Serge Grandais écrit un livre sur l’abbaye de Timadeuc, à Bréhan (Morbihan). Le moine a découvert 120 lettres dans les greniers du monastère, qui l’ont éclairé sur les activités de résistance de ses prédécesseurs pendant la Seconde Guerre mondiale. Il pose devant l’ancienne salle de tir, où les résistants s’entraînaient, et qui sert aujourd’hui de débarras.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’abbaye de Timadeuc, à Bréhan (Morbihan), fut un haut lieu de la Résistance. Grâce à 120 lettres retrouvées dans les greniers, le frère Serge Grandais a pu en apprendre plus sur le père Guénael, déporté à Neuengamme (Allemagne), où il est mort en janvier 1945.
Chez les trappistes, le silence est d’or, et l’accueil de tous un devoir. Des règles de vie qui ont contribué à faire de l’abbaye de Timadeuc, à Bréhan (Morbihan), un haut lieu de la Résistance.
« Hébergement d’aviateurs, de parachutistes, de résistants, caches d’armes, fabrication de faux papiers d’identité… Une poignée de moines étaient des membres actifs du réseau Pat O’Leary, les autres ont préservé le secret », témoigne Serge Grandais, à l’occasion de ce 8 mai 2021, 76e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le frère, qui écrit un livre sur l’histoire de Timadeuc, a découvert 120 lettres datant des années 1940 dans les greniers du monastère. Une correspondance qui l’a éclairé sur les activités de résistance de ses prédécesseurs.
Saboter la machine de guerre ennemie
Dans ces courriers, il est beaucoup question du père Guénaël, né Jean Mathurin Thomas en 1899. Appelé comme soldat en 1939-1940 et fait prisonnier, le quadragénaire revient à Timadeuc en 1941 avec la ferme intention de saboter la machine de guerre ennemie
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Avec le père abbé, Dominique Nogues, les pères Gabriel Blourdier, Louis de Gonzague, Alain Christiaen, il fait même aménager une salle de tir où des jeunes de la région venaient, de nuit, essayer les armes parachutées
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L’abbaye de Timadeuc, à Bréhan (Morbihan) était un haut lieu de la Résistance. Des actes de bravoure qui ont coûté la vie au père Guénael, déporté à Neuengamme, où il est mort en janvier 1945.
Jusqu’au 14 juin 1943 : Ce terrible de lundi de Pentecôte, où l’abbaye est cernée par une cinquantaine de SS. Il est 15 h, l’heure des vêpres. Quelques soldats rentrent dans l’église, font sortir les moines, leurs invités et les fidèles, les alignent le long du mur et les mettent en joue.
Le père Guénaël essaie de gagner du temps, fait en sorte d’être le seul interrogé, mène les soldats dans une cave où ils ne trouveront rien, pour permettre aux autres de se sauver
, poursuit frère Serge. Il est arrêté, interrogé et torturé par la Gestapo à Rennes, déporté à Neuengamme, en Allemagne.
« Choisir de vivre les uns avec les autres »
Il s’est sacrifié pour épargner la communauté. L’abbaye a continué à cacher des résistants après son arrestation. Même en déportation, le père Guénaël a vécu sa foi. Dans une lettre, un de ses codétenus raconte qu’il est sorti des rangs pour parler à un prisonnier qui allait être pendu.
Le religieux meurt dans le camp de concentration le 3 janvier 1945. Son souvenir reste présent à l’abbaye de Timadeuc : une plaque est apposée sur le monument en contrebas, non loin du canal de Nantes à Brest, qui salue l’héroïsme des moines morbihannais.
L’abbaye de Timadeuc, à Bréhan (Morbihan) avait été décorée, dès 1946, de la médaille de la Résistance. Un monument, non loin du canal de Nantes à Brest, rappelle ces actes de bravoure et le sacrifice du père Guénaël, déporté à Neuengamme, où il est mort en janvier 1945.
« Fait rare, en 1946, l’abbaye a été décorée de la médaille de la Résistance et en 1947, de la Medal of Freedom du président américain, avec citation à titre posthume pour le père Guénaël, qui est probablement le seul moine à l’avoir reçue
, rappelle Serge Grandais.
L’historien amateur souligne la fraternité et le courage de ses prédécesseurs. Comme Arnaud Beltrame, ils sont des personnalités inspirantes qui nous invitent, alors que nous traversons aussi une période difficile, à choisir de vivre les uns avec les autres, et pas les uns contre les autres.
Julie SCHITTLY
source : https://www.ouest-france.fr/