• Dans la situation d’incertitude, voire de chaos dans laquelle s’enfoncent les Etats-Unis, avec y compris la maladie du président, et les incertitudes sur l’issue d’une campagne électorale chaotique peut-être y a-t-il de l’insensibilité à ne parler des Etats-Unis que pour montrer ce dont ils sont capables, si ce n’est que la presse américaine s’acharne sur le président d’une manière qui montre où en est cette société. Si ce n’est surtout que Mike Pompeo, dont les ambitions présidentielles sont évidentes, continue à agir pour tenter de créer en Europe et en Asie une digue anti-chinoise en bloquant partout les contacts commerciaux et culturels avec la Chine, et de même partout sans relâche les Etats-Unis, directement ou indirectement provoquent des révolutions de couleur sous couvert de donner des leçons de démocratie qui se terminent sur des guerres civiles et des drames.

    Une «révolution de couleur» fait référence à un type spécifique d’attaque coordonnée que le gouvernement des États-Unis est connu pour déployer contre des régimes étrangers, notamment en Europe de l’Est jugés «autoritaires» et hostiles aux intérêts américains. Plutôt que d’utiliser une intervention militaire directe pour effectuer un changement de régime comme en Irak, les révolutions de couleur attaquent un régime étranger en contestant sa légitimité électorale, en organisant des manifestations de masse et des actes de désobéissance civile et en tirant parti des contacts médiatiques pour assurer une couverture favorable à leur programme dans la presse occidentale.


    la Fondation Open Society de George Soros décrit ainsi les manifestations d’Euromaidan:

    Fin novembre 2013, les Ukrainiens sont descendus dans la rue pour protester pacifiquement après que le président de l’époque, Viktor Ianoukovitch, ait choisi de ne pas signer un accord qui aurait intégré le pays plus étroitement à l’Union européenne …

    La Fondation internationale de la Renaissance fait partie de l’Open Society. Un groupe de fondations, qui soutient la société civile ukrainienne depuis 1990. Depuis 25 ans, l’International Renaissance Foundation travaille avec des organisations de la société civile défendant les droits de l’homme et la justice, luttant contre la corruption, soutenant les minorités ukrainiennes, y compris les Tatars et les Roms, poursuivant la réforme de la santé et de l’éducation, et aidant à faciliter l’intégration européenne de l’Ukraine.

    La Fondation internationale pour la renaissance a joué un rôle important en soutenant la société civile pendant les manifestations d’Euromaidan. La fondation a veillé à ce qu’une aide juridique soit mise à la disposition des militants civiques, des manifestants et des journalistes tout au long de la crise; elle a fourni des soins médicaux aux victimes de violence; a permis la solidarité et l’organisation de la société civile; elle a soutenu des chaînes comme Hromadske TV dans des reportages indépendants en direct sur les événements sur le Maidan; et des cas documentés de torture, de passages à tabac et d’abus commis par la police et les tribunaux. [Fondation Open Society]

    Cette description de l’Euromaidan Color Revolution par Steven Pifer, chercheur du Brookings Institute, mérite d’être soulignée:
    Le 21 février a marqué le sixième anniversaire de la fin de la révolution de Maidan en Ukraine. Trois mois de manifestations largement pacifiques se sont soldés par un spasme de violence meurtrière. Le président Victor Ianoukovitch a fui Kiev et plus tard l’Ukraine, ce qui a incité la Rada (le parlement ukrainien) à nommer des dirigeants par intérim en attendant des élections anticipées. [Brookings Institute]

    APRES LA BIELORUSSIE, DEMAIN LE KIRGHIZISTAN

    Demain le 4 octobre, il doit y avoir des élections législatives au Kirghizistan, ce sont les 7èmes depuis l’indépendance. Il n’y a qu’une chambre intitulée Le Conseil suprême, ces élections sont importantes parce que la Kirghizie est une république parlementaire. La vie politique est très animée, il y a eu en 2005 la révolution des Tulipes à partir de laquelle a été enclenché un processus constitutionnel parlementaire. Mais une sorte de tradition a été créée celle de nombreuses manifestations encadrant les scrutins mais aussi les nominations de hauts fonctionnaires. Ce qui prouve un incontestables dynamisme de la société civile.

    Mais à partir des événements en Biélorussie et de la pression exercée par les Etats-Unis, mais aussi la Turquie aux frontières russes si l’on considère également que la République Kirghize a une frontière commune avec la Chine, que la question de la base américaine proche y est devenu sensible, les observateurs notent une activité accrue envers l’opposition des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne visant à saper les relations avec la Russie. Le Kirghistan et la Russie ont traditionnellement des coopérations multiples.

    Cette intervention US n’est pas une nouveauté. On pourrait dire que depuis 30 ans les Etats-Unis ont beaucoup investi dans l’Asie Centrale s’ils n’avaient pas manifesté une pingrerie dans des coopérations États-Unis Khirghizie et laissé à Freedom House (organisation basée aux Etats-Unis) ainsi que de nombreuses autres ONG le soin de distribuer des subsides en les assortissant d’une active propagande contre la Russie et la Chine à travers le portail d’information Caravansérail (contrôlé par l’armée américaine).

    Aujourd’hui, il est assez facile de trouver des exemples concrets de l’Occident interférant dans la politique intérieure du Kirghizistan en ligne. Par exemple, gezitter.org a signalé que le National Endowment for Democracy (fondé au Capitole et considéré comme indésirable en Russie) avait fourni un soutien financier aux groupes d’opposition au Kirghizistan. dans un récent article Vladimir Danilov émet les analyse suivantes:
    https://journal-neo.org/2020/10/01/west-hopes-to-play-its-belarusian-card-in-kyrgyzstan/

    “Selon les médias kirghizes, les diplomates américains ont récemment commencé activement à poursuivre des objectifs similaires, c’est-à-dire d’influencer le climat intérieur au Kirghizistan. Ils ont essayé de profiter de l’évolution de la situation politique dans le pays en vue de rouvrir une installation militaire américaine, qui a été fermée plus tôt pour des raisons politiques. Dans ces objectifs, la secrétaire adjointe par intérim des États-Unis pour l’Asie du Sud et centrale, Alice Wells, s’est rendue en Asie centrale en janvier.

    Néanmoins, il est important de souligner que toutes les tentatives faites par les États-Unis au cours des cinq dernières années pour réaffirmer leur influence au Kirghizistan n’ont pas été très fructueuses malgré tous les efforts déployés par les diplomates américains. Même le renforcement actif de la coopération avec le Tadjikistan (contre le Kirghizistan) n’a pas aidé Washington jusqu’à présent. En effet, toute flambée à la frontière entre le Kirghizistan et le Tadjikistan (c’est-à-dire l’un des moyens existants d’escalade des tensions sur le paysage politique kirghize et parmi sa population) est un coup porté au gouvernement kirghize, que le public a de plus en plus souvent accusé d’être inefficace.

    Les ONG étrangères, financées par le gouvernement américain et un certain nombre d’autres pays occidentaux, souhaitent relancer de vieux conflits non résolus afin de déstabiliser la situation déjà turbulente au Kirghizistan née des campagnes électorales. La rivalité politique actuelle s’accompagne d’efforts visant à déstabiliser la situation en dehors du Kirghizistan. Par exemple, on pense que les acteurs extérieurs continuent d’inciter à des conflits le long des frontières kirghize–Tadjikistan et Kirghizistan–Kazakhstan. Ces efforts se poursuivent depuis un certain temps, en fait, ces « agents étrangers » ont payé pour établir des réseaux de collecte d’informations dans la région et pour former de jeunes militants sur place.

    Notamment, une enquête menée par l’Institut républicain international en août (une organisation non partisane à but non lucratif qui collabore avec le département d’État américain et l’USAID) a montré que de nombreux répondants auraient déclaré qu’ils voteraient « contre tous » si l’élection avait lieu à ce moment-là. La communication de ces données a pour même but que la promotion du vote « contre tous », c’est-à-dire clairement d’encourager la population kirghize à considérer le gouvernement au pouvoir comme totalement inutile.

    En plus de l’ingérence des États-Unis, ces derniers mois, l’ambassade britannique est devenue de plus en plus active dans le paysage politique kirghize en essayant d’exercer son influence sur ces processus et en s’immisçant ouvertement avec eux. Par exemple, avant les prochaines élections législatives, Charles Garrett, ambassadeur de Sa Majesté auprès de la République kirghize, a tenté d’unir toutes les forces d’opposition contre l’actuel gouvernement kirghize. Plus tôt, alors que la majorité des habitants étaient occupés à combattre la pandémie de coronavirus en suivant les mesures recommandées, le diplomate britannique a choisi de ne pas isoler et plutôt trier sur le volet des manifestants appropriés. D’avril à août de cette année, Charles Garrett a tenu une série de négociations et de réunions secrètes avec le chef du parti Ata Meken, Omurbek Tekebayev; le chef de la fondation « rogrè », Adil Turdukulov, et les partisans des anciens présidents du Kirghizistan Almazbek Atambayev et Roza Otunbayeva. Le diplomate de haut rang a demandé aux personnes susmentionnées de discréditer et de compromettre la réputation des candidats du gouvernement actuel au Parlement au cours des discussions.

    À l’initiative de Charles Garrett, trois millions de dollars ont été alloués aux forces d’opposition au Kirghizistan au nom du Fonds pour les conflits, la stabilité et la sécurité (supervisé par le Conseil de sécurité nationale du Royaume-Uni) et des Fondations de l’Open Society (OSF, une organisation philanthropique).

    L’opposition au Kirghizistan est actuellement fragmentée, certains membres ayant des opinions pro-occidentales. Par conséquent, il est peu probable qu’un de ces partis soit en mesure de remporter 7 % du décompte national pour obtenir des sièges au Parlement. Dans un tel climat, des médias kirghizes ont fait état d’un plan (conçu par l’opposition à la demande de leurs marionnettistes occidentaux) pour contester les résultats des élections en raison de leur falsification. Après le 4 octobre, ces groupes pourraient également faire appel aux nations occidentales imitant ce qui s’est passé en Biélorussie.

     

    source: https://histoireetsociete.com/

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  • Au moment où les médias occidentaux hurlent à l’hallali contre la Russie qui aurait empoisonné l’opposant Alexeï Navalny, ils font silence – comme il se doit dans la propagande médiatique éhontée à laquelle nous sommes soumis – sur la mort suspecte du philosophe, romancier, réalisateur et journaliste d’investigation pro-soviétique, André Vltchek décédé brutalement en Turquie ce 22 septembre. Il revenait en auto des bords de la Mer Noire vers Istanbul. En arrivant, son épouse n’a pas pu le réveiller. La police turque a déclaré sa mort « suspecte ». Son corps a été transporté à l’hôpital pour des analyses médico-légales.

    André Vltchek avait couvert de nombreuses zones de conflits dans le monde et dénoncé les épouvantables atrocités commises par les « démocraties occidentales », au Vietnam, en Afghanistan et ailleurs. Il a toujours été au plus près des opprimés, des miséreux, de tous ceux que l’Occident écrasent sous son talon de fer, qu’ils soient à Bornéo où les grandes entreprises capitalistes détruisent à la fois la Terre et les hommes, à Cuba, au Venezuela, en Syrie, ces pays qui refusent de céder à la force brutale d’un monde occidental imbu de lui-même, et tellement désireux de contrôler le reste de la planète, qu’il mène partout une véritable politique exterminatrice ! André a dénoncé sans relâche « les mensonges de l’Empire »[i], les « révolutions de couleur », les « printemps » qui ici et là, sous prétexte de « droits de l’homme », sont en réalité téléguidés par les États-Unis et leurs acolytes occidentaux, désireux d’étendre partout leur emprise, quittes à fomenter partout de nouvelles guerres – civiles ou pas – tant ils méprisent la valeur de la vie humaine.  Il écrivait à ce sujet en juin 2018 : « La paix, c’est quand les intérêts commerciaux de l’Occident ne sont pas menacés, même si des dizaines de millions d’êtres humains non blancs disparaissent au cours du processus. La paix, c’est lorsque l’Occident peut contrôler le monde politiquement, économiquement, idéologiquement et « culturellement » sans rencontrer d’opposition. »

    Dans le texte qui suit, l’un des derniers, qui date de juin 2020, André Vltchek, qui s’intéressait de près à l’évolution de la politique chinoise, met en garde les jeunes de  qui n’ont peut-être pas conscience de tout ce que la  – comme l’ex Union soviétique de sa jeunesse – a à leur offrir. Il a raison, « la patrie n’est pas à vendre », comme le disaient les Cubains. La justice et la dignité valent beaucoup plus que le profit. Ces idées sont depuis longtemps présentées en Occident comme obsolètes. Il est temps de les remettre au goût du jour. André n’est plus, mais en plagiant Aragon, on pourrait dire : « Il meurt mais l’ demeure ». 

    Gilda Landini-Guibert pour www.initiative-Communiste.fr

    Comment nous avons vendu l’Union soviétique et la Tchécoslovaquie pour des sacs de courses en plastique

    traduit du site https://orinocotribune.com/how-we-sold-soviet-union-and-czechoslovakia-for-plastic-shopping-bags-message-to-honk-kong-readers/20 juin 2020.

     André VLTCHEK

    Ça fait des mois que j’ai envie de partager une histoire avec les jeunes lecteurs de Hong Kong. Aujourd’hui, il semble que ce soit le moment le plus approprié alors que la bataille idéologique entre l’Occident et la Chine fait rage et que, par conséquent, Hong Kong et le monde entier en souffrent.

    Je tiens à dire que rien de tout cela n’est nouveau, que l’Occident a déjà déstabilisé tant de pays et de territoires, a fait subir un lavage de cerveau à des dizaines de millions de jeunes.

    Je le sais, parce que dans le passé, j’étais l’un d’entre eux. Si je ne l’étais pas, il serait impossible de comprendre ce qui se passe actuellement à Hong Kong.

    Je suis né à Leningrad, une belle ville de l’Union soviétique. Aujourd’hui, elle s’appelle Saint-Pétersbourg, et le pays est la Russie. Maman est moitié russe, moitié chinoise, artiste et architecte. Mon enfance a été partagée entre Leningrad et Pilsen, une ville industrielle connue pour sa bière, à l’extrémité occidentale de ce qui était autrefois la Tchécoslovaquie. Mon père était un scientifique nucléaire.

    Les deux villes étaient différentes. Toutes deux représentaient quelque chose d’essentiel dans la planification communiste, un système que les propagandistes occidentaux vous ont appris à haïr.

    Leningrad est l’une des villes les plus étonnantes du monde, avec certains des plus grands musées, des théâtres d’opéra et de ballet, des espaces publics. Autrefois, c’était la capitale de la Russie.

    Plzen est minuscule, avec seulement 180 000 habitants. Mais quand j’étais enfant, elle comptait plusieurs excellentes bibliothèques, des cinémas d’art et d’essai, un opéra, des théâtres d’avant-garde, des galeries d’art, un zoo de recherche, avec des choses qui ne pouvaient pas être, comme je l’ai réalisé plus tard ( lorsqu’il était trop tard), trouvées même dans les villes américaines d’un million d’habitants.

    Les deux villes, une grande et une petite, disposaient d’excellents transports publics, de vastes parcs et de forêts à sa périphérie, ainsi que d’élégants cafés. Pilsen disposait d’innombrables installations de tennis, de stades de football, et même de terrains de badminton, gratuits.

    La vie était belle, elle avait un sens. Elle était riche. Pas riche en termes d’argent, mais riche sur le plan culturel, intellectuel et de la santé. Être jeune était amusant, avec des connaissances gratuites et facilement accessibles, avec la culture à tous les coins de rue, et des sports pour tous. Le rythme était lent : il y avait beaucoup de temps pour réfléchir, apprendre, analyser.

