement s’avère tout aussi intéressante : Google, YouTube, Facebook et le département d’État en font partie [15].

    En plus de réunir de nombreux représentants de Google, de YouTube, du département d’État, de Freedom House, de l’IRI (un des quatre satellites de la NED) et de la Banque mondiale, le Sommet 2009 a été marqué par la présence de Jack Dorsey [16] et une intervention remarquée de Hillary Clinton en personne.

     

    Hillary Clinton s’adressant aux cyberactivistes au Sommet annuel de l’AYM (Mexico, le 16 octobre 2009)

    Cliquez ici pour visionner la vidéo

    Voici ce que Eva Golinger, la spécialiste des relations entre les États-Unis et le Venezuela, a écrit au sujet de cet évènement:

    « Ce sommet a […] rassemblé des experts en nouvelles technologies et réseaux sociaux, comme Facebook, Twitter et YouTube, ainsi que des fonctionnaires des agences de Washington, spécialistes dans la subversion et la déstabilisation de gouvernements non inféodés à l’agenda de Washington. Le but était de former ces jeunes à l’usage des réseaux sociaux pour promouvoir des actions politiques contre leur gouvernement. » [17]

    Jack Dorsey a aussi participé comme conférencier au sommet 2010, soit pour une deuxième année consécutive [18]. En plus de toutes les organisations nommées dans les précédents sommets, cette rencontre a réussi à intéresser d’autres organismes comme le National Democratic Institute (NDI, un autre satellite de la NED).

    On constate donc que Twitter et son cofondateur, Jack Dorsey, font partie intégrante du dispositif américain d’« exportation » de la démocratie vers les pays ciblés par la politique extérieure étasunienne.

    Mais qu’en est-il de la démocratie américaine intra-muros? Quel rôle s’y est attribué Twitter?

    Le 6 janvier 2021, le Capitole a été envahi et saccagé par des partisans du président Trump. Ils manifestaient contre le résultat des élections qu’ils jugeaient frauduleuse, lors d’un scrutin rocambolesque.

    Et qu’allait faire le petit oiseau bleu? Allait-il se ranger du côté des manifestants comme c’est le cas dans les pays étrangers visés par l’Oncle Sam? Allait-il avoir un rôle similaire à celui qu’il a eu en Iran, dans les pays arabes [19] ou en Ukraine [20]?

    C’est ne pas connaître Twitter. Deux jours plus tard, c’est le président Trump qui a été banni de son réseau social favori. Il faut savoir que Donald Trump possédait, à ce moment, 90 millions de followers sur Twitter et qu’il lui est déjà arrivé de publier jusqu’à 200 tweets par jours [21]!

    Le président des États-Unis en personne, le POTUS lui-même a été réduit au silence par un petit oiseau bleu! Lui et ses 75 millions de votes.

    Ainsi, cette fois-ci, Twitter n’a non seulement pas soutenu les révoltés mais a puni celui qu’il a accusé d’être leur meneur. La « révolution du Capitole » n’aura pas lieu car ce qui est encouragé à l’étranger est inacceptable à Washington.

    En fait, nous n’avons pas vu les comptes Twitter de Hillary Clinton, Barack Obama ou John Mc Cain suspendus même s’ils avaient, avec frénésie, encouragé les émeutes dans de nombreux pays, en particulier ceux de la région MENA.

    Une autre question se pose : en termes de politique intérieure, Twitter serait-il plus proche des démocrates?

    C’est l’accusation qui a été formulée par le sénateur Ted Cruz lorsque la plateforme de microblogging a bloqué les tweets qui partageaient un rapport du New York Post incriminant Hunter Biden, le fils du candidat démocrate, Joe Biden [22].

    Et le sénateur républicain n’a pas mâché ses mots :

    « M. Dorsey, qui diable vous a élu et vous a confié ce que les médias sont autorisés à rapporter et ce que le peuple américain est autorisé à entendre? Et pourquoi persistez-vous à vous comporter en super PAC [23] démocrate, faisant taire les opinions contraires à vos convictions politiques? » 

    Cliquez ici pour visionner la vidéo complète

    Il n’est pas question ici de défendre les autocrates qui ont si longtemps usurpé le pouvoir ou de nier les problèmes de corruption, d’absence de démocratie ou un manque flagrant de liberté d’expression dans les pays de la région MENA. Mais la promotion de la démocratie dans cette partie du monde (et ailleurs) par l’administration américaine n’a rien à voir avec tout cela. La situation désastreuse des pays « printanisés » en est une éloquente démonstration.

    Il n’est aussi pas question de défendre un quelconque président des États-Unis car, d’une manière ou d’une autre, ils sont tous un danger pour la paix dans le monde.

    On voit donc bien qu’à l’étranger, Twitter se range du côté des manifestants alors qu’aux États-Unis, il s’y oppose frontalement.

    Ainsi, créer le chaos à l’étranger, y provoquer de gigantesques exodes humains et causer la mort de centaines de milliers de personnes sous l’étendard de la « démocratie » ne semble pas déranger outre mesure ce cher M. Dorsey. C’est le prix de la démocratie « made in USA » et de la liberté d’expression, même si le résultat est plus catastrophique qu’auparavant. Il faut juste que cela n’ait pas lieu aux États-Unis. Car, bâillonner le président des États-Unis n’est nullement une atteinte à la liberté d’expression, foi d’oiseau bleu!

