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  • Claude Chabrol aimait l’Ouest, le granit et l’océan. Ici, en 1980, dans le Pays bigouden, sur le tournage du « Cheval d’orgueil », adapté de Pierre Jakez Hélias.Claude Chabrol aimait l’Ouest, le granit et l’océan. Ici, en 1980, dans le Pays bigouden, sur le tournage du « Cheval d’orgueil », adapté de Pierre Jakez Hélias. 

    Profitez du confinement pour voir ou revoir des films tournés dans le Finistère. Voici une sélection de titres qui vous permettront d’apprécier la mise en image du département.

    Quelques idées de films à voir ou à revoir, en picorant des images du département…

     

    C’est le moment de se faire une séance avec Jean Gabin et Michèle Morgan. En 1939, ils tournaient Remorques, de Jean Grémillon, dans le Brest d’avant-guerre. Et notamment une fameuse scène de baiser sur les escaliers du cours Dajot. Ce jour-là, la production a dû simuler la pluie sur Brest.

    Pendant le tournage du film « Remorques », de Jean Grémillon, à Brest, en 1939. 

    Claude Chabrol a tourné plusieurs films dans le Finistère, comme Que la bête meure, tourné en partie à Quimper, ou, bien sûr, Le cheval d’orgueil, adaptation du roman de Pierre-Jakez Helias, filmé comme il se doit dans le Pays bigouden.

     

    Plus légers, Les galettes de Pont-Aven, de Joël Seria, ou Vos gueules les mouettes, de Robert Dhéry, montent et démontent les clichés bretons.

    « Les galettes de Pont-Aven », film de Joël Seria (1975), avec Jeanne Goupil et Jean Pierre Marielle. 

    En 2012, sort Bowling, réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar, avec, entre autres, Catherine Frot et Mathilde Seigner. Le film est basé sur l’histoire de la lutte contre la fermeture de la maternité de Carhaix.

    Plus récemment encore, Le mystère Henri Pick (2019), de Rémi Bezançon, emmène Fabrice Luccini et Camille Cotin dans la presqu’île de Crozon, à la recherche du véritable auteur du nouveau livre à la mode. Est-ce vraiment ce pizzaïolo du bout du monde ?

    « Le mystère Henri Pick », de Rémi Bezançon, avec Fabrice Luchini.

    Certains de ces films sont disponibles en vidéo à la demande sur la toile, ou sortis en DVD. Pendant ce confinement, profitez des services de « click and collect » proposés par vos bibliothèques pour emprunter des DVD ou feuilleter des livres sur le cinéma autour de chez vous. 

    Des livres aussi

    À lire, Le cinéma en Bretagne de Tangui Perron (Éditions Palantines) : une analyse chronologique et historique des différents types de films tournés dans la région, évoquant à la fois l’histoire des projections et des tournages.

    Feuilletez aussi La Bretagne au cinéma de Nolwenn et Maria Blanchard (Editions Riveneuve), un inventaire subjectif de films qui se déroulent dans la région, avec les lieux de tournage dans chaque fiche, pour trouver des idées de soirées ciné à la maison.

     

    source: https://www.ouest-france.fr/

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  • Environnement, patrimoine, nature, témoignages… De nombreux sites internet mettent en images ou en vidéo le Morbihan. Petit tour d’horizon d’explorations possibles à partir de chez soi, pendant le confinement.Environnement, patrimoine, nature, témoignages… De nombreux sites internet mettent en images ou en vidéo le Morbihan. Petit tour d’horizon d’explorations possibles à partir de chez soi, pendant le confinement.

    Environnement, patrimoine, nature, témoignages… De nombreux sites internet mettent en images ou en vidéo le Morbihan. Petit tour d’horizon d’explorations possibles à partir de chez soi, pendant le confinement.

    Nous voici reconfinés pour quelques semaines ou plus… Interdites les sorties à plus d’un kilomètre de notre domicile, sauf dérogation. Pour s’occuper, voici quelques idées pour découvrir autrement le Morbihan via des sites internet, des blogs, des podcasts. Rien d’exhaustif. Ils mettent en avant le patrimoine, la nature ou des rencontres…

    Observer la nature

    Sur la page Facebook de la LPO du Morbihan, une invitation à partager ses observations de la nature. « Et vous, qu’avez-vous vu ? Partagez vos observations de la faune en #Bretagne et participez à la connaissance de la nature ! » Même à moins d’un kilomètre de chez soi ».

    Envie de large et d’embruns, le site de Bretagne tourisme regorge de courtes vidéos de la baie de Quiberon, des îles…, tout comme celui du golfe du Morbihan… De quoi s’échapper quelques instants, d’en prendre plein les yeux, et de préparer de futures balades.

    Découvrir le patrimoine

    Une chronologie historique des événements marquants du département, des photos anciennes, ou des recherches sur un nom de famille… Les archives départementales du Morbihan sont consultables à distance. Elles mettent à disposition un ensemble de ressources d’archives ou d’histoire. Le 30 octobre 2020, la page Facebook du Morbihan publiait la photo d’une statue de l’Ankou, issue de leur fonds iconographique…

    Le domaine de Kerguéhennec dispose d’un catalogue riche de plus de 1 200 œuvres du peintre Pierre Tal Coat, dont plus de 400 gravures et 500 dessins. Un catalogue raisonné d’une partie de ses estampes et livres est accessible en ligne sur le site du domaine. Une visite virtuelle en attendant la réouverture du site.

    Le musée de la Marine à Port-Louis, en lien avec le musée national de la Marine à Paris, offre un panel de vidéos sur la découverte du monde maritime, comme ce dessin animé sur la compagnie des Indes.

    Des histoires de femmes et d’hommes

    À écouter, le mur de podcast d’Ouest-France témoigne de la vie de femmes et d’hommes. Avant de courir le Vendée Globe, les navigateurs se sont confiés. On embarque avec Isabelle Joschke, installée à Lorient, ou revivez les histoires extraordinaires du Vendée Globe en récits audio.

     

    source: https://www.ouest-france.fr/

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  • Alors qu’il travaillait en intérim pour une entreprise de Caudan, un ouvrier avait chuté de six mètres de haut. La société et son dirigeant sont poursuivis.Alors qu’il travaillait en intérim pour une entreprise de Caudan, un ouvrier avait chuté de six mètres de haut. La société et son dirigeant sont poursuivis. 

    Alors qu’il travaillait en intérim pour une entreprise bretonne, un ouvrier avait chuté de cinq à six mètres de haut. La société et son dirigeant sont poursuivis.

    Le 20 novembre 2017, les gendarmes de Pont-l’Abbé (Finistère) interviennent sur un chantier de Penmarc’h : un couvreur intérimaire vient de chuter de cinq à six mètres de haut, en faisant passer une tôle de bac acier à un collègue. Employés par une société d’étanchéité, ils refont la couverture d’un bâtiment pour Carrefour. 

    Aucune protection n’est installée sous les ouvriers. Le chef de chantier, qui travaillait dans la société depuis un mois et demi et dont la période d’essai n’a pas été prolongée, a reconnu une erreur d’appréciation, due à son manque d’expérience.

    « Il y avait 1 300 m2 de toiture à poser en six jours et demi, les délais étaient contraints », souligne la présidente du tribunal de Quimper, Amélie Kamenoff.

    Lourdes séquelles

    Pour gagner du temps, le chef de chantier demande aux ouvriers de commencer à travailler avant l’installation de la protection, pourtant présente sur place. L’intérimaire travaillait sans casque ni harnais, « et ce n’était pas la première fois avec cette société », assure-t-il à la barre.

    Grièvement blessé, il a fait l’objet d’une incapacité totale de travail (ITT) de huit semaines et de seize mois d’arrêt de travail. Il a, depuis, une prothèse au bras gauche et a été reconnu travailleur handicapé (à 20 %). « J’ai failli perdre la vie », lâche celui qui est désormais « inapte au métier d’étancheur » et a dû se reconvertir.

    Jugement en délibéréPierre FONTANIER.