    Mais c’était aussi l’apogée de la guerre froide.

    Nous étions jeunes, rebelles et faciles à manipuler. Nous n’étions jamais satisfaits de ce qu’on nous donnait. Nous prenions tout pour acquis. La nuit, nous étions collés à nos récepteurs radio, écoutant la BBC, Voice of America, Radio Free Europe et d’autres services de diffusion visant à discréditer le  et tous les pays qui luttaient contre l’ occidental.

    Les conglomérats industriels socialistes tchèques construisaient, en solidarité, des usines entières, de l’acier aux sucreries, en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique. Mais nous n’y voyions aucune gloire, car les organes de propagande occidentaux ridiculisaient tout simplement de telles entreprises.

    Nos cinémas montraient des chefs-d’œuvre du cinéma italien, français, soviétique, japonais. Mais on nous a dit d’exiger de la camelote en provenance des États-Unis.

    L’offre musicale était excellente, du direct à l’enregistrement. En fait, presque toute la musique était disponible, bien qu’avec un certain retard, dans les magasins locaux ou même sur scène. Ce qui n’était pas vendu dans nos magasins était de la camelote nihiliste. Mais c’était précisément ce qu’on nous disait de désirer. Et nous l’avons désiré, et nous l’avons copié avec un respect religieux, sur nos magnétophones. Si quelque chose n’était pas disponible, les médias occidentaux criaient que c’était une violation flagrante de la liberté d’expression.

    Ils savaient, et ils savent encore aujourd’hui, comment manipuler les jeunes cerveaux.

    À un moment donné, nous nous sommes transformés en jeunes pessimistes, critiquant tout dans nos pays, sans comparaison, sans même un tout petit peu d’objectivité.

    Cela vous semble familier ?

    On nous disait, et nous le répétions : tout était mauvais en Union soviétique ou en Tchécoslovaquie. Tout à l’Ouest était génial. Oui, c’était comme une religion fondamentaliste ou une folie de masse. Presque personne n’était à l’abri. En fait, nous étions infectés, nous étions malades, transformés en idiots.

    Nous utilisions les installations publiques, socialistes, des bibliothèques aux théâtres, en passant par les cafés subventionnés, pour glorifier l’Occident et salir nos propres nations. C’est ainsi que nous avons été endoctrinés, par les stations de radio et de télévision occidentales, et par des publications introduites clandestinement dans les pays.

    À cette époque, les sacs à provisions en plastique de l’Occident sont devenus les symboles du statut social ! Vous savez, ces sacs que l’on trouve dans certains supermarchés ou grands magasins bon marché. [ndlr lire également ce témoignage ici]

    Quand j’y pense, quelques décennies plus tard, j’ai du mal à y croire : de jeunes garçons et filles éduqués, marchant fièrement dans les rues, exhibant des sacs à provisions en plastique bon marché, pour lesquels ils ont payé une somme d’argent importante. Parce qu’ils venaient de l’Ouest. Parce qu’ils symbolisaient le consumérisme ! Parce qu’on nous disait que le consumérisme est bon.

    On nous disait que nous devions désirer la liberté. Une liberté à l’occidentale.

    On nous disait qu’il fallait « lutter pour la liberté ».

    À bien des égards, nous étions beaucoup plus libres que l’Occident. Je m’en suis rendu compte quand je suis arrivé à New York et que j’ai vu à quel point les enfants de mon âge étaient mal éduqués, à quel point leur connaissance du monde était superficielle. Comme il y avait peu de culture dans les villes nord-américaines de taille moyenne.

    Nous voulions, nous exigions des jeans de marque. Au centre de nos disques, nous désirions des labels de musique occidentale. Il ne s’agissait pas de l’essence ou du message. C’était la forme qui primait sur le fond.

    Notre nourriture était plus savoureuse, produite de manière écologique. Mais nous voulions des emballages occidentaux colorés. Nous exigions des produits chimiques.

    Nous étions constamment en colère, agités, conflictuels. Nous mettions nos familles en colère.

    Nous étions jeunes, mais nous nous sentions vieux.

    J’ai publié mon premier recueil de poésie, puis je suis parti, j’ai claqué la porte derrière moi, je suis allé à New York.

    Et peu après, je me suis rendu compte que j’avais été dupé !

    Voici une version très simplifiée de mon histoire. L’espace est limité.

    Mais je suis heureux de pouvoir la partager avec mes lecteurs de Hong Kong, et bien sûr, avec mes jeunes lecteurs de toute la Chine.

    Deux merveilleux pays qui étaient ma maison ont été trahis, littéralement vendus pour rien, pour des paires de jeans de marque et des sacs de courses en plastique.

    L’Occident a fait la fête ! Des mois après l’effondrement du système socialiste, les deux pays ont littéralement été dépouillés de tout par les entreprises occidentales. Les gens ont perdu leur maison et leur emploi, et l’internationalisme a été découragé. De fières entreprises socialistes ont été privatisées et, dans de nombreux cas, liquidées. Les théâtres et les cinémas d’art et d’essai ont été transformés en marchés de vêtements d’occasion bon marché.

    En Russie, l’espérance de vie est tombée au niveau de celle des pays africains subsahariens.

    La Tchécoslovaquie a été divisée en deux parties.

    Aujourd’hui, des décennies plus tard, la Russie et la Tchécoslovaquie sont à nouveau riches. La Russie possède de nombreux éléments d’un système socialiste à planification centrale.

    Mais mes deux pays me manquent, tels qu’ils étaient autrefois, et tous les sondages montrent qu’ils manquent aussi à la majorité des gens qui y vivent. Je me sens également coupable, jour et nuit, de m’être laissé endoctriner, manipuler et, d’une certaine manière, d’avoir trahi.

    Après avoir vu le monde, je comprends que ce qui est arrivé à l’Union soviétique et à la Tchécoslovaquie est également arrivé à de nombreuses autres régions du monde.

    Et en ce moment, l’Occident vise la Chine, en utilisant Hong Kong.

    Chaque fois que je me rends en Chine, chaque fois que je me rends à Hong Kong, je ne cesse de répéter : s’il vous plaît, ne suivez pas notre terrible exemple. Défendez votre nation ! Ne la vendez pas, métaphoriquement, pour quelques sales sacs à provisions en plastique. Ne faites pas quelque chose que vous regretteriez pour le reste de votre vie !


    [i]  « Sur tous les continents, des médias et des universitaires serviles usent de tout leur pouvoir pour garantir qu’une seule version des faits soit autorisée à pénétrer le cerveau de milliards d’individus ». André VLTCHEK« Les mensonges de l’Empire : Comment lutter contre la propagande occidentale », 16 mai 2015.

    illustration par www.initiative-communiste.fr


     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • , résistant FTP-MOI, président du PRCF dans une analyse rédigée en 2009 montrait les liens factuels entre gouvernement, grands groupes financiers, et . Une tribune démontrant la réalité objective non seulement de l’intégration du  monopoliste d’État, mais aussi la nature profondément et intrinsèquement de classe de l’. Une structure politique supranationale construite par et pour la domination exclusive de la classe capitaliste contre les peuples et la classe des travailleurs. 11 ans plus tard, Léon Landini souligne que la situation n’a pas changé, elle s’est au contraire aggravée. C’est pour inviter à cette prise de conscience et appeler à l’action avec le PRCF que Léon Landini a fait parvenir à la rédaction d’IC cette tribune. Toujours d’une brûlante actualité dans les faits, comme dans son mot d’ordre : Union Européenne oui pour s’en sortir, il faut en sortir


      Union Européenne. Oui !      Pour s’en sortir, il faut en sortir 

    Léon Landini – 2009 – président du PRCF

    La France, pays des droits de l’homme et du citoyen, pays de la révolution de la Commune et de la Résistance, voit chaque jour disparaître tout ce qui faisait d’elle le porte drapeau international de la liberté.

    Aujourd’hui notre  pays est en pleine fascisation et nos gouvernants en profitent pour remettre en cause tout ce qui avait été conquis par notre peuple depuis plus d’un siècle de luttes et de sacrifices.

    La volonté de détruire la totalité des nos acquis et de faire disparaître jusqu’à l’esprit de Résistance, a été clairement exprimé par  les proches de Sarkozy.

    C’est Denis Kressler, ami personnel du président de la République, ancien N° 2 de MEDEF, président du groupe d’assurance SCOR, membre du Conseil économique et social, de la commission des comptes de la Nation, Administrateur de PariBas, de Bolloré Investissement et de Dassault Aviation, qui a été chargé de cette besogne en qualité de porte parole du gouvernement, en écrivant dans la revue « Challenge » :

    « Le modèle social français est le pur produit du Conseil National de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer et le gouvernement s’y emploie ….. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ».

    Denis Kessler – 2007

    Il s’agit non seulement « défaire méthodiquement le programme du CNR » mais surtout effacer toutes velléités de résistance à la remise en cause de tous nos droits.

    Pour pouvoir intoxiquer et tromper notre population, la participation des médias est absolument indispensable pour pouvoir pratiquer un bourrage de crâne intensif, celui-ci dépassant tout ce que nous avons pu connaître par le passé, y compris pendant les années noires de l’occupation.

    Sans doute pensent-ils qu’en répétant toujours les mêmes choses nous allons finir par les croire, il est vrai :

    en tombant toujours au même endroit, une goutte d’eau finit par faire un trou dans la roche

    proverbe chinois

    Depuis les présidentielles de 2007, les médias mènent une intense campagne afin de nous  faire admettre que le véritable défenseur de la Résistance Française c’est Sarkozy.

    Dans ce but et afin d’assurer sa propre promotion, « ce monsieur »  s’est rendu à Châteaubriant, pour disait-il, rendre hommage à Guy Môquet, tout en « oubliant » de rappeler que Guy Môquet, jeune communiste, avait été arrêté en distribuant des tracts de son parti et que son père député communiste avait déjà été arrêté et interné en Algérie.

    Au cours d’une autre visite au Plateau des Glières il a, (au cimetière où reposent les résistants tombés en ce lieu) tenu en riant des propos graveleux qui  ont choqué  et ulcéré les résistants assistant à cette cérémonie.

    Poursuivant son périple, il s’est ensuite rendu en divers autres lieux où des résistants avaient donné leur vie, convaincus que leurs sacrifices allaient permettre la création d’un monde meilleur.

    À chacun de ses déplacements il est toujours accompagné  par une Smala de cameramans, de journalistes et de photographes, qui est chargée d’assurer sa  publicité et sa mise en valeur.

    Alors que des coups terribles sont portés quotidiennement aux acquis du programme du CNR, voici que ce « personnage » s’est permis au cours d’une récente allocution de faire référence au Conseil National de la Résistance comme s’il en était le porte-parole.

    Décidément, il faut avoir beaucoup d’audace et un beau culot, pour essayer d’utiliser à son profit le CNR, tout en détruisant tout ce que le CNR nous avait apporté.

    Les télévisions, les radios et la presse, tous en cœur ne tarissent jamais d’éloges sur la grandeur de ce « seigneur ».

    Au cours des dernières élections européennes de 2009, tout a été fait, pour faire croire que le résultat était une grande victoire de Sarkosy et de l’UMP et pour que cela soit crédible, ils ont surtout mis en exergue le pourcentage de voix obtenues par la droite, sans évoquer un seul instant le nombre des inscrits et l’importance des abstentions.

    Pourtant, la totalité des suffrages exprimés (de droite comme de gôche) en 2009, arrivent avec beaucoup de peine à dépasser le nombre total de celles et de ceux qui au référendum de 2005 avaient voté NON à la Constitution Européenne.

    Le résultat de 2009  confirme à nouveau que le peuple français ne veut pas de cette Union Européenne.

    Les médias  sont  au service du gouvernement et de la grande finance.

    Ou plutôt ce serait le gouvernement qui est au service de la grande finance.

    Afin de démontrer cette main mise, il est utile de rappeler au préalable quelques textes sur la liberté de la presse :

    La loi du 1er juillet 1881 sur la liberté de la presse.

    Art 2 : Il n’existe plus de censure, non seulement pour les écrits, mais même pour les dessins, gravures, lithographies, estampes, etc … Il faut admettre que l’expression publique de la pensée, étant un des droits de l’homme et du citoyen, ne peut admettre de restrictions que celles édictées par la loi.

    Le  15 mars 1944 : Programme du Conseil National de la Résistance.

    Unis quant au but à atteindre, les représentants des mouvements, groupements, partis ou tendances politiques, groupés au sein du CNR, proclament qu’ils sont décidés à rester unis après la libération : Afin d’assurer la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères

    Faisant fi de ces directives impératives, le gouvernement et les grands groupes financiers se sont emparés de la quasi totalité des grands moyens de communication.

    En voici quelques exemples :

    Les chaînes de télévisions publiques, financées essentiellement par la redevance payée par tous les citoyens possédant une télévision, sont devenues la propriété de Sarkosy qui s’est arrogé le droit d’en désigner lui-même les PDG, mettant ainsi ce média à sa botte.

    Quant aux autres médias nationaux, (qui vivent souvent pour partie de commandes publiques) se trouvent tous  sous tutelle de grands groupes financiers.

    Lagardère (Europe 1 – Paris-Match – Le magazine Elle –  Télé 7 jours –  etc…

    Dassault  (Le Figaro). Bouygues  (TF 1).Vivendi  (Canal+). Bolloré  (Direct soir – La Chaîne Direct 8). Pinault  (Le Point). Bertelsmann  (RTL – M6). Arnault  (La Tribune – Radio Classique)  etc. …).

    L’éloge funèbre de Jean-Luc Lagardère, avait été prononcé par Henri-Bernard Levy, qui est lui-même directeur de collection chez Grasset (propriété de Lagardère), chroniqueur au Point (propriété de François Pinault), éditorialiste associé au Monde (actionnaires Lagardère et Pinault), actionnaire de Libération, mais aussi président du conseil de surveillance d’Arte. 

    Idem pour la presse quotidienne nationale.

    Les Échos devraient tomber dans l’escarcelle de Bernard Arnault (témoin du mariage de Sarkozy et PDG de LVMH) qui pourrait revendre son autre quotidien La Tribune à Bolloré (celui qui a prêté son Yacht à Sarkozy et à qui Jospin a vendu la Société Française de Production pour une bouchée de pain).

    Libérationjournal qui se voulait révolutionnaire et qui était autogéré, fut créée en 1973 par Jean-Paul Sartre pour lutter contre « le journalisme couché ».  Ce quotidien est aujourd’hui la propriété du banquier Edouard de Rothschild. Il a le statut de société anonyme et les journalistes sont totalement écartés de la direction car ils ne détiennent plus qu’1 % du , ce qui les a contraints d’abandonner le droit de veto qu’ils détenaient auparavant pour toutes  les grandes décisions pouvant concerner le journal.

    Même L’Humanité  qui se disait communiste, a pour actionnaires Lagardère et Bouygues, ce qui laisse penser que sa liberté d’expression est plus que limitée.

    Quant à  la presse régionale ce n’est pas mieux :

    Le groupe Hersant Médias, déjà propriétaire du quotidien Paris Normandie, et ses déclinaisons locales, vient de racheter à Lagardère les quotidiens du Sud-Est : La Provence, Nice Matin, Corse Matin, Var Matin etle journal gratuit Marseille Plus …d’autres parts, le Groupe Hersant Médias vient de céder au groupe Ouest France, 14 hebdomadaires qu’il détenait en Normandie.

    Pinault qui est actionnaire de Bouygues et donc de TF1 vient de lancer un magazine urbain gratuit baptisé Pili-pili qui doit « Assurer la promotion du commerce et des services de proximité ».