    Et dire que Twitter prend un malin plaisir à coller au média Russia Today (RT) le label « Média affilié à un État, Russie ».

     

    Dorénavant, Jack Dorsey devrait accoler une petite précision sous le portrait de Larry [24] : « Média affilié à un État, USA ».

     

    Et, en attendant la confirmation de son affiliation partisane, il serait intéressant de savoir sur quel dos le petit oiseau bleu préfère se poser : sur celui d’un âne ou celui d’un éléphant?

    Amhed BENSAADA 

     


     Références et notes

    [1] Le Monde, « Hillary Clinton milite pour la liberté sur Internet », 16 février 2011, http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/02/16/hillary-clinton-militepour-la-liberte-sur-internet_1480855_651865.html

    [2] Le Monde, « Google, les États-Unis et l’Égypte », 3 février 2011, https://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/02/03/google-les-etats-unis-et-l-egypte_1474508_651865.html

    [3] Campaign for Accountability, « Campaign for Accountability Launches Google Transparency Project», 26 avril 2016, https://campaignforaccountability.org/campaign-for-accountability-launches-google-transparency-project/

    [4] The Tech Transparency Project, « Google’s White House Meetings », 26 avril 2016, https://www.techtransparencyproject.org/articles/googles-white-house-meetings

    [5] Alexis Orsini, « Google a visité la Maison Blanche 71 fois par an pendant la présidence Obama », Numerama, 04 novembre 2016, https://www.numerama.com/tech/206436-google-roi-du-lobbying-sous-la-presidence-obama-avec-71-visites-par-an-a-la-maison-blanche.html

    [6] A. Bensaada, « Téhéran-Gaza : la différence médiatique, Le Quotidien d’Oran, 25 juin 2009, http://www.lequotidien-oran.com/?archive_date=2009-07-01&news=5123035

    [7] AFP, « Clinton says Twitter is important for Iranian free speech », 17 juin 2009, http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5h6i CR8fA4XQ4OHnzc0sxe3aadMxg

    [8] Mark Landler et Brian Stelter, « Washington Taps Into a Potent New Force in Diplomacy», New York Times, 16 juin 2009, http://www.nytimes.com/2009/06/17/world/middleeast/17media.html?_r=0

    [9] Kristina Wong, « Clinton: “I wouldn’t know a Twitter from a tweeter” & Iran Protests US Meddling », ABC News, 17 juin 2009, http://abcnews.go. com/blogs/politics/2009/06/clinton-i-wouldnt-know-a-twitter-from-a-tweeter-iran-protests-us-meddling/

    [10] Laurence Girard, « Testons les usages commerciaux de Twitter », Le Monde, 24 juin 2009, https://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/06/24/biz-stone-testons-les-usages-commerciaux-de-twitter_1210767_651865.html

    [11] AFP, « Mme Clinton appelle l’Égypte à réfréner les forces de l’ordre », 28 janvier 2011, http://www.ladepeche.fr/article/2011/01/28/1000825-Mme-Clintonappelle-l-Egypte-a-refrener-les-forces-de-l-ordre.html

    [12] The Official Google Blog, « Some weekend work that will (hopefully) enable more Egyptians to be heard », 31 janvier 2011, https://googleblog.blogspot.com/2011/01/some-weekend-work-that-will-hopefully.html

    [13] Ahmed Bensaada, « Arabesque$ – Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique), 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie), 2016

    [14] Ibid.

    [15] Ibid.

    [16] Ibid.

    [17] Eva Golinger, « La grève de la faim à la mode de Washington », Mondialisation.ca, 2 mars 2011,  https://www.mondialisation.ca/venezuela-la-gr-ve-de-la-faim-la-mode-de-washington/23482

    [18] Voir réf. 13

    [19] Alexandre Roberge, « Twitter et les révolutions arabes », Thot Cursus, 15 janvier 2012, https://cursus.edu/articles/20967/twitter-et-les-revolutions-arabes

    [20] Pablo Barbera et Megan Metzger, « How Ukrainian protestors are using Twitter and Facebook », The Washington Post, 4 décembre 2013, https://www.washingtonpost.com/news/monkey-cage/wp/2013/12/04/strategic-use-of-facebook-and-twitter-in-ukrainian-protests/

    [21] Marion Mercier, « États-Unis : Donald Trump privé de son compte Twitter », France Info, 10 janvier 2021, https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/presidentielle/donald-trump/etats-unis-donald-trump-prive-de-son-compte-twitter_4251981.html

    [22] Griffin Connolly, « Democrat brands Ted Cruz a ‘bully’ after he slammed Twitter CEO Jack Dorsey for censoring NY Post report on Hunter Biden », The Independant, 28 octobre 2020, https://www.independent.co.uk/news/world/americas/us-election-2020/ted-cruz-jack-dorsey-twitter-ny-post-brian-schatz-b1401715.html

    [23] PAC : Political Action Committee (comité d’action politique)

    [24] Prénom du petit oiseau bleu, logo de Twitter

    Blog de l’auteur : http://www.ahmedbensaada.com


     

    source: https://www.investigaction.net/fr/

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