    Le chef d’agence a été licencié pour faute grave et poursuivi, mais il est absent à son procès. Le procureur, Dominique Tailhardat, requiert une peine d’amende de 5 000 euros contre lui, et la même peine contre la société. Me Christophe Pech de Lacause, l’avocat de cette dernière, considère que « le défaut d’encadrement et de surveillance ne constitue pas une faute délibérée ». Pour lui, c’est une contravention, pas un délit. 

    Me Iannis Alvarez, l’avocat du chef d’agence, plaide la relaxe car il estime que son client n’a pas été poursuivi en qualité de délégataire.

    Le tribunal met son jugement en délibéré au 8 décembre 2020.

    Pierre FONTANIER.

    source: https://www.ouest-france.fr/

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  • Le collectif Stop Amazon Briec appelle la présidente de la communauté d’agglomération à dire « non » à la vente d’un terrain au géant de l’e-commerce.Le collectif Stop Amazon Briec appelle la présidente de la communauté d’agglomération à dire « non » à la vente d’un terrain au géant de l’e-commerce. 

    Dans un courrier envoyé aux quatorze maires de l’agglomération de Quimper (Finistère), le collectif Stop Amazon Briec appelle la présidente de la communauté d’agglomération à dire « non » à la vente d’un terrain au géant de l’e-commerce.

    Le courrier a été rédigé le vendredi 13 novembre et est destiné à Isabelle Assih, maire de Quimper et présidente de Quimper Bretagne Occidentale, ainsi qu’aux 13 maires des communes de la communauté d’agglomération. Il est signé du collectif Stop Amazon Briec, rejoint par les associations ACTES en Cornouaille (Alliance Citoyenne pour la transition écologique et Sociale), Attac Finistère, Les Amis de la Terre et le Collectif Sauvons nos petits commerces.

    « Coup de grâce »

    Dans cette lettre, il est fait état de la situation grave du commerce de proximité. Selon l’ensemble des associations signataires, l’arrivée d’Amazon à Briec, prévue pour fin 2021va mettre le coup de grâce aux petits commerces au bord de la faillite sur toute la Cornouaille et au-delà.

    Votre première action en soutien au commerce local doit être la rupture de vente du terrain de Briec : il est encore temps, conclut le collectif. Il ne vous reste que quelques jours pour dire non à la vente du terrain. C’est ce mandat du courage et de la responsabilité qui vous a été confié. » 

     

     

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  • une jeune fille lisant au bord de la Neva à Leningrad, 1960s

    Oui c’est vrai j’ai connu ce temps des merveilles, celui où les poètes remplissaient des stades, où le niveau intellectuels de ces enfants de moujiks était parmi le plus élevé du monde, j’ai connu après Cuba et le même miracle, celui où un peuple s’approprie toute son histoire, tous ses écrivains, musiciens, poètes pour mieux s’ouvrir sur la culture universelle, même en France, j’ai vu à Marseille les dockers faire la queue pour une exposition de Picasso, parce que c’était leur peintre, lire Aragon… Et ceux qui pensent que l’URSS était une faillite parce que la consommation était insuffisante, devraient entendre les Russes d’aujourd’hui parler de ce à quoi ils avaient accès non seulement, un logement, un travail, la santé, mais aussi cette culture, ce savoir. L’homme soviétique était cette jeune fille lisant sur les bords de la Néva. (note de danielle Bleitrach)

    Cela va faire trente ans que l’Homme Rouge, né le 7 novembre 1917, a été envoyé dans les poubelles de l’histoire. Le contexte socio-culturel qui a rendu son existence possible a été complétement dévasté par le rouleau-compresseur de la société de consommation.

    Pourtant, ceux qui le traquent, eux, n’ont pas disparu; bien au contraire, ils sont toujours aussi nombreux à pourfendre la “mentalité d’esclave” de cette “créature soumise et formatée” qui “survivrait encore dans l’ex-URSS”, encouragée par une “politique néo-soviétique de certains dirigeants”.

    Encore plus qu’à lutter contre les dernières survivances du monde qui a sombré, les actions de ces militants de la “décommunisation intégrale” servent à déformer et dévoyer toute mémoire de ce qui fut l’homme soviétique.

    Préserver la vision plus riche, plus juste, plus nuancée de cette période de l’histoire est la tâche des générations qui ont encore connu ces sociétés de l’intérieur. Qui furent, pendant un certain laps de temps, “l’homo soviéticus”…

    Dans son long texte “Mais qui fut-il, l’homme soviétique?”, le philosophe russe contemporain Alexandre Panarine (1940-2003) a réalisé l’un des meilleurs décryptages post-mortem de ce type anthropologique.*****”Le “communisme russe” a brillamment résolu le problème essentiel de l’identité russe, celui de ses rapports avec l’Occident et de sa “dualité civilisationnelle”. Attiré par l’Occident, l’homme russe a toujours essayé de résister à cette attirance, mais il a fatalement échoué dans les deux entreprises: devenir l’égal de l’homme occidental ou s’en éloigner suffisamment pour devenir un type culturel à part.

    Le “communisme russe” a opéré une métamorphose anthropologique : le Russe barbare, habillé “à la cosaque”, s’est transformé en un type reconnaissable et respecté: le “prolétaire, la classe d’avant-garde”, doté d’un capital symbolique colossal aux yeux des forces de gauche occidentales, celles qui régnaient sur les esprits. Désormais, ce prolétaire d’avant-garde pouvait dialoguer avec l’Occident, d’égal à égal. Les traditions occidentales et les traditions slaves ont pu s’exprimer et se réconcilier dans le “marxisme russe”.

    L’homme soviétique a ainsi surmonté la “dualité civilisationnelle” de l’âme russe (si bien exprimée dans les débats entre les slavophiles et les occidentalistes du XIX-ème siècle) et a dépassé son complexe d’infériorité traditionnel en s’emparant de l’étendard d’émancipation humaine porté également par les progressistes européens.

    L’homme soviétique aurait pu (et selon de nombreux concepteurs du marxisme-léninisme, aurait dû) devenir un être unidimensionnel, déterminé uniquement par sa conscience de classe. Mais, il en fut autrement: l’homme soviétique a échappé à ce cadre étroit grâce à l’héritage culturel classique qu’il a fait sien.

    Comment expliquer le fait que des millions de jeunes gens soviétiques – filles ou garçons – qui ont appris à lire et à écrire dans la première génération ont commencé à dévorer les livres de Pouchkine, Tolstoï, Dostoïevski (des lectures qui, en Occident, ont été réservées aux élites)? Comment expliquer ce phénomène que des millions d’adolescents de tout l’énorme pays se sont identifiés aux personnages des romans et des poèmes du XIXème siècle ? L’alphabétisation totale, lancée par l’URSS, ne l’explique pas à elle seule. L’idéologie, encore moins: au contraire, elle essayait d’encadrer les lectures en y mettant des notices et des limites pour imposer une “vision de classe” adéquate.

    Mais le peuple a triomphé de l’idéologie : il s’est approprié, avec passion et profondeur, les chefs d’œuvre nationaux, en se servant des possibilités du nouveau système – de ses bibliothèques de masse, de la large mise en circulation de livres, de toutes les formes de culture de masse, comme des clubs et des centres d’amateurs, où les “enfants du peuple” sont rentrés dans les costumes des héros de Pouchkine mais aussi de Byron ou de Shakespeare. Le contraste entre le lecteur moyen soviétique et le lecteur moyen américain fut saisissant…

    Ainsi, il est difficile de savoir exactement qui a réellement créé cette nouvelle communauté nationale nommée “le peuple soviétique” : l’idéologie marxiste ou les grands classiques russes?

    Où l’homme soviétique s’est-il vraiment formé : dans une usine, dans des appartements communaux surpeuplés, dans un moule politique très fermé ou dans un monde de Pouchkine, Lermontov, Dostoïevski, Tchekhov, Tolstoï dont les héros furent tourmentés par des questions existentielles? Ceux qui qualifient aujourd’hui l’homme soviétique de “lumpen” mu iniquement par la haine de classe, ignorent le fait que Pouchkine, chéri dans l’URSS comme un trésor national, a converti les hommes et les femmes soviétiques à la noblesse et leur a transmis son sens de la liberté et de l’honneur .Si c’est devenu possible, c’est qu’à l’époque soviétique les études n’avaient pas seulement une valeur pratique: la valeur existentielle, émancipatrice de la culture était évidente pour tous.