    Dassault est actionnaire de Lagardère et réciproquement,  lui-même associé à Hersant sur la TNT(chaîne Paris CAP), ce même Lagardère étant aussi actionnaire du Parisien, de L’Équipe (propriété du groupe Amaury) etc…

    Comme vous pouvez le constater avec ces quelques exemples, l’ensemble des grands médias sont soit sous gouvernance gouvernementale, ou bien entre les mains de la haute finance qui en possède l’écrasante majorité.

    Des « journaleux » grassement rétribués et sans aucun respect de la déontologie, ni même un semblant de démocratie, oublient, mentent, falsifient, salissent, ne respectant en rien la vérité pourvu qu’elle satisfasse celui ou ceux  qui les payent. 

    Après ce triste constat, comment pourrait-on croire qu’il y ait encore une possibilité pour l’écrasante majorité du peuple français, de s’exprimer librement et publiquement ?

    Dans ces conditions, qui peut prétendre que nous sommes encore en démocratie et que nous nous ne vivons pas sous la dictature de l’argent ?

    Avec l’excuse de la crise, les grandes entreprises après avoir touchés des dizaines, sinon des centaines de milliards du gouvernement, licencient, externalisent, délocalisent, laissant dans la misère et dans la désespérance des dizaines et des dizaines de milliers de familles, et voici qu’au même moment très tranquillement on nous annonce qu’une banque, après avoir reçu des milliards de subsides de l’État, vient de provisionner un milliard d’euros pour récompenser certains de ses collaborateurs.

    Si des milliards valsent pour quelques-uns, il n’en est pas de même pour tous. La preuve !

    La  Commission Européenne vient de faire parvenir au gouvernement français une injonction  demandant à ce que les producteurs de fruits et légumes remboursent 700 millions d’euros, qui correspondraient à diverses subventions qui leur auraient été indûment versées au cours des ces dernières années. Un milliard dans la poche des traders et 700 millions retirés de la poche des agriculteurs.

    Devant cette situation scandaleuse, Martine Aubry s’est mis à pousser des cris d’orfraie, mais à aucun moment elle ne s’en est prise à cette Commission Européenne qui veut nous imposer ce que l’ensemble de la population française a par deux fois refusé.

    Il faut rappeler que Martine Aubry et les dirigeants du Parti socialiste font partie de ceux qui, contre la volonté du peuple français, nous ont imposé cette Union Européenne.

    Devant la colère des paysans, le ministre de l’Agriculture tergiverse promettant d’intervenir auprès de la Commission Européenne pour essayer de faire diminuer cette somme, ou bien encore, de soulager leur fardeau en les exonérant des charges patronales envers la Sécurité Sociale.

    Ce manque de non paiement de charges sociales, va volontairement aggraver la situation financière de la Sécurité Sociale et mettre cette grande institution issue de la Résistance dans l’impossibilité de faire face à ses obligations.  

    Il est vrai que dans une Europe où « La concurrence doit être libre et non faussée » il n’y a plus de place pour la Sécurité Sociale.

    Comme, il n’y aura plus de place pour aucun de nos services publics, tout cela sera entre les mains des grands groupes financiers et nous aurons enfin le bonheur de ressembler à cette grande démocratie appelée USA où plus de 40 millions de personnes ne bénéficient d’aucune Sécurité Sociale. 

    Quant aux dirigeants du PCF reniant tous les combats passés, ils continuent à nous prendre pour des imbéciles en parlant  d’une « Europe sociale », pourtant les résultats qu’ils ont obtenus aux dernières élections auraient dû leur faire comprendre que les électeurs ne se sont pas laissé attraper à cette sinistre comédie.

    Pour en terminer avec la fascisation de notre pays, pour en terminer avec la criminalisation du communisme, pour lutter contre les licenciements sauvages et abusifs, pour en finir avec toutes les misères que nous subissons, il faut nous débarrasser de ce carcan qu’est Union Européenne, il est temps, il est grand temps que les vrais communistes qu’ils soient ou non membres du PCF s’unissent hors des instances d’un Parti qu’il n’est plus possible de remettre sur les rails de la lutte des classes.

    Il nous faut comme au temps de la Résistance, unir toutes celles et tous ceux qui veulent changer ce monde, avec comme base d’union la réalisation d’un nouveau programme de Résistance, sinon dans un avenir qui se rapproche à grande vitesse, la misère et la faim ne serons plus l’unique apanage des seuls  pays du tiers monde.

    Le premier acte fondamental  à accomplir pour reconquérir notre dignité, pour chasser des affaires ceux qui ruinent notre pays, c’est sortir la France du carcan que représente cette Union EuropéenneOui !  Pour s’en sortir, il faut en sortir.

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • C’est au nom du grand marché unique, de ses directives de libéralisation, privatisation et mise en concurrence de l’enseignement supérieur – notamment issus de la Stratégie de Lisbonne – que le régime Macron est en passe d’imposer en violation de la Constitution française, le basculement de l’ sous le joug du wall street english. Plusieurs associations de défense de la diversité linguistique et de la langue française, à l’image du , sont mobilisées pour empêcher cette escalade criminelle contre la langue française au profit du . Un recours est lancé devant le Conseil d’État.

    À lire :


    L’association CO.U.R.R.I.E.L. n’a pas été sollicitée pour signer l’appel reproduit ci-dessous. Mais qu’importe, l’essentiel est le contenu; c’est pourquoi nous appelons à diffuser cet appel, notamment auprès des publics universitaires et estudiantins.

    L’Université française doit cesser de basculer au “tout-anglais”; il y va du respect dû à la langue française, “langue de la République” au titre de la Constitution, du respect non moins dû aux langues étrangères autres que l’anglais à l’université, au collège et au lycée, et du respect dû aux étudiants français et étrangers, notamment à ceux qui proviennent d’autres pays francophones (Belgique, Mali, Suisse, Québec, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, etc.), du respect dû à la démocratie et aux citoyens français: car ce basculement illégal et hideux n’a été débattu ni au parlement ni dans le pays!

    NON AU TOUT-ANGLAIS IMPOSÉ, VIA L’UNION EUROPÉENNE ET LE GRAND PATRONAT, AU TITRE DU “GRAND MARCHÉ TRANSATLANTIQUE” GLOBALITAIRE qui se met en place autour du CETA et du TAFTA!

    Oui au respect de la personnalité linguistique de la France, oui à la diversité culturelle du monde et de l’Europe, non à la sélection sociale accrue parmi les étudiants qu’induirait nécessairement l’anglais devenu obligatoire pour tous!

    Non à la langue unique européenne et mondiale, facteur de pensée unique mondiale, d’économie unique mondiale et de politique unique mondiale, en un mot, de TOTALITARISME sous le masque trompeur d’un “internationalisme” destiné à dissimuler la dissolution galopante de la France dans l’Empire euro-atlantique en gestation.

    ÉTUDIANTS, UNIVERSITAIRES, NE COLLABOREZ PAS, RÉSISTEZ!

    Georges Gastaud, président de CO.U.R.R.I.E.L.

    https://courriel-languefrancaise.com/articles/george-non-au-basculement-illegal-et-inconstitutio

    Contre la certification obligatoire en langue anglaise
    imposée dans l’enseignement supérieur !

    Communiqué de l’A.FR.AV – Association Francophonie Avenir

    15 associations déposent un recours au Conseil d’État contre la certification obligatoire en langue anglaise imposée dès septembre 2020 dans toutes les licences des établissements d’enseignement supérieur français

    Paris, le 4 septembre 2020 : un recours a été déposé par 15 associations regroupant des étudiants, des enseignants et des chercheurs en langues, contre l’arrêté du 3 avril 2020 relatif à la certification obligatoire en langue anglaise pour l’obtention de la licence, car cet arrêté menace l’indépendance et la gratuité des formations du supérieur, porte atteinte au plurilinguisme et ignore les travaux scientifiques réalisés dans le domaine des langues.

    Un décret du 3 avril 2020 conditionne l’obtention du diplôme de Licence à la simple passation d’une certification en langue anglaise – sans condition d’obtention ou de résultat – et ce, pour tous les étudiants inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur. Cette décision, prise de manière unilatérale par le gouvernement, reflète la méconnaissance des questions linguistiques dans l’enseignement supérieur de la part de nos dirigeants. En effet, ce décret entraînera un changement profond qui ne sera pas sans conséquence. En voici un rappel des principales :

    • Une atteinte au plurilinguisme au sein des universités par la seule obligation de l’anglais et, de ce fait, un appauvrissement des profils des étudiants en termes de langues vivantes. Il s’agit, à terme, d’une perte de compétences linguistiques. En effet, sachant que seule la certification en langue anglaise leur permettra d’obtenir le diplôme, les étudiants choisiront, tout naturellement, l’enseignement de l’anglais et délaisseront les autres langues comme l’allemand, l’espagnol, l’italien, le chinois, le russe ou encore les langues régionales.
    • Le financement d’organismes privés par de l’argent public pour l’obtention d’un diplôme national public, puisque le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESRI) impose des certifications venant d’organismes certificateurs privés, sans par ailleurs spécifier un niveau de langue à valider (le MESRI exige uniquement que les étudiants « passent » la certification). Or, le coût total de cette opération s’élèvera, à terme, à 32 millions d’euros, qui devront être financés par les universités (puisque la certification sera gratuite pour les étudiants et que le MESRI se désengage du financement de la mesure qu’il a lui-même initiée). Il s’agit donc d’un gaspillage flagrant des deniers publics, d’autant plus incompréhensible que les établissements du supérieur font face à des besoins grandissants et à ce jour très insuffisamment financés.
    • Le dessaisissement de la politique linguistique des universités au profit de sociétés privées, alors même que des dispositifs publics reconnus existent. À cet égard, nous rappelons qu’il existe une Certification en Langue de l’Enseignement Supérieur (CLES), certification de qualité, adossée à la recherche en didactique des langues et financée par le MESRI. Ce dessaisissement laisse supposer que les enseignants du supérieur (en dépit de leur expertise avérée) ne seraient donc pas compétents pour évaluer leurs étudiants en fonction des besoins de chacun. Ce décret ouvre ainsi un précédent inquiétant et témoigne de la méconnaissance de l’expertise scientifique développée dans le domaine des langues.
    • L’uniformisation des pratiques avec une seule visée certificative et utilitariste dans le mépris total de la richesse des dispositifs de formation émanant de la recherche et dans le mépris total des besoins spécifiques des étudiants. En effet, par un phénomène de bachotage, les étudiants souhaiteront avoir des cours de préparation à cette certification et l’institution fera pression pour que les enseignants en fournissent. Les besoins professionnels et/ou personnels en langue étrangère seront mis de côté pour ne préparer que des exercices spécifiques d’un test standardisé qui, faut-il encore le rappeler, n’est pas fait pour évaluer qualitativement les compétences du fait de la masse d’étudiants à tester (400 000) ! Nous posons donc la question suivante : à l’heure où le souci d’individualisation des besoins des étudiants est mis en avant par le MESRI lui-même, n’est-il pas plus pertinent d’offrir aux étudiants des enseignements de langues (avec une diversité linguistique) en relation avec leur champ disciplinaire, leurs projets personnels et leurs besoins professionnels, en leur laissant le choix de passer (ou non) la certification la plus adaptée à leurs projets et dans la langue de leur choix ?

    Totalement rassemblée contre ce décret, la communauté scientifique et universitaire s’y est formellement opposée. Le MESRI a ainsi été interpellé à plusieurs reprises par de nombreux courriers d’associations, de sociétés savantes universitaires, d’hommes et de femmes politiques (en particulier des régions transfrontalières craignant une perte de compétences linguistiques pour leur région), de pétitions ou encore de Conseils d’Universités. Cependant, le MESRI a refusé tout dialogue et a publié le décret en catimini, en plein confinement, le sachant pourtant largement décrié et contesté.

    Par conséquent, 15 associations nationales, non syndicales, ont décidé de déposer un recours devant le Conseil d’État afin de faire abroger ce décret :

    1. L’Association des Chercheurs et Enseignants Didacticiens des Langues Étrangères (ACEDLE) https://acedle.org/
    2. L’Association pour le Développement de l’Enseignement de l’Allemand en France (ADEAF) https://adeaf.net/
    3. L’Association Française d’Études Américaines (AFEA) http://afea.fr/
    4. L’Association Française de Linguistique Appliquée (AFLA) http://www.afla-asso.org/
    5. L’Association Francophonie Avenir (AFRAV) https://www.francophonie-avenir.com/
    6. L’Association des Germanistes de l’Enseignement Supérieur (AGES) http://de.ages-info.org/fr/
    7. L’Association des Professeurs de Langues en Instituts Universitaires et Technologiques (APLIUT) https://apliut.fr/
    8. L’Association pour la Recherche en Didactique de l’Anglais de Spécialité (ARDAA) http://www.ardaa.fr/
    9. La Fédération Nationale des Associations Étudiantes Linguistes (FNAEL) https://www.fnael.org/
    10. Le Groupe d’Étude et de Recherche en Anglais Spécialité (GERAS) https://www.geras.fr/
    11. Le Groupe d’Études et de Recherche en Espagnol de Spécialité (GERES) https://www.geres-sup.com/
    12. L’Observatoire Européen du Plurilinguisme (OEP) https://www.observatoireplurilinguisme.eu/
    13. Le Rassemblement National des Centres de Langues de l’Enseignement Supérieur (RANACLES) https://www.ranacles.org/
    14. La Société des Anglicistes de l’Enseignement Supérieur (SAES) https://saesfrance.org/
    15. La Société de l’enseignement supérieur italien (SIES) https://www.sies-asso.org/

    Les porteurs de ce recours remercient chaleureusement toutes les personnes, associations ou structures (ADALSIC, Fédération Alsace Bilingue et Europe Democratie Esperanto) pour leur contribution financière à cette action.

     

    source: https://www.initiative-communiste.fr/

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  • La Cour des comptes ranime la flamme anti pauvres avec une enquête sur la fraude aux prestations sociales

     © ATD Quart Monde

    Un rapport de la Cour des comptes sur la fraude sociale

    La voilà, elle est de retour la rumeur : les pauvres sont des fraudeurs ! Comme toute rumeur reposerait sur un fond de réalité, selon l’adage : « il n’y a pas de fumée sans feu », en l’occurrence, c’est un contrôle presque de routine de la Cour des comptes (demandé par le Sénat) sur les fraudes aux prestations sociales qui est à l’origine de cette nouvelle propagation.

    Mardi 8 septembre, donc, la Cour des comptes dénonce des défaillances en matière de contrôle des prestations sociales. Première remarque : après bien des rapports parlementaires et autres polémiques sur le montant supposé de la fraude sociale, la Cour des comptes se reconnaît dans l'incapacité de donner une estimation fiable de la réalité de cette fraude. Dans ce domaine il faut en effet distinguer les fraudes « détectées » et les fraudes « estimées »1. Le montant des préjudices détectés aurait progressé pour atteindre un milliard d'euros en 2019 : 323 millions pour la branche famille (dont le RSA), 287 millions pour la maladie, 67 millions pour la vieillesse et 212 millions pour Pôle emploi. La fraude au RSA représente 46 % des fraudes de la branche Famille, soit 150 millions, soit... moins qu'en 2018 (180 millions) ! En réalité, la Cour des Comptes compare les montants de 2019 à ceux de... 2010. C'est un peu normal qu'ils aient « progressé ».

    Les pauvres mis en accusation publique

    L’institution parle de « défaillance » et pas seulement de fraude. Et les défaillances… peuvent provenir autant des organismes instructeurs que des allocataires.

