Le poste du 3e conseiller principal d'éducation sera supprimé en septembre. Ce qui remettrait en cause un système « maison » : un CPE suit les mêmes élèves de la seconde à la terminale.
« À la guerre comme à la guerre... Kerichen est en colère ! » « CPE en danger, lycée bloqué ! » Hier matin, très remontés, entre 300 à 350 lycéens de La Pérouse-Kerichen ont protesté contre la suppression annoncée du troisième poste de conseiller principal d'éducation (CPE) en septembre. Et ce, à la faveur de la mutation (volontaire) de cette personne.
Selon les élèves, la raison serait comptable: les étudiants des classes prépas ne seraient plus intégrés dans les effectifs du lycée ...
Les élèves ont bloqué des accès à l'établissement. Ils ont défilé dans la cité scolaire. Vers 9 h, quelques minutes, boulevard Léon-Blum, ils ont aussi perturbé la circulation. Vers 11 h, une soixantaine d'entre eux ont manifesté jusqu'à la place de la Liberté.
« Mon CPE m'a sauvé la vie ! »
Défendre un CPE, ce n'est pas banal ! Il incarne l'autorité. En charge de la vie scolaire, il surveille les présences et pointe les absences. Il sanctionne les mauvais comportements. Mais à Kerichen, ils sont qualifiés d'« indispensables » par des lycéens.
Depuis une quinzaine d'années en effet, un CPE suit les mêmes élèves de la seconde à la terminale ! Soit un par niveau. C'est le « suivi de cohorte »... « Un lien de confiance se crée », affirment les lycéens, très attachés à ce système. Pour Iouna, en 1re littéraire : « Notre CPE, on le connaît. Et il nous connaît. Ça change tout ! »
« Mon CPE m'a sauvé la vie ! assure même Robin.À un moment, j'étais au fond du trou au niveau des cours. Il m'a soutenu. C'est grâce à lui si je suis en terminale littéraire aujourd'hui ! » Tout ce système serait remis en cause.
Un lycée « surdoté »
À la rentrée, le lycée accueillera 699 élèves de la seconde à la terminale (contre 722 cette année) et 552 en classes prépas (565).
Selon Caroline Lombardi-Pasquier, directrice des services académiques de l'Éducation nationale (Dasen) du Finistère, « la décision de suppression du poste de CPE a été actée lors du comité technique départemental spécial du 16 mars ». Elle assure : « Le barème académique n'a pas changé. Depuis plusieurs années, La Pérouse-Kerichen est surdoté. »
Or, « le Finistère est en baisse démographique ». Et il faut « créer un poste de CPE au collège de Plounéour-Ménez, en raison de l'arrivée des élèves du collège de Commana, qui ferme »... Elle précise que « le barème ne tient jamais compte de l'enseignement supérieur, que ce soit pour des BTS ou des classes préparatoires aux concours des grandes écoles ».
Mais quelle prise en compte de l'internat de La Pérouse, de ses 248 internes dont 93 étudiants ? Le lycée fera appel à des surveillants. Globalement, il devra « revoir son organisation ». Il sera tout de même pourvu d'un mi-temps provisoire.
Dans une pétition, les CPE font valoir qu'à trois, ils font « déjà 300 heures supplémentaires, non rémunérées, non récupérées ». La mobilisation des élèves les réconforte. Jean-Yvon Corre, l'un des conseillers, l'assure : « Ça fait chaud au coeur ! »
source:ouest-france.fr