    Cela a permis de remplir l’abstraction communiste d’un contenu spirituel, ancré dans le réel. Le deuxième grand pas dans ce sens fut franchi lors de la grande guerre patriotique quand les dirigeants ont trouvé des mots clairs et simples – sur la Mère Patrie, sur les grands ancêtres, sur la terre et les traditions – qui ont permis à la nation de se ressouder pour accomplir un effort surhumain qui lui a été demandé. La guerre patriotique, dans ce sens, est devenue une antithèse au coup d’État communiste d’octobre. Ce dernier fut un acte de la minorité mue par une doctrine tandis que la guerre de 1941-1945 a stabilisé le nouveau système en tant que système de la majorité patriotique, attachée à sa terre.

    Ainsi s’est achevée la formation de l’homme soviétique en tant que type culturel et historique spécial, qui a réussi à combiner l’idée internationale de protestation contre l’exploitation bourgeoise avec la grande idée nationale.”

    Natalia ROUTKEVITCH, le 7/11/2020

    source: https://histoireetsociete.com/

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    Par Cecilia González

     

    L’ancien président a répété qu’il travaillerait pour l’unité du pays et qu’il en cherchera pas à se venger de ceux qui ont fait le coup d’Etat contre lui.

    Evo Morales retorna a Bolivia cobijado por el apoyo de multitudes para continuar su trabajo político fuera del Gobierno: ¿y ahora qué?

    Evo Morales est rentré en Bolivie protégé par une multitude pour continuer son travail hors du Gouvernement. Et maintenant ?

    La caravane de retour de l’ancien président Evo Morales a parcouru pendant 3 jours plus de 1 100 kilomètres, accompagné par une foule qui pleurait, l’embrassait et l’ovationnait lors d’événements qui ont confirmé sa popularité et qui ont soulevé des questions sur le rôle qu’il jouera dans le Gouvernement du président Luis Arce Catacora.

    Jeudi, au lever du jour, par exemple, Morales a rencontré les dirigeants de son parti, le Mouvement Vers le Socialisme-Instrument Politique pour la Souveraineté des Peuples (MAS-IPSP), « pour analyser la situation et tracer la ligne stratégique de travail du projet le plus important de Bolivie. »

    Les réunions de travail à partir de 5 ou 6h du matin ont été une caractéristique de ses 13 années de gouvernement  (2006-2019) et il a déjà recommencé dès son retour dans son pays après 1 an d’exil. 

    Plus tard, l’ancien président a rencontré des organisations syndicales et des organisations des peuples originaires d’Amérique Latine  à l’auditorium de radio Kawsachun Coca, en Lauca Ñ, tropique de Cochabamba, ce qui montre qu’il va continuer à avoir une intense activité politique.

    Avant de rentrer en Bolivia, Morales avait écarté l’idée de se présenter à des élections pour occuper un poste dans le cabinet d’Arce Catacora qui a insisté sur le fait que l’ancien président n’aura aucun rôle dans son gouvernement.

    Morales a même affirmé qu’il n’influencera pas la nomination des nouveaux ministres bien que certains médias boliviens aient spéculé sur la possibilité que le tiers de ces charges soit attribué à des personnalités politiques proches de l’ancien président.

    Le retour

    Les plans de Morales, indiqués par lui-même, sont de retourner vivre dans le Chapare, pas dans la capitale, La Paz, et de se consacrer à l’élevage du pacú, un poisson de rivière fameux dans la région. 

    Sur le plan politique, il a confié qu’il veut partager son expérience avec des jeunes pour former de nouveaux dirigeants sociaux mais en marge du Gouvernement parce que l’une de ses priorités est de protéger Arce Catacora de toute tentative de déstabilisation.

    Mais la quantité d’actes qui se sont réalisés lors de son retour en Bolivie, dans certains cas inattendus, ont montré que l’autorité de Morales sur une grande partie de la société bolivienne est encore profonde et c’est un capital politique essentiel pour un dirigeant d’à peine 61 ans.

    « Evo n’est pas seul » est l’un des cris les plus répétés depuis que, lundi matin, l’ancien président a traversé à pied le pont frontalier qui relie la ville argentine de La Quiaca à la ville bolivienne de  Villazón.

    Ensuite, il a poursuivi son chemin avec son ex-vice-président  Álvaro García Linera, toujours par la terre et suivi d’une caravane d’autos, vers les villes de Atocha, Uyuni et d’Oruro, où il a pu arriver malgré les blocages de routes mis en place par les opposants au MAS.

     A tout moment, des citoyens qui lui souhaitaient la bienvenue, qui voulaient le voir, le toucher, l’entendre, accompagnaient Morales. Ila rencontré des maîtres ruraux, des mineurs, des indigènes, des paysans, il a été reçu avec de la musique, des danses et de la nourriture typique, a donné des conférences de presse et envoyé des massages à la foule. Il ressemblait plus à un candidat qu’à un homme politique à la retraite.

    Emotions

    L’une des escales les plus spéciales de la caravane de Morales est celle qu’il a faite à  Orinoca, son village natal, où il a dirigé un événement dans un stade qui porte le nom de son père, Dionisio Morales Choque, et s’est rempli de partisans qui l’acclamaient. 

    Là, il s’est également rendu dans l’humble maison dans laquelle il a passé son enfance, alors qu’il n’imaginait jamais pouvoir arriver à être président de la Bolivie ou qu’il subirait un coup d’Etat qui mettrait en danger sa vie et l’obligerait à s’exiler au Mexique et en Argentine pendant 1 an. Il pouvait encore moins imaginer qu’après tout cela, malgré toutes les prédictions disant que sa carrière politique était finie,  il reviendrait triomphalement dans son pays.

    Le point culminant de son retour a été Chimoré, la ville d’où, le 11 novembre 2019, le lendemain du coup d’Etat, il a réussi à prendre un avion de l’armée de l’air mexicaine grâce à une opération de sauvetage organisée par le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador,  et le président de l’Argentine, Alberto Fernández.

    Il est revenu à Chimoré également un 11 novembre, juste 1 an après, pour être reçu par des centaines de milliers de personnes. Les organisateurs ont dit qu’il y en avait 1 000 000.

    Le symbolisme était présent dans cette poignée de terre bolivienne  que García Linera a prise et a emmenée en exil et qu’il a réussi à ramener après avoir lutté pour rétablir la démocratie dans le pays.

    « Le jour où je suis parti de cet aéroport, j’ai pris une motte de terre et je l’ai emportée, roulée dans un drapeau. Elle m’a accompagné au Mexique et en Argentine. Aujourd’hui, je l’ai ramenée parce que nous sommes la terre, nous sommes la mémoire, nous sommes les racines, et la terre appelle la terre, » a dit Álvaro García Linera, lors de l’un des moments les plus émouvants de ce retour. 

    A Chimoré, Morales était accompagné par Andrés Arauz, le candidat du parti de l’ex-président Rafael Correa aux élections présidentielles de l’Equateur auxuqleles le progressisme latino-américain espère continuer à récupérer le terrain qu’ila perdu ces dernières années avec la victoire de la droite aux élections. 

    S’occuper du projet 

    Les discours d’Evo pendant ses premiers jours en Bolivie, ont eu pour axe commun de protéger le Gouvernement d’Arce Catacora, défendre les ressources naturelles et rester en garde face aux attaques de la droite contre les mouvements populaires.

     « Je ne suis pas vindicatif, je ne reviens pour me venger de personne. Politiquement, nous l’allons jamais chercher la vengeance parce que nous venons de la culture de paix et nous avons toujours travaillé pour intégrer ceux qui ont des idées différentes. Les problèmes juridiques reviennent à la justice », a-t-il dit, écartant ainsi l’idée de se venger de ceux qui ont fait le coup d’Etat ou de l’ex-présidente de fait Jeanine Áñez qui a organisé une persécution juridique contre lui. 