    "Ce montant connaît une augmentation continue", note la Cour des comptes qui précise : "Les fraudes détectées se concentrent sur le revenu de solidarité active [RSA], la prime d’activité et les aides au logement pour les caisses d’allocations familiales [CAF] ; les professionnels de santé et les établissements de santé pour les caisses primaires d’assurance maladie ; le minimum vieillesse pour les caisses de retraite ou encore les reprises d’activité non déclarées pour Pôle emploi", peut-on lire dans le rapport.

    Le rapport de la Cour des Comptes vise large. Il concerne non seulement les personnes pauvres mais d’autres catégories comme les praticiens de santé, ceux qui cumulent indemnité de chômage et salaire, ceux qui ont déménagé à l’étranger, etc. Mais ceux qui sont mis accusation publique ce sont les « fraudeurs pauvres ».

    Et la rumeur s’étend : tel parlementaire et tel média s’emparant du sujet, le gonflent démesurément. C’est bien connu: comme les gens du voyage sont des voleurs de poule, les chômeurs des fainéants… les pauvres sont des fraudeurs.

    Ainsi quand la Cour des comptes évalue à un milliard d’euros la fraude aux prestations sociales (sur quels critères ?), le député Pascal Brindeau (UDI) déclare lui que « c’est très en deçà de la réalité» et avance (sur quelles bases ?) une estimation de la fraude sociale à 14 milliards d’euros. Et pourquoi pas 20, 30 ou 50 milliards !

    Que la fraude puisse exister nul ne le nie. Pour autant, à l’écoute des premiers concernés - les allocataires- on perçoit que ce n’est pas si simple. D’abord il y a lieu de distinguer fraude volontaire et ... involontaire.

    Le RSA est calculé en fonction des revenus du foyer (et non individualisé comme d’aucuns le préconisent). Si un allocataire du RSA trouve un petit boulot entre temps, le montant de son revenu ponctuel est défalqué de son allocation. C’est ce qui est survenu l’autre été à la famille R. « On se réjouissait, raconte le père, que notre ainée de la famille, Julie, ait été recrutée par la mairie pour les centres de loisirs ». Premier salaire : 400 euros, parfaitement transparent. Super ! Et à partir d’octobre suivant, l’allocation mensuelle de la famille a été amputée de 400 euros jusqu’au rétablissement initial, en février seulement. 400 euros en moins pour une famille de 7 personnes durant cinq mois. On voit que c’est un système qui peut dissuader les allocataires de rechercher un emploi, même temporaire. Dans cette situation l’individualisation du RSA pourrait éviter des ruptures de droits et des situations difficiles.

    Autres cas considérés comme « fraude » : les « indus ». Il s’agit là d’erreurs de l’institution. Le calcul du RSA n’est pas toujours aisé. Il arrive fréquemment que la CAF se trompe dans le montant de l’allocation, majoré par erreur. La famille ne s’en rend pas forcément compte. L’erreur relevée est alors considérée statistiquement comme une « fraude ». Plus graves sont les conséquences pour la famille. La CAF entend récupérer ce qu’elle appelle ces « indus » sur les allocations suivantes. Bien que cette pratique soit plafonnée, officiellement, dans la réalité des familles innocentes sont fortement pénalisées.

    Commentaire d’un allocataire : « c’est un système pervers qui nous pousse à la fraude». Ce système de chasse à la fraude est pernicieux : il crée la suspicion en permanence qui s’ajoute au régime inquisiteur des déclarations trimestrielles.

    Le grave phénomène de non-recours aux droits

    C’est aussi une des explications du grave phénomène de non-recours qui fait que des milliers d’allocataires potentiels du RSA ne le sollicitent pas, soit par méconnaissance de leurs droits, soit par la complexité des démarches à effectuer ou encore pour ne pas être suspecté d’être fraudeur. Le non-recours fait économiser à l’Etat plus de 5,7 milliards d’allocations non versées au titre du RSA : trente-huit fois plus que la fraude annoncée par la Cour des Comptes.

    Cette chasse au fraudeur revient à période régulière et constitue un axe politique fort à droite. Régulièrement remis en selle avec l’aide de certains médias comme actuellement. Et pourtant. Lors d’un colloque pour les 30 ans du RSA, on a pu entendre un ancien délégué national du RSA levant les bras à ce propos en concluant : « qui n’a jamais fraudé ici dans cette salle ! ». Déjà en 2011, le Conseil d’Etat estimait «la fraude des pauvres est une pauvre fraude »2

    On peut espérer que la prise en compte en temps réel des ressources des familles, annoncée récemment par le ministère du Budget, puisse éviter de tels errements… encore que l’on peut penser que c’est surtout pour les deniers publics et non pour les familles que cette transparence immédiate est mise en place.

    L’une des solutions à la fraude pourrait être la simplification des minimas sociaux. Et l’autre réponse plus spontanée encore vient de la bouche d’un allocataire : «je ne veux pas d’allocation je veux un emploi ». Pour preuve : le succès des dix expérimentations de Territoire Zéro Chômeurs de longue durée3 qui montre à la fois que les chômeurs veulent travailler et que ce projet de territoire, qui transforme des allocations et manques à gagner en salaire avec un CDI, est bénéfique pour tous.

    La première fraude en France n'est pas sociale...mais bien fiscale

    Enfin, face à ce nouveau déferlement anti pauvres, il faut souligner que la première fraude en France n’est pas sociale… mais bien fiscale. L’écart est fantastique : un milliard estimé pour la fraude sociale, 28 milliards pour les entreprises (TVA non déclarée) ou encore cent milliards de fraude fiscale de revenus non déclarés4. Une chasse à la fraude fiscale contre laquelle le ministère du Budget reconnaissait il y a quelques jours avoir un peu levé le pied.

    On aurait donc le droit de frauder en France, ce serait même pour certains un sport national… mais surtout pas les personnes pauvres !

    Pascal Percq, vice-président d'ATD Quart Monde 

     

    1 « En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté- 2020 » (Ed Quart Monde/Ed de l’Atelier) p.88.

    2 idem.

    3 https://www.atd-quartmonde.fr/nos-actions/projets-pilotes/territoires-zero-chomeur/

    4 Rapport syndicat national Solidaires Finances Publiques.

     

    source: https://blogs.mediapart.fr/atd-quart-monde/

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  • La rentrée des étudiants en première année se fait dans un contexte bien particulier, à l’UBO. La rentrée des étudiants en première année se fait dans un contexte bien particulier, à l’UBO. 

    Qu’importe le contexte, qu’importent les circonstances, l’entrée à l’université reste un moment à part dans une vie étudiante. Nous nous sommes glissés dans les pas d’étudiants en première année au campus brestois de l’UBO, à la découverte des études supérieures.

    En griffonnant des notes au coin d’un texte de Schopenhauer, en se torturant la tête pour résoudre des équations à x degrés ou en révisant les grandes dates de la Première Guerre mondiale, s’attendaient-ils à dire au revoir au lycée un après-midi de mars ? On leur avait promis que ça durerait quinze jours, tout au plus. Finalement, six mois plus tard, c’est dans la peau d’étudiants qu’ils ont poussé de nouveau la porte d’une classe. Avec le si précieux bac en poche et l’indépendance en bandoulière, ces jeunes gens d’à peine 17 ou 18 ans ont repris le fil de leur scolarité depuis un peu plus de deux semaines. « Déjà, quand tu as deux mois de vacances, c’est dur de s’y remettre. Mais alors six mois sans cours, ça fait carrément bizarre, avoue Alysson Mittaine, originaire de Cléder et étudiante en première année de droit. Même avec des cours par Internet, ce n’est pas pareil. Tu n’as pas le rythme, tu n’as plus les mêmes horaires… ».

    Suivez les flèches !

    Sur le carrelage flanqué de flèches directionnelles, sur les murs tapissés de messages de prévention et sur les visages masqués de leurs camarades, tout est fait pour leur rappeler que cette rentrée universitaire ne ressemble à aucune autre. « Il y avait forcément un peu d’appréhension avant de reprendre, mais au final ça va, glisse Alysson. Je suis juste un peu dégoûtée de ne pas avoir pu passer le bac comme tout le monde les années d’avant, de ne pas avoir eu de soirée d’intégration en arrivant. Pour moi ça va, je suis dans la promo de ma cousine, mais je me dis que ça ne doit pas être facile pour ceux qui arrivent seuls à la fac ».

    En appart ou chez les parents ?

    Accompagnés par des tuteurs d’accueil, bombardés d’informations, ces nouveaux étudiants ont eu quelques jours pour prendre leurs marques. « J’avais super hâte d’arriver à la fac, raconte, très enthousiaste, Ambre Scavinner, également étudiante en L1 droit. J’étais un peu désorientée la première semaine, c’est sûr que ça change pas mal du lycée, il faut se débrouiller beaucoup plus par soi-même ». Originaire de Brest, la jeune femme a fait le choix de rester vivre chez ses parents, pour cette rentrée à l’université. « C’est sûr que, d’un côté, ça sécurise beaucoup d’être toujours chez les parents, tout est plus facile. Mais ça rajoute aussi un peu de pression, parce qu’ils sont plus regardants sur les cours que si je vivais seule en appartement ».

    Une situation que ne connaîtra sûrement pas Axel, inscrit en première année de Licence SVT - physique-chimie à la faculté de sciences. Installé en colocation avec un ami dans le centre-ville de Brest, le jeune homme de 19 ans arrive tout droit de Paris. Par choix, il a préféré la pointe de la Bretagne pour poursuivre ses études. Peut-être aussi dans un souci de liberté ? « Je ne trouve pas qu’on soit tant que ça livrés à nous-mêmes, à l’université. On a les bourses, le Crous, les associations, les profs… Même si on n’a pas les parents derrière nous comme au lycée, la fac a, pour moi, un côté assez sécurisé ». Et la covid-19 dans tout ça ? Quelle place lui donner dans cette rentrée ? « Franchement ça se passe bien. On n’a eu que des cours en présentiel pour l’instant donc on ne le sent pas trop, à part les masques ».

    Mangez, mais pas masqués

    L’obligation du port du masque en intérieur pousse aussi de nombreux étudiants à prendre leur pause en extérieur. Pour l’instant, ça tient, mais qu’en sera-t-il après la chute des températures ? « On a eu le cas mercredi midi, où il pleuvait. Étant donné qu’on n’a pas le droit d’enlever le masque à l’intérieur, tous les gens qui apportent quelque chose à manger déjeunent dehors depuis la rentrée. Mais là, avec la météo, la cafétéria était pleine, il n’y avait plus de table de libre. Et on s’est rendu compte que, si c’était comme ça tous les jours, ça allait être compliqué… ».

    Saut de puce du côté des salles omnisports. Le campus accueillant les étudiants de la faculté des sciences du sport et de l’éducation, habituellement bondé, paraît bien calme. Depuis quelques années, il s’agit de l’une des composantes les plus surchargées en première année, tant la demande est forte. Mais avec les mesures prises pour lutter contre la covid-19, la présence des étudiants se fait moindre. « Pour les cours en amphi, c’est une semaine sur deux à la fac et l’autre semaine en visio, explique Nathaël Le Coz, qui découvre l’université après une année de prépa intégrée à l’Isen. Les emplois du temps sont vachement allégés. Pour le sport, ça dépend des disciplines : en course d’orientation, ça va, mais, par exemple, les cours de gym ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre ».

    Le cadre est sans doute différent, la manière d’enseigner aussi. Mais après ce bac tronqué et cet été bien particulier, tous avouent leur soulagement de reprendre une vie « presque normale ». Et dans quelques années, ils n’auront aucun mal à se souvenir de leur début à l’université. Ah, sacrée année 2020 !

    source: https://www.letelegramme.fr/

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  • Les élus de Quimperlé Décidons Ensemble soutiennent les commerçants de la basse ville. Les élus de Quimperlé Décidons Ensemble soutiennent les commerçants de la basse ville. 

    Les commerçants de basse ville souhaitent un report à mi-janvier 2021 des travaux prévus en novembre rue de la Paix. Une demande que soutiennent les élus de Quimperlé Décidons Ensemble.

    Dans un communiqué, les élus de Quimperlé Décidons Ensemble « réaffirment (leur) soutien à la demande des commerçants de la basse ville de reporter les travaux de voiries à la mi-janvier 2021 ». Ils saluent l’initiative d’Anne Daniel de les rencontrer et expliquent qu’ils seront « présents à leurs côtés lors de la réunion prévue avec la mairie », ce lundi 12 octobre.

    Dans leur communiqué, les élus rappellent être « fermement attachés au commerce de proximité, tant pour son importance sociale que pour l’attractivité de la ville ». Ils estiment que « les travaux prévus au mois de novembre, rue de la Paix, vont fortement dissuader les clients de venir dans les commerces de ces rues, même si les circulations piétonnes sont préservées ».

    Et de détailler : « Après un printemps catastrophique (confinement) et malgré une fréquentation touristique « honorable », nous reconnaissons que la situation socio-économique des commerçants est difficile. Tout doit être mis en œuvre pour ne pas les pénaliser davantage. Le report du début des travaux de voiries, à la mi-janvier 2021, nous semble être une mesure raisonnable et nécessaire pour ne pas nuire à l’accessibilité dans ces rues et plus largement à la basse ville ».

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  • L’enquête d’Inès Léraud (ci-dessus) et Pierre Van Hove, publiée sous forme de bande dessinée, a été vendue à plus de 75 000 exemplaires. L’enquête d’Inès Léraud (ci-dessus) et Pierre Van Hove, publiée sous forme de bande dessinée, a été vendue à plus de 75 000 exemplaires. 

    Elle restitue une rigoureuse et longue (trois ans) enquête de terrain sur ce qu’il convient désormais de reconnaître comme le scandale de la pollution des algues vertes : la bande dessinée intitulée « Algues vertes - L’histoire interdite » écrite par Inès Léraud et illustrée par Pierre Van Hove (Ed. Delcourt-06.2019-163 pages, vendue à plus de 75 000 exemplaires) a été récompensée du Prix du journalisme 2020 décerné par les Assises du journalisme, à Tours, le jeudi 1er octobre. La reconnaissance d’un travail d’investigation qui jette d’abord une lumière crue sur la gestion politique d’événements dramatiques. Elle parvient, surtout, à percer les silences sédimentés par la constellation d’intérêts autour de l’agro-industrie bretonne.

    PHOTO CLAUDE PRIGENT / LE TELEGRAMME. MORLAIX (29) : Bande dessinee , BD , algues vertes , de Ines Leraud et Pierre Van Hove , Algues vertes l'histoire interdite .L’enquête d’Inès Léraud (ci-dessus) et Pierre Van Hove, publiée sous forme de bande dessinée, a été vendue à plus de 75 000 exemplaires.
     
     
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  • Devant la préfecture du Finistère, à Quimper, un agglutinement se forme chaque mardi afin de pouvoir accéder au bureau d’accueil des étrangers.Devant la préfecture du Finistère, à Quimper, un agglutinement se forme chaque mardi afin de pouvoir accéder au bureau d’accueil des étrangers.

     

    Droit d’asile, mineurs non accompagnés… Derrière ces termes, des vies, des réalités que les associations ont décidé de faire connaître.

    « L’étranger vole le travail des Français. » « L’étranger criminel. » Les fantasmes ont la vie dure. Ce dont on parle, c’est pourtant de femmes, d’hommes, d’enfants qui décident de quitter leur pays pour venir vivre en France. En contact quotidien avec les difficultés qu’ont une partie de ces personnes à se faire une place dans la société, les associations de solidarité ont décidé d’organiser, à Quimper (Finistère), une journée d’information et de débats, « Pour en finir avec les préjugés sur l’accueil des étrangers ».