    « Le projet politique que nous avons et qui a réussi à changer la Bolivie, vient de l’unité, des programmes et des projets du peuple, pas de l’impérialisme qui ne nous acceptera jamais en tant qu’Indiens, en tant qu’anti-impérialistes et antifascistes. C’est une lutte culturelle, idéologique et programmatique, » a écrit Morales sur les réseaux sociaux et il l’a  répété lors de chacune de ses actions. 

    Et il a ajouté qu’au niveau international, « la tâche est, aujourd’hui, que les peuples gouvernent à nouveau pour nous intégrer, » c’est pourquoi il se bat pour relancer une     Union des Nations Sud-Américaines (UNASUR) qui contrecarre l’influence et l’interventionnisme de l’Organisation des Etats Américains (OEA).

    « Le temps des pleurs est terminé, maintenant, nous devons nous. organiser, » a-t-il dit dans l’un de ses premiers discours en Bolivie et il a donné l’exemple en remplissant son agenda de réunions de travail.

    Cecilia González

    source en espagnol :   https://www.resumenlatinoamericano.org/2020/11/12/peru-antero-flores-araoz-recibio-doctorado-honoris-causa-de-telesup-y-alas-peruanas/

    source en français (trduction de Françoise Lopez): http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/11/bolivie-evo-morales-de-retour.et-maintenant.html

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    Panthéon

     

     

    Que les cendres de l’écrivain combattant Maurice Genevoix entrent au Panthéon, qui y objectera? Pas l’auteur de ces lignes, petit-fils d’un combattant de Verdun et fils de Résistant, qui apprécie en Genevoix le romancier classique, le défenseur de notre langue (en tant qu’ancien secrétaire perpétuel de l’Académie française) et l’homme fidèle aux Poilus dont Genevoix porta sa vie durant la souffrance et la mémoire… 

    Mais une fois de plus, sont exclus du Panthéon non seulement, et comme à l’ordinaire, les grands Jacobins de l’An II (notamment Robespierre qui fonda la République française et la sauva d’immenses périls en 1793-94), non seulement les figures de proue de l’histoire communiste française du XXe siècle (pour n’en citer que quelques-uns : Pierre Sémard, tombé en criant “vive la France!” sous les balles allemandes ; Maurice Thorez, concepteur et chef de file ouvrier du Front populaire ; Jacques Duclos, qui dirigea clandestinement le PCF durant toute l’Occupation ; Ambroise Croizat, qui construisit la Sécurité sociale et les retraites par répartition ; Marcel Paul, qui fonda EDF après avoir organisé un réseau de solidarité à l’intérieur d’un camp de concentration nazi… etc.), mais aussi ces très grands écrivains français étroitement liés à la Grande Guerre que furent…

    * le romancier communiste Henri Barbusse, l’auteur du “Feu”, cette dénonciation impitoyable de la guerre impérialiste par un homme qui en avait vécu l’enfer ;

    * l’écrivain communiste Aragon, Croix de guerre 14-18, médecin militaire sur le front, inventeur d’un dispositif mécanique qui permettait aux tankistes français de fuir les flammes quand leur engin prenait feu; cet immense romancier, théoricien et poète, auteur de la Diane française sous l’Occupation, co-animateur, avec Claude Morgan, des Lettres françaises clandestines (qui s’ouvrirent, entre autres, à Mauriac et à Sartre…), phare de la vie littéraire française du vingtième siècle, avec son inoubliable compagne Elsa Triolet, grand écrivaine communiste elle aussi ;

    * le poète Paul Eluard, auteur notamment du poème “Liberté”, qu’on lisait pour se donner du courage dans les Maquis des Francs-Tireurs et Partisans de France? 

    Et pardon si j’en oublie, comme le jeune physicien et philosophe communiste Jacques Solomon, gendre de Paul Langevin, l’écrivain et fin germaniste Jacques Decour ou le jeune et génial philosophe Georges Politzer, tous trois fondateurs de l’Université libre dès l’automne 1940, fusillés par les Allemands, le dernier après avoir été affreusement torturé.

    Sans parler de Paul Vaillant-Couturier, lui aussi officier pendant la première guerre mondiale, auteur de l’immortel récit Enfance, âme du Front populaire qui réclamait pour les ouvriers « du pain et des roses », auteur de poèmes et de chansons, dont l’épouse, Marie-Claude Vaillant-Couturier, journaliste et résistante-déportée, témoignera pour la France au procès de Nuremberg en 1946 puis à celui du boucher de Lyon, Klaus Barbie en 1987. 

    Ne sont-ils pas assez grands littéraires, assez grands patriotes pour vous M. Macron, que Mme Merkel vient d’introniser Prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle ? Est-ce vous, M. Macron, qui les rabaissez en les retranchant de la reconnaissance nationale, ainsi que firent avant vous tous les présidents de la IVe et de la Ve Républiques, ou n’est-ce pas plutôt vous qui vous rabaissez, si c’était encore possible, en faisant preuve d’une telle petitesse de classe et de caste ?

    Ces auteurs ont certes commis un crime méritant la “damnatio memoriae“: ils étaient tous communistes et révolutionnaires et ils n’ont jamais consenti à diaboliser le pays des Soviets au sujet duquel de Gaulle déclarait loyalement en 1944, lors de sa visite d’Etat à Staline, que “la Russie soviétique a joué le rôle principal dans la libération des Français”. 

    Alors, qui est “séparatiste” en France, MM. Sarkozy, Hollande, Macron ? Sont-ce les communistes, qui ont toujours tenté d’unir le peuple de France contre le fascisme (Front populaire), contre l’oligarchie pro-hitlérienne (“Front français”), contre l’Occupant nazi (Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France, apport central du PCF à la création du Conseil National de la Résistance ainsi qu’à la conception et la mise en oeuvre de son programme en 1944-1946) ? En réalité, les véritables séparatistes mémoriels sont les mesquins gouvernants maastrichtiens successifs de la France qui, tout en dissolvant la France dans l’Empire euro-atlantique, tout en rampant devant la Bundeskanzlerin et en sacrifiant sans honte le français au tout-anglais, ostracisent toute la part jacobine et communarde de la mémoire française (rappelons que le PCF resta le premier parti de France jusqu’au milieu des années 1970 !), mettant au ban du souvenir français la masse des Résistants de terrain, ces ouvriers, intellectuels et paysans rouges qui “montaient des mines et descendaient des collines”. Ce faisant, sans vous en douter peut-être, MM. Sarkozy, Hollande et Macron, vous répercutez sordidement la parole ignoble de l’officier nazi envoyant nos camarades au poteau d’exécution en déclarant: “Kommunist, pas français!”… 

    En tout cas, dans le Panthéon mental des communistes, on ne trie pas les héros. Qu’on relise, pour s’en convaincre, le poème d’Aragon La Rose et le Réséda, consacré tout à la fois à “Celui qui croyait au Ciel”, l’officier patriote Estienne d’Orves, et à “Celui qui n’y croyait pas”, Gabriel Péri, l’éditorialiste clairvoyant de l’Huma qui avait dénoncé le pacte honteux de Munich ?

    La mémoire ne vaut pas que pour le souvenir, dit quelquefois notre héroïque camarade Léon Landini, ancien officier des FTP-MOI, elle vaut aussi pour le devenir“. Une classe sociale, la grande bourgeoisie, qui découpe, broie et massacre ainsi le souvenir et l’histoire de la nation, ne saurait qu’en saboter le présent et qu’en dénier l’avenir. « Je me considère un peu comme une feuille qui tombe de l’arbre pour faire du terreau. La qualité du terreau dépendra de celle des feuilles. Je veux parler de la jeunesse française, en qui je mets tout mon espoir », écrivait Jacques Decour dans sa dernière lettre. Avis aux travailleurs qui font vivre la France au présent et qui méritent d’en porter l’avenir : défendez votre mémoire rouge, camarades !

    Floréal, le 14/11/2020

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • Déclaration

    de la Commission Internationale du PRCF

    (8 novembre 2020)

     

    Le verdict est enfin tombé : après près de 100 heures d’incertitude,  est devenu le 46e président des États-Unis d’Amérique, au terme d’une élection démontrant l’ampleur des fractures minant les États-Unis.

    Le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) se félicite fortement tout d’abord de la défaite de Donald , mettant fin à un cauchemar de quatre années qui a favorisé l’extension des « idées » suprémacistes, racialistes et créationnistes, accentué les inégalités sociales et la domination des forces du grand capital de Wall Street, accéléré la dynamique exterministe du capitalisme destructeur de la nature, et débouché sur des agressions répétées contre les républiques bolivariennes et socialistes d’Amérique latine – jusqu’au coup d’État en Bolivie en octobre 2019 – et sur le soutien accru au sionisme colonisateur. Cette défaite est d’autant plus salutaire qu’elle marque (au moins temporairement) l’échec d’une stratégie basée sur l’hystérisation politique, ressort majeur de la fascisation. C’est en outre une défaite par ricochet pour le prétendu « Rassemblement national », l’une des rares forces politiques françaises qui avait salué la victoire du misogyne, raciste et fascisant Trump en 2016 et qui, en fidèle caniche de l’ suprémaciste, reprend à son compte les accusations de fraude électorale dénoncées par le futur ex-président des États-Unis.

    Mais la victoire de Joe Biden ne saurait faire illusion ni spécialement réjouir tou(te)s les militants franchement communistes. En effet, en obtenant près de 71 millions de voix (soit huit de plus qu’en 2016), en remportant des États comme la Floride ou l’Ohio, en s’inclinant de peu dans des États comme le Nevada, la Pennsylvanie ou la Géorgie,  démontre qu’il dispose d’un puissant socle électoral acquis à ses idées nauséabondes et trompé par ses fausses promesses de réindustrialiser un pays détruit par la « mondialisation heureuse » dont Biden est le chantre – sans en être un nouveau visage. Il est en effet difficile de se réjouir du succès d’un homme qui a soutenu mordicus la désastreuse intervention impérialiste en Irak en 2003, qui a tenu des propos « douteux » à l’encontre des classes populaires afro-américaines – il n’est d’ailleurs pas surprenant qu’une partie des Afro-Américains et Latinos aient encore plus voté pour Trump qu’en 2016 –, qui considère que la Russie est « la plus grande menace pour l’Amérique », qui s’apprête à accroître la « concurrence » pour la Chine et appuie le sionisme et le transfert de l’ambassade états-unienne de Tel-Aviv à Jérusalem ; quant à l’Amérique latine, si Biden s’est montré moins véhément que Donald Trump à l’encontre des régimes progressistes, celle-ci n’est pas à l’abri de nouvelles foucades de l’impérialisme états-unien, d’autant plus que l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA) connaît un certain rebond avec le succès des partisans de Morales en Bolivie et, parallèlement, le rejet de l’héritage de Pinochet au Chili.

    Les États-Unis viennent d’offrir un pitoyable (et non achevé) « spectacle » démontrant la réalité de ce qu’est la « démocratie libérale », un simulacre d’élection « libre » dont le verdict est désormais refusé par les vaincus : ainsi Trump s’embarque-t-il dans une procédure juridique pour contester le résultat tout en excitant ses partisans les plus fanatiques, prenant au piège des « démocrates » qui ne cessaient d’accuser la Russie et la Chine d’ingérence pour expliquer le succès de Trump en 2016. Rappelons qu’en France même, les soi-disant « démocrates » avaient fait adopter le traité de Lisbonne en février 2008, qui reprenait le contenu du Traité établissant une Constitution pour l’Europe (TECE) rejeté le 29 mai 2005 par 55% des Français (et près de 80% des ouvriers). Cela démontre combien la juste parole de Bertolt Brecht se vérifie : « Le  n’est pas le contraire de la démocratie (bourgeoise) mais son évolution en temps de crise », ce que le PRCF ne cesse de dénoncer depuis des années en combattant une fascisation qui progresse dans le monde entier et qui est désormais galopante en Europe et aux États-Unis.

    Le PRCF et les JRCF mobilisés pour la Paix et la solidarité internationale contre l’impérialisme

    Et c’est pourquoi, plus que jamais, le PRCF appelle à en finir avec l’UE (et son euro de malheur), « partenaire stratégique » de l’OTAN qui multiplie les manœuvres aux frontières de la Russie par le biais des « exercices militaires » et du soutien aux soi-disant « révolutions colorées », avec l’OTAN qui pousse à la guerre contre la Russie, la Chine, l’Iran, la Corée du Nord ou encore les régimes progressistes d’Amérique latine (Cuba socialiste et Venezuela en tête), et avec le capitalisme-impérialisme qui sème le désordre et le chaos dans le monde entier, et à l’intérieur même des États-Unis.

    En France, cela passe par l’indispensable combat en faveur d’un projet associant les drapeaux rouge et tricolore, la Marseillaise et l’Internationale, en somme le Frexit progressiste que seul un Parti franchement communiste assumant l’héritage marxiste-léniniste – Parti que s’évertue à reconstruire le PRCF – peut porter de manière offensive, donc en élaborant une Convergence nationale des résistances à même de rassembler les communistes, insoumis, progressistes et patriotes sincèrement antifascistes et anti-européistes, les syndicalistes de combat, les Gilets jaunes, les intellectuels défendant les Lumières progressistes et communes. C’est à ce prix que nous pourrons éviter le catastrophique scénario d’un nouveau faux « duel » et vrai duo Macron/Biden-Le Pen/Trump, dont nous voyons déjà le résultat dramatique pour les citoyens progressistes et les travailleurs états-uniens. C’est à ce prix que nous pourrons, tous ensemble en même temps, reconstruire une République une et indivisible, sociale et laïque, souveraine et démocratique, fraternelle et pacifique, et ainsi rassembler tous les citoyens et les travailleurs désireux de contribuer aux nouveaux « Jours heureux ».

    Pour construire les nouveaux « Jours heureux », rejoignez le PRCF !

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    Par Maurice Lemoine

    Le grand air de la « fraude » ou les arroseurs arrosés-par Maurice Lemoine (medelu.org/ - 9/11/20)Dès le 23 octobre, reçu dans le « Tonight Show » de Jimmy Fallon, sur la chaîne NBC, le sénateur Bernie Sanders, éliminé de la course à la Maison-Blanche car trop « à gauche » pour ses « amis » démocrates, avait prévu la situation. Pandémie de Covid-19 oblige, estimait-il, le vote par correspondance – les « absentee ballots » – allait considérablement augmenter et, en bonne logique, les électeurs démocrates, plus respectueux de la distanciation sociale, favoriseraient ce mode de vote par anticipation. « Pour des raisons que je n’ai pas le temps d’expliquer ce soir, déclara Sanders, vous allez avoir une situation, je suppose, dans des Etats comme la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin et d’autres, où vous allez recevoir d’énormes quantités de bulletins de vote par la poste. Contrairement à des Etats comme la Floride ou le Vermont, ils ne peuvent pas, pour de mauvaises raisons, commencer à traiter ces bulletins avant, je ne sais pas, le jour des élections ou peut-être la fermeture des bureaux de vote. Cela signifie que les Etats vont devoir traiter des millions de bulletins de vote par correspondance. » Dans ces conditions, le républicain Donald Trump pourrait très bien se retrouver en tête des décomptes dans certains Etats, le soir du scrutin, et devancé le ou les jours suivants par son adversaire démocrate Joe Biden, une fois tous les bulletins dépouillés. D’où cette prédiction de Sanders : « A ce moment-là, Trump dira : "Vous voyez ? Je vous avais dit que tout cela était une escroquerie. Je vous avais dit que ces bulletins étaient truqués. Nous ne quitterons pas nos fonctions." C’est une préoccupation que beaucoup de gens et moi-même avons... Les gens doivent être conscients de cette possibilité. »

    Sans lui retirer aucun des mérites que lui reconnaissent ses partisans, on ne qualifiera pas Sanders de « prophète ». Le 30 juillet, invoquant les « risques de fraudes » liés à la mise en place du vote par correspondance, Trump en personne avait annoncé la couleur et évoqué « l’élection la plus inexacte et la plus frauduleuse de l’Histoire ». Ce en quoi il n’innovait guère. En 2016 déjà, à la fin du troisième débat l’opposant à Hillary Clinton, il avait provoqué la stupeur en refusant de s’engager à accepter les résultats du scrutin : « Je verrai en temps voulu », avait- il déclaré.