     

    Sept stands seront installés et huit discussions sont programmées. Ils s’adressent à tous ceux qui s’intéressent à la question mais aussi et surtout à ceux qui n’ont pas vraiment d’opinion. « Nous sommes des associations de terrain, nous sommes en contact avec ces gens et nous constatons que leurs droits sont bien souvent bafoués », explique David Torondel, représentant le collectif des associations.

    Et les situations sont parfois dramatiques. « Nous avons des familles qui sont insérées dans la société, avec des enfants scolarisés et qui n’ont pas pu renouveler leur titre de séjour. Ils ne représentent aucune menace, mais ils risquent de perdre leur logement. » Une situation bien réelle, dans le département du Finistère : la Cimade connaît « trois à quatre familles » dans cette situation, Droit d’asile « quatre »… Il y a aussi des jeunes, dont la minorité n’a pas été reconnue après souvent des mois de procédure, qui se retrouvent à la rue. « Ils n’ont plus aucun droit et ne peuvent même pas faire appel au 115. »

    Pour ces associations, l’accueil inconditionnel « n’est pas une utopie. C’est un choix pragmatique : il n’y a que comme cela qu’ils s’inséreront dans la société ».

    Samedi 10 octobre, de 10 h à 16 h, place Saint-Corentin à Quimper. Les thèmes des discussions prévues toute la journée : Pourquoi quitte-t-on son pays, la situation en Libye et en Méditerranée (10 h), la réforme du règlement Dublin (10 h 30), les procédures et le labyrinthe administratif d’accueil (11 h), la prise en charge des mineurs isolés étrangers (11 h 30), les accueillants (14 h), le droit au travail, les procédures d’expulsion (14 h 30), régularisation de tous les sans papiers, marche des solidarités (15 h), préjugés et respects des droits (15 h 30)…

    Flora CHAUVEAU

    source: https://www.ouest-france.fr/

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  • Le positionnement international des organisations syndicales en dit très long sur le fond de leurs orientations.

    Indépendance d'analyse, connexion à des sources différentes des agences et services occidentaux, des centres de l'impérialisme

    Parce qu'il y a une profonde cohérence entre le choix national du dialogue social, de l'intégration dans les institutions de l'état bourgeois, des alliances internes du type CFDT ou européennes du type CES ET l'alignement sur la propagande, les thèses et les objectifs déstabilisateurs de l'impérialisme à l'égard de tout régime, pouvoir qui ne correspond pas à son modèle de société.

    C'est notre camarade Jean-pierre PAGE ex dirigeant confédéral dela CGT responsable des questions internationales qui nous fait part de son point de vue sur le positionnement de la CGT sur la Bielorussie.

    Analyse que nous nous faisons un plaisir de relayer :

    ____________________

               Biélorussie, la CGT entre            contre-vérités et approximations

    La CGT vient de faire connaître son analyse des évènements au Belarus.

    Ce qui se veut une « note de référence » du département international est en fait une interprétation partisane qui, dans le fond et la forme, met en question la crédibilité de la CGT elle-même. 30 ans après la disparition de l’URSS, le document suinte l’antisoviétisme. Il est dans la continuité d’autres déclarations à l’inspiration identique et fort logiquement en phase avec l’aide financière apportée le 10 juillet 2016 par la CGT à « Memorial ». Cette ONG russe liée au réseau mondial de l’escroc milliardaire Georges Soros, l’un des instigateurs des révolutions de couleurs.

    Sans surprises, la direction de la CGT fait une nouvelle fois le choix de renoncer au contenu de classe de ce qui étaient ses positions de principes. Ce choix met en cause son indépendance de jugement, la sincérité de sa critique, son identité et son histoire.

    Depuis son affiliation à la Confédération européenne des Syndicats (CES) et à la Confédération syndicale internationale (CSI), la CGT a décidé de s’aligner systématiquement sur les objectifs de ces deux organisations. Il faut bien admettre qu’elle le fait sans état d’âme, en accompagnant la CFDT, les forces syndicales et politiques qui en France, en Europe ou dans le monde font du modèle libéral au plan social, économique et géopolitique un horizon indépassable. Dorénavant et dans le domaine international, rien ne distingue les analyses de la CGT de ceux qui ont fait le choix de l’idéologie dominante et de l’air du temps. Toujours à partir d’un postulat de départ et selon les besoins, le Département international de la CGT arrange la réalité des faits comme ça lui convient. Cela se caractérise par des contre-vérités, des oublis délibérés, l’ignorance, l’approximation et les complicités! Par ailleurs, la CGT se livre avec ce texte à une mise en cause caricaturale de la principale et de loin, la plus puissante organisation syndicale, « la Fédération des Syndicats du Belarus », ainsi qu’à l’égard de la Fédération syndicale mondiale (FSM) à laquelle ce syndicat est affilié.

    Trop de militants de la CGT sont ignorants ou sous-estiment cette évolution qui depuis plus de 20 ans tourne le dos à la solidarité internationaliste, à l’unité et la cohésion du mouvement syndical dans le monde. Dans le contexte d’un aiguisement mondial des luttes de classes, d’enjeux planétaires, de risques de guerres et d’une crise sanitaire sans précédents, qui peut prétendre que, seul, il sera en mesure de trouver les moyens d’une alternative. Le syndicalisme international ne doit-il pas trouver le chemin de l’action, de la convergence et du rassemblement ? A travers l’appréciation qu’elle donne sur les évènements du Belarus, l’attitude de la CGT va à l’encontre de telles exigences.

    Comme nous sommes tous et toutes comptables de ce qu’est la CGT, cela nécessitait une clarification en forme de mise au point ou de mise à jour. Cette démarche est à partager avec les syndicats et militants de la CGT. C’est à dire ceux qui entendent continuer à défendre le caractère anticapitaliste et anti-impérialiste de leur syndicat et assumer ainsi leurs responsabilités, sans ingérence de qui que ce soit. Nous reprenons ici les faits tels qu’ils sont présentés dans cette « note » en y apportant les éclaircissements rendus nécessaires. Il ne s’agit pas d’opinions « pro Loukachenko » mais d’opinions « pro vérité ».

    *Jean-Pierre Page, ancien membre de la Commission exécutive confédérale et responsable du Département international de la CGT.

    *Bruno Drweski, Maître de conférences, chercheur à l’INALCO (Institut national des Langues et Civilisations orientales), militant CGT FERC-Sup.

     

    Pour une meilleure compréhension, le texte du Département international de la CGT est en caractère romain, notre opinion est en italique.

    ______________________

    Espace international-Europe-Europe de l'Est 

    Situation Sociale et syndicale au Bélarus

     

    Le Belarus est un pays de 9,5 millions d’habitants qui accède à l’indépendance en 1990 et se retrouve immédiatement en proie à une grave crise économique provoquée par les causes mêmes de sa naissance, la désintégration de l’espace économique soviétique autrefois fortement unifié. A cette époque déjà, les grèves sont nombreuses et font souvent plier les autorités. C’est dans ce contexte qu’Alexandre Loukachenko accède au poste de président en 1994 en remportant haut la main les élections sur fond de mécontentement social. Il y donne immédiatement le ton en réprimant, en 1995, la grève des travailleurs du métro de Minsk. Cadrer étroitement les travailleurs et faire la guerre sans merci au syndicalisme indépendant sont les traits constants de sa politique. 

    Commentaire : Loukachenko a en fait mené dès son élection une politique qui visait à défendre la propriété publique, réinstaurer un Etat social intervenant sur le terrain économique, tout en multipliant les contacts avec les pays non alignés sur la mondialisation néolibérale, en particulier Cuba, le Venezuela, la Chine, le Viêt-nam, ce qui lui a valu très vite une série de sanctions de la part des puissances occidentales.

    Il a remporté successivement toutes les élections et référendum et, pour les premiers d’entre eux, aucune n’a été remise en cause par qui que ce soit. Malgré la présence d’observateurs de l’OSCE, les USA, leurs alliés européens et les grands médias ont en revanche affirmé que les résultats des récentes élections ont été gonflés en faveur du pouvoir. Par contre, aucun chercheur et sociologue sérieux, y compris pour les dernières élections d’août 2020, n’a contesté le fait que Loukachenko avait remporté la majorité des suffrages, certains ont estimé ils qu’ils avaient été en partie gonflés. Ce qui d’ailleurs explique pourquoi les pays occidentaux continuent à entretenir des relations diplomatiques avec Minsk. Même si l’UE déclare ne pas reconnaître Loukachenko comme président. On se demande alors pourquoi les pays européens gardent leurs ambassades à Minsk et les ambassades du Belarus dans leurs capitales. En politique, les effets d’annonce à la manière de Macron ne suffisent pas, il faut un minimum de cohérence entre le dire et le faire.

     

    1. Eléments pour comprendre la situation avant le mouvement de grèves

    1.1   Loukachenko ou la géopolitique du yo-yo

    Le pouvoir incarné par Loukachenko fait preuve d’une grande duplicité en matière géopolitique. Ses attitudes burlesques et liberticides ont finalement conduit très tardivement l’UE à mettre en place des sanctions en 2007 (via la suspension du SPG2). Mais le pays est tout de même parvenu à devenir membre du Partenariat oriental de l’UE en 2009 et s’est même considérablement rapproché des autorités européennes en 2014 à la faveur de la crise ukrainienne, en soutenant le gouvernement de Porochenko. Depuis cette date Loukachenko joue au yoyo,  servant alternativement la soupe à l’UE et à la Russie (le Belarus est membre de l’Union Eurasienne depuis 2015), ce qui a pour effet d’énerver l’une et l’autre. 60% du commerce extérieur du Belarus se fait avec la Communauté des états indépendants, 23% avec l’UE. La Chine est son premier partenaire commercial en dehors de l’ex-URSS. La Russie est le premier investisseur dans le pays (38%). Le Belarus arrive également à attirer les investissements chinois, saoudiens ou serbes.

    Chainon stratégique depuis la crise ukrainienne, le pays sert de plaque tournante aux échanges commerciaux entre l’UE et la Fédération de Russie qui peuvent faire semblant de rester fâcher l’une et l’autre tout en continuant d’échanger via son territoire.

    Commentaire : La CGT trouve l’UE trop timorée et soutient donc implicitement les politiques de sanctions que condamne le droit international et les Nations Unies. En fait, mener une politique non alignée ne peut être qualifiée de « duplicité », affirmer cela est faire preuve d’ignorance sur ce que sont les relations internationales, toutes sont guidées et sans exception par l’intérêt national !

    La réalité qu’il faut rappeler, c’est que la Biélorussie possède des usines de pointe qui intéressent autant les oligarques capitalistes occidentaux que russes. Dans ce contexte, trouver sa propre voie entre les puissances capitalistes occidentales d’un côté et la Russie de l’autre, à une époque de quasi nouvelle guerre froide, tout en faisant adhérer le Belarus au mouvement des non alignés n’est certainement pas la moins mauvaise orientation politique. Par ailleurs, le développement de liens particulièrement étroits avec des pays menant des politiques indépendantes et souveraines tout en se heurtant aux sanctions comme Cuba, Venezuela, Iran, Chine, Pakistan, Viet-nam, Kazakhstan permet également de préserver un système économique et social viable et autonome. Enfin, il faut rappeler le contexte du développement des nouvelles routes de la soie initiées par la Chine. La Biélorussie en s’y impliquant a trouvé à travers cette opportunité un nouveau souffle, ce qui fait évidemment enrager Washington. C’est cette politique qu’il ne faut pas surestimer ni sous-estimer qui a permis au Belarus d’obtenir des résultats indiscutables au plan économique, social, et d’avoir un des meilleurs niveaux de santé et d’emploi en Europe.

    La CGT devrait savoir que plupart des pays n’ont pas les marges de manœuvre de puissances comme la France et d’autres. Bien que ces dernières soient la plupart du temps systématiquement alignées, gouvernements de droite comme de gauche, aux injonctions de la haute finance supranationale comme à l’empire étatsunien. Dans ce contexte, se poser en donneur de leçon envers des pays de la taille de la Biélorussie apparaît singulièrement mesquin et déplacé.

    Précisons que celle-ci a aussi joué un rôle d’intermédiaire après le coup de force du Maidan en Ukraine en 2014, en accueillant les négociations qui ont abouti à la signature des accords de Minsk, dont Kiev s’est ensuite sentie « dégagée » sans que cela ne soulève de réticences de la part des puissances occidentales signataires.

    Enfin, la CGT serait bien inspirée de développer son combat pour la paix. Dans ce cas précis, comment ignorer les objectifs géostratégiques de l’impérialisme et de son bras armé, l’OTAN, pour lesquels il s’agit de poursuivre l’encerclement militaire de la Russie en faisant planer bien des risques de conflits sur la sécurité en Europe. Minsk n’est qu’à 675 kilomètres de Moscou à vol d’oiseau ! Une dimension géographique que semble ignorer le Département international de la CGT. 

     

    1.2 Le Belarus est-il un paradis communiste ?

    Contrairement aux pays voisins, les autorités du Belarus n’ont pas procédé à des privatisations de masse. Entre 60 et 70% de la population active est employée par le secteur public, même si les statistiques officielles avancent des données inverses pour mieux appuyer les négociations avec le FMI. Toutefois, toutes les entreprises du pays ont été transformées en sociétés par action et selon Loukachenko « toutes sont à vendre » moyennant une négociation supervisée par le président en personne. Dans la plupart des cas l’Etat ne met cependant en vente que des paquets minoritaires d’actions avoisinant 10%. L’Etat conserve ainsi la maîtrise ultra-majoritaire de l’appareil productif. Il s’en sert pour assurer le contrôle politique de la population. Dans le service « relations humaines* de toutes les entreprises du pays, il y a un directeur « en charge de l’idéologie », sans que l’on sache précisément laquelle.

    L’économie biélorusse est de fait entre les mains des membres du clan qui contrôlent les entreprises et l’allocation des bénéfices comme une oligarchie capitaliste d’Etat.

    Le système d’enseignement et de santé n’échappe pas à la marchandisation rampante. La moitié des étudiants du supérieur paye ses études. La liste des prestations payantes des services de santé s’allonge.

    La réforme des retraites lancée en 2017 a retardé l’âge de départ à la retraite à 58 ans pour les femmes et 63 ans pour les hommes. Le montant de la retraite minimum est de 76€ en 2020. Le salaire moyen avoisine 200€. Rappelons enfin que le Belarus est le dernier pays du continent européen à appliquer effectivement la peine de mort (20 personnes exécutées entre 2008 et aujourd’hui). 

    Commentaire : L’ironie anticommuniste de la question posée est révélatrice d’un état d’esprit ! Le Département international en est donc là ! Il n’y aucun pays au monde qui ne s’est jamais déclaré communiste, a fortiori, « paradis communiste », l’écrire témoigne du degré d’inculture des auteurs de ce document. Dans le cas de la Biélorussie, on n’a d’ailleurs même pas affaire à un pays se revendiquant du socialisme, mais tout simplement à un Etat qui tente de maintenir pragmatiquement une économie plurisectorielle avec la prise en compte prioritaire des intérêts sociaux sur ceux des entrepreneurs privés, des investisseurs étrangers et des lois du marché dérégulé avec concurrence « libre et non faussée ». On peut certes critiquer les incohérences éventuelles de ce pragmatisme et son caractère par trop paternaliste et parfois autoritaire mais il faut savoir raison garder et avoir une analyse de classe de ce système par rapport aux revendications des travailleurs comme aux stratégies « d’accompagnement » des syndicats les plus soumis au capital comme le revendique la CFDT et la CES ! Est-ce que la structure de propriété existante en Biélorussie est plus ou moins proche des objectifs du monde syndical par rapport aux politiques menées dans les autres Etats anciennement socialistes comme par celles menées par les principales puissances de la mondialisation capitaliste ? On ne peut analyser un système « en l’air », on doit l’analyser par rapport aux autres systèmes existants. En clair, est-ce que la situation du salarié en Biélorussie en terme de garantie sociale est plus ou moins un fait par rapport aux revendications des travailleurs ? Constat qui n’implique pas de s’en accommoder! 

    L’analyse émanant de la direction de la CGT pêche par son caractère tendancieux, unilatéral et partisan. Les méthodes de gestion en vigueur en Biélorussie peuvent apparaître paternalistes et être contestées, mais la critique qui en est faite dans cette note néglige trop souvent le rôle de l’État dans les prestations sociales et les subventions aux produits de première nécessité. Comment ignorer cet aspect de première importance pour les travailleurs ?

    Donner des chiffres de salaire comme le fait ce document n’a aucun sens car c’est refuser de tenir compter du fait que beaucoup de prestations en Biélorussie (loyers, transports, soins, éducation, colonies de vacances, etc.) sont subventionnées, et parfois quasi-gratuites. Comme c’est par exemple le cas à Cuba. Evoquer des revenus de 76 euros par mois n’a aucun sens car cela suggère que le retraité biélorussien reçoit moins qu’une retraite de famine et a donc un niveau et une qualité de vie comparable à celle du Bangladesh. C’est même se moquer du monde quand l’âge de la mortalité, le niveau sanitaire et la qualité de vie en Biélorussie dépassent bien souvent celui des couches les plus défavorisées en France.

    En fait, la vérité commande de reconnaître que le mécontentement n’a pas réussi à toucher de façon massive ni les grandes usines publiques ni les exploitants agricoles ni même les universités. Cela explique pourquoi les manifestations ont touché surtout les jeunes diplômés, techniciens, jeunes cadres et informaticiens des secteurs privés fascinés par la Silicon Valley et les rêves de start-up ou d’entreprises indépendantes dans le style UBER.

    Par ailleurs, le Département international de la CGT évoque de façon méprisante le fonctionnaires « chargés à l’idéologie » mais il semble ignorer le fait que l’école des cadres de l’Etat à Minsk concentre une partie de leur formation sur la manière d’appliquer le code du travail en faveur des salariés lorsque ceux-ci entrent en conflit avec leur employeur. Ceci figure au programme de l’enseignement, ce qui rend cette école très éloignée du modèle pédagogique en cours par exemple à l’ENA, pour lequel on aimerait entendre une analyse approfondie de la part de la CGT. L’objectif en Biélorussie consiste à introduire une dose de marché et de privé dans les entreprises publiques en l’équilibrant par une capacité plus grande d’intervention des salariés dans la défense de leurs droits. Loukachenko déclare viser deux objectifs. D’une part éviter la formation de clans bureaucratiques tendant à s’émanciper pour devenir une nouvelle bourgeoisie exploiteuse et propriétaire. D’autre part, avoir un contrepoids de la part des travailleurs jugé nécessaire pour éviter également toutes formes de déresponsabilisation au travail. On peut et on doit, critiquer cette politique paternaliste d’entre deux, mais on ne peut pour autant faire l’impasse sur les revendications de l’opposition libérale qui vise à faire pencher la balance dans une direction bien plus réactionnaire et nuisible aux acquis sociaux que celle menée par Loukachenko.

     

    1.3 Un droit du travail en voie d’extinction depuis 1999

    Le droit du travail au Belarus a été profondément bouleversé par les décrets présidentiels, édictés tout au long du long règne de Loukachenko, et récemment réunis dans le Code du travail révisé (2019).

    Dès 1999, l’employeur obtient le droit de conclure des CDD avec les travailleurs, quel que soit le secteur d’activité. Les autorités en ont fait une promotion active, si bien qu’aujourd’hui 90% des travailleurs sont employés sous ces contrats d’une durée maximale d’un an. En 2014 ce dispositif est complété par le droit de l’employeur de licencier avant la fin officielle du contrat. Le travailleur de son côté n’est pas libre de partir. Il doit apporter une justification valable (déménagement dans une autre ville) et se retrouvera sanctionné financièrement (remboursement des primes) par sa décision. Dans la pratique, les employeurs procèdent à la modification unilatérale et instantanée du temps de travail et de la rémunération en multipliant le chantage au licenciement. Par ailleurs, tout manquement à la discipline collective ou faute sont sanctionné par des retenues sur les salaires. Le travailleur peut perdre jusqu’à la moitié de son salaire avec la mise en œuvre de ces sanctions. 

    Commentaire : On peut et on doit critiquer les évolutions du droit du travail en Biélorussie en fonction des revendications des travailleurs, mais en constatant simultanément que la politique appliquée par le gouvernement biélorussien n’est pas étrangère à un taux de chômage particulièrement faible à la différence des pays baltes, de la Pologne sans parler de l’Ukraine. La proportion de Biélorussiens émigrés à cause du chômage et du niveau des salaires, est infime. Peut-on suggérer de la part du Département international de la CGT, un rapport aussi critique sur la situation sociale en terme de droit du travail, de droits civiques, de droits syndicaux et de droits politiques en Pologne, en Hongrie, dans les pays baltes ou en Ukraine depuis le Maïdan de 2014.

     

    1.4 Quand le pouvoir qualifie les chômeurs de « parasites sociaux »

    Le taux de chômage officiel au Belarus est d’environ 6,5%, mais seuls 0,5% des chômeurs sont officiellement enregistrés auprès des services d’emploi. Peu de gens le font, car l’allocation de chômage est couplée avec l’obligation d’exécuter des travaux d’utilité publique.

    Les autorités biélorusses partent du principe que l’économie nationale crée suffisamment d’emplois et que les chômeurs ont choisi de l’être. Fort de cette conviction, Loukachenko édicte en 2015 un décret « sur la prévention du parasitisme social » et lance sa guerre aux chômeurs. Suite à ce décret, toute personne qui n’a pas travaillé au moins 183 jours au cours de l’année écoulée doit s’acquitter d’un impôt spécial d’un montant de 158 € par an, soit environ 13€ par mois. Par comparaison, l’allocation chômage de base est de 16€ par mois. Cet impôt sur les pauvres a provoqué des manifestations massives au printemps 2017. Le mécontentement social a conduit les autorités à aménager ce dispositif mais sans abroger le fameux décret. A partir du 1er janvier 2019, les personnes «aptes au travail », mais comptabilisées comme économiquement inactives, doivent payer au plein tarif les services collectifs communaux subventionnés par l’Etat (eau, logement, chauffage).

    La mise en pratique de ces deux dispositifs (décrets sur la généralisation des CDD et décret sur le parasitisme social) a de fait bouleversé l’ordre public social au Belarus, même si la primauté du contrat sur les conventions collectives n’est pas ouvertement affirmée. Les relations de travail sont devenues coercitives ce qui vaudra au pays d’être examiné par le comité d’application des normes de l’OIT en 2016, 2018 et 2019 pour violation de la convention n°29 sur le travail forcé. 

    Commentaire : Loukachenko, refusant l’idée même d’avoir créé un « modèle » et donc un « paradis », il affirme lui-même avoir « navigué à vue » dans une situation de contraintes économiques internationales extrêmes imposées par les institutions financières internationales et les entreprises transnationales. En fait, le Belarus a tenté d’améliorer l’efficacité des entreprises publiques où la productivité du travail était trop faible depuis l’époque soviétique, tout en garantissant un minimum social à la population.

    Il faut être cohérent, on ne peut pas à la fois défendre les droits des travailleurs issus du système soviétique, dénoncer le système soviétique et se taire sur l’inefficacité de fonctionnement économique qui toutefois garantissait un minimum vital et empêchait tout licenciement. En Biélorussie, la réforme du secteur public ou parapublic n’avait pas été affrontée de façon suffisante à l’époque soviétique, ce qui a poussé certains à considérer le néolibéralisme comme la réponse. Loukachenko a résisté à ces deux tendances. Il a voulu favoriser la recherche à « tâtons » de solutions intermédiaires qui ont effectivement abouti à ce que plusieurs grandes entreprises publiques biélorussiennes se taillent des parts de marchés importantes sur la scène mondiale (informatique, cosmos, défense, engrais potassique, agriculture, tracteurs, engins miniers, etc.). La Biélorussie est devenue ainsi un des centres mondiaux de la « Hi Tech » et des jeux vidéos. Le succès d’un outil conçu et fabriqué en Biélorussie comme la messagerie « Vyber » en témoigne. Faire ce constat, ce n’est pas approuver ou désapprouver, c’est dire les choses telles qu’elles sont.

    Cette évolution et les résultats obtenus ont excité l’appétit des grands groupes transnationaux. On a vu ainsi que l’efficacité pouvait être au rendez-vous dans des entreprises gardant un contrôle public et une politique de plein emploi. La façon dont Loukachenko s’est pris pour « discipliner » la main-d’oeuvre sans pour autant la surexploiter peut être critiquée, mais il faut néanmoins lui reconnaître le fait d’avoir soulevé et cherché à régler une question réelle que ni la plupart des régimes du socialisme réel ni les régimes capitalistes libéraux n’avaient cherché à affronter, c’est à dire : comment promouvoir des politiques de défense des acquis sociaux tout en garantissant le quasi plein emploi et en maximisant les rendements des entreprises dans le but stratégique de conquérir une place sur un marché mondial monopolisé par les entreprises transnationales ? Ne pas tenir compte de cette réalité conduit aux commentaires du Département international de la CGT. En fait, ceux-ci apparaissent comme une n-ième tentative hypocrite de faire passer en douce la marchandise frelatée de l’accompagnement syndical au néolibéralisme sous couvert de droits syndicaux.

     

    1.5 La négation des droits syndicaux

    Si Loukachenko se fait le champion de la répression antisyndicale dès son arrivée au pouvoir, il passe à la vitesse supérieure en 1999 en instaurant des entraves légales à la création  des  syndicats.(7) En 2003, l’OIT a désigné une commission d’enquête, le plus haut niveau d’investigation de cette institution onusienne, pour examiner l’application par le gouvernement de la Convention 87 sur la liberté syndicale, le droit de grève et la protection du droit syndical et de la Convention 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective. Ses recommandations continuent à être largement ignorées et le pays est régulièrement cité dans les rapports du comité des experts et de la commission d’application des normes de l’OIT.

    Commentaire : Parler de Loukachenko comme d’un « champion de la répression syndicale » laisse entendre que la situation est sur ce plan pire que dans les pays postsocialistes voisins, sans parler des pays capitalistes, ce qui est une grossière exagération. Pour se faire une opinion, on aurait souhaité qu’au lieu de se focaliser sur la seule Biélorussie, on ai au moins entre les mains un document comparant les politiques menées en Biélorussie et dans tous les autres Etats postsocialistes d’Europe et d’ex-URSS qui eux ont la faveur de la CGT et de la CES. 

     

    1.6   Le droit de grève bafoué

    Si le droit de grève est inscrit dans la constitution du pays, le code du travail adopté en 1999 et révisé en 2019 le rend de fait caduque. Toute grève doit obligatoirement être précédée de 2 mois de concertation. La grève ne peut être décidée qu’en réunion du collectif du travail à la majorité simple après un vote. La grève peut être suspendue, décalée ou annulée par décret présidentiel. L’employeur, quant à lui, a la possibilité de saisir le tribunal. Si la grève est déclarée illégale, ses participant.e.s risquent une amende, un licenciement, voire une condamnation pénale. Ce cadre extrêmement rigide rend impossible l’organisation d’une grève légale.

    Commentaire. On aimerait que la CGT soit aussi exigeante pour dénoncer les entorses aux droits du travail et au droit de grève dans des pays sur lesquels elle reste silencieuse. Qu’elle soit également plus présente sur ce sujet en France, pays régulièrement condamné par les institutions internationales comme vient encore de la faire la Commission des Droits de l’homme de l’ONU. Ainsi qu’en est-il des mobilisations syndicales pour dénoncer les violences du gouvernement Macron vis-à-vis des gilets jaunes et comment expliquer à ce sujet les silences coupables du mouvement syndical en France ?

     

    1.7 Le paysage syndical

    Le pays compte deux centrales syndicales. La FPB (Fédération des syndicats du Belarus), héritière des syndicats soviétiques, adopte au début des années 90 une ligne d’accompagnement des réformes et de négociations avec le pouvoir, avant et après l’accession de Loukachenko au pouvoir. Mais cette ligne réformiste ne résistera pas à l’autoritarisme du président élu en 1994. Dans la deuxième moitié des années 90, la FPB se rapproche de la BKDP et commence à s’associer aux plaintes de cette dernière auprès de l’OIT. En 2001, le président de la FPB, Vladimir Gontcharik, militant historique de la gauche biélorusse, est le candidat unique de l’opposition aux élections présidentielles. La réélection de Loukachenko le contraint à démissionner de la direction du syndicat. Le pouvoir poursuit ses pressions allant jusqu’à couper l’électricité dans les locaux de la FPB et parvient en 2003 à imposer à sa tête un haut fonctionnaire issu de l’administration présidentielle de Loukachenko. Depuis cette date la FPB, qui revendique quatre millions de membres, est sous le contrôle direct du pouvoir. Alexandre Loukachenko en est membre en sa qualité de « travailleur d’Etat » et participe comme délégué aux congrès de l’organisation mais avec un droit à la parole qui surclasse tout autre adhérent. L’actuel président de la FPB, Mikaïl Orda, a été le directeur de campagne de Loukachenko aux élections de 2020. Son prédécesseur était directeur de l’administration présidentielle (équivalent de SG de l’Elysée). La FPB est adhérente à la FSM. 

    Commentaire : Concernant la Fédération des Syndicats du Belarus affiliée à la FSM, la note ne s’embarrasse pas de contradictions. D’un part elle stigmatise ce syndicats comme « héritière des syndicats soviétiques » et pratiquant un accompagnement des politiques gouvernementales tout en soulignant que cette organisation s’est « associée » aux plaintes auprès de l’OIT. Pourquoi « associée » ? Est-ce que quand la CGT signe un communiqué avec d’autres syndicats en France ou ailleurs elle ne fait que « s’associer » ? Qu’en est-il de Gontarchik « militant historique de la gauche » dont parle la CGT. Il a en effet été candidat aux élections présidentielles contre Loukachenko ! Quand les USA, les ONG US, la fondation Soros ou le National Endowment for democracy (NED) sont arrivés à la conclusion que l’opposition politique libérale ou nationaliste n’aurait jamais la possibilité de dépasser 10 % à 15 % des suffrages, il ont conclu qu’il fallait faire autrement. Les « interventionnistes libéraux » ont alors cherché à débaucher des militants ouvriers, en misant sur le dirigeant d’une formation syndicale. Selon le modèle « Solidarnosc », il s’agissait et il s’agit toujours de trouver des dirigeants de gauche « radicale » ou syndicaliste acquis aux puissances occidentales mais qui resteraient présentables comme d’authentiques leaders ouvriers, syndicalistes ou même communistes, à une opinion publique majoritairement opposée aux idées pro-capitalistes. Gontcharik fut contraint de démissionner de la direction de sa fédération syndicale tout simplement parce que son échec électoral était patent. Il ne réussit pas à convaincre ses compatriotes de son indépendance face aux cercles occidentaux, ce qui l’avait déconsidéré aux yeux des militants de son syndicat. Qu’à cela ne tienne, les Américains renouvelèrent l’opération lors des élections suivantes avec un leader « communiste » dont ils épongèrent les dettes de jeu et qui se présenta aux élections contre Loukachenko. Ce candidat fut reçu à la Maison Blanche par Condoleeza Rice et Georges Bush et ne réussit pas mieux. Maintenant nous sommes visiblement passés à la troisième étape d’ingérence « démocratique ».