    On ne peut donc mettre les derniers événements sur le compte d’une quelconque improvisation. Le 4 novembre, lors de sa première prise de parole après la fermeture des bureaux de vote, et sans s’embarrasser des quelques millions de bulletins restant encore à dépouiller [1], le président sortant s’est autoproclamé vainqueur en dénonçant que certains Etats aient arrêté de compter les bulletins le temps de la nuit : « C’est une fraude contre le peuple américain. C’est une honte pour notre pays. Nous étions en train de gagner cette élection. Franchement, nous avons gagné cette élection. » Quelques heures plus tard, il dénoncera la dynamique désormais favorable à Biden : « Hier soir, j’avais une bonne avance dans de nombreux Etats décisifs, puis, un par un, ils ont commencé à disparaître par magie avec l’apparition et le comptage de bulletins surprises. Très étrange. »

    De là à réclamer la suspension du dépouillement des votes par correspondance, en particulier dans le Michigan, la Géorgie et en Pennsylvanie, il n’y avait qu’un pas, allégrement franchi. Dans une réaction officielle, la directrice de campagne de Biden, Jen O’Malley Dillon, a déclaré scandaleuses, sans précédent et incorrectes les déclarations du président : « Scandaleuses parce qu’il s’agit d’un effort évident pour retirer les droits démocratiques aux citoyens américains. Sans précédent, car jamais auparavant dans notre histoire un président américain n’avait tenté de priver les Américains de leur voix lors d’une élection nationale. » Même la chaîne CNN, à travers ses commentateurs, a jugé la réaction de Trump « contraire à la démocratie ».

    Dont acte, aux uns et aux autres. Mais on leur fera remarquer – et pas uniquement à eux ! – qu’ils auraient pu se montrer aussi clairvoyants en octobre 2019 lorsque se produisit le même phénomène en… Bolivie. Le dimanche 20 octobre, le décompte de 84 % des voix donnait au président sortant Evo Morales, candidat à la réélection en représentation du Mouvement pour le socialisme (MAS), une avance de sept points sur son concurrent de droite Carlos Mesa (45,28 % des voix contre 38,16 %), plaçant ce dernier en position de disputer un second tour. Après une interruption nocturne du dépouillement, le décompte du lundi soir changea la donne. Morales devançait à présent Mesa de dix points et, avec 46,8 % des suffrages contre 36,7 %, l’emportait dès le premier tour [2].
    Aussi « trumpistes » que Trump, leur grand allié, la droite et l’extrême droite boliviennes, ainsi que quelques renégats censément « de gauche », hurlèrent à la fraude. Chargée d’observer le processus électoral, l’Organisation des Etats américains (OEA), aux ordres et à la botte de Washington, leur vint en aide en dénonçant un « changement inexplicable de tendance ».En fait, comme on l’avait constaté lors des élections précédentes, les zones rurales, indiennes et paysannes, très majoritairement favorables à « Evo », mais dont les résultats arrivaient en dernier du fait des difficultés de communication, avaient fait basculer définitivement le résultat [3].

    La suite est connue. Washington parla d’une tentative de « subversion de la démocratie ». Encouragés, les « ultras » boliviens déclenchèrent une vague de violence qui déboucha sur un coup d’Etat. Que l’Union européenne entérina. Le mimétisme moutonnier faisant le reste, l’immense majorité de la « communauté médiatique » ratifia la thèse de « la fraude », responsable de la crise qui s’ensuivit. Aux Etats-Unis mêmes, seul Bernie Sanders qualifia de putsch l’éviction de Morales. Egalement classée « à gauche » du Parti démocrate, la sénatrice du Massachusetts, Elisabeth Warren, évita soigneusement d’utiliser l’expression « coup d’Etat » et qualifia le « gouvernement » de la présidente autoproclamée Jeanine Añez de « leadership intérimaire », validant ainsi la nouvelle administration [4]. Il est vrai que, comme Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Warren a reconnu en Juan Guaidó le président du Venezuela, que seul Trump et son équipe ont élu à cette haute fonction ; elle a également approuvé l’utilisation des sanctions aussi illégales que criminelles imposées à ce pays.
    S’agissant de la Bolivie, et laissant la voie libre aux faucons républicains, l’ensemble du Parti démocrate s’est donc très ostensiblement désintéressé de la question.

    Pour Washington et les « élites politiques » conservatrices qui, dans les Amériques, lui servent de relais en même temps qu’elles défendent leurs propres intérêts, les élections sont certes indispensables, mais à une condition : il faut pouvoir garantir que les gens votent comme il faut. De sorte que, chanté depuis la droite du noble orchestre de la Démocratie, et promus par le puissant voisin du Nord, le « grand air de la fraude » est depuis longtemps un grand classique dans la région.
     
    En 2008, au Nicaragua, lors d’élections municipales largement remportées par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) – 109 villes sur 153 –, le candidat battu pour la mairie de Managua, le banquier Eduardo Montealegre, hurle au scandale et exige un recomptage des votes. Lorsque le Conseil suprême électoral (CSE) accepte la requête, il refuse d’assister à l’opération. Il n’apportera ultérieurement aucune des « preuves » censées sustenter son accusation.
    Le 6 novembre 2011 voit la réélection du sandiniste Daniel Ortega, avec 62 % des suffrages. Arrivé en deuxième position avec 31 % des voix, le représentant du Parti libéral indépendant (PLI), Fabio Gadea, conteste sa défaite, prétendant avoir lui-même recueilli 62 % des voix (alors que tous les sondages lui avaient accordé environ 30 %). Alertant la « communauté internationale » (comprendre : les Etats-Unis et l’Union européenne) acquise à sa cause, il annonce une protestation massive et, pour le 3 décembre suivant, cent mille manifestants dans les rues de la capitale Managua. Présent sur place, nous n’assistons qu’à un défilé de cinq à dix mille personnes (en l’absence d’un appareil massif de répression).
    Lorsque Ortega est réélu pour un troisième mandat le 6 novembre 2016, le CSE annonce une abstention de 31,8 % ; sans citer aucune source identifiable, la coalition d’opposition du Front large de la démocratie (FAD) l’estime à plus de 70 % et, comme d’habitude, conteste le résultat du scrutin.
    A chaque fois, invoquant « la fraude », l’administration américaine (en l’occurrence celles de George W. Bush et Barack Obama) condamne (et sanctionne) l’indésirable vainqueur. A chaque fois, la sphère médiatique, sans plus d’hésitations que de preuves, enferme le Nicaragua dans la catégorie des « Etats voyous » [5].

    Novembre 2009, en Haïti : trois jours d’émeute pour contester un résultat ! Le Conseil électoral provisoire (CEP) a bien exclu quatorze partis politiques – dont Fanmi Lavalas, formation de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide (deux fois bouté hors du pouvoir par des coups d’Etat) –, ce n’est pas suffisant. Les Haïtiens ont mal voté. Le premier tour de l’élection présidentielle a placé Mirlande Manigat (31,4 %) et Jude Célestin (22,5 %) devant le candidat de Washington Michel Martelly (21,8 %), dès lors éliminé pour le deuxième tour. Jeté dans la rue par ce dernier, un dévergondage de gens de toutes sortes sème le chaos. Sensibles à cette mobilisation de la « société civile » et sur la base d’un rapport fort bien venu de l’OEA, les principaux bailleurs de fonds, Washington en tête, obligent le CEP à modifier les résultats. Celui-ci installe Martelly en deuxième place, permettant ainsi à cet individu carrément corrompu, franchement incompétent, de participer au second tour et de devenir président de la République le 20 mars 2011.

    L’année suivante, au Venezuela, le camp bolivarien emmené par Hugo Chávez continuant manifestement à envisager sa permanence au pouvoir, l’oppositionsonne le tocsin. Pourtant, le 15 septembre, l’argentin Carlos Álvarez, chef de la Mission d’observation électorale de l’Union des Nations sud-américaines (Unasur), a déclaré : « Il est intéressant de souligner un élément que très peu connaissent, je parle surtout de ceux qui analysent la réalité depuis la désinformation ou les préjugés, c’est que le Venezuela possède aujourd’hui l’un des systèmes électoraux les plus vigoureux et les plus avancés technologiquement de l’Amérique latine, ce qui garantit la transparence, le contrôle et la surveillance du scrutin. » La semaine précédente, l’ancien président américain James Carter, dirigeant du Centre éponyme, avait pour sa part déclaré : « En réalité, sur les quatre-vingt-douze élections dont nous avons surveillé le déroulement, je dirais que le processus électoral du Venezuela est le meilleur du monde »…

    Il n’en demeure pas moins que, à l’instar de Rafael Poleo, directeur du quotidien El Nuevo País, qui a écrit le 7 août « ignorer que le gouvernement prépare une fraude est une idiotie », l’opposition ne cesse de mettre en cause l’impartialité du Conseil national électoral (CNE) ; chaque fois qu’on le lui demande, Henrique Capriles, le candidat de droite, se refuse à préciser si, dans l’hypothèse où il lui serait défavorable, il acceptera le résultat (Trump n’a rien inventé).
    Manque de chance : le 7 octobre, jour du scrutin, un million six cent mille voix de différence constituent une marge suffisante pour couper court à toute contestation. Avec 55,1% des votes et quasiment dix points d’avance, le président en exercice repart pour un nouveau de mandat. Capriles range provisoirement ses protestations dans son chapeau.

    Chávez disparu, les Vénézuéliens élisent son dauphin Nicolás Maduro, le 14 avril 2013, avec 50,60 % des voix (n’importe quel fraudeur moyennement intelligent aurait porté cet avantage à 55-60 % pour éviter ce résultat « ric-rac » ; un vrai dictateur aurait, lui, gagné avec au minimum 80 %). Qu’importe. Capriles refuse d’admettre sa défaite. Le fait devrait surprendre : tout comme il a accepté avoir perdu lors de la présidentielle précédente, organisée par le même CNE, il n’a pas mis en cause l’arbitre électoral lorsque, quelques semaines auparavant, il a été réélu gouverneur de l’Etat de Miranda avec moins de trente mille voix d’avance sur le candidat du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) Elías Jaua. Appuyé par le secrétaire d’Etat américain John Kerry, l’OEA et le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, Capriles demande un recomptage de « tous » les bulletins de vote. Puis déclenche l’escalade en appelant ses partisans à exprimer leur « arrechera » –  mélange de rage et de hargne mêlées d’indignation morale – dans les rues. Suggérée sur les réseaux sociaux par le journaliste d’opposition Nelson Bocaranda, au prétexte que « les médecins cubains cachent des urnes pleines de bulletins de vote », des centres médicaux sont attaqués, incendiés et détruits. La vague de violence provoque la mort de onze personnes. Comme elles sont toutes chavistes, les grandes multinationales dites de défense des droits de l’Homme ne s’emparent pas de la question.

    Contrairement à ce que croient certains niaiseux, l’impérialisme ne se manifeste pas que sous la forme extrême de l’intervention militaire et de l’invasion armée. Aux coups d’Etat menés à bien par des acteurs locaux, tentatives de déstabilisation, mesures coercitives unilatérales, guerres non conventionnelles, opérations clandestines, s’ajoutent les techniques de désinformation permettant de diaboliser l’ « ennemi ». Quoi de plus efficace, pour transformer un pays en « dictature », face à l’opinion internationale, que d’y remettre en cause l’honnêteté des processus électoraux ?
    Au Venezuela, la comédie dure depuis deux décennies. Quand, en 2004, Chávez gagna un référendum révocatoire avec 59 % des suffrages exprimés, le dirigeant d’opposition Henry Ramos Allup dénonça une « gigantesque fraude » dont il présenterait les preuves dans les vingt-quatre heures. Seize années plus tard, on ne les a pas encore vues. Mais d’aucuns prennent toujours Ramos Allup au sérieux.

    En 2018, en pleine période de déstabilisation économique, les leaders de l’opposition, sur ordre explicite de Washington, refusent de participer à la présidentielle et appellent à la boycotter. D’autres dirigeants, tout aussi critiques à l’égard du « chavisme », mais plus soucieux de l’intérêt général, se portent malgré tout candidats. Dans un tel contexte, 9,2 millions de citoyens se rendent aux urnes (46,02 % de participation). Maduro l’emporte avec 68 % des voix, devant Henri Falcón (ex-chef de campagne d’Henrique Capriles ; 21 %) et le pasteur Javier Bertucci (11 %). Ce qui se passe à ce moment ne peut même plus être placé dans la catégorie « comique de répétition » : soumis à une pression extrême des « ultras » étatsuniens et vénézuéliens, Falcón refuse soudain de reconnaître la légitimité du scrutin et exige… d’en organiser un autre. « On pourrait les faire en octobre et nous, nous sommes disposés une fois de plus, cohérents comme nous sommes [authentique !], à y participer. » Avec l’infime étincelle de lucidité qui semble lui rester, il constate néanmoins : « Aujourd’hui il est clair que cet appel à l’abstention a fait perdre une occasion extraordinaire de mettre un terme à la tragédie que vit le Venezuela. » Arrivé en troisième position, Bertucci n’entre pas dans une fausse polémique : « Les gens qui ont voté ont voté, on ne peut pas dire que le résultat n’est pas le produit du vote. »
    En état de choc, échaudés, écœurés par l’irresponsabilité et l’incohérence de leurs dirigeants, les électeurs qui s’en réclament et les abstentionnistes ne descendent même pas dans la rue pour manifester. Nul n’y prête attention. L’effet troupeau faisant son œuvre, les médias dominants bourdonnent sur le même thème : la légende noire d’un Maduro « président illégitime » vient de naître.

    On n’occultera pas ici que, le 30 juillet 2017, l’élection d’une Assemblée nationale constituante (ANC) avait été très controversée. Pas tant du fait du boycott des mêmes que l’année suivante et des violences qu’ils incitèrent alors à déclencher pour saboter la consultation. On déplora au moins quinze morts au cours de ce week-end, dont un sergent de la Garde nationale et un candidat chaviste. Vingt-et-un fonctionnaires de police furent blessés par arme à feu, huit gardes nationaux brûlés par un engin explosif. En vain : 8 089 320 Vénézuéliens se rendirent aux urnes pour élire leurs Constituants, soit 41,5 % de l’électorat.
    Ces chiffres, bien sûr, furent immédiatement contestés. Toujours en première ligne dès qu’il s’agit de ruses, de manèges et de finasseries, Ramos Allup estima la participation à 12 %, soit à peine 2,4 millions de personnes. Plus troublante, et semant légitimement le doute, se révéla la déclaration d’Antonio Mugica, président de la firme Smartmatic, qui fournissait le software des machines à voter et l’assistance technique, quand il dénonça une manipulation des résultats. « Nous estimons que la différence entre la participation réelle et celle annoncé par les autorités est d’au moins un million de voix », déclare-t-il, depuis… Londres, trois jours après le scrutin.