    Le syndicat largement majoritaire en Biélorussie estime aujourd’hui que le régime Loukachenko représente sur beaucoup de points l’optimum de ce qu’on peut obtenir dans ce pays menacé par les appétits capitalistes en provenance de l’Ouest et de Russie. Toutefois, lors des récents événements d’août 2020, la Fédération des Syndicats du Belarus a dénoncé la violence utilisée par les forces de répression, a exigé la libération des manifestants emprisonnés sans raisons et le lancement de négociations entre toutes les parties.

    Enfin, si Loukachenko participe aux congrès syndicaux ce qui peut être discutable en soi, il est bon de rappeler à la CGT qu’elle est affiliée à la CES, une organisation dont les Congrès sont devenus régulièrement des tribunes pour les dirigeants politiques européens les plus réactionnaires. Ce fut en particulier le cas en 2019 lorsqu’un vibrant hommage de la CES fut rendu à Jean-Claude Juncker, Président de la Commission de Bruxelles. présenté à cette occasion comme « le sauveur de l’Europe sociale ». Il ne semble pas que cela ai alors dérangé la délégation représentant la direction confédérale de la CGT.

     

    Le BKDP (Congrès des syndicats démocratiques du Belarus) a vu officiellement le jour en 1993. Sa création résulte du rapprochement des nouveaux syndicats indépendants qui ont éclos dans le pays dès la fin des années 1980 et de quelques fédérations professionnelles qui quittent la FPB. La naissance du mouvement syndical indépendant est très étroitement liée à l’exercice effectif du droit de grève et à sa contestation par Loukachenko. Une autre ligne de fracture essentielle avec le syndicalisme officiel passe par le refus d’accepter dans ses rangs la direction des entreprises. Avec l’arrivée de Loukachenko au pouvoir, la mise sous pression du syndicalisme indépendant devient une constante. Le BKDP fait face au refus des autorités d’enregistrer légalement ses syndicats de base, leurs membres étant sommés de rejoindre les syndicats officiels sous la menace de licenciements. Le BKDP est systématiquement écarté de la négociation collective au niveau local comme national. Ses effectifs sont aujourd’hui de l’ordre de 10 000 membres déployant leur activité syndicale dans une constante adversité. Les militants du BKDP prennent une part active à l’explosion sociale qui a suivi l’élection présidentielle, animent un grand nombre de comités de grèves et plusieurs de ses dirigeants, dont le président Alexandre Yaroshuk, pilotent le comité national de coordination des grèves, et sont membres du Conseil de coordination qui réunit l’opposition depuis le 18 août. Le BKDP est adhérent à la CSI. 

    Commentaire : Ce syndicat qui se targue d’être indépendant fait preuve certes d’une réelle énergie, mais on doit néanmoins poser la question de ses liaisons internationales et de l’origine des fonds qui lui arrivent et qui pourraient contribuer à limiter son indépendance réelle selon le vieil adage « qui paie les musiciens choisit la partition ». L’expérience lamentable de ce qu’est devenu le syndicat polonais Solidarnosc et tous les autres syndicats des pays de l’Est qui ont suivi cette voie devrait amener les auteurs de ce document à faire preuve d’un peu plus de prudence, et à prendre du recul. Il faut en effet aujourd’hui faire le bilan des aides syndicales qui proviennent réellement de la solidarité internationale des travailleurs et de celles qui ne sont que des subventions provenant des sommets des pays impérialistes pour pervertir les mouvements syndicaux et les luttes des travailleurs. Cela est démontré par l’exemple patent de la CES dont 75% du budget est assuré par les institutions européennes. Or on a jamais vu cette confédération soutenir les combats des travailleurs les plus engagés et les plus réprimés au sein de l’Union européenne.

    L’existence de ce syndicat biélorussien BKDP très minoritaire mais décrété indépendant et encensé dans ce document ne remet de toute façon pas en question la représentativité de la Fédération des Syndicats resté largement majoritaire dans un pays où rien ne force un salarié à adhérer à un syndicat et où par ailleurs le pluralisme syndical est reconnu.

    Sur un autre plan, notons par ailleurs qu’il n’y a toujours pas en Biélorussie de parti présidentiel même s’il y a des partis, comme le Parti communiste de Biélorussie et quelques autres, qui apportent un soutien critique au pouvoir. C’est d’ailleurs une des causes des faiblesses actuelles des partisans de Loukachenko qui se sont retrouvés face aux manifestations de l’opposition sans pouvoir réagir dans un premier temps. Il a fallu que des députés ou des élus locaux aillent dans leur circonscription ou que le Congrès des femmes de Biélorussie se réunisse pour que des manifestations massives soient organisées face à l’opposition libérale, sans que les médias occidentaux ne les remarquent d’ailleurs et sans que le Département international de la CGT ne cherchent à en savoir plus.

     

    2. L’explosion sociale d’août 2020

    2.1 Climat social explosif en amont de l’élection présidentielle du 9 août 2020

    Les pleins pouvoirs donnés à l’employeur au Belarus favorisent la répercussion rapide de la conjoncture économique sur les conditions de travail et de rémunération. Ainsi, dès le printemps de cette année, le ralentissement de l’économie mondiale s’est-il traduit par des coupes brutales dans les fiches de paie des travailleurs. Avec la crise du coronavirus, le mécontentement social est donc à son comble quand la victoire de Loukachenko est annoncée le dimanche même du vote. Cette annonce, en dissonance complète avec le ressenti des gens, provoque le plus vaste et puissant mouvement de protestation qu’ait connu le pays depuis son indépendance. Le pouvoir répond par la répression. La police fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc   et arrête massivement les manifestants, mais aussi de simples passants. Les manifestant.e.s arrêté.es sont sauvagement battu.e.s, torturé.es, violé.e.s. Début septembre le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) fait état de 6700 personnes interpellées, de 450 cas de tortures et de traitements dégradants documentés, de la disparition de 6 personnes et de la mort de 4 autres.

    La cruauté des forces de l’ordre choque profondément tout le pays qui la rejette avec une telle unanimité que le 13 août le Ministère de l’intérieur présente ses excuses « aux personnes injustement arrêtés ». Le chef de la police de Hrodno se rend dans l’usine chimique de la ville pour demander pardon aux ouvriers grévistes passés à tabac la veille.

    Commentaire : On peut certes considérer que les résultats électoraux ont été gonflés en faveur du président de la République du Belarus, et plusieurs éléments pertinents vont dans ce sens, sans que nous n’ayons les moyens de trancher de façon définitive. L’opposition n’a de son côté rien présenté de crédible sur ce sujet puisqu’elle n’a pas eu la capacité d’avoir suffisamment de militants présents pour observer le déroulement du vote. On a pu constater depuis, qu’elle avait les moyens de mobiliser des foules importantes, mais presqu’uniquement dans la capitale.

    Les enquêtes sociologiques sérieuses menées avant les élections comme depuis montre qu’il y a environ 2/3 des Biélorussiens qui soutiennent plutôt leur président. Les liens des organisateurs des protestations avec des centres étrangers ont été prouvés et les manifestations « contre la falsification » des résultats électoraux ont commencé avant même que les résultats officiels ne soient communiqués. Cette erreur à l’allumage a commencé trop tôt et démontre qu’il était acquis par les organisateurs que les élections ne pouvaient pas et ne devaient pas être fiables. Le fait que la première vague de manifestants était accompagnée par des individus violents qui n’ont pas hésité à lancer des automobiles sur les cordons de police ou en essayant entre autre de faire des bureaux de vote le personnel scrutateur des élections, n’a pas été répertoriée par les médias occidentaux ou russes.

    Les violences incontestables qui ont visé les manifestants et les personnes arrêtées immédiatement après le début des protestations ont en revanche immédiatement été diffusées dans le monde entier. Depuis, une commission d’enquête auprès de la justice a été nommée à cet effet. Les ministres, députés et Loukachenko en personne se sont d’ailleurs rendus, sans escortes policières notables, dans les jours qui ont suivi dans les usines pour discuter avec les ouvriers, dans un climat au départ tendu qui a eu tendance à se résorber ensuite. Enfin, les forces de répression en Biélorussie n’ont pas employé de LBD ou de grenades de « désencerclement ». On doit poser la question pourquoi les réactions de certains syndicats ou de partis politiques en France et surtout de la CES et de la CSI sont si radicales envers le pouvoir à Minsk comparées à leur grande modération, voir leur silence, sur des dossiers concernant des pays proches comme la France ou les Etats-Unis.

    2.2   Mouvement de grève sans précédent dans l’espace post-soviétique

    La contestation politique se double d’un mouvement de grève, entamé dès le lundi 10 août dans l’usine métallurgique MTZ et rapidement étendu à d’autres bastions industriels du pays. Des comités de grève s’organisent. Les ouvriers forment des cortèges dans de nombreuses villes. Le personnel médical qui a eu à traiter les personnes blessées et mutilées descend à son tour dans la rue. Des journalistes des médias officiels démissionnent. Selon les chiffres officiels relayés par la presse du Belarus, la grève touche des entreprises produisant 27% du PIB du pays, mais les capacités de production seraient réduites de moitié, selon les estimations du BKDP. Le 15 août Loukachenko déclare que les usines emploient des ouvriers en surnombre et qu’elles devraient licencier les grévistes. Le 16 août il décide de se frotter à la classe ouvrière et se rend dans une entreprise de poids lourds, MZKT. Les ouvriers autorisés à participer à cette rencontre sont triés sur le volet. Ils se mettent pourtant à scander « Pars, pars ! » en dépit de la présence de 200 gardes de corps présidentiels, à la surprise de Loukachenko lui-même qui pensait le déplacement sécurisé. Les grèves s’intensifient et le 22 août Loukachenko demande aux directeurs de recourir au lock-out à partir du lundi 24 août. Il annonce vouloir faire venir des ouvriers russes et ukrainiens pour remplacer les grévistes, provoquant la réaction d’indignation immédiate de la KVPU (Ukraine), de la FNPR et de la KTR (Russie).Surpris et effrayés par le mouvement de grève, les autorités et les employeurs se sont empressés de l’étouffer. Le Ministère du travail, en guise d’adresse au pays, diffuse un poème en appelant à la paix civile, condition indispensable au paiement des retraites. Dans le même temps, les leaders syndicaux, les membres de comités de grèves sont arrêtés, passés à tabac, kidnappés et relâchés à des dizaines de kilomètres de chez eux. A la date du 18 septembre 2020 le BKDP a recensé 40 cas de persécutions envers des syndicalistes dont 6 sont toujours détenus. Il est à noter que depuis 2013, la détention administrative en Belarus est facturée au condamné (20€ par jour de détention). Par ailleurs, les agents des services de sécurité de l’Etat, qui se dénomme toujours le KGB comme du temps soviétique, se sont introduits dans les usines et surveillent les ouvriers. Le pouvoir redoute beaucoup la capacité de mobilisation chez les mineurs de l’usine Belaruskali, située à Salihorsk. Cette mine de potassium, qui représente  20%  de  la  production mondiale, est stratégique pour les rentrées de devises du pays. C’est aussi un des bastions du BKDP. La répression antisyndicale se déploie ici avec beaucoup de zèle. Nikolaï Zimine, un des leaders historiques du syndicat, est arrêté dès les premiers jours de contestation, battu en prison et laissé sans aide médicale. Il sera libéré suite à l’intervention de la CSI et de l’OIT, puis emprisonné de nouveau. Par décision du tribunal du 12 septembre, la grève de Salihorsk est considérée comme illégale. Cette décision entraine des condamnations de grévistes en cascade sans arriver à casser la dynamique du mouvement.

    Enfin, notons que depuis le 1er septembre, date de la rentrée universitaire, les étudiant.e.s participent activement au mouvement de protestation.

    Commentaire : Force est de remarquer qu’après des réactions de colère justifiée, la situation s’est stabilisée dans les usines de Biélorussie même si des jeunes manifestants et manifestantes n’ayant rien à voir avec les usines concernées ont pendant plusieurs jours, sans succès, tenté d’haranguer les ouvriers voulant entrer dans leurs usines pour les pousser à faire grève. Ce scénario ayant échoué, on a tenté de le reprendre dans les universités avec la réouverture des facultés à la fin des vacances, sans plus de succès. On doit signaler à cet égard que beaucoup d’ouvriers, de fonctionnaires de l’État, d’enseignants, de militaires ou de policiers comme de manifestants pro-Loukachenko ont reçu à ce moment par sms des menaces s’ils ne rejoignaient pas le camp de l’opposition pro-libérale.

    Il est clair, ce que la note du Département international reconnaît, qu’il existe dans les entreprises biélorussiennes ce qu’on pourrait appeler un « suremploi » si l’on se réfère aux critères du « marché libre et non faussé ». C’est le rappel de cette dimension qui a poussé la masse des salariés biélorussiens à finalement ne pas suivre les injonctions provenant de l’opposition pro-libérale. Mais, comme l’a souligné Loukachenko mentionnant la promotion d’entreprises privées informatiques de haute technologie « nous avons aussi donné naissance à un milieu social qui veut se transformer en bourgeoisie et prendre le pouvoir ». Est-ce le rôle d’un syndicat d’abonder en ce sens ? Ce que Loukachenko a déclaré sur ce point sonne comme une forme d’autocritique de sa propre politique, chose qui mériterait d’être au moins notée comme une évolution.

    Dire qu’il y a un vaste mouvement de grèves des usines puis des universités en Biélorussie correspond à ce que l’on a pu entendre lors des deux premières semaines de manifestations mais, aujourd’hui, les auteurs de la note confédérale semblent courir après l’échec. Chez les manifestants il y a eu successivement deux espoirs qui se sont révélés être des déconvenues. En fait, les opposants n’ont jamais réussi à mobiliser plus d’une centaine de milliers de manifestants, nombre depuis en constante décroissance chaque dimanche, ce que même les dépêches de l’AFP reconnaissant puisqu’on est passé de « 300 000 manifestants » à « 100 000 manifestants » puis à « quelques dizaines de milliers » pour arriver la semaine dernière à « 50 000 ». Nous savons tous que lors des manifestations, les décomptes de la police, des médias proches du pouvoir, des agences de presse et ceux de la CGT sont différentes. On se demande pourquoi dans ce document, la CGT, prend pour argent comptant les informations provenant des sources qui sont habituellement contestées par la CGT en France. Enfin, comment ne pas s’étonner que la CGT n’évoque à aucun moment les rassemblements massifs en faveur de Loukachenko à Minsk, et plus encore en province, dans des villes où l’opposition n’est arrivée à regrouper que quelques centaines de personnes.

     

    2.3 Paysage syndical bouleversé

    L’unanimité du rejet de Loukachenko par la population ébranle la FPB, affiliée à la FSM. Au début du mouvement de protestation, ce syndicat officiel multiplie les appels à faire cesser les grèves qui « portent atteinte à l’économie et vont faire perdre au pays ses marchés ». Pourtant, le 14 août la centrale publie un communiqué ambigu demandant prudemment la libération des personnes arrêtées par hasard. Le même jour, 8 de ses 15 fédérations de branche publient leurs propres communiqués. Si la fédération de santé et la fédération de l’éducation produisent des déclarations au ton vague pour la paix civile, les 6 autres dénoncent la violence d’Etat (culture, chimie, énergie, transport (9), métallurgie, commerce). Il n’est pas certain que ce geste suffise pour contredire la solide réputation de courroie de transmission de la volonté présidentielle qu’à cette centrale auprès des travailleurs et d’enrayer sa perte des adhérents qui s’amplifie malgré l’adhésion obligatoire.