    Depuis, Mugica a disparu des radars, sans jamais avoir soumis à quiconque un quelconque rapport technique détaillé expliquant la supposée fraude, qui l’a réalisée et comment elle a été détectée. En revanche, tout observateur attentif dispose de quelques certitudes. Smartmatic, leader mondial en solutions électorales et de gestion d’identités, jouit d’une solide réputation internationale. Elle opère dans une quarantaine de pays. Sans jamais aucun incident, et défendant l’intégrité des résultats de douze élections vénézuéliennes successives, Smartmatic en encadrait techniquement le déroulement depuis 2004 – le vote étant complètement automatisé. Or, dans un contexte d’agression permanente, Washington venait d’annoncer des sanctions contre la présidente du CNE Tibisay Lucena, pour son rôle dans l’organisation de cette élection « illégale ». Toute entreprise travaillant avec le CNE risquait désormais d’être condamnées à de très fortes amendes par la justice étatsunienne et même de se voir exclue définitivement du marché américain. Or…

    Après cette spectaculaire mise en cause de Caracas, et la rupture qui s’ensuivit, Smartmatic annoncera que l’Argentine (du président de droite Mauricio Macri) fait appel à sa technologie biométrique pour l’authentification de ses électeurs ; qu’elle présente sa technologie innovante aux experts et administrateurs électoraux du Royaume-Uni ; qu’elle participe à la mise en place de la même technologie innovante au Mexique (du président conservateur Enrique Peña Nieto) ; que, d’ici à 2020, « après une évaluation technique, légale et financière », le comté de Los Angeles achèvera avec elle l’installation d’un nouveau système de vote ; que la Commission européenne a attribué à son Centre d’excellence sur le vote par internet une nouvelle bourse de recherche dans le cadre du programme Horizon 2020 ; que, dans le secteur en charge des infrastructures électorales, elle intègre… le Conseil de coordination du Département de la sécurité intérieure des Etats-Unis ! Que des « amis » très chers du Venezuela ! Mieux vaut ne pas se placer sous l’épée de Damoclès des sanctions américaines quand on ne souhaite pas perdre de tels contrats [6].

    « Personne n’a expliqué comment, pendant ces deux décennies de gouvernement bolivarien, l’opposition a presque toujours gagné, par exemple, dans l’Etat de Miranda, où se trouve la partie la plus grande et la plus puissante de Caracas, constate la philosophe et historienne vénézuélienne Carmen Bohórquez ; et qu’elle a également gagné à plusieurs reprises des Etats stratégiques tels que les Etats de Zulia, Táchira, Mérida, Nueva Esparta ou Amazonas [7]. » Néanmoins, au prétexte que « les conditions pour qu’il y ait des élections justes et démocratiques (n’y) sont pas réunies », l’Union européenne, en parfaite supplétive de l’administration Trump (et des ténors du Parti démocrate), refuse par avance de reconnaître les résultats des élections législatives organisées le 6 décembre prochain. Scrutin que, comme il se doit, leur petit protégé, l’autoproclamé Juan Guaido, appelle à boycotter. Une question, et non des moindres, demeurant néanmoins en suspens : le jour où aura lieu, au Venezuela, cette consultation électorale (à laquelle participent les factions non anti-démocratiques de l’opposition), connaîtra-t-on le nom du prochain président des Etats-Unis ?

    Effarés, nombre d’Américains découvrent des méthodes que leurs gouvernements successifs ont sans vergogne appuyées, voire suscitées, à l’étranger. C’est que, à répandre cyniquement la peste chez les autres, on finit par l’attraper. Le 4 novembre, sans la moindre preuve, Trump s’est à nouveau posé en victime d’une vaste fraude électorale : « Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l’élection ! » S’il perd (ce qui est probable, mais pas absolument certain, à l’heure de la rédaction de ce billet), il va multiplier les recours en justice et en appelle déjà à la Cour suprême, pour que « la loi soit respectée et utilisée de manière appropriée  ». La partie est loin d’être terminée.
     
    Mais au fait… Où est passée l’OEA ? Pas d’ironie facile : elle est là et bien là. Défenseur intraitable, scrupuleux et désintéressé de la pureté des processus démocratiques sur le continent, son secrétaire général Luis Almagro a dirigé en personne une mission d’observation électorale. Pour ces minuscules Etats-Unis, pays de 328 millions d’habitants répartis sur 9,834 millions de Km², 28 experts et observateurs ont été déployés ; rien à voir avec l’immense Bolivie (11,35 millions d’habitants, 1,098 million de Km²) qui avait nécessité… 92 experts et observateurs déployés en 2019 dans les neuf départements du pays et dans trois pays étrangers (Argentine, Brésil et Etats-Unis) pour y surveiller le vote des expatriés.

    Disons qu’au sein de l’OEA, et en matière de surveillance du respect de la démocratie, tous les pays sont égaux, mais que certains sont plus égaux que d’autres. « En raison de la nature décentralisée de l’administration électorale aux Etats-Unis, explique le Rapport préliminaire rendu public le 6 novembre, la Mission a dû obtenir l’autorisation de chaque Etat afin d’observer leurs processus de vote. La Mission a donc contacté les autorités de quatorze Etats [sur cinquante !] et du district de Columbia pour demander un accès pendant la période préélectorale et le jour du scrutin. (…) En fin de compte, les restrictions résultant de COVID-19 ainsi que d’autres facteurs échappant au contrôle de la Mission ont limité les Etats dans lesquels elle a pu se déployer [8]. » Et pour cause : certains Etats n’autorisent pas ou ne prévoient pas de dispositions spécifiques pour l’observation internationale de leurs processus électoraux. Et n’ont pas l’intention d’y changer quoi que ce soit. De sorte que l’imposante « Mission de l’OEA pour les élections présidentielles américaines » n’a été en réalité présente qu’en Géorgie, dans l’Iowa, dans le Maryland, dans le Michigan et dans le district de Columbia [9] !

    Dans le rapport préliminaire qui en découle, l’OEA indique qu’elle « n’a pas directement observé de graves irrégularités jetant le doute sur les résultats » Préalablement, elle a mentionné sur un ton critique qu’ « un candidat en particulier » a fait référence à la « progression et à la crédibilité du vote » ce qui a ensuite conduit sa campagne à « contester le processus en cours et les résultats devant les tribunaux ». « Un candidat en particulier »… Jamais le nom de Donald Trump n’est mentionné. Il a plus de chance qu’Evo Morales, nommément cité et épinglé à de multiples reprises dans les mensongers rapports préliminaire et définitif de 2019. Mais Almagro n’insulte pas l’avenir. Le 6 novembre, date de publication de ce premier document, il n’est pas encore certain que Trump ait perdu l’élection.
    On se permettra tout de même d’interpeller le secrétaire général sur cette « mission d’observation électorale à portée limitée » (expression employée dans le rapport précité). Plutôt que vouloir imposer autoritairement ses diktats à la Bolivie, au Nicaragua, au Venezuela ou aux autres pays de la région, ne devrait-il pas, en priorité, exiger des Etats-Unis un accès sans limites à l’observation de ses élections ? (excusez, « it’s a joke » : on n’a jamais vu un « péon » [10] imposer quoi que ce soit à son patron). Autre question : dans la plus extravagante des hypothèses (mais qui sait…), le président français Emmanuel Macron recevra-t-il Trump à l’Elysée si celui-ci s’autoproclame chef de l’Etat ? Et encore : comme elle l’a fait avec la Bolivie post-coup d’Etat, pourquoi l’Union européenne ne se propose-t-elle pas comme médiatrice pour « pacifier le pays »  ? Sans augurer du pire, on y note déjà une montée des tensions digne de la dernière des Républiques bananières. Selon le Washington Post, le Secret Service s’inquiète de la sécurité de Joe Biden : des agents ont été envoyés en renfort à Wilmington (Delaware) pour protéger son QG.

    Maurice LEMOINE
    source: https://www.medelu.org/   (Mémoire des Luttes)




    [1Il s’agit de bulletins postés au plus tard le jour du scrutin, donc le 3 novembre.

    [2En Bolivie, pour éviter un second tour, le candidat en tête doit obtenir la majorité absolue ou au moins 40 % des voix avec 10 points de pourcentage d’écart sur le second.

    [9Le District de Columbia abrite la capitale fédérale Washington.

    [10En Amérique latine : gardien de bétail, ouvrier agricole, paysan pauvre, domestique…

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