    Quant au BKDP, il soutient et impulse les comités de grève sur les lieux de travail et organise leur coordination à travers le comité national de grève créé le 18 août. Le BKDP appelle à des grèves du zèle dans les secteurs où la grève franche est entravée et a lancé une campagne pour inciter les travailleurs à quitter les syndicats officiels. 15% des travailleurs auraient déjà quitté le syndicat d’Etat. Plusieurs dirigeants du BKDP participent au Comité de coordination qui, sous leur pression, a été contraint d’adopter comme mesure phare la suppression du régime généralisé des CDD d’un an. Dans une interview donnée à Ensemble et à l’Espace International de la CGT le 21 septembre Alexandre Yaroshuk, le président du BKPD considère que le mouvement de protestation a déjà gagné et doit maintenant défendre sa victoire. « Nous sommes un peuple de résistants » déclare-t-il en référence au grand nombre de partisans qui ont lutté contre l’occupant nazi lors de la seconde guerre mondiale sur le territoire de l’actuel Belarus.

    Commentaire : Soutenir qu’il y a une unanimité du rejet de Loukachenko en Biélorussie est la preuve d’une totale déconnexion d’avec la réalité. Le nombre de manifestants ou de meetings pro-Loukachenko et l’enthousiasme visible de ses participants et participantes, en particulier celui du Congrès des femmes de Biélorussie qui a réuni plus de 13 000 militantes, démontre que le pouvoir actuel jouit toujours d’une base sociale consistante. Les enquêtes menées par les sociologues biélorussiens soulignent que la brutalité de la répression dans les tous premiers jours des manifestations a choqué effectivement profondément la population qui a ensuite découvert en revanche avec retard les formes de violences pratiquées dès avant la fermeture du scrutin par certains organisateurs de l’opposition. Ceux-ci sont généralement formés depuis plusieurs années aux techniques de Gene Sharp propagées par des fondations comme l’ « Open Society » de Georges Soros, des organisations comme CANVAS, Otpor, Freedom House, la NED, des ONG financées par l’UE, le Département d’état US, etc.

    Dès que le pouvoir a mis sur la table la question de la propriété des entreprises et leur éventuelle privatisation totale en cas de changement de régime, l’opposition s’est trouvée déstabilisée dans la mesure où elle avait cherché à camoufler son propre programme de privatisations tout azimuts et d’ouverture du pays aux règles de la mondialisation capitaliste.

    Les études sérieuses estiment aujourd’hui en Biélorussie que 2/3 de la population opte pour le pouvoir en place même si cela est souvent un soutien critique marqué par la crainte que celui-ci ne cède aux sirènes des oligarques internationaux. 1/3 de la population penche plutôt pour l’opposition libérale même si souvent, là aussi, on commence à lui poser la question de son programme économique et social.

    Par ailleurs, se réclamer de la résistance antinazie, comme cela est évoqué ici ou là, tout en agitant dans les manifestations le drapeau blanc rouge et blanc de ceux qui ont adhéré à la collaboration avec les nazis est incroyable. Rappelons que le peuple biélorussien a voté en 1995, dans un référendum dont personne n’a jamais contesté la valeur, pour les symboles d’État hérités de la Biélorussie soviétique, ce qui témoigne du fait que les auteurs de la note du Département international de la CGT ignorent l’histoire et ne font que reprendre sans aucun recul critique les slogans qui leur sont soumis par des opposants qui se gardent bien de replacer les choses dans leur contexte. 

     

    2.4   Quelle est la couleur politique du soulèvement au Belarus ?

    Le mouvement de protestation au Belarus est totalement inédit dans l’espace post-soviétique pour une série de raisons :

    • Il est doublé de grèves et d’une puissante contestation sociale nourrie par des décennies de réformes antisociales que ne compensent ni le décorum pseudo-soviétique adopté par le régime, ni l’absence de privatisations qui permet en fait le fonctionnement d’un capitalisme clanique d’état

    • Le chant de ralliement des contestataires est l’Estaca de Luis Llach, poète et chanteur antifranquiste catalan traduit en russe par le groupe de gauche radicale Arkady Kotz, soutien de longue date de la Confédération du Travail de Russie (KTR).

    • De nombreux dirigeants syndicaux indépendants sont issus des rangs du syndicalisme officiel qu’ils ont quitté au tournant des années 2000 lorsque le pouvoir a démultiplié ses réformes antisociales, pour défaut de lutte et de mobilisation de la FPB. Parmi eux, plusieurs ont pour référence la CGT qu’ils identifient comme un pilier du syndicalisme de lutte dans le

    • Les idées fascistes ne séduisent pas dans ce pays où le souvenir de l’occupation nazie est particulièrement vif et douloureux. Le prix payé par les populations civiles est colossal : extermination des juifs et massacres de masses en représailles des nombreuses actions des partisans. Pour imager la situation on peut dire que le Belarus est un Oradour-sur-Glane à l’échelle d’un

    • Toutefois, les programmes économiques des candidats à la présidentielle sont soit inconnus, soit tristement libéraux. Il est problématique, et le mouvement syndical indépendant en est bien conscient, que la seule opposition politique, d’ailleurs faiblement structurée, soit uniquement d’orientation démocratique et libérale. En retour, les représentants de cette opposition ne savent d’ailleurs pas comment appréhender ce mouvement social massif qui porte d’abord des revendications sociales. Certains en ont peur. D’autres tentent d’intégrer une dimension sociale dans leurs programmes. Face à ce vide ou à ces risques de récupération, certains animateurs

    des grèves et du mouvement social sont tentés de transformer en force politique le syndicalisme de lutte. On perçoit bien que cette situation comporte de nombreux risques, mais il revient bien évidemment aux seuls travailleurs du pays de déterminer, sans ingérence d’aucune sorte mais avec la solidarité du syndicalisme de lutte au plan mondial, le chemin qui sera le plus favorable à la satisfaction de leurs revendications.

    Si on peut affirmer que Loukachenko a déjà perdu à plus ou moins brève échéance, il ne faut pas que le peuple soit spolié de sa victoire. C’est tout l’enjeu du soutien que doit apporter au mouvement social du Belarus le syndicalisme international de lutte et plus globalement la gauche politique.

    Commentaire : Dire que Loukachenko a déjà perdu, c’est jouer au devin, et on serait en droit d’exiger un peu plus de prudence de la part de responsables syndicaux « chevronnés ». On a déjà entendu dans le passé ces incantations magiques à propos d’autres chefs d’État. qui ne plaisaient pas aux puissances impérialistes et qui continuent à rester au pouvoir, d’autant qu’ils bénéficient d’une base sociale et électorale consistante.

    Croire que les petites organisations qui se disent de gauche ou syndicales indépendantes en Biélorussie pourraient faire pencher le mouvement de protestation dans leur direction, c’est répéter les erreurs magistrales qui ont été faites dans le cas de Solidarnosc en Pologne, du « printemps arabe » en Libye, en Syrie, lors des « révolutions colorées » en Serbie, en Géorgie, en Ukraine ou ailleurs. Il est temps de faire le bilan de ces contre-exemples et manipulations impérialistes qui se sont toutes révélées désastreuses pour les peuples. D’autant plus que, dans le cas de Solidarnosc, l’histoire a donné raison aux prudences manifestées à l’époque par la CGT par rapport aux envolées dithyrambiques de la CFDT sur les promesses d’autogestion et de démocratie sociale.

    Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faille pas faire aussi une analyse lucide et critique des causes qui amènent des groupes minoritaires et réactionnaires à être capable de chevaucher un mouvement de mécontentement réel, même quand il reste minoritaire comme c’est évidemment le cas en Biélorussie, et parfois à prendre le pouvoir contre la majorité de la société comme cela s’est confirmé après le mouvement ukrainien du Maïdan. 

    N’en déplaise à ceux qui se limitent à enquêter sur la base des dépêches d’agences et des contacts choisis qu’ils ont en Biélorussie sans aller enquêter sur place et sans s’adresser au syndicalistes majoritaires, la réalité est plus complexe. Il existe une lutte de classes en Biélorussie et les opposants actuels ne sont pas l’avant-garde des travailleurs mais plutôt celle du secteur privé de pointe et de la fraction des classes moyennes qui a l’ambition de voir leur situation progresser au sein d’un système franchement capitaliste. La masse des travailleurs de Biélorussie n’a pas suivi ce mouvement, ce qui ne veut pas dire qu’elle considère que le régime actuel constituerait la « fin de l’histoire » et la réalisation de son idéal de bien être. Il suffit d’écouter ce que « la rue » dit en Biélorussie pour s’en convaincre. Il ne faut donc pas tomber dans cette logique binaire qui ne peut conduire qu’à une impasse ! Surtout quand cela est affirmé par des syndicats qui se reconnaissent dans la CES et la CSI, organisations qui ne se sont pas a priori faites remarquer par leur audace revendicative et leur soutien aux luttes les plus courageuses.

     

    2.5   Réactions internationales

    Dès le 11 août la Confédération Syndicale Internationale (CSI) exige « la cessation des violences policières, le respect des droits fondamentaux tels que la liberté d’expression et la liberté de manifester pacifiquement », relayée le lendemain par son Conseil Régional Pan-Européen et par la Confédération Européenne des Syndicats (CES).

    Dans un communiqué en date du 17 août, la CGT appelle « à l’arrêt des violences et à la libération immédiate de tous les syndicalistes détenus ».

    Le 24 août, une campagne de solidarité conjointe est lancée par la CSI, la CES, IndustriAll et l’IUF.

    Le 28 Août, la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) dénonce dans une déclaration sur le Belarus

    « l’attitude des dirigeants syndicaux jaunes au niveau mondial et européen, comme hypocrite et dangereuse. Ils appellent les travailleurs à protester avec des revendications prétendument démocratiques et indépendantistes, afin de servir les intérêts des monopoles américains  et  européens ». Elle assène que « les dirigeants syndicaux jaunes réaffirment une fois de plus qu’ils aboient pour les intérêts des capitalistes ». Dans la foulée, un certain nombre de sites en France relaient une même vision de la situation dénonçant par exemple la déclaration de la CGT du 17 août comme émanant « d’agents provocateurs pro-atlantistes », « empruntant les grilles d’analyse des propagandes impérialistes » et « masquant mal une volonté permanente d’ingérence pour imposer l’ordre libéral et capitaliste ».

    Dans une lettre à Alexandre Loukachenko datée du 9 septembre, Guy Rider, directeur général du Bureau International du Travail, l’enjoint à « assurer le plein respect des droits des travailleurs » (…) ; « personne ne devrait être privé de liberté ou faire l’objet de sanctions pour le simple fait d’organiser ou de participer à une grève ou à une manifestation pacifique ». Michelle Bachelet devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 18 septembre demande l’ouverture d’une enquête internationale sur les allégations de torture par les forces de sécurité.

    Malgré les annonces, l’Union européenne se montre quant à elle très frileuse pour introduire des sanctions tant le Belarus compte comme un pays de transit dans son commerce avec la Russie, pour contourner des sanctions qu’elle a elle-même décidé.

    Quant à Emmanuel Macron, il déclare le 27 septembre à la veille d’un déplacement dans les pays Baltes : « Je suis impressionné par le courage des manifestants. Ils savent les risques qu’ils prennent en défilant tous les weekends et pourtant, ils poursuivent le mouvement pour faire vivre la  démocratie dans un pays qui en est privé depuis si longtemps ».

    Comme le rappelle un communiqué de presse de la CGT le 29 septembre : « La France se distingue tristement en Europe par le nombre de personnes mutilées ou gravement blessées dans le cadre de manifestations malgré les enquêtes et alertes du Défenseur des droits, du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, de journalistes, du Conseil de l’Europe. Plutôt que de délivrer avec beaucoup de cynisme des leçons internationales de démocratie, il serait heureux et décent que le Président Macron double son appréciation de la situation politique et sociale au Belarus de réels engagements en faveur de la liberté de manifester en France ».

    Commentaire : Citer Macron l’éborgneur, l’occupant du Mali et de la Syrie, le donneur d’ordre aux Libanais, et soutien aux régimes les plus absolutistes, les plus répressifs et les plus réactionnaires dans le monde, résume sans doute assez bien les intentions de ceux qui véhiculent les idées et les sous-entendus repris dans ce très long document. A partir d’une dénonciation des violations réelles des libertés ou des droits civiques en Biélorussie, il s’agit en fait de s’attaquer frontalement à toute forme de non alignement sur la scène internationale, auquel demeure attaché la Biélorussie, malgré toutes les critiques qu’on peut lui faire. Il s’agit aussi de s’attaquer aux acquis sociaux de ce pays et de faire simultanément oublier le rôle d’éteignoir des luttes, y compris en France, d’organisations comme la CES et la CSI qui n’ouvrent leur bouche que lorsqu’il s’agit de critiquer des Etats menant des politiques éloignées des critères de la mondialisation capitaliste. Ce sont les mêmes qui restent la plupart du temps silencieux lorsqu’on assiste à des violations souvent bien plus graves des droits des peuples, des droits syndicaux et des droits civiques dans des pays soumis à l’impérialisme, à commencer par la France.

    Contrairement aux sous entendus que la note du Département international laisse entendre, la FSM a appelé très clairement les travailleurs du Belarus à agir pour la défense de leurs revendications et de leurs droits démocratiques tout en appelant à mettre en échec et fort logiquement les manœuvres de ceux qui cherchent à imposer leur programme libéral. Ce n’est pas le cas de la CES et de la CSI qui ne semblent pas se préoccuper outre mesure de voir le néolibéralisme gagner du terrain. Cela exige donc, comme le souligne le communiqué de la FSM, de faire la clarté sur les objectifs véritables de certaines organisations syndicales dont le soutien aux luttes est décidément très très sélectif.

    On ne peut que regretter la sélection partisane des sources auxquelles se sont abreuvés les auteurs de cette note qui sont censés être spécialisés dans les questions syndicales en Europe orientale mais qui semblent incapables d’avoir la capacité de faire l’effort d’écouter et de recouper leurs sources avant de prononcer un jugement qui engage la CGT. A fortiori à un moment où les ravages des politiques de privatisations, des licenciements de masse se développent partout ailleurs dans le monde et singulièrement en France où l’on aimerait voir les résistances syndicales prendre plus d’ampleur.

    L’indépendance syndicale, c’est la capacité à avoir son propre jugement sur quelque sujet que ce soit et se refuser d’être à la remorque d’aucun gouvernement, qu’il s’agisse de celui de Loukachenko ou de Macron, des instances européennes et bien sûr du patronat. Enfin, tenant compte de la longue expérience du mouvement ouvrier, la promotion d’organisations pour lesquelles on ne pose pas la question de qui les financent, quelles institutions nationales ou internationales, quelle classe sociale, mériterait plus de retenue et de réflexions dans les jugements.

    On ne saurait réduire l’activité internationale d’une organisation syndicale à des jugements de valeur, à des caricatures et à refuser de prendre connaissance de toutes les opinions et analyses. Ces évènements en Belarus, comme dans d’autres régions du monde mériteraient de la part de la CGT de faire l’effort d’entendre d’autres points de vue et d’en discuter avec tous les intéressés. C’est le cas de tous les syndicats en Belarus comme c’est également le cas de la FSM dont les délégués du 52e Congrès confédéral ont voté pour que la CGT établisse avec elle des relations sans exclusive et comme avec d’autres confédérations syndicales internationales. Il est regrettable que la direction de la CGT s’obstine à ne pas tenir compte de cette décision !

     

    source: http://frontsyndical-classe.over-blog.com/

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